- Non-existence de Dieu
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Arguments sur l'existence de Dieu
Il existe de nombreux arguments pour ou contre l'existence de Dieu, des dieux ou du divin.
L'objet de cet article est l'exposition d'arguments en faveur et en défaveur de l'existence ou de la non-existence de Dieu.
Sommaire
Arguments pour l'existence de Dieu
Tous ces arguments ne sont pas également reçus par tous les théologiens ou par tous les philosophes.
- L'argument du consensus universel : c'est un argument proposé par Cicéron (De natura deorum), suivant lequel la croyance universelle des peuples en quelque chose de divin est une preuve suffisante pour établir son existence. Dans ce cas, la minorité des non-croyants serait en leur défaveur
- L'argument chrétien de la vie du Christ et sur sa présence réelle dans l'Eucharistie.
- L'argument ontologique : cet argument a été proposé par Anselme de Cantorbéry, dans son Proslogion. Son argument est que Dieu est l'être tel que rien ne se peut penser de plus grand, et cela tant dans l'intellect que dans la réalité. Ainsi, selon lui, pensant à l'être le plus grand, nous ne pouvons penser réellement que Dieu n'est pas : la pensée de Dieu implique son existence.
- Argument de la causalité : c'est l'argument fondamental selon Allan Kardec et Thomas d'Aquin qui reprend en partie Aristote.
- La version cartésienne de l'argument ontologique: Par définition, ou par essence, Dieu est parfait; or la perfection implique, entre autres chose, l'existence, en tant qu'attribut, ou qualité, l'être parfait les possédant toutes, par définition; par conséquent Dieu existe
- L'argument cosmologique de la Kalam dans l'Islam.
- L'argument téléologique : il joue un rôle essentiel dans les théories du dessein intelligent défendues par les créationnistes. Il consiste à inférer, de la présence de certains phénomènes manifestement finalisés dans la nature (l'adaptation, la croissance, l'organisation du vivant) à l'existence d'un principe intelligent, ordonnateur du monde.
- L'argument moral consiste à dire que la morale ne peut exister sans Dieu, puisque c'est lui qui décide ce qui est bien et ce qui est mal, et qu'il est en conséquence le fondement ultime de la morale. Si l'on suppose que Dieu n'existe pas, on doit en conclure que l'existence est dénuée de valeur morale, et qu'il n'y a ni bien ni mal dans nos actions. Soutenir l'argument moral (voir, par exemple, Dostoievski), c'est dire que les athées doivent accepter que tout soit permis sous peine de se trouver en contradiction avec eux-mêmes, mais c'est également soutenir la thèse que les athées ont plus de propension aux crimes que les croyants. Ce dernier point a été beaucoup discuté de Descartes à D'Holbach.
- L'argument panthéiste, qui définit le divin comme le Tout.
- L'argument historique : soutenu dans les premières sociétés du Proche-Orient ancien. L'homme est trop anxieux pour avoir la possibilité de libérer lui-même un esprit assez créatif afin de résoudre ses problèmes et être réellement responsable des premières inventions. D'autre part, il est trop égocentrique pour s'orienter de lui même vers une société organisée, sans qu'une force venue d'ailleurs la lui ait originellement imposée.
- L'argument de la limite de la connaissance humaine qui par corollaire établi un domaine au-delà de ces limites. Donc un domaine dans lequel on peut placer Dieu.
Sans doute pourrait-on également mettre aux rang d'arguments des « preuves » moins formelles, comme les expériences personnelles (voir mysticisme), les révélations, les miracles, etc. (ce qu'on peut appeler les vérités révélés). Ces aspects de la philosophie de la religion ont en tout cas fait l'objet de nombreuses discussions.
- L'argument anthropologique pour l'existence de Dieu, présenté par le Dr Gregory A. Boyd[1]. Il y est établi que notre univers ne pourrait pas avoir créé des êtres personnels (c'est-à-dire aimants, rationnels, conscients, moraux, et motivés par un but) sans que notre environnement ne le soit aussi, parce que sinon il ne nous correspondrait pas, et ce serait comme si la nature accouchait d'un poisson alors qu'elle ne contient pas d'eau.
