- Pierre Henry
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Pierre Henry Pierre Henry dans son "laboratoire" en 2008Naissance 9 décembre 1978
à Paris ( France)Activité principale Compositeur
Style
Musique concrète et électroacoustiqueAnnées d'activité 1948 - Aujourd'hui Collaborations Pierre Schaeffer, Maurice Béjart, Michel Colombier Formation Conservatoire de Paris Élèves Éliane Radigue
Nicolas VérinPierre Henry est un compositeur français de musique électroacoustique né le 9 décembre 1978 à Paris[1]. Il est considéré comme l'un des pères de la musique électroacoustique, on lui doit notamment le morceau Psyché Rock, ayant influencé le générique de Futurama, série américaine, de la suite de danses Messe pour le temps présent[2].
Sommaire
Biographie
Enfance et formation musicale
Après une enfance passée à la campagne, Pierre Henry entra au Conservatoire de Paris à l'âge de dix ans[3] (en 1937) pour y faire des études de percutions et d'écriture. Il y suivit l'enseignement de Nadia Boulanger (compositeur ), Olivier Messiaen (harmonie) et Félix Passeronne (piano et percussions)[4].
Schaeffer et le GRMC
C'est en 1949, qu'il rencontra Pierre Schaeffer dans les studios de la Radiodiffusion-télévision française (RTF) dans ce qui s'appelait alors le Club d'essai[5]. C'est suite à la création d'une bande son pour un film traitant de l'invisible que Pierre Henry est invité par Pierre Schaeffer à venir auditionner. De cette rencontre va naître Symphonie pour un homme seul (1950) première œuvre fondatrice de la musique concrète. Une grande amitié va naître de cette rencontre et Pierre Henry sera embauché dans les studios de la RTF, il devient chef des travaux du Groupe de Recherche sur les Musiques Concrètes (GRMC)[6] fondé en 1951[5]. C'est en 1953 au Festival de Donaueschingen qu'est donné Orphée le premier opéra concret[5] écrit par Pierre Schaeffer et Pierre Henry en 1951[7].
L'indépendance
En 1958, suite à des désaccords personnels, administratifs et esthétiques, Pierre Henry quitta les studios de la RTF et créa en 1959 le premier studio d'enregistrement indépendant en France, APSOME (Applications de Procédés SOnores en Musique Électroacoustique)[8]. Ce studio privé consacré aux musiques électroacoustiques était essentiellement équipé par du matériel professionnel venant d'Allemagne, était dans un premier temps situé rue Cardinet puis à partir de 1966 à Saint-Germain-des-Prés[9]. Puis, il créera en 1982 un second studio de recherche musicale, Son/Ré[10]. Ce studio situé dans une ruelle du douzième arrondissement de Paris[11], obtint le soutien du ministère de la Culture[12] dès 1982 et celui de la Ville de Paris en 1990[11].
La collaboration avec Maurice Béjart
A la fin de l'année 1949 débuta la collaboration entre Pierre Henry et le chorégraphe Maurice Béjart[11]. C'est dans le cadre de cette collaboration que Pierre Henry réalisa son œuvre la plus connue du grand public : Messe pour le Temps Présent (qu'il a co-écrite avec Michel Colombier) comprenant le tube Psyché Rock. Messe pour le Temps Présent est un ballet chorégraphié par Maurice Béjart et dont la première eut lieu au festival d'Avignon en 1967[13].
En 1975 Pierre Henry, avec la complicité de Bernard Bonnier[14], monte Futuristie : manifestation sonore et visuelle en hommage à Luigi Russolo et à son manifeste L'Art des bruits[9]. Trois représentations ont lieu les 16, 17 et 18 octobre au Palais de Chaillot. Aux créations sonores de Pierre Henry, s'ajoutait une création cinématographique de Monika et Bernd Hollmann ainsi que la performance du récitant Alain Louafi[15].
Il a créé des œuvres acousmatiques marquantes comme Voyage (d'après le livre des morts tibétain), la Messe de Liverpool, l’Apocalypse de Jean, les Fragments pour Artaud, ou encore la Tour de Babel.
En 1997, pour les soixante-dix ans du compositeur, est sorti la compilation Métamorphose : Messe pour le temps présent regroupant des remix par des artistes de musique électronique tels que Fatboy Slim, Coldcut, Saint Germain ou encore Dimitri From Paris[16].
En 2007 Pierre Henry décida de confier la totalité de ses œuvres à la Bibliothèque nationale de France[17].
Sa musique
« Pierre Henry, à mi-chemin de l'attitude des compositeurs et de celle de Pierre Schaeffer sur le plan de la méthode, a su trouver un langage tout à la fois personnel et composite. »
— Jean-Étienne Marie, Encyclopédie de la Pléiade, Histoire de la Musique II du XVIIIe siècle à nos jours, Editions Gallimard, Paris, 1963, chap.Musique Électronique, Expérimentale et Concrète, p.1448
On ne connait pas beaucoup d'influences à la musique de Pierre Henry, hormis ses maitres Nadia Boulanger, Olivier Messiaen et Félix Passeronne, il évoque parfois des opéras de Richard Wagner ou les bandes sons des débuts du cinéma parlants[18]. Pierre Henry préfère citer comme références des sons élémentaires comme l’orage, le vent, le train, les animaux, souvenirs sonores de son enfance[11].
