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Navire-hôpital
Un navire-hôpital (également orthographié navire hôpital, pluriel navires-hôpitaux ou navires hôpitaux) est un bateau construit, transformé ou aménagé, en vue de remplir une seule tâche, porter secours à des naufragés, des blessés ou des malades. Il a pour fonction de servir de centre de soins, en offrant toutes les fonctionnalités d'un hôpital terrestre. La plupart de ces bateaux sont mis en œuvre par les marines militaires de différents états du monde. Mais on en trouve, comme le fut le Hope, mis en œuvre par des ONG.
Sommaire
Les précurseurs
La notion de navire-hôpital est assez ancienne. Mais elle ne couvrait que l'appellation donnée à un navire de transport de troupes destiné à servir d'hôpital, c'est-à-dire surtout d'isoler les malades par crainte de la contagion. Ainsi, en 1755, l'escadre française qui appareille pour le Canada, comprend à cet effet le vaisseau de 50 canons L'Apollon, armé en flûte[1].
On verra par la suite apparaître des navires dédiés au secours des naufragés et blessés au lieu de navires temporairement affectés à cette tâche. L'un des premiers exemples de ce type de bateau est le USS Red Rover qui a servi à porter secours aux blessés des 2 camps pendant la Guerre de Sécession.
Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale, comme la Seconde, a aussi vu la transformation de paquebots en navires-hôpitaux. Ce fut le cas, entre autres, du RMS Aquitania et du France.
Le paquebot français Sphinx, lancé en 1914, sera rapidement transformé en navire-hôpital et utilisé pendant la durée des hostilités. En 1918, il reprend ses fonctions de simple paquebot. En 1939, il est de nouveau reconverti en navire-hôpital. Il servira, entre autres, au rapatriement des blessés de Narvik vers Marseille. Saisi par les Italiens, il finira sa carrière sous les bombes américaines en 1944.
Le navire-hôpital canadien Llandovery Castle aura un sort plus funeste : torpillé dans la nuit du 27 juin 1918, causant 234 morts, dont 14 infirmières. Les attaques de navire-hôpitaux seront, tout au long de la guerre, un sujet de choix pour la propagande alliée, fustigeant la barbarie des empires centraux.
Seconde Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale verra l'apparition de bâtiments spécialement construits en vue de remplir la fonction de navire-hôpital, en particulier pour suivre les opérations à travers le Pacifique.
Ce sera le cas de navires américains de la classe Haven (AH-12)[2] : déplacement 15 000 tonnes, vitesse 17,5 nœuds, rayon d'action 12 000 milles. Il entre en service en 1944.
Le personnel soignant comprend 21 médecins et 270 infirmières et infirmiers pour un équipage de 61 officiers et 230 marins.
Le bâtiment est dimensionné pour prendre en charge 802 blessés[3]. Il est équipé de trois salles d'opération, installations de radiologie, laboratoires. Il est capable de débarquer et équiper un hôpital de campagne de 100 lits. Il est aussi équipé de dispositifs de levage permettant le chargement, ou le déchargement, en douceur des blessés graves.
Depuis 1945
Le et l' sont les deux navires-hôpitaux mis en œuvre par la marine des USA. Ils sont tous les deux des pétroliers transformés.
La Royal Fleet Auxiliary de la Royal Navy arme un tel bâtiment, le , qui ne répond cependant pas pas à la définition stricte du navire-hôpital car il est équipé d'armements (en l'occurrence, des canons de 20 et 7,62 mm pour la protection rapprochée) ; quand il est utilisé dans un rôle médical, il est désigné comme « navire principal de réception des blessés » (primary casualty receiving ship).
En France, aucun navire-hôpiatl au sens strict n'a été construit. Le soutien santé a été assuré jusque dans les années 1990 par des bâtiments de soutien santé (BSS), comme la Rance, qui avaient cependant d'autres missions militaires (renseignement, par exemple) et qui ne bénificiaient donc pas de la protection accordée aux navires-hôpitaux. Par ailleurs, de nombreux bâtiments de guerre à vocation logistique (pétrolier ravitailleur, bâtiment-atelier...) ou opérationnelle (transport de chalands de débarquement, bâtiment de projection et de commandement, porte-avions...) disposent de capacités hospitalières significatives.
