- Pignon à redents
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Un pignon à redents est un pignon saillant dont l'extrémité est découpée en gradins. On trouve aussi l'orthographe redan. On le retrouve aussi bien dans l'architecture urbaine bourgeoise (le pignon en gradins ou le pignon à échelons est caractéristique par exemple des « pignons flamands »), comme dans des constructions rurales les plus modestes. Dans certaines régions de France, il porte le nom de « pas de moineau ».
Sommaire
Utilité
La saillie du pignon aurait comme principaux avantages de permettre l'accès à la toiture, souvent en chaume à l'origine, et de servir de coupe-feu. Les redents sont généralement en architecture traditionnelle couverts de pierres plates, qui les protègent de la pluie et empêchent les infiltrations d'eau dans le mur porteur. Ces pierres sont souvent (mais pas toujours) inclinées vers le bas, de manière à laisser s'écouler l'eau de pluie. Dans l'évolution de l'architecture vers le monumental, les redents augmentent de taille et ne jouent pas de rôle particulier, sinon décoratif.
Distribution géographique
Les pignons à redents sont typiques de l'architecture traditionnelle de nombreuses régions, comme la vallée de l'Aisne et le Bugey méridional (villages d'Izieu, de Prémeyzel, de Lhuis, de Brégnier-Cordon, de Peyzieu, etc.). En Haute-Savoie, à Frangy, non loin du Bugey, un témoignage rare de ces pignons à redents à la métairie de la Ferme de Bel-Air[1], inscrite au titre des monuments historiques.
Pignons flamands
En Flandre belge et française, les pignons à redents se sont généralisés à partir du Moyen Âge, vraisemblablement sur le modèle de constructions modestes à toitures de chaume, mais sont devenus un élément caractéristique de la construction urbaine où, en vertu des taxes sur la largeur des maisons, on en est venu à construire en hauteur et à privilégier cet aspect de la façade. Les divisions horizontales correspondant à la hauteur des étages tendent souvent à se réduire en hauteur, provoquant par effet d'optique une « fausse perspective » qui accentue l'effet de hauteur. La dimension des redents exclut tout aspect pratique, leur rôle n'est plus que décoratif et à partir de la Renaissance on va voir apparaître les courbes qui feront progressivement disparaître l'aspect en « gradins », encore que beaucoup aient été conservés[2].
Depuis le début du XIXe siècle et jusqu'à nos jours, l'architecture néorégionaliste a remis à l'honneur les pignons à redents, aussi bien en Flandre belge que française : ancienne poste de Gand, reconstruction de Bailleul, immeuble à Lille, etc.
Pyrénées centrales
Dans les Pyrénées centrales, les pignons à redents sont courants dans l'architecture des granges et des bergeries[3]. Les redents sont appelés penaus. Dans l'Ariège, les dalles supérieures des redents étaient appelées peyrous.
Architecture moderne
Les redents ont aussi été un élément de l'architecture en béton débutant dans la première moitié du XXe siècle. La possibilité de disposer un entablement en couronnement esthétique facilitant le banchage (souvent du béton de mâchefer) des dosserets a été fréquemment exploitée.
Galerie
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Hameau de la commune de Loisieux (Savoie), avec le mont du Chat en arrière-plan
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Maison du Prévôt, à Valenciennes
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Rue de Flandres, à Bruxelles
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Maisons de Brégnier-Cordon (Ain)
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Toits à Izieu (Ain)
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Métairie de la Ferme de Bel-Air à Frangy
Voir aussi
Références
- l'Association Historique de Frangy pour la Sauvegarde de Bel-Air (fr) fermedebelairfrangy.blogspot.com
- Oda van de Castyne, L'Architecture privée en Belgique dans les centres urbains aux XVIe et XVIIe siècles, 1934, Bruxelles, Palais des Académies
- La grange de Cominac en Ariège (explications et photos).
Liens externes
Bibliographie
A. Durafour, Les Maisons à penaus des vallées pyrénéennes
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