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Archipel du Frioul
Pour les articles homonymes, voir Frioul (homonymie).L'archipel du Frioul est constitué de quatre îles, l'ensemble atteignant 200 ha, situé environ à 4 km au large de Marseille. Les îles constituent un des 111 quartiers de Marseille : elles sont situées dans le 7e arrondissement.
Sommaire
L'archipel
Cet archipel est constitué des îles :
- de Pomègues au sud.
- de Ratonneau au nord.
- du Château d'If à l'est des deux îles principales.
- de l' Îlot Tiboulen du Frioul à l'ouest de Ratonneau.
Les îles les plus grandes de l'archipel sont l'île Pomègues (2,7 km de long, 89 m d'altitude au maximum) et l'île Ratonneau (2,5 km de long, culminant à 86 m). Les autres îles sont Tiboulen[1] et l'île d'If sur laquelle est bâtie l'ancienne prison du Château d'If. Cette forteresse aurait abrité Edmond Dantès, le héros imaginaire du roman Le Comte de Monte Cristo, d'Alexandre Dumas.
Les îles Pomègues et Ratonneau sont reliées par la digue Berry, qui a été construite dès 1822 sous Louis XVIII. Elle a été nommée ainsi en souvenir du duc de Berry, assassiné dans les fossés de Vincennes sous Napoléon [réf. nécessaire]. Cette digue a transformé un mouillage forain utilisé depuis les Romains en port véritable.
Une histoire essentiellement militaire
Ces îles, du fait de leur position stratégique en rade de Marseille, en ont constitué depuis fort longtemps les défenses avancées. Chaque éminence porte un fort militaire, et les batteries, tranchées, postes d'observations, parsèment l'ensemble de l'archipel. Dès Henri IV, un fort très important couronnait l'île Ratonneau, actuellement totalement enfoui sous les reconstructions successives. Puis ce fut l'île d'If qui fut fortifiée. Sous Louis XIV les fortifications furent étendues à l'ensemble de l'archipel, à la Vauban, comme en ville. D'autres constructions militaires furent édifiées sous Napoléon, mais surtout sous la Troisième République : le système Séré de Rivières vit reprendre ou édifier la majorité des fortifications de l'archipel : les forts de Ratonneau et celui de Pomègues, le fort du Brégantin, la tour de Pomègues, les batteries du cap de Croix, du cap Caveaux, etc. Ces fortifications édifiées entre 1860 et 1900 ont donné à l'archipel son paysage actuel. En 1902 l'armée édifiait le dernier bâtiment militaire, le sémaphore de Pomègues, qui devait veiller sur la rade pendant 90 ans.
Lors de l'accueil des réfugiés arméniens, dans les années 1920, les autorités installent un centre de tri sanitaire sur les îles. Déjà, lors de la peste de Marseille au XVIIe siècle, l'île Ratonneau avait servi de lieu de quarantaine.
C'est au cours de la Seconde guerre mondiale, et notamment lors de la libération de Marseille, que le Frioul a réellement connu le feu des armes. L'occupation allemande devait investir les fortifications de l'île, et les modifier ou compléter par la construction de batteries nouvelles, de redoutes, clairement identifiables à ce jour par leur construction en béton armé, dont les batteries de marine du cap Caveau sont un exemple impressionnant. Ces travaux ont été menés par le STO (Service du Travail Obligatoire), pour lequel nombre de marseillais ont été réquisitionnés par les allemands.
Dès lors, les Alliés se sont employés à bombarder massivement cet archipel, inhabité mais lourdement fortifié, pour détruire ces défenses avancées qui leur entravaient l'accès à la ville. Aujourd'hui encore, malgré la végétation sauvage qui a repoussé, les photos aériennes montrent un sol lunaire parsemé de cratères de bombes, surtout à Ratonneau.
L'archipel est resté propriété de la Défense Nationale, interdit au public, jusqu'en 1975, où le maire Gaston Defferre obtenait de la Défense l'autorisation de transformer la rade militaire déclassée en port de plaisance, bordé d'un noyau urbain de 450 logements et quelques commerces, une caserne de pompiers. Un service de navettes maritimes fut créé à cette occasion, pour permettre de vivre à ces habitants. Le reste des iles a été cédé à la commune par la Défense à partir de 1995.
Un nouveau quartier
Le Frioul est désormais un quartier de Marseille, administrativement rattaché aux 1° et 7° arrondissements, c'est à dire au 3° secteur, Marseille relevant de la loi PLM de 1982. On y trouve un port de plaisance de plus de 600 places, bordé de constructions bétonnées des années 1975, avec des commerces longeant le port et des habitations au-dessus. Le parti architectural de décrochements successifs du bâti n'a aucun style, et les modifications privatives n'ont rien arrangé.
Environ une centaine d'habitants vivent à l'année sur ces îles, enfants, adultes ou retraités, ainsi que des marins vivants sur leurs bateaux.
On trouve également un centre de vacances Léo Lagrange, une caserne de marins-pompiers, l'une des stations du service du pilotage de Marseille-Fos, et surtout une ferme marine bio, installée dans l'ancien port de quarantaine de Pomègues, probablement la seule activité économique de production du quartier. Les habitants manquent cruellement de services publics à ce jour, en l'absence de police, d'école, de médecin, chacun devant se rendre quotidiennement en ville pour ces besoins. Cet abandon administratif, et une desserte maritime contestée, expliquent largement le ressentiment des insulaires à l'égard de leur cité-mère, et la faiblesse du développement actuel du quartier.