- L'argument cosmologique de Claude Tresmontant, dans Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu.
Arguments contre l'existence de dieu, Dieu ou des dieux
Arguments liés à l'existence d'un dieu, Dieu ou de dieux
- Argument de l'existence du mal: comment Dieu, être bon, aurait-il pu créer un monde dans lequel il y a du mal? Argument auquel se sont confrontés, entre autres, Leibniz et Saint Augustin, et qui est le cœur de toute théodicée.
- Argument de l'indigence de la création (rejoint le premier: comment Dieu, être parfait, aurait-il pu créer un monde imparfait)
- Argument de l'invention de l'idée de Dieu ou des dieux par les hommes (ou généalogie du divin)
Arguments déductifs
- Argument de l'univers incréé : la création de l’univers est impossible en raison de la nature du temps. Le temps cosmique étant une dimension de l’univers, la création de l'univers ne peut se faire qu'hors du temps cosmique, donc dans un temps absolu et indépendant. L’idée de temps absolu est aberrante dans le cas où le monde est unique et en transformation, car le passé ne peut être qu'infini (un monde doit son existence à l'existence d'un monde précédent). Or si le passé est infini, le temps ne peut logiquement pas démarrer, car son point de départ serait une valeur extrême inaccessible. Les instances du monde ne peuvent être que simultanées, ce qui signifie que passé, présent et futur existent définitivement dans un canevas d'événements localisables par quatre coordonnées spatiales, le temps n'étant qu'une illusion produite par des consciences. Si le monde est simultanéité et que le temps n'existe pas, l'univers n'a ni extériorité, ni antériorité. Il n'y a donc pas de création.
- Argument de l'impossibilité d'une déduction métaphysique : l'existence d'un être ne peut lui être prédiquée autrement que par le biais de l'observation empirique. Or, le Dieu des métaphysiciens (Descartes, Spinoza, etc.) n'est pas un être empirique. En conséquence, de l'idée d'un tel être, on ne peut rien déduire. Non seulement tout discours sur Dieu en tant qu'être est dénué de sens (ni vrai, ni faux), mais, ne pouvant rien non plus rien connaître des attributs de Dieu, nous ne savons pas réellement ce que nous disons en employant ce mot. L'intérêt de cet argument est qu'il supprime le débat concernant la possibilité de prouver l'existence ou l'inexistence de Dieu, puisque cela n'est pas démontrable, dans un sens ou dans l'autre.
Dans le même ordre d'idées, certains athées s'en tiennent à la phrase d'Euclide: "Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve". De même, certains sceptiques tournent en ridicule les religions révélées, qui affirment que Dieu existe bien qu'il soit invisible, caché, hors de portée des sens et de la connaissance humaine. Cette dérision prend par exemple la forme du culte de la Licorne rose invisible, qui reprend les textes sacrés (ou du moins leur ton) en remplaçant le mot "Dieu" par "la Licorne rose invisible".
- Argument du caractère contradictoire des caractéristiques prêtées à Dieu [Qui ?], à la fois fondamentalement tout-puissant et fondamentalement éternel (or, s'il est tout puissant, il doit pouvoir se détruire lui-même, mais alors il peut donc ne plus être, et n'est pas fondamentalement éternel)
Arguments logiques
- Argument de l'inutilité d'un dieu ou de dieux créateurs : pour la théologie naturelle, depuis au moins Anaxagore, il est légitime de passer de l'idée d'ordre dans la nature à l'idée d'un plan de la nature, formé et conçu par une intelligence créatrice. Cet argument pose deux a priori :
- la matière ne produit pas spontanément de l'ordre ;
- la cause de l'ordre de la nature est intentionnelle[note 1].
