Pacific Solution

Pacific Solution

Solution du Pacifique

La « solution du Pacifique », Pacific Solution en anglais, était une politique d'immigration australienne (2001-2007) qui consistait à reléguer en dehors du territoire australien des demandeurs d'asile arrivant par voie maritime et cherchant à immigrer en Australie[1].

Ces demandeurs d'asile en Australie étaient détenus dans des centres de transit sur l'île de Nauru et dans la base navale de Lambrum à Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) dans l'attente du traitement de leur demande d'asile[1]. En échange de l'accueil de ces demandeurs d'asile, Nauru recevait d'importantes subventions de la part de l'Australie[2]. Cette politique fut officiellement mise en place en août 2001. Les derniers demandeurs d'asile relégués à Nauru furent des Srilankais et des Birmans en 2006 et 2007.

Sommaire

Affaire du Tampa et mise en place

La mise en place de la solution du Pacifique est provoquée par l'« affaire du Tampa ». Le 26 août 2001, au large de l'île australienne de Christmas dans l'océan Indien, le MV Tampa, un navire cargo norvégien, se porte au secours d'un bateau de pêche indonésien en détresse transportant 433 migrants afghans et irakiens en route pour l'Australie[1]. Le Tampa se voit alors refuser le droit d'accoster en Australie pour y déposer les naufragés ce qui constitue une infraction au droit de la mer qui, dans de telles situations, impose à l'État le plus proche d'accueillir les naufragés. L'Australie prend alors contact avec plusieurs États du Pacifique (la Nouvelle-Zélande, Nauru, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Kiribati, les îles Fidji, le Timor oriental et les Palaos[3]) pour qu'ils acceptent les réfugiés sur leur territoire[4], l'Australie se chargeant des coûts de construction des camps et de prise en charge des réfugiés[3]. Ceux-ci seront finalement envoyés à Nauru et à Manus[1].

À Nauru, deux constructions existantes situées dans le district de Meneng sont aménagées en camps : le stade Meneng situé sur le plateau est réservé aux Irakiens et la résidence présidentielle (State House) pour les Afghans[5].

Par la suite, d'autres clandestins arrivés par voie maritime seront redirigés vers ces deux îles[1]. À la fin janvier 2002, l'Australie avait ou voulait envoyer 2 350 demandeurs d'asile dans des centres de rétention à l'étranger. Il était question d'augmenter la capacité d'accueil du camp de Manus contenant déjà 216 personnes pour lui permettre d'en accueillir 800 autres[4]. L'île australienne de Christmas accueillit aussi des réfugiés mais il ne leur était pas permis d'obtenir la nationalité australienne[6]. Finalement, ce seront environ 1 550 réfugiés au total qui seront retenus sur Nauru (1 118 réfugiés) et Manus (446 réfugiés) au 30 janvier 2002[1],[3]. À la fin avril 2006, la plupart d'entre eux ont obtenu l'asile en Australie ou dans d'autres pays (130 en Nouvelle-Zélande[3]), mais ils sont remplacés par 83 Srilankais [7].

Le coût de la solution du Pacifique pour les années 2003 et 2004 s'élève à 15,5 millions de dollars australiens prélevés sur les 69,9 millions de dollars australiens du budget de l'Agence australienne pour le développement international[8]. Les coûts de maintenance des centres de Nauru et de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont estimés à 27 millions de dollars australiens dont 24 uniquement pour Nauru[9].

Contestations

La solution du Pacifique a rapidement été dénoncée par des instances internationales. Dès mai 2002, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ont mené une enquête sur les pratiques de l'Australie en matière d'accueil des demandeurs d'asile. Les conclusions ont été sévères, parlant même d'atteinte à la dignité humaine.

Des protestations de réfugiés ont aussi eu lieu au sein des camps. Ainsi, en décembre 2002, des Afghans de Nauru entament une grève de la faim, certains allant jusqu'à se coudre les lèvres[10]. En août 2007, des Srilankais à Nauru entament eux aussi une grève de la faim. Ils dénoncent l'incertitude totale dans laquelle ils se trouvent, et craignent d'être détenus indéfiniment [11].

En 2007, un rapport dénonce la « Solution du Pacifique » pour son coût exorbitant: un milliard de dollars australiens en cinq ans, cinq fois plus que si les demandeurs d'asile avaient été maintenus sur territoire australien [12],[13].

