Patrice Sicard

Patrice Sicard

Patrice de Plunkett

Patrice de Plunkett

Patrice de Plunkett (né le 9 janvier 1947 à Paris), journaliste et essayiste français.

Sommaire

Épisodes de jeunesse

Dans ses années étudiantes (il est licencié en droit de la Faculté de droit de Paris), il fut militant royaliste (1968-1971), proche d'un groupe gauchisant de l'Action française, dit également « mao-maurrassien ». Sous le pseudonyme de Patrice Sicard, il collabora à AF université et illustra un numéro du journal Aspects de la France[1]. Son débat avec Philippe Hamel intitulé « Mao ou Maurras ? » fut exemplaire du courant qui tentait de renouveler le royalisme maurrassien à la suite de Mai 68.

Après s'être détaché du maurrassisme (1972), la recherche d'une alternative « moderniste » aux idées de Mai l'amena pour quelques années du côté de la Nouvelle Droite (GRECE) et d'Alain de Benoist (qui préfaça un de ses textes sous le pseudonyme de Robert de Herte). De 1974 à 1976, il donna des articles à la revue du GRECE, Éléments (sous les noms de Plunkett et de Sicard[2]). Il n'utilisa plus le nom de plume « Sicard » par la suite et quitta totalement les pistes de pensée de la Nouvelle Droite. Ces épisodes de jeunesse s'achèvent avec les années 1970, et il s'engage dans un tout autre domaine, auquel il va consacrer son activité entière.

Un journaliste professionnel

La trajectoire de Patrice de Plunkett sera celle, non d'un idéologue, mais d'un journaliste professionnel et engagé de l'information grand public. Il va publier des centaines d'articles et co-diriger pendant deux décennies l'un des principaux magazines français. Les médias sont sa véritable vocation ; à partir de la fin des années 1970, cette identité s'affirmera toujours plus clairement.

De 1971 à 1975, il est journaliste à Valeurs actuelles[3]. Entre 1975 et 1977, il est rédacteur en chef adjoint au Spectacle du Monde[3]. En 1977, il quitte le groupe de presse de Raymond Bourgine et passe dans celui de Robert Hersant : il devient rédacteur en chef au Figaro Dimanche (1977-1978). L'année suivante, il participe avec Hersant et Louis Pauwels à la naissance du Figaro Magazine, qui sera l'un des grands succès commerciaux de la presse des années 1980.

Conçue par Hersant lui-même et confiée par lui à Pauwels, la formule du « Fig Mag » - un magazine de week-end et d'art de vivre - est alors une nouveauté en France. Son objectif est le divertissement grand public haut de gamme, dans tous les domaines. « Soyez ludiques », dit Hersant à la rédaction : cette consigne prédominera, même si le magazine va jouer aussi, de 1981 à 1988, un rôle de « porte-avions » de l'anti-mitterrandisme. (Rôle tempéré par l'amitié personnelle entre François Mitterrand et Robert Hersant, vieil élu FGDS, qui avait été l'un des rares parlementaires à ne pas voter la levée de l'immunité de Mitterrand après l'affaire de l'Observatoire).

En 1979, Patrice de Plunkett devient donc rédacteur en chef « culture » du Figaro Magazine. Il inaugure ses fonctions en orchestrant une campagne sur l'enseignement : « On n'apprend plus l'histoire à nos enfants », série d'articles de l'académicien Alain Decaux. Patrice de Plunkett ouvrira les colonnes du magazine à des personnalités comme Pierre Daix, Jean Elleinstein, Jean-Louis Barrault, Pierre-Jean Rémy, Pierre Miquel, Jean-Paul Aron, Jean-Marie Benoît, Guy Hocquenghem, Ivan Levaï, Fernando Arrabal, Jacqueline de Romilly, Jean-François Deniau, Emmanuel Leroy-Ladurie, Philippe Tesson et bien d'autres...

Plunkett rencontrera notamment Mikhaïl Gorbatchev, le roi Juan-Carlos, Margaret Thatcher, Herbert von Karajan, Josef Ratzinger, et publiera ces entretiens.

Pour traiter de sujets tels le cinéma, le théâtre, la littérature et les arts, il s'est entouré d'une équipe de journalistes qui ne tarderont pas à faire parler d'eux : entre autres Arnould de Liedekerke, Jacques Nerson, Alix de Saint-André, Jean Sévillia ou encore Étienne de Montety.

