- Notre-Dame du Haut à Ronchamp
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Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp
Chapelle Notre-Dame-du-Haut Latitude
Longitude[1] Pays France Région Franche-Comté Département Haute-Saône Ville Ronchamp Culte Catholique romain Type Chapelle Rattaché à Archidiocèse de Besançon Début de la construction 1950 Fin des travaux 1955 Architecte(s) Le Corbusier Style(s) dominant(s) Mouvement moderne Classé(e) Monument historique Site internet Consulter modifier La Chapelle Notre-Dame-du-Haut, construite sur la colline de Bourlémont à Ronchamp en Haute-Saône, est une création de l'architecte franco-suisse Le Corbusier.
Sommaire
Histoire
Commencée en 1950 elle fut terminée en 1955. La chapelle est consacrée le 25 juin 1955 par l’archevêque de Besançon.
La chapelle est construite sur les ruines d'un sanctuaire datant du Moyen Âge, définitivement détruit par des bombardements en septembre 1944, bien qu'il eût subi au cours des siècles de nombreux dégâts causés par les orages et les guerres. Ce sanctuaire chrétien connaît chaque 8 septembre un important pèlerinage pour célébrer la nativité de la sainte Vierge.
Après la fin de la guerre, les habitants de la région de Ronchamp et la Commission d'art sacré de Besançon, décidèrent de la reconstruction de la chapelle et firent appel au célèbre architecte, alors plutôt connu pour être l'inventeur de l'Unité d'habitation, comme solution aux problèmes de logements de l'après-guerre. Cependant les premiers contacts entre les religieux et l'architecte furent plutôt rugueux car ce dernier n'était pas très porté sur la foi ; protestant d'origine, il disait avoir des ancêtres cathares, mais se déclarait athée.
À 63 ans, Le Corbusier se lance cependant dans l'aventure de la reconstruction de la chapelle Notre Dame du Haut à Ronchamp. C'était son premier projet d'un bâtiment cultuel, bien qu'il eût travaillé en 1929 sur les plans de l'église de Tremblay-lès-Gonesses. Lyrique sur la beauté du site, il a dit : « Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter ».
Apports architecturaux
La chapelle est construite avec des pierres de récupération remplissant l'ossature en béton. Les murs sont recouverts de béton projeté enduit de chaux blanche. La coque de béton formant la couverture a été construite à l'aide d'un coffrage en bois ; les empreintes des planches sont encore visibles. Seule l'ossature de béton porte ce toit qui ne touche pas le remplissage de pierre ; ainsi, un vide de quelques centimètres permet à la lumière de passer entre le toit et le mur[2].
L'architecture toute en rondeur de la chapelle est surprenante pour ceux qui voyaient en Le Corbusier, un architecte ne jurant que par l'angle droit. En plan, tous les murs sont courbes. Les clochers le sont également. Ces formes sont issues de la Nature. Le Corbusier s'est inspiré du dessin d'une carapace de crabe pour concevoir le toit. De plus, l'édifice se veut en harmonie avec le paysage vallonné des Vosges : les courbes de la chapelle répondent aux collines environnantes. La possibilité d'organiser de grandes messes en plein air participe de cette communion avec la nature. Les courbes sont également présentes à l'intérieur : le sol est incurvé, tout comme le couvrement.
Ces formes organiques peuvent être liées au contexte architectural des années 1950. Après des années d'Entre-deux-guerres où la droite l'emportait dans la plupart des projets modernes, les années 1950-1960 voient le développement des courbes et contre-courbes. Frank Lloyd Wright avec le musée Guggenheim de New York avait ouvert la voie que suivront Eero Saarinen ou Jorn Utzon. Le Corbusier, qui utilisait déjà des formes organiques dans ses villas des années 1920, a développé cette esthétique à partir de la Cité radieuse de Marseille (conçue en 1947).
La chapelle est pleine de contradictions architecturales, à la fois carrée et ronde, élancée et trapue, basse et haute. Selon Christophe Cousin, le directeur du Musée d'art et d'histoire de Belfort : « Elle a un plan très simple mais quand on est sur place, ce n'est pas du tout évident ». Vaste et ouverte sur l'extérieur, elle devient, le seuil franchi, un tout petit lieu de recueillement. Avec le blanc éclatant de ses murs, elle semble illustrer le grand principe de son architecte, pour lequel « l'émotion architecturale, c'est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. »
Le travail de la lumière est plus sensible encore dans la chapelle. Son intrusion contredit l'épaisseur des murs et la massivité du couvrement. Le mur sud est percé d'une série de pyramides tronquées qui apportent avec une grande subtilité la lumière colorée par les vitraux. Le mur Est est aussi parsemé de jours carrés et d'une niche vitrée renfermant une statue de la Vierge. Par ailleurs, un espace interstitiel entre les murs et la voute de béton permet à la lumière de passer ce qui allège visuellement la masse du couvrement. Enfin, les chapelles bénéficient d'une lumière zénithale indirecte.
Le travail de Le Corbusier à Ronchamp va au-delà de la conception de la chapelle. Étant peintre, il a dessiné le décor de la porte d'entrée et les vitraux. De plus, le site comprend une ziggourat faite de vieilles pierres, un clocher conçu notamment par Jean Prouvé, une maison d'habitation et un bâtiment collectif à la toiture engazonnée.
Le Corbusier participera à l'édification de deux autres bâtiments cultuels en France : le couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette, de 1957 à 1959, et l'église Saint-Pierre de Firminy.
A Ronchamp, les pèlerinages sont organisés pour :
- la fête de la Nativité de la Vierge Marie, le 8 septembre
- la fête de l’Assomption de Marie, le 15 août
- le jeudi de l’Ascension, pour les jeunes de 16 à 25 ans du Diocèse de Besançon
L'évolution du site
Le site de Ronchamp va prochainement évoluer. Une nouvelle porterie, dessiné par l'architecte italien Renzo Piano, devrait venir remplacer l'architecture quelconque de l'édifice actuel. Le même architecte a dessiné des bâtiments conventuels pour loger des sœurs en contrebas de la chapelle[3]. Un aménagement paysager est également prévu.
Ces projets ont fait l'objet d'une vive polémique en 2008. Les opposants reprochaient notamment la trop grande proximité des nouvelles constructions par rapport à la chapelle et un abattage d'arbres trop systématique. Les défenseurs de cette évolution soulignaient l'importance d'apporter une présence humaine et religieuse sur le site tout au long de l'année. Ils rappelaient également la grande capacité de Renzo Piano à s'intégrer à un contexte qu'il soit naturel ou architectural. Les critiques se sont avérées constructives puisque l'architecte comme le paysager ont modifié partiellement leurs projets[4].
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Coordonnées trouvées sur Géoportail et Google Maps
- ↑ William Curtis, L'architecture moderne depuis 1900, Phaidon, 1982
- ↑ Voir le site de Renzo Piano building workshop
- ↑ Voir vidéos sur le site internet de la Cité de l'architecture et du patrimoine
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