Palais de justice de Bruxelles

Palais de justice de Bruxelles
Palais de justice de Bruxelles
Palais de Justice en 2009
Palais de Justice en 2009
Présentation
Type Palais de justice
Architecte Joseph Poelaert
Date de construction 1866-1883
Propriétaire État belge
Géographie
Pays Drapeau de Belgique Belgique
Localité Bruxelles
Coordonnées 50° 50′ 12″ N 4° 21′ 06″ E / 50.83671, 4.35160650° 50′ 12″ Nord
       4° 21′ 06″ Est
/ 50.83671, 4.351606
  

Géolocalisation sur la carte : Belgique

(Voir situation sur carte : Belgique)
Palais de justice de Bruxelles
Escaliers du palais de justice de Bruxelles.
Vue de l'intérieur du palais de justice.

Plus vaste que la Basilique Saint-Pierre à Rome, le Palais de Justice domine Bruxelles. Il est l'œuvre de l'architecte Joseph Poelaert.

Sommaire

La construction

L’arrêté royal du 27 mars 1860, sous le règne de Léopold Ier le roi Fondateur, annonce le projet de sa construction, et le Palais fut inauguré le 15 octobre 1883 après la mort tant de l'architecte Joseph Poelaert que de Léopold Ier, en présence du roi Léopold II qui toutefois ne s'était pas mêlé à l'édification de cet édifice et n'y a pas consacré le moindre franc[1].

Le parc de l'hôtel de Mérode, exproprié, tout comme l'îlot compris entre les rues d'Artifice et des Sabots, fit place à sa construction à partir de 1866[2]. Les 75 propriétaires de cette partie des Marolles dont beaucoup habitaient leurs maisons[3] bruxelloises furent largement indemnisés, quant aux habitants, environ une centaine, ils furent relogés dans une riante cité jardin construite par Poelaert dans le quartier du Chat à Uccle[4].

Rappelons que Poelaert lui-même habitait au coeur des Marolles rue des Minimes dans une maison attenante à ses vastes bureaux et ateliers et qui communiquait avec ceux-ci[5].

Il était à l'époque le plus grand bâtiment du monde historique et reste aujourd'hui encore l'un des plus grands édifices de pierres de taille de la planète et est actuellement le plus grand palais de justice du monde. Sa superficie totale est de 52 464 m2 pour une surface bâtie de 26 006 m2 (contre 22 000 m2 pour la Basilique Saint-Pierre de Rome).

Bien des questions demeurent sur ce chantier qui a vu son budget dépasser les 50 millions de francs (ce qui équivalait à une année entière de travaux publics dans le royaume) pour une estimation initiale de 4 millions à peine. La démesure du chantier, et la liberté laissée à l'architecte d'outrepasser presque toutes les règles initialement imposées, reste un grand mystère.

Avec ses colonnades titanesques, ses pilastres, et ses entablements, le palais s'organise autour du vide central de la salle des pas perdus avec sa hauteur de cent mètres sous le dôme central, espace de distribution des circulations organisées pour donner accès aux salles d'audience du rez-de-chaussée et des étages selon un plan qui se voulait rationnel en fonction des exigences de l'époque.

Une glorification de la Justice

Tout comme la Colonne du Congrès, du même architecte Poelaert, où sont inscrits dans le marbre les articles de la Constitution belge, la plus moderne d'Europe[6], le but symbolique de cet édifice, comme on le percevait à l'époque, était de montrer le triomphe de la Justice, désormais égale pour tous, telle que l'avait voulu le Congrès national.

Un lieu de légendes

Une légende née au XXème siècle prétend que les petites gens déplacées n'eurent d'autre revanche que le sobriquet dont ils parèrent l'architecte Joseph Poelaert dans le patois bruxellois des Marolles : schieven architek, qu'on pourrait traduire à peu près par « architecte de travers». De nos jours, ces deux mots restent une insulte utilisée par les personnes pratiquant ce dialecte. Une autre version explique que les chefs de chantier et les architectes étaient des Anglais et que leur titre était « Chief-Architect » ce qui aurait pu donner skieven architek.

Une autre légende affirme que Poelaert devint fou, dépassé par l'ampleur de son œuvre. Et d'aucuns de lier la démesure piranésienne du Palais de justice de Bruxelles avec les exigences intellectuelles et la débauche de force physique que l'architecte exigeait de lui-même, lui qui voulait tout concevoir et tout contrôler, finissant par s'user à la tâche. Or, il n'en est rien. Poelaert était certainement épuisé après dix-sept ans de soucis et il fut frappé d'une congestion cérébrale dont il décéda rapidement. Mais il n'y eut aucune période de folie dans la vie de ce créateur de génie formé à Paris et possédant une vaste culture architecturale et des connaissances techniques qui le rendaient capable de se confronter avec n'importe quel entrepreneur ou ouvrier.

Le gigantisme du lieu et la masse hors norme du monument ont fait rêver quelques auteurs comme le dessinateur de bandes dessinées le baron François Schuiten au point de voir dans cet ensemble classique des symboles qui selon eux truffent ce bâtiment qui serait d'ailleurs, toujours selon eux, le lieu de réunions de sociétés secrètes, directement liées à l’histoire du Palais. Mais il n'est pas interdit de rêver...

