- Pierre de Brantome
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Brantôme (écrivain)
Pierre de Bourdeille, dit Brantôme, abbé de Brantôme, né vers 1540 à Bourdeilles, en Périgord, et mort le 15 juillet 1614, dans son château de Richemont à Saint-Crépin-de-Richemont, abbé commendataire et seigneur de Brantôme, était un écrivain français, surtout connu pour ses écrits « légers » relatant sa vie de courtisan et de soldat.
Pierre de Bourdeille est un personnage à plusieurs facettes. En effet, abbé laïc (ou séculier) de Brantôme, il s'illustre aussi bien par les armes que par la plume de l'écrivain. Il a beaucoup écrit sur les grands personnages de son temps et des générations immédiatement précédentes. Même s'il n'est pas considéré comme un historien, il est un chroniqueur du XVIe siècle, donnant une vision mordante et vive de son temps.
Sommaire
Biographie
Troisième fils d'Anne de Vivonne et du baron François de Bourdeille, militaire ayant participé aux campagnes d'Italie aux côtés de Bayard (1494-1516), Pierre de Bourdeille passe son enfance à la cour de Marguerite d'Angoulême. Sa grand-mère, Louise de Daillon du Lude, seconde épouse du Sénéchal du Poitou, officiait à la cour de la sœur de François Ier en qualité de dame d'honneur. La mère de Pierre, Anne de Vivone, et sa « tante de Dampierre », Jeanne de Vivone, figurent parmi les « devisantes » de l’Heptaméron.
À la mort de Marguerite d'Angoulême, en 1549, il partira à Paris poursuivre ses études. Il les terminera à Poitiers en 1555. En 1556, Pierre de Bourdeille reçut du roi Henri II la commende de l'abbaye de Brantôme en compensation de la mort héroïque de son frère ainé le capitaine de Bourdeille. Son autre frère, André, la géra jusqu'à ce qu'il puisse le faire lui-même. Il en prit possession le 15 juillet 1558. Il devint ainsi abbé et seigneur de Brantôme. Son titre d'abbé lui vient donc de là, mais Pierre de Bourdeille n'a jamais été religieux lui-même.
En 1558, il fit son premier voyage en Italie. Il rentra ensuite en France où il ne resta que peu de temps. Il se lia au clan des fervents catholiques, les Guise, au grand prieur François de Lorraine et à sa nièce Marie Stuart, reine d'Écosse, mariée avec l'éphémère roi de France François II (1559-1560). En 1561, il assista au sacre de Charles IX. Il fit partie de la jeune garde fidèle et admiratrice qui accompagna en Écosse la jeune veuve Marie Stuart, qui voulait prendre possession de son royaume. Il nous a laissé un livre émouvant de ce voyage et sur cette reine malheureuse.
En 1562, Pierre de Bourdeille rejoignit l'armée royale et participa aux combats des guerres civiles de la première guerre de religion entre les Catholiques (avec qui il est) et les Protestants, et notamment à la bataille de Dreux.
En 1567, il s'attacha à la cour et reçut une pension en qualité de gentilhomme de la Chambre du roi sous Charles IX, qui l'appréciait.
En 1569, les réformés vinrent par deux fois au monastère de Brantôme, qui leur ouvrit ses portes. Les troupes de Coligny y firent halte la première fois, plutôt en amis qu'en conquérants. Bourdeille s'y trouvait, alors que la seconde fois, quelques mois plus tard, il était absent. Les réformés n'en respectèrent pas moins l'abbaye qui était alors riche et prospère, et comptait plus de quarante religieux.
Épris d'aventure, Pierre de Bourdeille passera trois mois et demi à Malte avec les chevaliers de Saint-Jean. Il est tellement fasciné par leur vie, qu'un moment il souhaite entrer dans la chevalerie. Il participe aux deuxième et troisième guerres de religion entre catholiques et protestants, et est présent aux batailles de Meaux et de Saint-Denis.
Il mettra fin à sa carrière militaire en 1574. Par la suite, ses voyages se limiteront à suivre la cour, où il semble avoir été passionné par les intrigues amoureuses, les duels, les rivalités et les assassinats.
En 1582, Bourdeille rompit avec Henri III, car malgré la promesse royale, il fut délaissé au profit du gendre de son frère André pour occuper la charge de sénéchal de Périgord.