En 1990, il devient directeur de la rédaction et éditorialiste du magazine.

Ayant achevé de rompre avec l'athéisme philosophique au début des années 1980, il s'est converti au catholicisme en 1985, notamment dans le sillage des sessions du « Renouveau charismatique » à Paray-le-Monial, et il poursuit sa carrière journalistique. Il est par ailleurs membre de l'Association des écrivains catholiques. En 1988, dans le mensuel L'Arche, il fait partie des personnalités invitées qui commémorent par un article la fondation de l'Etat d'Israël (1948).

En 1997, après vingt années au Figaro Magazine, Plunkett est limogé et remplacé par Bernard Lecomte (qui démissionnera quelques mois plus tard[4]). Après quoi F.O. Giesbert sera chargé du magazine, puis évincé lui aussi par Chaisemartin, d'où son départ pour Le Point. Les raisons du départ de Plunkett sont divergentes selon les sources : certains parlent d'un remaniement de la ligne éditoriale en raison de la baisse de diffusion du périodique[5] d'autres sources attribuent ce licenciement à son passé royaliste et néo-droitier[6]. Mais le fait est qu'Yves de Chaisemartin n'a pas motivé sa rupture avec Patrice de Plunkett (déc. 1996) par le lointain souvenir d'idées de jeunesse que Plunkett avait délaissées depuis les années 1970, et qui n'ont été évoquées que par Le Monde. Le différend entre Chaisemartin et Plunkett a porté en réalité sur la nature des changements à apporter à la formule du Figaro Magazine pour enrayer l'érosion des ventes, amorcée en 1988 : Plunkett s'est opposé ouvertement à la nomination en 1996 de l'ex-éditeur de Gala et de Voici, Jean-Marie Burn, au fauteuil de Louis Pauwels. (Plunkett puis Lecomte partis, Burn est évincé au bout d'un an et remplacé par Giesbert ; Giesbert parti, le magazine aura pour dirigeants successifs : Christine Kerdellant, Patrick de Carolis, Joseph Macé-Scaron, Michel Schifres, Étienne Mougeotte, Alexis Brézet.)

Après son départ du Figaro Magazine, Plunkett, libéré de ses obligations dans ce périodique institutionnel de la droite, développe une réflexion indépendante de toute attache politique, comme on peut le constater dans ses articles et ses livres post-1997. Il se consacre à l'analyse des questions de société, notamment en matière socio-économique, dans une perspective critique à l'égard de l'« ultralibéralisme » et de l'idéologie néoconservatrice. Cette critique est développée dans un essai intitulé Ça donne envie de faire la révolution ! (Plon, 1998) où Plunkett dénonce le « despotisme de l'économie » et la disparition de l'idée de souveraineté dans l'Union européenne en construction, et cela, « sans épargner personne, ni la droite, dont l'auteur est issu, ni la gauche »[7]". Plunkett figure parmi les signataires du Manifeste de l'économie solidaire (Edmond Maire et Claude Alphandéry, 2006).

Entre 1997 et 2008, il fonde et préside la société d'édition A3P Productions, il publie sept essais, il tient un blog (idées-société-spiritualité-culture), il collabore à des revues et des magazines et il donne des conférences en France et à l'étranger. Il signe tous les mois un bloc-notes dans Le Spectacle du Monde.

Sur le plan chrétien, Patrice de Plunkett est membre du comité éditorial de la revue de prospective catholique Kephas depuis 2003, membre du comité de Philanthropos (institut européen d'études anthropologiques de Fribourg) depuis 2004 [3] et de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (organisme du Vatican pour l'aide aux chrétiens de Terre Sainte), ainsi que chevalier pontifical. Ses analyses s'inscrivent dans le courant central de l'Église, en écho au concile Vatican II, à l'œcuménisme et au catholicisme social ; elles font souvent référence à Mgr Oscar Romero, l'archevêque salvadorien assassiné en 1980 par les escadrons de la mort au service de l'oligarchie. Dans son blog et ses conférences, il plaide pour que les catholiques européens, renonçant aux nostalgies politico-religieuses, assument un rôle de « minorité de témoignage ». En février 2009, il donne une conférence-débat sur les enjeux philosophiques de l'écologie au Collège des Bernardins, centre culturel du diocèse de Paris.

