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Paul Géroudet
Paul Géroudet (Genève, 13 décembre 1917 - ibidem, 23 novembre 2006) était un ornithologue suisse de langue française.
Sommaire
Biographie
Passionné dès son plus jeune âge par la nature, notamment suite à la lecture de l'ouvrage "Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède" de Selma Lagerlöf, il se met à l'ornithologie en autodidacte vers l'âge de 15 ans, s'abonne à "Nos Oiseaux", revue de la Société romande pour l'étude et la protection des oiseaux dès 1932. Il y publie sa première note en 1935.
Il s’inscrit aussi à la Ligue suisse pour la protection de la nature, à laquelle il restera fidèle tout au long de sa riche vie. Il fréquente assidûment la bibliothèque du Museum d’histoire naturelle de Genève.
Diplômé instituteur en 1936, il enseigne dans les écoles publiques durant 27 ans. Sa collaboration à la revue « Nos oiseaux » le conduit bientôt à en devenir le rédacteur en chef alors qu’il n’a pas 22 ans et aucun diplôme scientifique. Il le restera de 1939 à 1994, y publiant plus de 600 articles et notes sous son nom.
Les mérites de Paul Géroudet sont reconnus dès 1962 par la Société nationale d’acclimation et et de protection de la nature de France, qui lui remet sa plus haute distinction, la Grande Médaille Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. En 1964, l’Université de Neuchâtel lui décerne le Doctorat honoris causa, suivie en 1967 par l’Université de Genève. Membre correspondant de l’American Ornithologist’s Union dès 1964, il en fut nommé membre d’honneur en 2004.
Ses contributions à l'ornithologie
Il est l'auteur de nombreux ouvrages de référence parus aux éditions Delachaux et Niestlé, dont le premier, issu d'un projet de Paul-André Robert, parut en 1940, sous le titre "Les rapaces, les colombins et les gallinacés". L'ouvrage fit sensation dans les milieux francophones, car rien de pareil n'existait alors en matière d'étude de la vie et des moeurs des oiseaux.
Bientôt suivirent, dans la série "Les beautés de la nature" aux mêmes éditions Delachaux & Niestlé à Neuchâtel (Suisse), les ouvrages "Les Echassiers" (1942), "Les Palmipèdes" (1946), puis trois volumes "Les Passereaux" (1951, 1954 et 1957).
La magistrale adaptation du fameux "Guide des oiseaux d'Europe" de Peterson, Mountfort et Hollom parue en 1954 marque d'une pierre blanche l'évolution de l'ornithologie de terrain dans les pays francophones.
La 13e édition, parue 52 ans après la première, compte 534 pages, soit près de 200 pages de plus que la première. A l'époque, seul l'ouvrage "Les oiseaux dans la nature" de Paul Barruel (1901-1982) paru aux éditions Payot, Paris, en 1949, pouvait servir à la détermination sur le terrain, malgré l'absence de couleur dans la représentation des oiseaux dans cet ouvrage, excellent par ailleurs.
Lors de l'adaptation du guide de Peterson, Paul Géroudet a été le premier à traduire les cris et les chants d’oiseaux par des syllabes et des onomatopées (différentes selon les langues).
A côté de nombreuses traductions et adaptations d’ouvrages d’ornithologie, ou plus généralement de sciences naturelles, Géroudet a publié aussi plusieurs ouvrages importants, destinés au grand public autant qu’aux spécialistes. Ainsi, après avoir adapté le texte d’Ulrich Corti dans le premier tome de « Les oiseaux nicheurs d’Europe » paru aux Editions Silva en 1956 (illustrations de Walter Linsenmaier), il est l’auteur des textes des trois volumes suivants, dont les superbes planches sont de son ami Paul Barruel (1958 – 1962). Ces ouvrages, publiés en allemand, en français et en italien sous forme de primes pour l’achat de produits de marque, figurent dans une majorité de bibliothèques familiales de Suisse, ce qui a sans doute conduit à plus d’une vocation de naturaliste !