En 1584, à l'âge de 44 ans environ, il perdit son maître François d'Alençon, duc d'Anjou, héritier éventuel de la couronne de France. Il allait trahir son roi, quoi qu'il en eût dit, et passer au service de l'Espagne quand une vilaine chute de cheval le contraignit à l'immobilité deux années dans sa propriété. Ainsi il se retira « perclus et estropié » de la cour et « songea en ses amours et adventures de guerre, pour autant se contenter ». Il dicta ses mémoires aux frères Matheaud et rassembla des poèmes pétrarquisants.
Ainsi pendant les trente dernières années de sa vie, Bourdeille se retira dans ses terres, partagea son temps entre sa maison de Bourdeilles, l'abbaye de Brantôme, le château de la Tour-Blanche et sa dernière demeure de Richemont. Il se consacra alors à l'écriture et expia ainsi une vie passablement agitée, vagabonde et amoureuse. Il écrivit, comme en se jouant, les Mémoires qui l'ont immortalisé. Ces mémoires souvent légers, plaisent surtout par leur style sans artifices.
Catalogué comme écrivain « léger » pour son recueil Les vies des dames galantes, il est l'auteur de chroniques, de récits de voyages, de récits de guerre ou encore de biographies. Un trait commun à ses écrits est son amour des femmes et notamment de celles qu'il a bien connues : La reine Margot ou Catherine de Médicis, par exemple. Il appréciait la cour de Catherine de Médicis avec toutes les femmes qui la composaient. Il se fera l'historiographe de ces dames de la Renaissance.
Il meurt le 5 juillet 1614 dans son château de Richemont, où il fut enterré dans la chapelle.
Ses écrits ont été publiés de manière posthume. Ils n'ont été édités qu'en 1655 pour la première fois, et dans une édition imparfaite et incorrecte. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que sa réputation se fasse.
Citations
- « Toute belle femme s'estant une fois essayée au jeu d'amour ne le désapprend jamais ». (« Les vies des dames galantes »).
- « Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu'il s'en pust faire un cerne, je croy qu'il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre ». (« Les vies des dames galantes »).
Sonnet
- Ah! Je voudrois estre Roy de la France,
- Non pour avoir tant de villes à moy,
- Ny pour donner à un peuple la Loy,
- Ou estonner chacun de ma presence;
- Non pour briser vertement une lance,
- Ni pour braver sur tous en un tournoy,
- Pour dire apres:- Ah Dieu! que nostre Roy
- Est bon gendarme et meilleur qu'on ne pense!
- Ny pour avoir aussi tant de veneurs,
- Ny tant de chiens, de chevaux, de piqueurs,
- Ny pour tirer honnneur de la Noblesse,
- D'un Duc, d'un Comte, ou d'un Prince du sang,
- Ou pour marcher le premier en mon rang,
- Mais pour jouïr bien-tost de ma Maîstresse.
- (Pierre de Bourdeille, abbé de Brantôme,
- « Recueil d'aulcunes Rymes de mes Jeunes Amours »).
Œuvres de Pierre de Bourdeille
- Vie des hommes illustres et grands capitaines français
- Vie des grands capitaines étrangers
- Vie des dames illustres
- Vie des dames galantes
- Anecdotes touchant les duels
- Rodomontades et jurements des Espagnols.
- Tous ses écrits n'ont été publiés que longtemps après sa mort, Leyde, 1666, 10 volumes in-12.
- Œuvres Du Seigneur De Brantome. Nouvelle édition, considerablement augmentée, revue, accompagnée de Remarques historiques & critiques, & distribuée dans un meilleur ordre. A La HATE, Aux dépens du Libraire, 1740*
- Œuvres Du Seigneur De Brantome. Nouvelle édition, considerablement augmentée, revue, accompagnée de Remarques historiques & critiques, & distribuée dans un meilleur ordre. A Londres, Aux dépens du Libraire, 1779
- Au XIXe siècle, Monmerqué, en 1822, Prosper Mérimée et Louis Lacour de La Pijardière, en 1858, en ont donné des éditions plus complètes. Ludovic Lalanne les Œuvres complètes, in-8, 1865 et années suivantes.
- Discours sur les duels, Éditions Sulliver, 2000
Bibliographie
- Madeleine Lazard, « Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme », 412 pages, Fayard, Paris, 1995.
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