- Utilisation de la théorie de Darwin pour prouver que la croyance en une divinité n'est qu'une conséquence de la sélection naturelle : D'abord l'appartenance à une communauté, car un groupe est plus fort que des individus isolés, ainsi que l'illusion de contrôle que procure la foi permettent de réduire l'anxiété des individus[2]. *
- Argument de l'évolution : cet argument est dans la continuité de celui de l'inutilité d'un dieu, puisqu'il s'agit de montrer que la nature a une histoire et un ordre qui ne nécessitent pas un démiurge.
Arguments affectifs
- De nombreux dogmes affirment que Dieu est un père , il est alors amoral et cruel qu'un père se cache pour laisser ses enfants croire ou ne pas croire en lui, on considère que l'Homme est aidé par la connaissance , nous laisser dans une ignorance n'est pas bienveillant.
- Le caractère invisible de Dieu qui pose plusieurs problèmes , si il existe et qu'il se cache étant à l'image de l'Homme c'est qu'il a honte.
- Autre argument affectif, le plus souvent retenu : Si Dieu existe, pourquoi laisse-t-il faire tant d'horreurs et d'injustices?
Arguments scientifiques
En guise de préambule, soulignons que la science et l'existence ou non de Dieu sont des choses indépendantes et non connectées. La science peut expliquer comment on croit. Elle peut étudier le phénomène de la croyance mais elle ne s'intéresse pas à l'existence de Dieu. Son existence et la preuve de son existence ou non ne sont pas du domaine de la biologie, elles sont des domaines de la philosophie et de la théologie. Cependant, la science montre que l'idée de Dieu est une émanation du cerveau humain, il n'a pas d'existence en tant que telle. Le cerveau humain est prédisposé à croire. Selon les neuroscientifiques, la croyance est apparue au cours de l'évolution pour permettre au genre homo de résoudre les problèmes psychiques qui sont apparus avec l'émergence de sa capacité cognitive.
La recherche en neurologie a démontré que la religiosité et la foi trouvent une explication physiologique au cœur même du cerveau. C'est la Théorie de l'esprit qui fait intervenir différentes parties du cerveau : le cortex préfrontal médian et orbito-frontal, les amygdales, la jonction temporo-pariétale et le pôle temporal.
Depuis la fin des années 90, de nombreuses recherches en neurobiologie vont dans le sens d'une origine biologique de la croyance. Les travaux de l'équipe de Jacqueline Borg de l'Université Karolinska de Stockholm ont démontré que la religiosité, c'est-à-dire la propension à voir le monde comme habité par le divin, dépendrait du taux de sérotonine, un neurotransmetteur déjà connu pour être susceptible d'engendrer des états similaires à ceux produits par certains psychotropes : modifications de la perception sensorielle, hallucinations, sensation de fusion avec le monde. Soit les sensations que les mystiques éprouvent au cours de leurs états extatiques[3]. Pour autant, la sérotonine n'est pas une «molécule de la foi» : Si la croyance en Dieu peut être favorisée par l'action d'une molécule comme la sérotonine, elle ne peut en aucun cas se résumer à son action exclusive. Par ailleurs, une étude allemande de 2002 suggère que d’autres neurotransmetteurs, notamment les opioïdes (connus pour jouer un rôle important dans la sensation de douleur) pourraient être impliqués dans la cognition religieuse[4]. Ainsi le «spirituel» aurait une origine purement chimique, donc matérialiste[note 2]. De fait, la structure du cerveau nous programmerait également à croire : c'est ce qu'a démontré en 2001 une expérience menée avec huit moines tibétains plongés dans un état de méditation débouchant sur une sensation de symbiose. On a remarqué que plus la méditation semblait profonde, et plus l'activité du cortex pariétal supérieur était ralentie. Or il se trouve que l'une des fonctions de cette zone cérébrale permet de distinguer son corps de l'environnement et de s'orienter dans l'espace. D'où l'émergence, chez les moines étudiés, d'altérations de la perception ainsi que de la sensation de fusionner avec l'Univers.
