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PB4Y Privateer
PB4Y 2 Privateer Vue de l'avion Constructeur Consolidated Rôle Bombardier Mise en service 1943 Date de retrait 1958 Coût unitaire 738 Équipage 11 Motorisation Moteur Pratt & Whitney R-1830-94 Nombre 4 Type moteurs à pistons Puissance unitaire 1 350 ch Dimensions Envergure 33,53 m Longueur 22,73 m Hauteur 9,17 m Surface alaire 97,4 m2 Masses À vide 12 500 kg Maximale 29 500 kg Performances Vitesse maximale 382 km/h Plafond 6 400 m Rayon d'action 4 500 km Armement Interne 12 mitrailleuses de cal. 12,7mm Externe 4800 kg de bombes, mines et torpilles modifier Le PB4Y-2 est un avion de patrouille maritime dérivé du PB4Y-1 Liberator qui était lui-même une version maritime du Consolidated B-24 Liberator. Quadrimoteur, doté d'un rayon d'action d'environ 4 500 km à une vitesse de croisière de 380 km/h, avec un équipage de 11 personnes, le PB4Y2 apparut en 1943.
Sommaire
Conception
Ce quadrimoteur de patrouille maritime était le successeur de l'hydravion de patrouille maritime Consolidated PBY Catalina, conçu avant-guerre. L'expérience des combats de la Seconde guerre mondiale avait mis en évidence les limites du PBY Catalina en termes d'autonomie, d'armement défensif et de charge offensive. Ces limites n'étaient pas inhérentes à l'appareil lui-même, de conception parfaite, mais au cahier des charges auquel il répondait. Au cours de l'année 1942, entre juillet et août, l'US Navy rédigea donc un nouveau cahier des charges. Ce document demandait un hydravion capable d'emporter 2 500 kg de bombes ou de charges de profondeur à une distance de 4 200 km. Pour répondre à ces spécifications, les ingénieurs de Consolidated durent concevoir un projet entièrement nouveau, car il apparut rapidement qu'aucune modification de la cellule du PBY Catalina ne pourrait porter ses performances à un tel niveau.
Afin de tirer parti des installations existantes, ce qui présentait l'avantage de réduire le délai de livraison et le coût de fabrication en série, le bureau d'études de Consolidated choisit de baser son projet sur son appareil « vedette », le B-24 Liberator, le bombardier le plus fabriqué de la Seconde Guerre Mondiale, avec 1 925 exemplaires. Ce serait donc un avion basé à terre, et non plus un hydravion comme le PBY Catalina. Le point fort du B-24 Liberator était son aile effilée à profil laminaire conçue par l'ingénieur Davis. L'aile Davis présentait de gros avantages. Sa conception et sa structure (elle était de grande envergure et peu épaisse) réduisaient les phénomènes de traînée et augmentaient le rayon d'action. Entièrement dessiné autour de cette aile pour une efficacité maximale du profil ailaire, le fuselage comprenait deux soutes à bombes, chacune aussi large que l'unique soute du Boeing B-17, son seul concurrent à l'époque dans la catégorie des bombardiers lourds quadrimoteurs. En dépit de sa charge offensive double, le B-24 avait une autonomie supérieure au B-17.
PB4Y1
Consolidated avait déjà produit, au début de la guerre, des B-24D navalisés désignés PB4Y1 Liberator pour les patrouilles au large des côtes américaines. En effet, le rayon d'action du B-24 Liberator le désignait pour les missions maritimes. L’US Army Air Force et l’US Navy avaient suivi avec intérêt l'utilisation par le Coastal Command de la RAF de Liberator Mk I. Leur rayon d'action de 3.860 kilomètres dépassait en effet celui des hydravions Short Sunderland (2.090 km) ! Lorsqu'ils entrèrent en guerre, en décembre 1941, les Etats-Unis estimaient avoir plus besoin dans l'immédiat de bombardiers que d'avions de patrouille maritime. Les sous-marins nazis s'empressèrent de les détromper. L’hécatombe de navires marchands qu'ils provoquèrent sur la côte atlantique des Etats-Unis, au début de 1942, posa de façon pressante le problème de la mise en oeuvre d’avions patrouilleurs. La confusion était aggravée par la controverse qui régnait entre l’US Navy et l'USAAF au sujet de la responsabilité de la défense du littoral américain. Pendant la plus grande partie de 1942, l'USAAF assura seule la protection des côtes, puis l’US Navy prit en compte des B-24D modifiés, possédant dans la pointe avant une tourelle boule Aerco armée de deux mitrailleuses calibre .50 (12,7 mm). Ces avions, désignés PB4Y1, furent construits à 977 exemplaires. A partir de fin 1942, lorsque l’US Navy, ayant enfin obtenu gain de cause, prit la responsabilité totale des actions aéronavales, ils permirent de neutraliser les sous-marins nazis qui infestaient l'Atlantique. Dans le Pacifique, ils servirent comme patrouilleurs, et parfois comme bombardiers aux côtés des B-24 de l'USAAF.
