Os2

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OS/2

OS/2 est un système d'exploitation créé par Microsoft et IBM, qui ensuite a été développé par IBM seul. Le nom OS/2 signifie Operating System/2 (operating system signifie système d'exploitation en français), et il a été choisi car OS/2 a été présenté comme étant le système d'exploitation à utiliser de préférence pour la gamme de PC de seconde génération d'IBM nommée IBM Personal System/2. La première version (sans interface graphique, 16 bits, multitâche, etc.) est sortie en décembre 1987. Actuellement, IBM ne commercialise plus OS/2 et l'entreprise a arrêté sa prise en charge depuis le 12 décembre 2006.

Sommaire

Ambition initiale d'IBM

OS/2 devait initialement être porté sur toutes les architectures IBM monoposte, y compris les stations de travail. Il exista quelque temps une version d'OS/2 pour les PC/RT ainsi que, plus tard, pour les RS/6000 (plate-forme PREP et non CHRP, ce qui fit retirer le système du catalogue quelques semaines après sa sortie).

Suite à la rupture avec Microsoft, OS/2 a ensuite été vendu uniquement par IBM jusqu'au milieu des années 1990 ; aucune nouvelle version n'est apparue après 1996 (le positionnement de Windows étant trop fort), mais IBM a continué de le mettre à jour jusqu'en 2003 pour ses clients. Aujourd'hui, une petite communauté se bat toujours pour le faire perdurer.

Historique

1987 : OS/2 1.0

La toute première version d'OS/2, fruit d'une collaboration entre IBM et Microsoft est la 1.0. Elle sort le 8 décembre 1987. Elle n'a pas d'interface graphique.

Jerry Pournelle, de Byte, décrit comme une erreur de marketing qu'IBM mette son OS à 4 fois le prix du DOS alors qu'aucun bénéfice immédiat ne peut rentabiliser cet investissement pour l'utilisateur. Par malheur pour le produit, la période 1987-1988 correspond aussi à une envolée des prix de la mémoire vive qui jusqu'à présent avait toujours baissé (et ne rebaissera que quelques dizaines de mois après).

1988 : OS/2 1.1

OS/2 1.1 sort à Halloween 1988. Cette nouvelle version dispose d'une interface graphique, Présentation Manager. Elle supporte également les disques de plus de 32 Mo.

1989 : OS/2 1.2

Avec OS/2 1.2 sorti au COMDEX 1989 apparaissent le langage de script REXX et le nouveau système de fichiers HPFS. HPFS (High Performance File System) offre un stockage plus efficace des fichiers. HPFS est un peu le demi-frère de NTFS : ils portent le même "partition id" 0x07 dans la table de partitions. En outre, HPFS autorise des noms de fichiers de plus de 8+3 caractères.

1991 : OS/2 1.3 ... et Microsoft qui s'en va

En 1991, IBM sort OS/2 1.3, qui apporte une légère amélioration : Adobe Type Manager. Mais la nouvelle la plus importante est que Microsoft abandonne le projet OS/2. Cependant, Microsoft continue individuellement le développement de ce qui s'appelle alors OS/2 3.0 et qui deviendra Windows NT. De son côté, IBM continue de développer OS/2 2.0 mais n'annonce aucune date de sortie. La situation est telle qu'un article du Wall Street Journal proclame la mort d'OS/2.350

1992 : OS/2 2.0

Annoncé comme "a better Windows than Windows" et "a better DOS than DOS" par IBM, OS/2 2.0 en 32 bits sort enfin. Il supporte les applications OS/2 32 et 16 bits, Windows 3.0 (mais pas les trois modes de Windows 3.1), et DOS. Il permet de faire tourner plusieurs sessions DOS simultanément sans que le crash d'une des sessions n'influence les autres.

OS/2 2.0 utilise également une nouvelle interface graphique: le Workplace Shell. À cette époque, la grande majorité des magazines spécialisés considère que OS/2 est beaucoup plus stable que Windows et plusieurs grosses entreprises l'utilisent pour leurs données stratégiques. Mais en nombre et qualité des logiciels applicatifs, Windows avait maintenant une bonne longueur d'avance sur OS/2. Cela a été déterminant dans le choix des petits utilisateurs.

L'importance attachée par Microsoft à la qualité de ses polices professionnelles marquait davantage aussi que l'approche objet d'OS/2 (en OS/2 lorsqu'on déplaçait quoi que ce soit, fichier ou application, tous les raccourcis s'y rapportant se mettaient automatiquement à jour).

1993 : OS/2 2.1

En mai 1993 sort OS/2 2.1. Plus rapide qu'OS/2 2.0, il supporte également le format de police de caractères TrueType.