Ce ne serait pas la seule zone du cerveau concernée. Les recherches du neurobiologiste américain Michael Persinger suggèrent «que la stimulation électromagnétique des lobes temporaux, ces aires localisées au niveau des tempes, déclencherait la sensation d’avoir à ses côtés une présence divine». Ces aires pourraient donc être impliquées dans l’aptitude à ressentir une présence divine.
L'impression de sortir hors du corps est due à l'activation d'une zone très restreinte du cortex temporal, le gyrus angulaire. L'effet spectaculaire de l'impression de sortir du corps lors de l'activation du gyrus angulaire a été mise en évidence en 2002 par le neurologue suisse, Olaf Blanke[5].
La psychologie, pour sa part, a démontré que l'humain a une perception innée du monde qui fait la part entre le surnaturel et le réel. Si bien qu'en contredisant notre entendement, les croyances religieuses provoquent une réaction émotionnelle forte qui, paradoxalement, nous conduirait tout naturellement à leur attribuer un «pouvoir explicatif supérieur». Le cerveau humain est doté d’un mécanisme biologique et psychologique inné qui le rend sensible à l’idée d’existences divines. L'acceptation du surnaturel est favorisée par l'ambiance émotionnelle et collective des rites (musique, gestuelle, prière) et par le sentiment de sacrifice et de soumission. Au bout du compte, l'émotion est plus forte, plus convaincante que la logique et la raison.
Notes
- ↑ Ces deux a priori ont été critiqué par Hume dans ses Dialogues sur la religion naturelle : il montre en effet, en s'appuyant essentiellement sur notre ignorance, qu'il peut y avoir une genèse de l'ordre sans intention démiurgique : 1. Tout d'abord, nous passons inconsidérément de notre ignorance des causes réelles à la certitude d'un dessein divin ; cette dernière certitude reflète donc surtout le fait que nous n'avons pas d'autres hypothèses plausibles à dispositions ; 2. ensuite, nous ne connaissons pas assez bien la matière pour décider a priori qu'elle ne contient aucun principe d'ordre.
- ↑ L’esprit étant le résultat de l'activité neuronal, il ramené à la matière. A la mort, l'énergie nécessaire au fonctionnement du cerveau n'est plus fournie, la matière se désorganise et il n'est plus possible de revenir en arrière. On peut comparer l'esprit à la mémoire morte (ROM) d'un ordinateur. Lorsque l'ordinateur n'est plus alimenté en électricité, toutes les données situées dans la ROM disparaissent et il n'est plus possible de les récupérer. Pour ne pas violer le second principe de la thermodynamique qui veut que l'entropie augmente toujours, la vie doit consommer de l'énergie. Un corps sans énergie ne peut plus vivre. Un cerveau non alimenté n'a plus d'esprit. L'esprit n'est pas quelque chose de métaphysique. Il ne peut y avoir d'esprit sans matière, le cerveau, et énergie consommée, la vie.
Références
- ↑ dans son ouvrage épistolaire "Letters from a Skeptic" (correspondance n°8)Philosophy for Christians, anyone? Correspondence #8: Why believe in God in the first place?
- ↑ Science & Vie - N°1055 - août 2005 Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais
- ↑ Jacqueline Borg, Andrée Bengt, Henrik Soderstrom and Lars Farde, «The serotonin system and spiritual experiences.», Am J Psychiatry. 2003 Nov;160(11):1965-9., PMID: 14512668
- ↑ Roth BL, Baner K, Westkaemper R, Siebert D, Rice KC, Steinberg S, Ernsberger P, Rothman RB: Salvinorin A: a potent naturally occurring nonnitrogenous kappa opioid selective agonist. Proc Natl Acad Sci USA 2002; 99:11934–11939
- ↑ Blanke O, Landis T, Spinelli L, Seeck M., Out-of-body experience and autoscopy of neurological origin, Brain. 2004 Feb;127(Pt 2):243-58. Epub 2003 Dec 8. Erratum in: Brain. 2004 Mar;127(Pt 3):719. PMID: 14662516
Articles connexes
Bibliographie
- Kant, Critique de la raison pure, notamment dialectique transcendantale.
- Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ière partie, question 2, article 3
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