Plus concrètement, on doit citer l'architecte de l'opéra de Paris, Charles Garnier, qui décrit le Palais de Justice de Bruxelles comme "un monstre de qualité". Et encore Sigmund Freud,"Un palais royal assyrien, une illustration de Gustave Doré" et Paul Verlaine "C'est grandiose, biblique et michelangelesque avec du Piranèse". Et le Grand atlas de l'architecture mondiale (Encyclopédie Universalis, Edition Albin Michel, Paris 1982), "Souvent limité aux exercices de dessin académique, le colossal est, ici, concrétisé magistralement. S'il conserve la dignité des temples à colonnades et frontons, il l'enrichit du fantastique de la démesure". Et même Orson Welles; venu à Bruxelles pour y tourner dans le film belge Malpertuis, il fut frappé de l'adéquation entre son style cinématographique et la puissance architecturale du palais, surtout la salle des pas perdus avec ses cent mètres de hauteur sous le dôme, qu'il voulut y situer des scènes d'un film qu'il préparait, une adaptation du Procès de Kafka. L'administration de la justice de l'époque (1971), s'y opposa.

En 2008, alors qu'un concours mondial destiné à réhabiliter le Palais de Justice de Bruxelles a donné les résultats les plus divers -dont des projets inquiétants- en même temps, ce temple est proposé pour être reconnu par l'UNESCO dans le patrimoine mondial de l'humanité. Il apparaît évident qu'il faut protéger et réhabiliter le palais. Toute personne de culture le comprend, ainsi que tous ceux qui ont à coeur de maintenir la justice belge dans un lieu où elle peut le mieux exercer son ministère. Les protestations unanimes de la magistrature, celles des avocats du barreau et le mouvement d'opinion du public démontrent qu'il n'y a pas de majorité pour une autre solution. La rénovation est donc la seule solution démocratique confrontée aux entreprises bureaucratiques de dévalorisation. Et d'ailleurs, tenant compte des exigences de la sécurité et des nécessités de fonctionnement de la justice, la réhabilitation du palais coûtera bien moins cher que de nouvelles constructions dont, d'ailleurs, l'architecture n'offrira jamais la même résistance à d'éventuels attentats que le puissant massif du palais qui a résisté à la chute d'un missile allemand V1 en fin 1944, après que la Wehrmacht y eut mis le feu en septembre 1944 sur ordre d'Hitler.

On doit aussi démentir que le palais aurait été construit avec "le sang des Congolais" comme certains l'ont prétendu au mépris des dates. Achevé en 1881, quatre ans avant la conférence de Berlin qui attribua le bassin du Congo à l'Association internationale de Léopold II de Belgique, le Palais de justice de Bruxelles a été payé par les contribuables belges et ne doit rien à la mise en valeur du futur Congo belge, quoi que l'on pense, par ailleurs, des imputations relatives à la politique du roi en Afrique. Le roi Léopold II ne donna pas un franc pour le palais.

Une copie à Lima

Une « transposition », de ce palais fut construite à Lima, capitale du Pérou entre 1929 et 1937. Néanmoins les proportions de l’édifice de Lima sont plus modestes qu’à Bruxelles.

Accessibilité

Métro de Bruxelles
Descendre à la station de métro : Louise.

Notes

  1. Barbara Emerson, Léopold II, le royaume et l’empire, Bruxelles, 1980, p. 264 : Léopold II ne s’est jamais préoccupé de sa construction : « il semble que son fils et successeur (Léopold II) ne se soit jamais mêlé de très près à la construction du gigantesque édifice »
  2. Yvon Leblicq, « Les deux Palais de Justice de Bruxelles au XIXe siècle », dans Poelaert et son temps, Bruxelles, 1980, p. 270.
  3. Philippe-Christian Popp, Atlas cadastral parcellaire de la Belgique, Bruxelles, 1842. Et: AVB, Liste des expropriations, publiée dans Poelaert et son temps, p.271: Plan du géomètre Van Keerbergen indiquant les propriétés nécessaires à l'érection du Palais de Justice de Poelaert, 9 février 1863 (A.V.B.,T.P., 26.242).
  4. Louis Quiévreux, Bruxelles, notre capitale: histoire, folklore, archéologie, Bruxelles, 1951, p. 257: "Ceux qui lui donnèrent ce sobriquet, ce furent les expulsés de la «partie» des Marolles démolie afin que puisse être érigé le colosse de la place Louise. La rue des Sabots, celle de l’Artifice et d’autres encore étant condamnées, on transplanta leurs habitants dans un quartier riant et campagnard; celui du Chat, à Uccle, à la limite de Forest.
  5. Poelaert et son temps, Bruxelles, (catalogue exposition), 1980, p. 166: "Il habitait une maison rue des Minimes, voisine de ses bureaux et qui communiquait avec ceux-ci". Ainsi que: Pierre Loze, Eduardo Colombo, Paul Vercheval, Le Palais de justice de Bruxelles: monument XIXe, 1983: Il habitait une maison rue des Minimes, voisine des bureaux et qui communiquait avec ceux-ci.
  6. Boris Mirkine-Guetzévitch, « Mille huit cent trente dans l'évolution constitutionnelle de l'europe », dans Revue d'histoire moderne, Societé d'Histoire Moderne et Contemporaine, vol. 6, no 34, 1931, p. 241-256 [texte intégral (page consultée le 12 avril 2010)] 

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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