1994 : OS/2 Warp 3.0

En octobre 1994 sort OS/2 Warp 3.0. Il inclut TCP/IP en standard, ainsi qu'un jeu complet d'applications appelé IBM Works.

Quelques raisons de l'échec d'OS/2

Le moteur est passé avant la carrosserie

La culture d'IBM (dans les laboratoires, non dans les équipes commerciales) était une culture de hackers. Les équipes d'OS/2 se sont focalisées sur la robustesse de l'OS, d'autant plus difficile à assurer que la direction d'IBM avait imposé qu'OS/2 tournât sur Intel 80286, dont l'architecture était parfaitement inadaptée aux passages fréquents entre modes protégé (système) et réel (applications DOS) : il fallait, pour repasser en mode réel, effectuer à chaque commutation de contexte un redémarrage à chaud, avec un indicateur de mode positionné dans une bascule CMOS du microcontrôleur du clavier[1]. Le bruit courut à IBM qu'un tiers du code d'OS/2 servait à contourner les bugs des différentes versions du 80286.

En contrepartie, peu de soin a été apporté à l'apparence, par exemple les polices de caractères, dans lesquelles pourtant IBM avait une excellente expérience avec son électrocomposeuse 4250 développée à Sindelfingen ; les polices de l'interface graphique, issues de Windows 2, étaient très loin d'avoir la qualité typographique, donnant à OS/2 une allure de système amateur par rapport à Macintosh, voire à un Windows 3.0 avec Adobe Type Manager, ou 3.1 (TrueType), à la présentation impeccable.

La situation était inhabituelle pour IBM pourtant censée savoir que pour vendre un ordinateur la présentation est une chose importante (le costume trois-pièces longtemps porté par ses commerciaux était un sujet de plaisanterie dans les milieux Unix).

Clients indécis

Une grande confusion consécutive à l'architecture PS/2 régnait chez les entreprises clientes au départ : OS/2 étant conçu pour utiliser le nouvel Advanced BIOS des PS/2 (ABIOS), fonctionnerait-il sans encombre sur les machines IBM dotées d'un ancien BIOS, et de plus équipées d'un bus différent ? Quid des machines de la concurrence ? Privés de leur côté d'information technique, les commerciaux d'IBM ne savent répondre, et les clients diffèrent en conséquence leur décision de passer à OS/2, pour garder des marges de manœuvre. Les prévisions en 1987 des cabinets de prospective annonçant que deux tiers des machines seront en OS/2 en 1992 resteront lettre morte.

Grave erreur de marketing d'IBM

Le public aurait encore pu passer sur ces défauts et essayer OS/2 comme successeur normal du DOS (son nom interne avait d'ailleurs été quelque temps DOS 5, sans rapport avec le DOS 5 qui suivit), mais IBM commit une énorme erreur de marketing en le vendant 4 fois le prix du DOS. Le saut était trop grand pour être accepté par une clientèle de particuliers et des petites entreprises, et IBM se marginalisa encore un peu plus tandis que Windows (facturé séparément du DOS) annonçait un coût qui était moins de la moitié celui de son concurrent.

Cette erreur fut stigmatisée[citation nécessaire] par Jerry Pournelle, talentueux rédacteur technique de la revue BYTE. Le service marketing d'OS/2 ne sut, ne voulut ou ne put (car les impératifs de marges de la direction générale étaient sévères, et la part revenant à Microsoft importante) suivre son conseil.

Quant à Bill Gates, il déclara à la presse : « Oh, nous ne cherchons pas à tuer OS/2, au contraire ! Nous touchons davantage d'argent pour chaque OS/2 installé que pour chaque Windows installé, vous savez ! »[citation nécessaire]

Ingénieux coups de Microsoft

Après 1990, Microsoft s'ingénia à promouvoir son produit Windows au détriment d'OS/2.

L'interface OS/2 fut discréditée[2] comme « trop compliquée » par rapport à celle de Windows 3.1. En fait, cette interface ressemblait beaucoup à celle de Windows 95 - et pour cause puisque, là aussi, c'était Microsoft qui avait conçu en grande partie cette interface, mais Microsoft gardait cette nouvelle interface sous le coude et pré-annonça[réf. nécessaire] Chicago (nom de code de Windows 95) dans les semaines mêmes qui suivirent la disponibilité d'une couche d'émulation parfaite de Windows 3.1 dans OS/2 2.0. Là encore, l'émulation OS/2 faisait certes de lui, conformément à la promesse d'IBM, un meilleur Windows que Windows (notamment par l'usage du multitâche)... mais ce n'était plus la bonne version de Windows. IBM était une fois de plus marginalisée, et l'interface Windows 95 encensée là où celle d'OS/2 avait été décriée.