Identification
Les navires-hôpitaux cherchent à faire reconnaître leur statut de non-belligérants en arborant de larges croix rouges[4] sur une coque généralement peinte en blanc. S'ils se conforment ainsi aux dispositions des Conventions de Genève[5], il n'en est pas moins vrai que plus d'un navire-hôpital a été attaqué, voire coulé, au cours des différents conflits du XXe siècle. Ce fut le cas, entre autres, du AHS Centaur qui fut proprement torpillé par un sous-marin japonais, le 14 mai 1943, au large des côtes australiennes.
Il est prévu que, en cas de conflit, le nom et les caractéristiques du navire soient communiqués aux différents belligérants dix jours au moins avant qu’il ne soit employé.
Un navire de guerre qui remplirait des tâches de secours au blessés ne bénéficierait pas de la protection attribuée à un navire-hôpital. Ce serait la situation, par exemple, du RFA Argus britannique ou du BPC Mistral français.
Un navire-hôpital qui interfèrerait avec des opérations militaires perdrait son statut protégé et pourrait être saisi par un des belligérants. Ce fut le cas, par exemple, du navire-hôpital russe Orel pris par les Japonais, en 1904, pour avoir transporté des soldats valides et du matériel de guerre. Ou bien, pendant la Première Guerre mondiale, celui du navire-hôpital allemand Ophelia, arraisonné par les Britanniques après y avoir découvert du matériel de signalisation sans objet avec son rôle, mais aussi avoir jeté par dessus-bord des documents secrets et lancé un message codé avant l'inspection britannique.[6]
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Hospital ship ».
Notes & références
- ↑ C'est-à-dire ne conservant que 12 canons, pour libérer de la place pour le faire agir comme transport.
- ↑ La codification AH désigne les navires-hôpitaux US. On trouvera aussi AHP pour les navires spécialisés dans l'évacuation des blessés. Le AHP ne bénéficie pas de la protection des Conventions de Genève car il peut transporter au besoin du personnel ou du matériel militaire en sus des blessés évacués.
- ↑ Il est prévu une capacité maximum de 1000 patients.
- ↑ Ou croissants rouges pour les nations ayant adopté ce signe en lieu et place de la croix rouge. Le Croissant-Rouge est officiellement reconnu au niveau international.
- ↑ 2e Convention de Genève pour l'amélioration du sort des blessés, des malades et des naufragés des forces armées sur mer, 12 août 1949, chapitre III, article 30.
- ↑ Voir [1]
Voir aussi
Bibliographie
Livres
- Ph. Eberlin, Crimes de guerre en mer, 1939-1945, Éditions Maîtres du Vent, 2007, (ISBN 2352610249).
Gilles Barnichon Les Navires hôpitaux français au xxe siècle, Editions MDV Maîtres du Vent 168 pages, 24 x 22 cm, broché, 90 illustrations N&B ISBN 978-2-35261-026-7 PVP 29 euros
Articles
- Dr Robert M. Garraud,Les hôpitaux flottants, Vie et Bonté - Paris 1952.
- Vice-amiral Grandclément : Les navires-hôpitaux, Revue internationale de la Croix-Rouge, mai 1938.
Liens sur WP anglais
- en:List of German Hospital Ships
- SS Deutschland (WWII)
- en:List of Swedish Hospital Ships
- SS Magdalena (WWII)
- en:List of hospitals and hospital ships of the Royal Navy
- en:List of Sanitation Commission Hospital Ships
- en:List of United States Army hospital ships
- en:List of US Navy Hospital Ships
- en:List of Australian Hospital Ships
Liens externes
- Australian War Memorial - Sinking of the Centaur
- Les Mercy ships [2]
- Portail du monde maritime
Catégories : Type de bateau | Bateau de service
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