Pensée morale

Pensée morale

Philosophie morale

La philosophie morale est, au sens strict et contemporain, la branche de la philosophie et plus précisément de la philosophie pratique qui a pour objet les questions éthiques. Il faut la distinguer de l'éthique qui n'est pas une discipline spécifiquement philosophique mais relève également de l'éthique appliquée et de l'éthique théologique. Au sens classique, la philosophie morale incluait la sociologie, la politique, et autres ancêtres des sciences humaines, par contraste avec la philosophie naturelle.

Sommaire

Introduction

Objet de la philosophie morale

L´éthique générale - que nous appellerons simplement éthique dans la suite- établit les critères pour juger si une action est bonne ou mauvaise et pour juger les motifs et les conséquences d'un acte. La fin de l´éthique elle-même fait donc d'elle une science pratique. Il ne s'agit pas d´acquerir un savoir pour lui-même mais de nous rendre à même d´agir de manière responsable. Elle est considérée de nos jours comme la discipline au fondement de l'éthique appliquée, de l´éthique individuelle, de l'éthique sociale et des différentes formes d´éthiques spécialisées qui se confrontent aux problèmes normatifs de leur domaine particulier.

Différenciation de la philosophie morale avec d'autres disciplines

Il est difficile de déterminer avec exactitude les rapports entre morale et éthique car la distinction entre ces deux termes eux-mêmes est délicate. Dans un sens « ordinaire », le terme éthique est synonyme de morale, et désigne une pratique ayant pour objectif de déterminer une manière de vivre conforme aux fins de la vie humaine (recherche du bonheur ou moralité). Mais une distinction courante consiste à entendre par « morale » l’ensemble des normes propres à un groupe social ou à un peuple à un moment précis de son histoire. Aujourd'hui, on emploie le terme "éthique" généralement pour qualifier des réflexions théoriques portant sur des pratiques et sur les conditions de ces pratiques ; ainsi on parle de « comité d'éthique » au sein d'institutions scientifiques. L´éthique aurait ainsi ses fondements non dans les traditions d'un pays mais dans une décision rationnelle.

Le droit lui aussi répond à la question: "que dois-je faire"? Mais à la différence de l´éthique il se réfère à un ordre juridique précis déjà existant qui peut être aussi bien le résultat d´une décision démocratique que de traditions propre à un pays.

Les théories rationnelles de l’action répondent également à la question « que dois-je faire ? ». Mais elles se distinguent des problématiques éthiques parce que les théories de l’action rationnelle ne sont pas forcément des théories de ce qui est bien d’un point de vue moral. De façon plus particulière, les théories éthiques qui veulent établir des normes universellement valables se distinguent des théories rationnelles de l’action car ces dernières ne tiennent compte que des fins et des intérêts d’un agent particulier.

Les différents domaines liés à l’éthique

L’éthique est d’abord inséparable de la philosophie à tel point qu’il est même courant de la confondre avec la philosophie morale. En effet, on considère souvent que l'éthique est une des branches principales de la philosophie et plus particulièrement de la philosophie morale.

L’éthique est en outre intimement liée à la méta-éthique même si c’est surtout dans le débat contemporain que l’on fait la distinction aussi nettement. La méta-éthique en effet a pour objet d’analyser la nature des énoncés, des normes et des procédés de l’éthique. Elle constitue la discipline qui permet à l’éthique un retour réflexif sur elle-même.

L'autre grand domaine inséparable est (au moins aux yeux de la tradition philosophique occidentale) la politique ou plus précisément la philosophie politique. Il est traditionnel en philosophie de considérer la cité comme le cadre naturel et comme le prolongement des commandements éthiques.

Par ailleurs, dans une moindre mesure, il est traditionnel de lier éthique et philosophie de l'action et ce depuis Aristote dans la mesure où la théorie de l'action s'intéresse à certains problèmes fondamentaux pour l'éthique comme le problème de la responsabilité de l'agent, de l'intentionnalité d'une action ou de la définition de ce qu'on appelle un agent.

Histoire de philosophie morale

Article détaillé : Histoire de l'éthique.

Même si le terme philosophie morale n'apparaît qu'à partir d'Aristote dans l'Éthique à Nicomaque les questions éthiques ont été au centre de la philosophie depuis les présocratiques.

Problèmes fondamentaux de la philosophie morale

La philosophie morale porte principalement sur la finalité de l'action et cherche à résoudre les questions qui peuvent se poser dans la délibération et la prise de décision :

  • Que dois-je faire ?
  • Qu'aurais-je dû faire ?
  • Y a-t-il des limites à mes actions ?

Les philosophes divisent la morale en trois domaines dont les limites ne sont pas toujours parfaitement fixées :

  • Méta-éthique : entendue comme la recherche des origines et du sens de nos concepts moraux ;
  • Morale ou éthique normative, qui concerne les critères de nos comportements (habitudes, devoirs, conséquences de nos actes) ;
  • Morale ou éthique appliquée, application des deux premières à des problèmes spécifiques et controversés (par exemple, avortement, environnement, droits des animaux, etc.).