Des projets de doublement du port, ainsi que de bâtis complémentaires à but touristique, sont régulièrement évoqués par l'administration centrale de la Communauté Urbaine et les hommes politiques, mais même les projets les plus nécessaires semblent à l'abandon.
Un espace naturel?
Sur le plan géologique, l'archipel date de l'Urgonien. Semblable en cela aux calanques de Marseille et aux madragues de l'Estaque, il présente ces falaises de calcaire blanc stratifié tombant dans la mer. Mais au Frioul, ce paysage a été profondément remanié par l'homme, tant durant l'époque des grands travaux militaires, que durant celle des constructions récentes. L'activité militaire a laissé en de nombreux endroits des bâtis éboulés, des gravats, et une pollution métallique de munitions lourdes ou légères sur l'ensemble de l'archipel.
Sur le plan floristique, on retrouve également toutes les espèces endémiques du littoral provençal, ainsi que quelques espèces rares et protégées, propres aux iles de Marseille.
La faune est assez pauvre, essentiellement représentée par l'avifaune, surtout des oiseaux de mer, dont la plupart sont rares et protégés. Il n'y a pas de grands mammifères, mais par contre des espèces introduites comme le lapin et le rat, ainsi que de nombreux chats harets. Les insectes sont bien représentés.
L'archipel est très sec, car il y pleut moins qu'à Marseille. Le faible relief des îles et leur étendue déchiquetée expliquent cette pluviométrie déficitaire. Combinée aux vents souvent violents qui peuvent y souffler, cette météo ne permet qu'une végétation rabougrie, où de rares pins d'Alep tortueux poussent au ras du sol.
Ces paysages, et la très faible fréquentation humaine durant le XXe siècle, ont évidemment privilégié les oiseaux de mer les plus farouches, parmi les espèces animales qui occupent ce biotope très remanié par l'homme.
Mais l'archipel du Frioul est actuellement confronté à des perspectives contradictoires quant à son avenir. Il présente la particularité administrative d'être la propriété foncière de la commune pour plus de 90% de son sol, ce qui est rarissime pour un espace urbain de cette taille, en face et appartenant à la deuxième ville de France. Il excite donc les appétits les plus divers, des promoteurs qui en feraient bien un paradis insulaire pour milliardaires avec port de luxe, aux défenseurs de l'environnement âpres à le fermer à toute autre fréquentation humaine que la leur. Évidemment, ces perspectives sont totalement opposées, et chacun des deux camps assiège les politiques, pendant que les insulaires, oubliés par tous, comptent les points.
L'archipel du Frioul a été proposé par l'état français comme zone "Natura 2000". Le site, en vertu de son patrimoine naturel exceptionnel, a été retenu par l'Europe pour intégrer ce réseau européen dont l'objectif est de concilier activités humaines et protection de la nature. Dans le cadre de cette démarche NATURA 2000, des réunions de concertation avec l'ensemble des usagers du site ont permis d'élaborer un plan d'action pour la préservation de cet espace naturel.
Ce plan d'action, lorsqu'il sera validé par l'état français, viendra aider au financement du [Parc Maritime des îles du Frioul]. Un arrêté municipal réglemente actuellement les usages sur l’espace naturel terrestre de l’archipel : le camping et le bivouac, ainsi que les feux, sont strictement interdits, les chiens doivent être tenus en laisse.
La République libre du Frioul
En juillet 1997, Jean-Claude Mayo, propriétaire du fort de Brégantin sur l'ile Ratonneau, et quelques amis décident de fonder cette République libre, sous forme de galéjade, car « dans notre société, on n'a jamais le droit de faire le con ».
Le président, nommé à vie, est Egrégore le Virtuel, tandis que Jean-Claude Mayo en devient le ministre convoyeur du verbe.
La petite république édite sa propre monnaie, la polymonnaie qui n'a cours légal que dans la république.
Le festival-atelier MIMI
Le festival-atelier MIMI a lieu chaque été dans la cour de l’ancien hôpital Caroline. Ce festival est la manifestation emblématique de l’AMI (association d’Aide aux Musiques Innovatrices, Centre de Développement des Musiques Actuelles, installée à la friche la Belle de Mai à Marseille). Chaque été, il présente des artistes innovants venus de tous les horizons, musicaux ou géographiques, et est devenu une référence européeenne en la matière. Depuis 2003 il intègre de manière plus étroite l’ensemble de la chaîne d’activités de l’AMI, en devenant un festival-atelier. On y rencontre donc des intervenants ou stagiaires de ses programmes internationaux.
Galerie de photos
Le Chateau d'If et son phare devant le port des iles Ratonneau et Pomègues de l'archipel du Frioul. En fond du port, la digue de Berry faisant la jonction entre les deux iles. (vu depuis la corniche Kennedy de Marseille
Mistral sur l'Archipel du Frioul : Au premier plan, le Château d'If, devant l'île de Pomègues
Voir aussi
Articles connexes
Liens et documents externes
- (fr)www.ilesdemarseille.fr
- (fr)Plaisance : le site web du CLUPP-Frioul (Comité Local des Usagers Permanents du Port)
- (fr)www.frioul.net, Marseille vue du large
- (fr)www.le-frioul.com, un projet utopico-réaliste pour les îles du frioul
- (fr)République libre du Frioul
- (fr)Association Frioul Nouveau Regard
- (fr)AMI Aide aux Musiques Innovatrices et Festival MIMI
Lien interne
- Statistiques quartiers 7e arrondissement de Marseille
Notes
- ↑ Le Tresor dóu Felibrige de Frédéric Mistral donne pour ce nom l'étymologie grecque αντι πολιν, « devant la ville ».
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