Chargé de mission au WWF international de 1967 à 1971, Géroudet est à ce titre l'auteur de quelque 150 communiqués de presse et de 120 contributions consacrés à des sujets aussi divers que les étangs de la Dombes, le rhinocéros de Java, la chèvre sauvage de Crète, les parcs nationaux africains, etc.
En collaboration avec Noël Simon, paraît en 1970 « Survivants. SOS pour 48 animaux » dont les illustrations sont de Paul Barruel pour les oiseaux et de Helmut Diller pour les mammifères. Ayant obtenu des subsides du Fonds national de la recherche scientifique, il peut se consacrer à la rédaction des deux tomes des « Limicoles, gangas et pigeons d’Europe » qui paraissent en 1982 et 1983 et dont l’illustration est due en partie à Paul Barruel, l’ami récemment décédé, auquel les ouvrages sont dédiés.
"Les oiseaux du lac Léman" paru en 1987 aux éditions Delachaux & Niestlé en collaboration avec "Nos Oiseaux" est un ouvrage fondamental pour l'étude des lacs en général. L'illustration due en partie à Robert Hainard lui apporte une dimension artistique supplémentaire.
Style
Le sens de l'écriture et de la mise en situation, une parfaite maîtrise de la langue, donnent aux ouvrages de Paul Géroudet, en complément du fond scientifique indiscutable, un ton et une expression poétique qui en font un auteur unique dans la littérature ornithologique.[réf. nécessaire]
Voici un exemple extrait du tome 1 du guide Les Passereaux d'Europe :
« Novembre chasse les feuilles desséchées, les derniers vols de freux et de choucas rament vers le midi, au-dessus des brumes bleuâtres des bas-fonds. Dans le bois, les clameurs aigres des geais percent le silence. Asseyons-nous en lisière d’une coupe, puisque les troncs abattus gisent encore au bord du chemin. Quelques mésanges vagabondes ont passé, et soudain, sur une souche, un petit oiseau surgit, gris-brun, avec un grand plastron orangé et deux grands yeux noirs qui nous regardent. Le rouge-gorge, toujours curieux, est-il attiré par le bruit des pas brisant les branches mortes ? Attendrait-il quelque chose ? De ci, de là, il sautille à distance, puis l’inspection est terminée et il regarde le fourré où éclatent aussitôt quelques petits cris secs. »« Familier le rouge-gorge ? À l’occasion sans doute. Ainsi le jardinier qui laboure le voit souvent suivre son travail et picorer les vers et les larves que la bêche met au jour ; le bûcheron reçoit sa visite aux premiers coups de cognée, et il s’approche volontiers des chemins et des routes, si bien qu’il n’échappe pas toujours aux autos qui passent en trombe, mais n’est-ce pas plutôt l’intérêt qui le pousse ? Sans doute trouve-t-il avantageux de rechercher les gros animaux qui remuent la terre, les sangliers, les blaireaux, les chevreuils - ce serait à vérifier - et pour lui, un homme est une "grosse bête" qui peut-être lui procurera des proies en mettant le sol à nu… »Ouvrages: quelques références
- Les Rapaces, les Colombins et les Gallinacés d'Europe - Delachaux et Niestlé
- Les Echassiers d'Europe - Delachaux et Niestlé
- Les Palmipèdes d'Europe - Delachaux et Niestlé
- Les Passereaux d'Europe (2 ou 3 tomes selon les éditions) - Delachaux et Niestlé
- Grands Échassiers, Gallinacés, Râles d'Europe - Delachaux et Niestlé
- Limicoles, gangas et pigeons d'Europe, 2 tomes - Delachaux et Niestlé
- Les oiseaux du lac Léman - Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1987
Sources
- Vuilleumier F. (2007) Hommage à Paul Géroudet Honoraria Avium nostrarum formica : Rédacteur honoraire de Nos Oiseaux (1917-2006). Nos Oiseaux, 54 : 3-20.
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