Les conceptions fondamentales de la philosophie morale

Éthique téléologique

Morales conséquentialistes

Dans nos actions, nous prenons souvent en compte les conséquences de nos actes. Ces conséquences peuvent donc être considérées comme des critères possibles de notre comportement, ce qui fait de ce type de morale, un type normatif. Pour une morale de ce genre, une conduite est morale si les conséquences d'un acte sont plutôt bénéfiques que défavorables. L'évaluation de la moralité d'une conduite se fait donc sur la base de ce qui est observable, plutôt que sur l'intention qui a un caractère privé et difficile à appréhender.

Plusieurs types de conséquentialisme peuvent être distingués, selon le critère que l'on choisit pour déterminer ce qui est bénéfique et ce qui est nuisible :

  • l'altruisme : les conséquences de l'action favorables à quiconque excepté l'agent déterminent ce qui est bien et ce qui est mal
  • l'égoïsme : les conséquences de l'action favorables à l'agent et à lui seul déterminent ce qui est bien et ce qui est mal ;
  • l'utilitarisme : les conséquences de l'action favorables à tous déterminent ce qui est bien et ce qui est mal. Jeremy Bentham est l'un des premiers philosophes utilitaristes. Il propose d'une part de considérer les conséquences de nos actions, et, d'autre part, de mesurer le plaisir et la peine qui en résultent, d'où le nom d'hédonisme utilitariste de cette doctrine.


Éthique de la perfection

Cette morale définit le bien désirable comme perfection ; cette perfection n'est pas subjective, mais peut se décrire objectivement. Par exemple le savoir, la réussite, etc. Ce bien est conçu comme le fondement du bonheur, mais sans impliquer la satisfaction subjective. Ce bien représente souvent la réalisation optimale de la nature humaine, et se trouve être de ce fait inégalitaire. Il définit en effet une hiérarchie des perfections à atteindre, hiérarchie d'où découle le mérite des individus.

« Toutes les actions de notre âme qui nous acquièrent quelque perfection sont vertueuses, et tout notre contentement ne consiste qu'au témoignage intérieur que nous avons d'avoir quelque perfection. » (Descartes, Lettre à Elisabeth)

Éthique déontologique

Les morales du devoir fondent le caractère moral de nos actions par le concept d'obligation. Ce type de morale se conçoit indépendamment de toute conséquence qui pourrait résulter de nos actions. Par exemple, selon Kant, on ne doit pas mentir pour éviter un meurtre, car l'obligation de dire la vérité est absolue et ne tolère aucune condition particulière.

Il existe plusieurs théories des devoirs :

  • Samuel von Pufendorf distingue trois types de devoirs :
    • devoirs envers Dieu (dévotion interne et externe) ;
    • devoirs envers soi-même (devoirs envers l'âme : par exemple développer ses talents, et devoirs envers le corps -ne pas se tuer, ne pas se nuire-) ;
    • devoirs envers autrui (devoirs absolus : ne pas nuire, etc. et devoirs conditionnels : tenir sa parole, etc.).
  • théorie des droits (par exemple Locke), dans laquelle :
    • les droits sont naturels (par exemple, vivre, être libre, rechercher le bonheur) ;
    • ils sont universels ;
    • ils sont les mêmes pour tous ;
    • ils sont inaliénables.

Il faut souligner que tout droit appelle un devoir.

  • l'impératif catégorique : c'est la théorie kantienne de la morale. Kant distingue plusieurs types d'impératifs :
    • l'impératif hypothétique nous dit que si nous voulons ceci, nous devons faire telle ou telle chose ;
    • l'impératif catégorique nous dit seulement que nous devons faire telle chose, quoi que nous voulions ou désirions.

Les théories du devoir n'exposent pas seulement le ou les principes qui rendent morale une action, mais s'efforcent également de résoudre les conflits qui résultent de nos devoirs eux-mêmes.


Le problème du fondement de la morale

D'une manière très générale, il existe deux types de conception des fondements de la morale :

  • une conception objectiviste ou hétéronome, qui affirme que les lois morales ne dépendent pas de l'homme, mais :
    • sont des lois naturelles (philosophie grecque en général);
    • sont des commandements divins (christianisme, Saint Thomas d'Aquin) ;
    • sont des lois de la raison, auxquelles tout être raisonnable (donc l'homme) doit obéir (par exemple les « lois naturelles » sur lesquelles les hommes se mettent d'accord et les instituent en tant que « lois civiles », leur donnant ainsi force de loi, chez Hobbes).
  • une conception relativiste ou autonome, pour laquelle les valeurs morales ont une origine humaine :
    • parce qu'elles sont imposées par la société ou par un groupe quelconque ;
    • parce qu'il appartient à l'individu en tant que tel de les définir.

Dans la conception objectiviste (ou réaliste), les valeurs morales sont éternelles et universelles, ou, au moins, absolues ; on ne peut donc les changer ni les détruire. Au contraire, dans la seconde conception, les valeurs morales varient d'une société, d'un groupe voire d'un individu à un autre.

Bibliographie indicative

Voir aussi

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