PB4Y2
En mai 1943, une note officielle demanda à Consolidated d’étudier une version modifiée expressément pour l’US Navy, désignée PB4Y2 et surnommée "Privateer" (corsaire). Tout en conservant les ailes du B-24, le PB4Y2 présentait un fuselage, des plans de sustentation et des nacelles de moteurs tout à fait différents . Il reprenait plusieurs innovations introduites sur des modèles Consolidated précédents :
Comme l'expérience des équipages le fit ressortir, le B-24 était un avion très instable. Les ingénieurs de Consolidated, conscients de ce défaut majeur dès 1942, avaient expérimenté un Liberator monodérive, en transformant un B-24D en B-24ST (Single Tail). Tirant les leçons de ces expérimentations, ils décidèrent de redessiner complètement l'arrière de l'appareil, qui prit la désignation de B-24K. La dernière version du Liberator (B-24N) intégrait cette modification. Une présérie de sept exemplaires (YB-24N) vit le jour, mais jamais l'avion ne parvint au stade de la production en série. La dérive unique de grandes dimensions, très haute et au bout effilé, du B-24N fut cependant reprise sur le Privateer.
Du B-24N, il reprenait aussi la même tourelle arrière à entraînement électrique Consolidated.
Comme le PB4Y1 Liberator, il avait à l’avant une tourelle-boule à entraînement électrique Aerco, orientable dans toutes les directions.
Comme le PBY Catalina, il avait deux postes de tir latéraux, un de chaque côté, isolés de l’extérieur par une vitre de Plexiglas ovale, avec un trou pour laisser passer le canon de la mitrailleuse.
De plus, il possédait deux tourelles dorsales Martin. Chaque tourelle était armée de deux mitrailleuse Browning M2 calibre .50 (12,7 mm), et chaque poste de tir latéral d’une seule mitrailleuse. Le PB4Y2 était donc armé de six tourelles de mitrailleuses jumelées de 12,7 mm. Il pouvait emporter dans ses soutes plus de quatre tonnes de bombes.
Engagements
Seconde guerre mondiale
Commandé en avril 1943, le PB4Y2 Privateer fut livré à l'US Navy à 736 exemplaires entre mars 1944 et octobre 1945. Il fut assez peu utilisé dans les derniers combats dans le Pacifique, en dépit de ses évidentes qualités, qui en faisaient un adversaire redoutable pour les sous-marins et les navires de surface japonais. Il participa aux "Fleet Barrier Patrols", ces opérations consistant à créer entre les flottes japonaise et américaine un rideau de protection infranchissable. Ses attaques à basse altitude semèrent la terreur chez les Japonais, tant elles étaient destructrices. Pour ces actions, certains équipages avaient renforcé son armement : aux 4717 kilos de bombes et aux 12 mitrailleuses de 12,7 mm montés en usine, ils avaient ajouté deux canons de 20 mm montés artisanalement !
Il n'apparut en masse dans les rangs américains qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il servit néanmoins énormément dans le cadre de la guerre froide où il fut utile à l'espionnage de l'URSS par les États-Unis grâce à ses nombreux moyens électroniques embarqués.
Renommé P4Y en 1951, il ne servit progressivement plus qu'aux US Coast Guard et à éteindre les feux de forêt, mes derniers furent retiré du service après un accident en 2002.
