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Perceval ou le Conte du Graal
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Portail littérature Perceval ou le Conte du Graal est le cinquième roman de Chrétien de Troyes, resté inachevé. Écrit vers 1181, il est dédié au protecteur de Chrétien, le comte de Flandre Philippe et raconte l'histoire de Perceval, jeune homme devenu depuis peu un chevalier redoutable, ayant pour quête de trouver le Graal.
Chrétien affirme avoir travaillé d’après une source fournie par Philippe. La poésie relate les aventures et les épreuves sans cesse croissantes du jeune chevalier Perceval et il se termine abruptement après seulement 9 000 vers. Par la suite d'autres auteurs en ont ajouté 54 000 de plus (voir ci-dessous, « Continuations »). Perceval est le premier conte où l’on fasse mention du Saint Graal.
Sommaire
Le poème
Une femme qui a perdu son mari et deux de ses fils se cache dans une forêt du Pays de Galles avec son dernier enfant, « Percevaus » (Perceval), et essaye, pour le préserver, de l'élever loin de la civilisation, dans l'ignorance complète du monde et de la chevalerie meurtrière. Malgré toutes les précautions de la mère, Perceval rencontre un jour un groupe de chevaliers à la brillante armure. Il en est si enthousiasmé qu'il quitte aussitôt le refuge et sa mère malgré les supplications de celle-ci, qui disait qu'elle ne voulait pas le perdre a son tour.
Il se rend à la cour du « Roi Artus » (roi Arthur), une jeune fille lui prédit un grand avenir.
Perceval se fait remarquer par la rusticité de ses manières ; cependant, il sort vainqueur de son premier combat et s'empare de l'armure de son adversaire.
« Gurnemanz » (Gornemant), un vieux chevalier plein d’expérience prend Perceval sous sa protection et lui enseigne les façons courtoises. Il lui apprend aussi les vertus chevaleresques : épargner un adversaire vaincu, montrer de la retenue dans le discours, protéger les dames et fréquenter les églises.
Grâce à sa noble origine et à son ardeur, Perceval fait de rapides progrès et il peut bientôt voler de ses propres ailes.
Il s'en va donc à l'aventure et conquiert par sa beauté et son courage « Blancheflor » (Blanchefleur) qui devient son amie. Perceval insiste qu'il doit retourner pour voir si sa mère est toujours en santé, mais il promet de revenir et épouser Blanchefleur après.
Après maintes péripéties, un soir qu'il cherchait un gîte, Perceval est reçu par le « Roi Pescheor » (Roi Pêcheur). Des valets l'habillent d'écarlate et l'introduisent dans une vaste salle carrée au milieu de laquelle gît, à demi couché sur un lit, un homme vêtu de zibeline.
Pendant que Perceval s'entretient avec lui, il est témoin d’un spectacle étrange : Un valet qui tient une lance resplendissante de blancheur s'avance. « À la pointe du fer de la lance perlait une goutte de sang et jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille ». Deux autres valets suivent avec des chandeliers en or. Puis vient une belle jeune fille richement parée. Elle porte un Graal d'or pur orné de pierres précieuses. Chrétien de Troyes souligne : « Il vint alors une si grande clarté que les chandelles perdirent la leur, comme les étoiles quand le soleil ou la lune se lève ». Une autre jeune fille porte un tailloir ou plateau en argent. L'étrange cortège va d'une pièce à l'autre tandis qu'on prépare un splendide souper. À chaque plat, le cortège réapparaît avec le Graal, sans que les assistants semblent y faire attention. Par contre bouleversé et intrigué, Perceval, se demande « À qui s'adresse le service du Graal ». Mais, prisonnier de l'éducation reçue, il n'ose le demander ; car il se souvient des conseils de Gurnemanz qui lui a recommandé de réfléchir avant de parler et de ne pas poser de questions indiscrètes ; alors, il se tait. Après le repas, le châtelain, qu'un mal mystérieux semble ronger, se fait porter dans sa chambre par quatre serviteurs. Perceval s'endort à son tour. À l'aube, en se réveillant, il trouve le château vide. Actionné par des mains invisibles, le pont-levis s'abaisse devant lui. Perceval reprend la route, mais il est bien décidé à élucider le mystère et surtout à retrouver un jour le Graal.
Peu de temps après, une dame d’aspect horrible, telle qu’on en voit dans les légendes celtiques, arrive à la cour et reproche à Perceval de ne pas avoir interrogé son hôte à propos du Graal, car la question aurait eu le pouvoir de guérir le roi blessé et en même temps levé la malédiction qui pesait sur ses terres.
La partie suivante de la poésie parle du meilleur chevalier d'Arthur, « Gauvins » (Gauvain), qui a été défié en duel par un chevalier qui prétend que Gauvain avait tué son seigneur. Gauvain est en même temps un contraste et un complément à la naïveté de Perceval et ses aventures nous présentent un chevalier courtois qui doit agir dans des situations contraires à la courtoisie.