En décembre, le nouveau Premier ministre australien Kevin Rudd annonce que son gouvernement va mettre fin à la « Solution du Pacifique » dans les plus brefs délais. Les sept demandeurs d'asile birmans et 74 des Srilankais encore présents à Nauru seront accueillis en Australie [14],[15]. Quant au centre de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il était déjà inusité. Toutefois, le gouvernement nauruan s'inquiète, craignant de voir s'évaporer l'aide financière que lui apportait Canberra [16].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. a , b , c , d , e  et f (fr) Amnesty international France - Australie, un pas en avant, deux pas en arrière
  2. (fr) Article de L'EXPRESS, « Nauru, île en perdition », 7 mars 2005
  3. a , b , c  et d (en) Oxfam - Les implications de la solution du Pacifique
  4. a  et b (en) Article du Pacific Magazine Pacific Islands Report 7/03/02
  5. (en) Article de The Age
  6. (fr) Amnesty international - Conférence ministérielle de Bali
  7. (en) « Sri Lankans to be sent to Nauru », BBC, 15 mars 2007]
  8. (en) FOREIGN AFFAIRS AND TRADE PORTFOLIO
  9. (en) ABC news online
  10. (en) Article du Pacific Magazine du 22 décembre 2003
  11. (en) « Nauru concerned about Australian-run detention centre », Radio New Zealand International, 5 septembre 2007
  12. (en) « Pacific solution cost $1b », Connie Levett, Sydney Morning Herald, 25 août 2007
  13. (en)A Price Too High: Australia's Approach to Asylum Seekers
  14. (en) « Pacific solution ends but tough stance to remain », Craig Skehan, Sydney Morning Herald, 8 décembre 2007
  15. (en) « Burmese detainees granted asylum », Cath Hart, The Australian, 10 décembre 2007
  16. (en) « Nauru fears gap when camps close », The Age, 11 décembre 2007
  • Portail des relations internationales Portail des relations internationales
  • Portail de Nauru Portail de Nauru
  • Portail de l’Australie Portail de l’Australie
  • Portail de l’Océanie Portail de l’Océanie
Ce document provient de « Solution du Pacifique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pacific Solution de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Pacific Solution — The Pacific Solution was the name given to the Australian government policy (2001 2007) of transporting asylum seekers to detention camps on small island nations in the Pacific Ocean, rather than allowing them to land on the Australian mainland.… …   Wikipedia

  • Pacific Solution — Der Begriff Pazifische Lösung (englisch: „Pacific Solution“; auch im Sinne von „stille Lösung“) wurde von der australischen Regierung um John Howard eingeführt. Er wird mit den als „detention camps“ bezeichneten Auffanglagern in Verbindung… …   Deutsch Wikipedia

  • Pacific solution — /pəˈsɪfɪk səluʃən/ (say puh sifik suhloohshuhn) noun the Australian government policy of the 1990s and 2000s of placing unauthorised asylum seekers in compounds on a number of small Pacific nations while awaiting assessment of their status …  

  • Solution du pacifique — La « solution du Pacifique », Pacific Solution en anglais, était une politique d immigration australienne (2001 2007) qui consistait à reléguer en dehors du territoire australien des demandeurs d asile arrivant par voie maritime et… …   Wikipédia en Français

  • Solution du Pacifique — La « solution du Pacifique », Pacific Solution en anglais, était une politique d immigration australienne (2001 2007) qui consistait à reléguer en dehors du territoire australien des demandeurs d asile arrivant par voie maritime et… …   Wikipédia en Français

  • Pacific Islands Political Studies Association — The Pacific Islands Political Studies Association (PIPSA) was established in Hawaii in 1987 at a meeting of Pacific Islands scholars who recognised the need to stimulate and coordinate research and other academic activities to develop our… …   Wikipedia

  • Pacific Electric Railway — Infobox SG rail railroad name=Pacific Electric Railway logo filename=PE logo.png logo size=108 old gauge= marks=PE locale=Los Angeles, California, and its suburbs start year=1901 end year=1961 hq city=Los Angeles, CAThe Pacific Electric Railway… …   Wikipedia

  • War of the Pacific — This article is about the 19th century war between Bolivia, Chile and Peru. For the Pacific theatre of WW II, see Pacific War. War of the Pacific …   Wikipedia

  • Chicago, Rock Island and Pacific Railroad — Rock Island Line redirects here. For the Metra commuter rail line, see Rock Island District. For the song performed by Leadbelly, see Rock Island Line (song). For the Johnny Cash album, see Rock Island Line (album). Chicago, Rock Island and… …   Wikipedia

  • Chicago, Milwaukee, St. Paul and Pacific Railroad — Former Milwaukee Road system. Solid red lines are trackage still operated by CP Rail; purple lines are trackage now operated by other railroads; red dotted lines are abando …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”