Microsoft annonça que pour Windows 95 trois touches supplémentaires seraient nécessaires (ce qui était inexact, mais comme le produit n'était pas lancé, personne ne pouvait le savoir) : les claviers à 105 touches au lieu de 102 (dans les pays francophones ; 104 au lieu de 101 aux États-Unis) se mirent à fleurir, et les trois touches supplémentaires n'avaient pas d'usage en OS/2, le faisant apparaître comme un OS déjà dépassé.

De surcroît, deux de ces touches avaient le logo Windows, à l'image des touches « pomme » d'Apple. Bill Gates marquait ainsi son territoire en rappelant de façon persistante que le PC était une machine à faire tourner Windows avant toute autre chose.

Par ailleurs

  • Divers analystes considèrent en fait qu'IBM a confondu le besoin avec la demande.
  • Un quadruplement du prix de la mémoire dans les mois qui précédèrent le lancement « n'aida certes pas » le décollage du produit[3].

OS/2 aujourd'hui

L'intérêt essentiel d'OS/2 aujourd'hui (2004) est que personne n'a vraiment de compétence de pénétration sur ce système, ni n'en cherche vu son caractère peu répandu. Cela le fait apprécier pour des applications critiques ne demandant pas l'usage de périphériques récents, en particulier dans le domaine de la sécurité réseau (pratiquement à parité avec Novell).

Une citation officieuse

« La bataille du poste de travail est loin d'être finie. Lorsque la direction générale aura compris la puissance de Linux, elle va se mettre à l'appeler OS/3 » était une boutade fréquente dans les milieux UNIX d'IBM vers 1995. Nul n'imaginait alors tout de même que Linux deviendrait moins de cinq ans plus tard le fer de lance du marketing d'IBM, qu'il gérerait en 2004 la plus puissante machine de cette époque, et qu'en 2008 il équiperait un portable grand public vendu à un million d'exemplaires, l'Eee PC.

La mort d'OS/2 (2005)

IBM a annoncé (voir cette page en anglais) l'arrêt définitif d'OS/2, prévu pour le 23 décembre 2005. Le support a été stoppé en décembre 2006. Une ouverture (et publication) du code, demandée par plusieurs utilisateurs et notamment les fidèles d'os2world.com n'a pu porter ses fruits, notamment à cause des origines d'OS/2 : une importante partie du code avait en effet été développée par Microsoft et il aurait été extrêmement coûteux de chercher à la repérer et à l'extraire.

Pour la suite de l'histoire, voir les articles GNU/Linux, Ubuntu, GNOME et Ext3.

Le fantôme d'OS/2 ?

Le nom d'OS/2 appartient désormais au passé, mais un produit nommé ecomstation né au même moment dans la plus grande discrétion lui ressemble très étrangement à tous points de vue. On sait peu de chose de l'entreprise qui le commercialise, Serenity Systems, mais la double présence de fameux Rexx de Mike Cowlishaw et de la terminologie Workplace Shell, ainsi que le support intégré de tous les programmes OS/2 suggère qu'elle a établi des accords techniques et commerciaux avec IBM.

Les noms du premier niveau de l'arborescence de ce système sont d'ailleurs ceux d'IBM pour OS/2 : PSCRIPT, TCPIP, IBMCOM, MPTN, BOOTIMGS, OS2, PSFONTS, LANGUAGE, ECS et MMOS2.

Un argument inattendu de la société est l'absence de préoccupation à avoir concernant les virus (de fait, fort peu de hackers et donc également de crackers ont investi à se former sur les internes d'OS/2). Un CD de démonstration est téléchargeable sans frais depuis le site et tourne sans encombre[4] sur un Eee PC.

Notes

  1. Sur les 286, sortir du mode protégé implique de réinitialiser le processeur. La technique employée par OS/2 utilise le microcontrôleur du clavier pour activer la ligne RESET du CPU.
  2. William Gates, Nathan Myhrvold, Peter Rinearson, The road ahead, novembre 1996
  3. It didn't help that the price of the extra memory required to run OS/2 efficiently quadrupled around the time the new operating system was announced, forcing users to pay a stiff $2,000 or so to upgrade their PCs. Fortune, Brenton Schlender, 18/8/1990, http://money.cnn.com/magazines/fortune/fortune_archive/1990/06/18/73684/index.htm
  4. YouTube - ASUS EEE PC and OS/2 Warp - eComstation Part II

Références

  • (en) Mark Minasi et al : Inside OS/2 Warp 3.0 - ISBN 1-56205-378-7
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