- Pergélisol
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Le pergélisol (en anglais : permafrost, en russe : вечная мерзлота, vetchnaïa merzlota) désigne un sous-sol gelé en permanence, au moins pendant deux ans[1].
Ses formations, persistance ou disparition, et son épaisseur sont très étroitement liées aux changements climatiques. C'est pourquoi le pergélisol est étudié en tant qu'indicateur du réchauffement climatique par un réseau mondial de chercheurs s'appuyant sur des sondages, des mesures de température et un suivi satellitaire, à l'initiative de l'International Permafrost Association[2].
Sommaire
Extensions passées et actuelle
Actuellement, il représente environ 20 % de la surface mondiale, 25 millions de km², dont un quart des terres émergées de l'hémisphère Nord[3].
Le dernier maximum d'extension date d'il y a 18 000-20 000 ans lors du Dernier Maximum Glaciaire (DMG), alors que par exemple toute la moitié Nord de la France était gelée et le niveau de la mer beaucoup plus bas d'environ 120 m. Le minimum d'extension date d'il y a 6 000 ans lors de la phase Altantique dit « optimum Holocène ». Depuis, hormis un réchauffement de quelques siècles dans les années 800 (ap. J.-C.) lors de l’optimum climatique médiéval, avant le Petit Âge Glaciaire (PAG), les étés de l'hémisphère Nord se sont refroidis provoquant une tendance à l'extension territoriale du pergélisol.
Pour définir l'extension passée du pergélisol, il faut pouvoir recueillir des traces inscrites dans les sédiments comme le loess. Il s'agit par exemple de "fentes en coin" témoignant d'un réseau de polygones de toundra, des traces de solifluxion, ou de structures microscopiques dans des sédiments argileux qui indiquent la présence de glace et l'intensité du gel dans le sol (ségrégation de glace). Mais dans les terrains sans formations superficielles meubles, il est beaucoup plus difficile de connaître l'extension passée et de différencier par exemple entre pergélisol continu et discontinu.
En limite sud, le pergélisol à une température proche de zéro en été pourrait rapidement fondre. Le Canada envisage que sa limite sud puisse ainsi remonter de 500 km vers le nord en un siècle. Un peu plus vers le nord, seule la « couche active » gagnera de l'épaisseur en été, induisant une pousse de la végétation mais aussi des mouvements de terrain déterminant des phénomènes de « forêt ivre », des modifications hydrologiques et hydrographiques et des émissions accrues de méthane, le développement des populations de moustiques, etc. Certains modèles (canadiens) estiment que les effets significatifs apparaîtront dans les années 2025 à 2035[réf. nécessaire].
Le pergélisol occupait une surface bien plus vaste lors des périodes glaciaires du Quaternaire mais il contribue néanmoins à une forte inertie thermique des milieux des pays nordiques. On distingue des très hautes latitudes ou altitudes vers des latitudes plus septentrionales, un pergélisol continu, d'un pergélisol discontinu voire sporadique. La zone du pergélisol discontinu est tributaire de facteurs stationnaires (orientation du versant, protection thermique par un lac, une forêt, etc.).
Dans sa partie septentrionale, la couche de sol la plus superficielle dégèle en été. Sur ce mollisol ou couche active, lors de la courte saison végétative, quelques plantes et organismes se développent, alors que ni les racines ni les animaux ne peuvent pénétrer le pergélisol vrai.
Caractéristiques
Là où il est présent depuis plusieurs cycles glaciaires, le pergélisol peut être épais de plusieurs centaines de mètres :
- de 440 mètres à Barrow, Alaska à environ 750 m dans l'arctique canadien
- environ 600 mètres en Sibérie orientale avec des maxima pouvant aller jusqu'à plus de 1 000 mètres dans certaines régions (monts de Verkhoïansk).
Les sols gelés de l’Arctique ont environ 1 668 milliards de tonnes de CO2[4].
La zone dite « active »
C'est la zone qui dégèle en été. Elle varie selon l'altitude et la latitude, mais aussi dans l'espace et dans le temps au rythme des glaciations et réchauffements, parfois brutalement dès que l'enneigement recule et laisse apparaître un sol foncé qui capte la chaleur que l'albédo des glaces et neige renvoyaient vers le ciel. Cette zone est aujourd’hui généralement profonde de quelques centimètres à quelques décimètres. À sa limite sud, où elle est moins épaisse, elle pourrait s'étendre rapidement vers le nord. Dans les zones nordiques l'architecture repose aujourd'hui sur des pieux enfoncés à plusieurs mètres de profondeur, et il est recommandé de conserver un vide sous la maison.
Dans les Alpes, le permafrost se retrouve au-dessus de 2 500 mètres sur les ubacs. Un dégel de ces zones pourrait provoquer des éboulements importants.
En Suisse, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a publié une carte et une liste actualisée des zones habitées particulièrement menacées[5]. Les dangers d'éboulements existent surtout pour les localités qui se situent au fond des vallées. Parmi elles figure la commune de Zermatt, entourée par trois pans de montagne qui reposent sur du pergélisol. La liste mentionne également Saint-Moritz, Saas Balen et Kandersteg. La probabilité qu'un gros événement se produise augmente avec la fonte croissante de la glace. Le risque ne porte pas seulement sur le fait que d'importantes masses de roches se détachent, mais que celles-ci provoquent des réactions en chaîne qui pourraient engendrer des dégâts dans les zones habitées, comme ce fut le cas dans le Caucase. Dans cette région, en 2002, un effondrement rocheux de quelques millions de mètres cubes a entraîné tout un glacier avec lui, provoquant un gigantesque glissement de terrain qui a totalement détruit une vallée de plus de trente-trois kilomètres.
La fonte de la glace du pergélisol est susceptible de créer des thermokarsts, des phénomènes de solifluxion et des mouvements importants des sols, ce qui inquiète car de nombreuses constructions, ainsi que des oléoducs sont posés sans fondations sur ces sols. Des villes entières sont construites sur le pergélisol comme Iakoutsk posée sur trois cent mètres de sol et roches congelés, où la température moyenne annuelle a augmenté de 2 °C en trente ans sans conséquence observable en profondeur à ce jour, selon l'Institut du pergélisol fondé dans cette ville.
Même si le sol ne fond pas, un réchauffement différentiel entre les couches superficielles et profondes de sol ou entre des éléments plus ou moins riches en eau des couches supérieures de sol pourrait provoquer des dégâts importants par dilatation différentielle[6].
Voir aussi
Notes
- lire en ligne] Elizabeth Kolbert, « Dans l’Arctique en plein dégel », dans Courrier international, n°766, 07/07/2005, [
- site de l'International Permafrost Association
- Katey Walter Anthony, Méthane, un péril fait surface, 390, Pour la Science, (avril 2010), p.73
- Des centaines milliards de tonnes de CO2 libérées brutalement dans l’atmosphère ?Publié le 26 avril 2004
- Sonntagszeitung, 06.07.06
- La « mine climatique » de la merzlota risque-t-elle d'exploser? Article de RIA Novosti 02/01/2008.
Liens internes
- Réchauffement climatique
- Film : Une vérité qui dérange. Présenté par Al Gore, Ancien vice-président et candidat à la présidence des États-Unis.
Liens externes
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