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Archestratos
Archestrate de Gela est un poète, gastronome et sans doute cuisinier, ainsi qu'un grand voyageur grec.
Archestratos de Gela ou de Syracuse, est l'auteur du premier livre de cuisine grecque dans les deux premiers tiers du IVe siècle av. J.-C., sous forme d'un poème épique auquel cinq noms ont été donnés par les Anciens : Gastronomia, Gastrologia, Opsopoïa, Deipnologia et Hedupatheia (ce dernier nom, Ηδυπαθεια, signifie Les Friandises). Hélas, son poème contient peu de recettes. Cet ouvrage,[1] dont nous sont parvenus près de 60 fragments d'environ 334 vers par Le Banquet des sophistes d'Athénée, se présente lui-même comme un voyage gastronomique en Méditerranée. Si on considère la longueur moyenne d’un ouvrage à l’époque (environ 1200 lignes), on peut envisager qu’un tiers du livre nous est parvenu. Il traite de l'art gastronomique autant que des conventions sociales de la table de la fin de l'ère classique. Il a été copié ou traduit en latin par Ennius, grec né en Calabre vers 239 av. J.-C..
De son auteur, on sait seulement qu’il s’agissait d’un homme hautement cultivé, vivant à l'âge de Denys le Jeune, et qu’il aurait voyagé en Grande Grèce et à l’est de la Méditerranée : Hellespont, mer Noire, côte ionienne. Suivant les informations du philosophe Cléarque de Soli, Archestratos serait le disciple de Terpsion, qui, le premier, aurait composé des préceptes diététiques[2].
Lors de ses pérégrinations, il goûtait les spécialités locales, prenait des notes, rédigeait des recettes en tentant d'obtenir le meilleur mariage possible entre les plats, entre « qualité et quantité ». D'après Chrysippe de Soli, il limitait le nombre de convives aux banquets à trois ou quatre personnes, afin que chacun puisse goûter les plats dans le calme : « Un repas de plus de quatre personnes devient un repas de journaliers et de soldats, qui mangent leur butin. »
Comme l’attestent de nombreux textes, la tradition culinaire grecque connut un grand essor en Sicile, où les symposia (le temps de boire après le repas) étaient célèbres, chez les citoyens les plus riches, pour leur faste et leur durée. Elle se répandit notamment dans l'ensemble du monde grec avec l’apparition des ouvrages de cuisine en prose, dont deux auteurs, Herakleides de Syracuse et Mithaïkos, venaient de la même île.
Le poète français Joseph Berchoux, qui popularisa le mot « gastronomie » dans la langue française au tout début du XIXe siècle, résume ainsi les propos d'Athénée au sujet d'Archestratos :
« Il est l'auteur d'un poëme intitulé : la Gastronomie. Cet auteur fut l'ami d'un des fils de Périclès. Il avait parcouru les terres et les mers pour connaître par lui-même ce qu'elles produisent de meilleur. Il s'instruisait dans ses voyages, non des mœurs des peuples, dont il est inutile de s'instruire, puisqu'il est impossible de les changer, mais il entrait dans les laboratoires où se préparent les délices de la table, et il n'eut de commerce qu'avec les hommes utiles à ses plaisirs. Son poëme est un trésor de lumière, et ne contient pas un vers qui ne soit un précepte. C'est dans cette école que plusieurs cuisiniers ont puisé les principes d'un art qui les a rendus immortels.[3] »Notes et références
- ↑ Traduit en anglais par John Wilkins et Shaun Hill, Archestratus: The life of luxury, Totnes: Prospect Books, 1994. Texte de l'introduction en ligne : [1]. Une autre traduction en anglais a été publiée par S. Douglas Olson et Alexander Sens, Archestratos of Gela: Greek Culture and Cuisine in the Fourth Century BCE, Oxford: Oxford University Press, 2000.
- ↑ Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] [lire en ligne], 337b.
- ↑ Joseph Berchoux, La Gastronomie, ou l'Homme des champs à table, note 6 du chant premier, 1801.
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