Guerre d'Indochine
Les Français envisagèrent l’acquisition de Privateer au début des années 1950. A cette époque en effet, les appareils affectés aux tâches de surveillance maritime dataient à peu près tous de la période 1943-1945. Ils étaient donc périmés et usés. Les Américains acceptèrent alors de prélever sur leurs stocks un certain nombre de PB4Y-2, qui prirent, en 1951, la désignation P4Y-2.
Durant la guerre d'Indochine, il a équipé deux unités de l'Aéronavale française de 1950 à 1955, la flottille 8F renommée 28F, ainsi que la 24F créée en 1954. Ces appareils ont joué un rôle important lors de la bataille de Na San et de la bataille de Điện Biên Phủ.
Les premiers Privateer arrivèrent en Indochine française sur la base de Tan Son Nhut, près de Saigon, le 24 novembre 1950. Entre cette date et février 1951, l'Aéronavale française en réceptionna une dizaine. Mais l’introduction du nouvel avion ne se fit pas sans problèmes. Il fallut recommencer la formation des équipages, qui avaient jusque-là opéré sur hydravions PBY Catalina. La flottille 8 F fut la première à toucher des Privateer.
Les Privateer intervirent dans des opérations de bombardement lors de la bataille de Na San. Le 1er décembre 1952, le Viet-minh se lança en effet à l’assaut de cette importante base aéroterrestre, dont il submergea quelques points d’appui. La flottille 8 F fut engagée de nuit pour bombarder les assaillants alors qu’ils atteignaient les barbelés des positions françaises. Les Privateer effectuèrent 19 missions du 1er au 8 décembre, dont 10 pour la seule nuit du 1er au 2 décembre. Il y eut aussi des missions d’interdiction sur les axes de communication. Ils infligèrent de lourdes pertes aux troupes du général Giap, qui durent reculer et renoncer provisoirement à prendre Na San.
En mars 1954, lors de la bataille de Điện Biên Phủ la 28 F possédait huit Privateer. Avec ces effectifs réduits, elle dut assurer une présence constante au-dessus de la cuvette où une importante garnison française se trouvait encerclée. Les Privateer bombardèrent les concentrations de troupes, les positions de DCA et toutes les routes d’accès. Du 13 au 31 mars, ils effectuèrent 164 missions pour 630 heures de vol. Mais les forces du Viet-minh ne restaient pas sans réagir aux attaques aériennes. Leurs canons antiaériens de 37 mm étaient d’une redoutable efficacité. Le 12 avril 1954, ils réussirent à abattre un Privateer. L’avion s’écrasa dans la jungle et il n’y eut aucun survivant. La dernière mission d’un Privateer au profit du camp retranché eut lieu le 7 mai 1954. Le même jour, la garnison capitulait.
Au mois de mai 1954, une seconde flottille, la 24 F, fut constituée à Saigon avec dix Privateer. Elle ne fut cependant pas engagée, la signature du cessez-le-feu étant intervenue en juillet.
Guerre d'Algérie
La 28 F, rééquipée avec les dix Privateer abandonnés par la 24 F, quitta Saigon en mars 1956. Elle devait rejoindre l’Afrique du Nord et y assurer des missions de maintien de l’ordre. Mais avec les ans, les quadrimoteurs donnaient des signes de fatigue. En 1959, ils avaient énormément de mal à emporter des charges de bombes peu élevées à des altitudes moyennes. Ils durent cesser toute activité en décembre 1960 après avoir volé plus de dix mille heures. La participation du Privateer à la guerre d'Algérie fut donc réduite.
Références et sources
BOMBEAU Bernard et DUTERTRE Jeanne, « Consolidated B-24 », Mach 1, l’encyclopédie de l’aviation, n°33, éditions Atlas, 1979, p. 637-641
ANGELUCCI Enzo et MATRICARDI Paolo, Multiguide aviation – Les avions 4/ la seconde guerre mondiale – U.S.A., Japon, U.R.S.S., etc., Bruxelles, Elsevier Sequoia, 1978, p. 109
GRAS Philippe, L'Armée de l'air en Indochine 1945-1954 : l'impossible mission, L'Harmattan, 2001, p. 420
Voir aussi
liens externes
- (fr) Netmarine
Photos
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