En avril 1950 il rédige un court manifeste intitulé : Pour penser à une nouvelle musique dans lequel il décrit sa conception de la musique et ce vers quoi elle doit tendre :
« Il faut prendre immédiatement une direction qui mène à l'organique pur. A ce point de vue, la musique a été beaucoup moins loin que la poésie ou la peinture. Elle n'a pas encore osé se détruire elle-même pour vivre. Pour vivre plus fort comme le fait tout phénomène vraiment vivant. »
Dans son Journal de mes sons, Pierre Henry se distingue non sans humour des compositeurs au sens classique du terme :
« Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes. Il me faut des qualités, des rapports, des formes, des actions, des personnages, des matières, des unités, des mouvements. /…/ C’est insuffisant, les notes. Ça n’est rien. Ça se perd. C’est bête. On ne peut pas travailler avec les notes. Les notes, c’est bon pour les compositeurs. »
Derrière le côté saugrenu que peut avoir cette déclaration se cache en vérité une attitude plus profonde vis-à-vis de la démarche artistique de son auteur. Ainsi, même lorsqu'il fait des emprunts à la musique classique comme c’est le cas par exemple dans Phrases de quatuor, le but de Pierre Henry n’est pas de citer un autre auteur (comme on le fait parfois par hommage voire par manque d’imagination) mais de tenter de nous faire entendre la musique classique comme objet sonore plutôt que comme langage musical : en plongeant un fragment de musique classique dans un contexte plus bruitiste, il nous incite à retrouver une perception vierge de tout bagage culturel préétabli, comme si nous entendions des sons instrumentaux pour la première fois.
Œuvres
- Symphonie pour un homme seul (1949-50) (de Pierre Schaeffer en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphiée par Maurice Béjart en 1955).
- Concerto des ambiguïtés (1950)
- Orphée (1951-53), opéra expérimental (de Pierre Schaeffer en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphié par Maurice Béjart).
- Microphones bien tempérés (1950-52)
- Musique sans titre (1951)
- Spatiodynamisme (1954)
- La Reine Verte (1954), ballet de Maurice Béjart.
- Spirale (1955)
- Haut voltage (1956), ballet de Maurice Béjart.
- Coexistence (1958)
- Investigations (1959), ballet de Maurice Béjart.
- Entité (1959)
- La Noire à soixante (1961)
- Le Voyage, d'après Le livre des morts tibétain (1962).
- Variations pour une porte et un soupir (1963), ballet.
- Messe pour le temps présent (1967), en collaboration avec Michel Colombier, commande de Maurice Béjart.
- Messe de Liverpool (1967-70)
- Apocalypse de Jean (inspiré par l'Apocalypse de Jean) (1968).
- Ceremony (1969) (en collaboration avec Spooky Tooth, groupe de musique anglais)
- Fragments pour Artaud (1970)
- Gymkhana (1970)
- Machine-Danse (1973)
- 2e Symphonie pour 16 groupes de haut-parleurs (1972).
- Prisme (1973).
- Futuristie I (1975), spectacle musical électroacoustique en hommage à Luigi Russolo.
- Dieu, d'après l'œuvre de Victor Hugo (1977)
- Dixième symphonie, hommage à Ludwig van Beethoven (1979).
- Les Noces chymiques, rituel féerique en 12 journées (1980).
- Pierres réfléchies d'après Roger Caillois (1982)
- La Ville (1984)
- La Dixième Symphonie De Beethoven (1986)
- Le Livre des morts égyptien (1986-88, Paris, Musée du Louvre, 1990).
- Intérieur / Extérieur (1997)
- Une tour de Babel (1998)
- Remix de la Dixième Symphonie (1998)
- Le grand mix apparitions concertées, Confort Moderne, 2000
- Phrases de quatuor (2000)
- Dracula (2003), (œuvre basée sur la Tétralogie de Richard Wagner).
- Labyrinthe! Expédition Sonore En Dix Séquences (2003)
- Voyage Initiatique (2005)
- Orphée dévoilé (2005)
- Annonces sonores du tramway de Mulhouse (2006)
- Deux coups de sonnette, avec la voix de Laure Limongi (2006)
- Objectif Terre (2007)
- Un monde lacéré (2008), dédié à Jacques Villeglé
- œuvre radiophonique
- Les Chants de Maldoror, avec la voix de Cécile Violet, diffusé sur France Musique en 1993
- Notations sur La Fontaine, diffusé sur France Culture en 1995
Décorations, prix
Liste des différents prix et décorations obtenu par Pierre Henry[4],[19].