Par la suite, on ne parle plus de Perceval que brièvement avant la fin de la partie achevée par Chrétien de Troyes : Après cinq années de vaines recherches, il rencontre un ermite, son oncle, qui l'instruit dans les voies de l'esprit et lui révèle que le Graal est un calice (objet sacré contenant une hostie). Apportée chaque jour en procession solennelle au père du roi, cette hostie lui permet depuis quinze ans de se maintenir en vie.
Après que Perceval a reçu les sages conseils de son oncle, le poème revient à Gauvain, mais il se termine bientôt.
Le poète n'est pas arrivé à ramener Perceval au château mystérieux. Il est mort la plume à la main sans pouvoir achever son poème.
Les Continuations
Quatre poètes au talent inégal ont repris l'histoire là où Chrétien l’avait laissée et ont essayé de la conduire jusqu’au bout.
Première Continuation
La première Continuation a ajouté au roman de 9 500 à 19 600 vers (selon les manuscrits). Elle a été autrefois attribuée à Wauchier de Denain et c’est pourquoi on l’appelle parfois encore Pseudo-Wauchier. Il existe une version courte, une moyenne et une longue ; la courte est la plus ancienne et la plus mal reliée au travail de Chrétien. Roger Sherman Loomis croyait que cette version représentait la vraie tradition du Graal, sensiblement différente de celle de Chrétien. Cette première Continuation comprend les aventures antérieures de Gauvain ; sa mère et sa grand-mère sont allées voir Arthur, car la sœur de Gauvain, Clarissant, doit épouser Guiromelant. Gauvain s'oppose d'abord au mariage mais se réconcilie avec Guiromelant, et rejoint Arthur pour assiéger avec lui deux châteaux. Finalement, il visite le château du Graal au cours d’une scène décrite de façon remarquable.
Les versions les plus longues comprennent deux romans apparemment indépendants mais imbriqués dans l'action principale. Le Livre de Caradoc a pour héros Caradoc, un chevalier d'Arthur, il explique comment il a reçu son surnom « au court bras » ; l'autre raconte les mésaventures du frère de Gauvain, « Guerrehet » (Gaheris ou Gareth), sur un bateau tiré par un cygne.
Deuxième Continuation
Peu de temps après que la première Continuation eut été achevée, un autre auteur ajouta 13 000 vers à l’ensemble. Cette section aussi a été attribuée à Wauchier de Denain et pourrait bien, elle, être de lui. Composée surtout d'aventures, cette suite montre Perceval retournant au Château du Graal et réparant l'épée de Trébuchet. Toutefois, une mince fêlure subsiste dans la lame, signe que son âme n’a pas encore atteint la perfection.
La Continuation de Gerbert
17 000 vers ont été ajoutés dans la suite de Gerbert. L'auteur, d'habitude identifié comme Gerbert de Montreuil, a composé sa version indépendamment de Manessier et vers la même époque. Il avait écrit une fin, mais elle a été supprimée dans les deux copies subsistantes et, dans la tradition manuscrite, ce qui restait a été inséré entre la deuxième Continuation et le travail de Manessier. Il essaye de se rattacher aux finales des manuscrits laissées par Chrétien et par les autres auteurs et l'influence de Robert de Boron y est sensible. Il est remarquable que Gerbert inclut dans son récit un épisode complet de Tristan qui n'existe nulle part ailleurs.
La Continuation de Manessier
La Continuation de Manessier (appelée aussi troisième Continuation parce que c’est sa place dans les manuscrits qui n’incluent pas Gerbert, mais cela prête à confusion) a ajouté 10 000 vers et (enfin) une fin. Manessier a fondu ensemble un grand nombre de fins imprécises venant des auteurs précédents et il a inclus plusieurs épisodes pris dans d’autres œuvres, en incluant la Joie de la Cour, une aventure d’Erec de Chrétien de Troyes et la mort d’Énide et de Calogrenant telle qu’on la raconte dans la partie consacrée à la Queste del Saint Graal dans le cycle du Graal de Lancelot. Le conte se termine avec la mort du Roi Pêcheur et la montée de Perceval sur son trône. Après sept ans Perceval s’en va pour mourir dans les bois, Manessier suppose qu’il a emporté avec lui au Ciel le Graal, la Lance et le plat d’argent.
L’influence de Perceval
Quoique Chrétien ne l’ait pas achevé, son roman exerça une énorme influence sur le monde littéraire du moyen âge. Perceval fit connaître le Saint Graal à une Europe enthousiasmée et toutes les versions de l’histoire du Graal remontent à lui directement ou indirectement. Le Parzival de Wolfram von Eschenbach est une des plus grandes œuvres de l’Allemagne médiévale, et c’est une de celles qui sont fondées directement sur le poème de Chrétien de Troyes. Un autre personnage est le Gallois Peredur, fils d’Efrawg, héros d’un des trois romans gallois associés au Mabinogion.
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
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