Ouvrages récents

En 2005 et 2006, il publie deux ouvrages sur les relations problématiques entre la société d'aujourd'hui et le catholicisme : l'un à propos de Benoît XVI , l'autre sur la question de l'Opus Dei. Pour démentir les prévisibles rumeurs qui devaient suivre la parution de l'ouvrage, l'auteur a tenu à spécifier (à la première ligne du livre) qu'il n'était pas membre de l'Opus Dei et qu'il "n'a[vait] pas l'intention de le devenir"[8]. Le site de l' Opus Dei l' a cité néanmoins comme défenseur [réf. nécessaire]. En mai 2007, Plunkett publie, avec le philosophe Jean-Marie Meyer, une enquête anthropologique et zoologique sur le nouveau mythe des animaux dans la société actuelle : Nous sommes des animaux, mais on n'est pas des bêtes. En mai 2008, il publie L'écologie de la Bible à nos jours, pour en finir avec les idées reçues[9]. En février 2009, il publie Les évangéliques à la conquête du monde, enquête sur le phénomène de masse du protestantisme évangélique.

Publications

Patrice Sicard

  • (débat avec Philippe Hamel), « Mao ou Maurras ? », débat dirigé et commenté par Guy Baret, Paris, Beauchesne, Carrefour des jeunes, 2, 1970.
  • Maurras ou Maurras, préface de Robert de Herte, Paris, Grece, 1974.

Patrice de Plunkett

  • La Culture en veston rose, Paris, La Table ronde, 1982.
  • Ça donne envie de faire la révolution !, Paris, Plon, 1998.
  • Quelle spiritualité pour le XXIe siècle ?, Paris, Éd. 1, "Les grandes conférences du Figaro", 1998.
  • L'Evangile face aux médias, Paris, Edifa, 2000.
  • Benoît XVI et le plan de Dieu, Paris, Presses de la Renaissance, 2005.
  • L'Opus Dei : enquête sur le "monstre", Paris, Presses de la Renaissance, 2006.
  • Nous sommes des animaux mais on n'est pas des bêtes, Paris, Presses de la Renaissance, mai 2007.
  • L'écologie de la Bible à nos jours - Pour en finir avec les idées reçues, Paris, L'Oeuvre, 2008.
  • Les évangéliques à la conquête du monde, Paris, Perrin, 2009.

Liens externes

Notes

  1. « Viêt Nam, nouveau Dunkerque ? », illustrations de Patrice Sicard, Paris, Éd. Aspects de la France, 1970. Extrait de Aspects de la France, 23 octobre 1969.
  2. Éléments, site du GRECE
  3. a , b  et c "Patrice de PLUNKETT", dans Who's Who France, [1]
  4. Fabrice Tassel, « Du rififi au Fig-Mag. Le rédacteur en chef délégué démissionne », dans Libération samedi 30 août 1997, p. 31.
  5. « Yves de Chaisemartin reprend en main le Fig-Mag », dans Les Echos, mercredi 4 décembre 1996, p. 13
  6. « Secondé par Bernard Lecomte, Franz-Olivier Giesbert coiffera l'hebdomadaire et le quotidien », dans La Croix, mercredi 4 décembre 1996, p. 23. Voir aussi, "« Le directeur de la rédaction du « Figaro-Magazine » est remercié », dans Le Monde, Lundi 2 décembre 1996, p. 22.
  7. Philippe Cusin, « Plunkett le pourfendeur », dans Le Figaro, no. 16883, mardi 24 novembre 1998, p. 26.
  8. Claire Lesegretain, "Enquête sur les « secrets » de l'Opus Dei. L'auteur se penche sur les polémiques et les rumeurs provoquées par « l'Oeuvre »", dans La Croix, "Livres et idées", jeudi 6 juillet 2006, p. 13.
  9. Constance de Buor et Philippe Merlant, « Jean-Marie Pelt et Patrice de Plunkett ont discuté sur la place des chrétiens face au défi écologique », dans La Vie, "Spécial écologie", 15 mai 2008, p. 36, et Vincent Cheynet, « Cathécologie », dans La Décroissance, septembre 2008, p. 12.
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