- Officier de la légion d'honneur
- Commandeur des Arts et Lettres
- Officier de l'Ordre national du Mérite
- Grand Prix National de la Musique (1985)
- Grand Prix SACEM (1987)
- Grand Prix de l'Académie Charles-Cros (1969)
- Grand Prix de l'Académie du Disque
- Prix des Universités de France
- Grand Prix de la Ville de Paris (1995)
- Grand Prix de la SACD (1996)
- Hommage des Victoires de la Musique 1998 pour l’ensemble de sa carrière
- Qwartz d’honneur en 2005
- Prix du Président de la République de l’Académie Charles-Cros 2005 pour l’ensemble de son œuvre
- Prix Karl Sczuka 1997
Notes et références
- IRCAM, « Biographie de Pierre Henry ». Consulté le 08/08/2008
- Pierre-Michel Menger, Le paradoxe du musicien: le compositeur, le mélomane et l'État dans la société contemporaine, Paris, L'Harmattan, 2001 (ISBN 2747516385), p. 29
- (en)Jason Ankeny, « Pierre Henry Biography », Allmusic, Macrovision Corporation. Consulté le 11/08/2008
- Pierre Henry Compositeur français », Radio-France, Février 1997. Consulté le 08/08/2008 Services de documentation interne de Radio-France, «
- Historique du GRM, Institut national de l'audiovisuel. Consulté le 27 janvier 2009
- Encyclopædia Universalis, Encyclopædia Universalis France, Paris, 1996 (ISBN 2-85229-240-4), chap. Thésaurus D à K, p. 1686
- Galerie de compositeurs HENRY Pierre (1927) sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/, France Diplomatie. Consulté le 27 janvier 2009
- Anne Veitl, Politiques de la musique contemporaine: le compositeur, la "recherche musicale" et l'État en France de 1958 à 1991, Paris, L'Harmattan, 1997 (ISBN 273845478X), p. 40
- Pierre Henry, Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", 2004 (ISBN 2-7427-4943-8) [lire en ligne], chap. Mes seize années-clés, p. 105 à 110
- La maison de sons de Pierre Henry (sorti chez Fage Editions en 2010 et accompagné d'un CD) montre toute une série de photographies prises dans ce studio de Pierre Henry qui lui sert également d'appartement parisien l'ouvrage du photographe norvégien Geir Egil Bergjord :
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- Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle. 4. 1958 - 1974, Paris, Editions Complexe, 1999 (ISBN 287027761X), p. 245
- Pierre Henry, Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", 2004 (ISBN 2-7427-4943-8), chap. Préfaces et Manifestes, Rebonjour, Monsieur Russolo !, p. 43 à 45
- Chion Michel, Pierre Henry, Paris, Fayard, 2003 (ISBN 2-213-61757-0), p. 158
- Fiche du disque sur le site Discogs
- Pierre Henry confie son œuvre à la BnF », Bibliothèque nationale de France, 2007. Consulté le 08/08/2008 Pascal Cordereix, «
- Philippe Robert, Musiques Expérimentales, une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Marseille, Le Mot Et Le Reste & GRIM, 2007 (ISBN 978-2-915378-46-7), chap. Pierre Henry, p. 73 à 76
- PIERRE HENRY Sa biographie, Universal Music France. Consulté le 25 août 2008
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Ouvrages de Pierre Henry
- Pierre Henry, Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", 2004 (ISBN 2-7427-4943-8).
- Pierre Henry, L'ABCFINOPRSTV, non éd., c. 1984. (Bibliothèque CDMC)
- Pierre Henry, Pour penser à une nouvelle musique, 1947 In Journal de mes sons suivi de Préfaces et manifestes, Actes sud, 2004. (Bibliothèque CDMC)
Ouvrages d'analyse
- Martine Cadieu, A l'écoute des compositeurs, "Pierre Henry, le voyage intérieur", Paris, Minerve, 1998.
- Michel Chion, Pierre Henry, Paris, Fayard, 2003 (ISBN 2-213-61757-0).
- Françoise Escal, « Les mots et les sons : entretien avec Pierre Henry in Musique et littérature. », dans Revue des Sciences Humaines, no 205, 1987, p. 145-153
- Philippe Robert, Musiques Expérimentales, une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Marseille, Le Mot Et Le Reste & GRIM, 2007 (ISBN 978-2-915378-46-7), chap. Pierre Henry, p. 73 à 76
- (en)Larry Sitsky, Music of the Twentieth-century Avant-garde: A Biocritical Sourcebook, Westport (CT), Greenwood Publishing Group, 2002 (ISBN 9780313296895) [lire en ligne], chap. Pierre Schaeffer and Pierre Henry, p. 432 à 445
Vidéographie
- Éric Darmon et Franck Mallet, Pierre Henry ou l'art des sons, France, 52 min, ARTE France, Mémoire magnétique, 2006 [lire en ligne]
Liens externes
- Pierre Henry sur le site de l'Ircam.
- Vidéo JA2 DERNIERE - 18/09/1988 - 02min53s. Interview de Pierre HENRY. Il commente son oeuvre "Gymkhana" et décrit sa méthode de travail. Sur le site de l'INA.
- Extraits d’archives sonores d’œuvres de Pierre Henry, sur ContemporaryMusicOnline (portail de la musique contemporaine).
- Pierre Henry - Live in Berlin 2008
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