- Philippe de Mézières
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Philippe de Mézières (c. 1327 – 29 mai 1405), est un homme de guerre et un écrivain français du Moyen Âge.
Sommaire
Biographie
Premières armes
Il est né dans le château de Mézières en Picardie, d'une famille de la petite noblesse désargentée, et fait ses premières armes sous les ordres de Lucien Visconti en Lombardie, avant de se retrouver l'année suivante au service du duc de Calabre, André, assassiné en septembre 1345. L'automne de la même année, il est en route vers l'Orient avec l'armée française. Après la bataille de Smyrne, en 1346, il est armé chevalier, puis lorsque l'armée se disperse il prend la route de Jérusalem.
Conscient de la supériorité dont jouit l'armée ennemie en raison de sa discipline, il milite pour la création d'un nouvel ordre de chevalerie à la suite d'une révélation[1], mais sans succès. Il décrit les principes de cet ordre dans son Nova religio passionis (1367-1368), texte qu'il corrige et complète entre 1386 et 1396. La traduction française : La Chevalerie de la Passion de Jhesu Crist, date de 1396[2].
À la cour des souverains chypriotes
De Jérusalem il se met en route pour Chypre en 1347 et se rend à la cour de Hugues IV, où il découvre un auxiliaire enthousiaste dans la personne du fils du roi, Pierre de Lusignan, qui porte encore le titre de comte de Tripoli ; mais il quitte Chypre assez rapidement pour reprendre une carrière de soldat de fortune jusqu'au moment où Pierre monte sur le trône de Chypre en novembre 1358 et se fait reconnaître Roi de Jérusalem. Vers 1360, Mézières regagne l'île où il est fait chancelier.
Très influencé par la piété du légat Pierre Thomas (mort en 1366), dont il deviendra plus tard l'ami et le biographe, et de Thomas (nommé patriarche de Constantinople en 1364), il est l'un des principaux artisans de la croisade d'Alexandrie de 1365. En 1362, Pierre de Chypre avait entrepris de rendre visite aux princes européens en compagnie du légat pontifical et de Mézières pour solliciter leur aide en vue de cette expédition. Rappelé par ses obligations, Pierre avait laissé au légat et à Mézière le soin de défendre sa cause auprès du pape en Avignon et dans les cités du nord de l'Italie. Les deux hommes avaient ensuite prêché la croisade à travers l'Allemagne, avant de se rendre ensemble jusqu'à Alexandrie dont Pierre s'empare en 1365, au grand dam des marchands chrétiens. Après la chute de la ville, Mézières se voit promettre un tiers de revenus de la ville pour fonder son ordre de chevalerie[1]. Mais l'armée occidentale, satisfaite de l'immense butin dont elle s'est emparée, décide de mettre fin à la campagne et abandonne la ville.
En juin 1366 Mézières est envoyé à Venise, en Avignon et fait le tour des cours occidentales pour obtenir de l'aide contre les Sarrasins qui menacent alors le royaume de Chypre. Ses efforts demeurent vains. Même le pape Urbain V recommande la paix avec le sultan. Mézières passe quelque temps à Avignon, essayant de recruter des volontaires pour son ordre de chevalerie tout en rédigeant une Vita S. Petri Thomasii (Anvers, 1659), véritable mine de renseignements sur l'histoire de l'expédition d'Alexandrie. La préface ( Prefacio) et Epistola, qui constituent la première mouture de son projet pour l' Ordre de la Passion, sont rédigées à la même époque.
Retour en France
Mézières part pour Chypre en 1368, mais c'est à Venise qu'il apprend l'assassinat de Pierre à Nicosie au début de 1369; il y demeure jusqu'en 1372, date à laquelle il se rend à la cour de Grégoire XI, à Avignon. Le 27 novembre 1372, avec l'accord du pape, il fit jouer dans l’église des cordeliers d’Avignon une représentation figurée intitulée Legenda Presentationis Beate Maria. Avant la messe, se déroulèrent des jeux et des processions avec des musiciens travestis en anges et des acteurs chanteurs qui interprétèrent une partie de leur répertoire en langue provençale ad exitandum populum ad devotionem[3]. Puis dans le cadre du rapprochement des Églises orthodoxe et catholique, il travaille à l'implantation d'une fête commémorant la Présentation de Marie au Temple en Occident, traduisant l'office grec en latin. En 1373 il est à Paris, où il fréquente des penseurs comme Nicole Oresme, l'un des fidèles conseillers de Charles V, qui avait refusé de se laisser entraîner dans la croisade. Il devient le précepteur de son fils, futur Charles VI, mais doit prendre sa retraite à la mort du roi, ainsi que les autres conseillers.
Il réside ensuite dans le couvent des Célestins à Paris, continuant à exercer une certaine influence sur la vie publique. Proche de Louis d'Orléans, il s'attire les foudres des historiographes bourguignons. Lorsque Charles VI s'émancipe de la tutelle de ses oncles, Mézières revient en cour. C'est de cette période que date la majorité de ses écrits. Il compose deux traités de dévotion, Contemplatio horae mortis et Soliloquuum peccatoris entre 1386 et 1387. En 1389 il rédige le Songe du Vieil Pèlerin, voyage allégorique compliqué dans lequel il décrit les coutumes de l'Europe et du Proche Orient, recommandant la paix avec l'Angleterre et la poursuite des croisades.
Oratio tragedica, texte largement autobiographique, est rédigé dans le même but. En 1395 il est chargé de la rédaction d'une Epistre[4] au roi Richard II d'Angleterre pour lui proposer un mariage avec Isabelle de France (1389-1409). La croisade de 1396 le laisse dubitatif. La déroute de Nicopolis le 25 septembre 1396 justifie ses appréhensions et lui inspire sa dernière œuvre, Epistre lamentable et consolatoire, dans laquelle une fois de plus il propose la création d'un nouvel ordre de chevalerie comme remède à de futurs désastres.
Publications
- Vita sancti Petri Thomae, 1366, Latin, biographie de Pierre Thomas
- Presentatio beate Marie in templo, 1372, traduction latine d'un drame liturgique grec
- Songe du viel pelerin, 1389, français, allégorie
- Livre de la vertu du sacrement de mariage et réconfort des dames mariées, traité (1384-1389)
- Epistre au roi Richart, 1395, français
Une partie de sa correspondance a été publiée dans la Revue historique (vol. xlix.); les deux épîtres mentionnée plus haut sont parues dans l'édition des Chroniques de Froissard due à Kervyn de Lettenhove (vols. xv. et xvi.). Le Songe du vergier or Somnium viridarii, composé vers 1376, lui est parfois attribué mais avec réserves.
Références
- (en) « Philippe de Mézières », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Philippe de Mézières » (voir la liste des auteurs)
- The Image of the Book in the Works of Philippe de Mézières Joan B. Williamson,
- Bibliothèque de l'Arsenal, MS. 2251, ff. 10-13 Philippe de Mézières, De la Chevallerie, Paris,
- Dominique Logna-Prat, Éric Palazzo, Daniel Russo, Marie. Le culte de la Vierge dans la société médiévale, avec une préface de Georges Duby, Éd. Beauchesne, Paris, 1996, p. 75, en ligne sur Persée
- British Library, Royal MS 20 B. vi, f. 1v Philippe de Mézières, Epistre au roi Richart Londres,
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