Méditations Métaphysiques

Méditations Métaphysiques

Méditations métaphysiques

Les Méditations métaphysiques (ou Méditations sur la philosophie première) est l'œuvre philosophique majeure de René Descartes, parue d'abord en latin en 1641. Du point de vue de l'histoire de la philosophie, elle constitue l'une des expressions les plus influentes du rationalisme classique.

Le titre original traduit en français de méditations sur la philosophie première indique que cet ouvrage a été écrit en partie comme une critique de la philosophie première qui était alors enseignée dans les universités, mais aussi pour proposer une nouvelle. Il faut noter que, comme tout ouvrage vraiment classique, au long du temps les Méditations ont reçu de très différentes interprétations.

Dans ces méditations, Descartes soutient qu'en dépit des arguments sceptiques plus forts, il y a des connaissances légitimes. Aussi, il présente l'homme comme ayant une substance essentiellement pensante (cogito), qui s'oppose à son corps, qui est une substance matérielle (voir dualisme de substance).

Sommaire

Présentation générale

Contexte historique

Article détaillé : Révolution copernicienne.

On ne peut comprendre les Méditations sur la philosophie première qu'en les restituant dans leur contexte historique.

En juin 1633, Galilée a été condamné par l'Inquisition pour son ouvrage Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde), dans lequel il faisait dialoguer un aristotélicien, partisan du géocentrisme, et un homme sans a priori partisan de l'héliocentrisme.

Vers novembre 1633, René Descartes est informé de la condamnation de Galilée, et il reçoit en 1634, de son ami Beeckman, un exemplaire du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Par sincère soumission aux autorités ecclésiastiques, Descartes renonce à publier son traité du monde et de la lumière dans lequel il défendait la thèse de l'héliocentrisme. Descartes pense que Galilée a manqué de méthode pour défendre la nouvelle représentation du monde. Il publie trois extraits du traité du monde (la Dioptrique, les Météores, la Géométrie), accompagnés d'une préface, le fameux discours de la méthode. Il décide alors de se lancer dans un projet philosophique destiné à montrer que la philosophie soutenue par les autorités en place, la scolastique, est inapte à décrire le monde tel que le conçoit la science nouvelle.

Descartes considère que la métaphysique décrite par la scolastique à partir de la philosophie première d'Aristote, dans laquelle la Terre est au centre de l'univers, n'est plus valable, d'où le nom de Méditations sur la philosophie première. Il faut donc définir une nouvelle métaphysique pour fonder les sciences nouvelles.

Les objectifs de Descartes

Ces méditations sont une expérience philosophique. L'usage du terme « méditation », peu courant en philosophie, ne s'est pas fait par hasard : il s'agit d'une introspection, il s'agit de narrer le cheminement d'une réflexion plutôt que d'exposer un traité qui constituerait un ensemble de raisonnements déductifs. Un philosophe nous présente son expérience, il nous appartient de refaire la même, et non pas seulement de lire l'œuvre comme un simple manuel.

Le but de cette réflexion est de trouver des fondements solides à la connaissance. Qu'est-ce qui me permet de croire que je connais des vérités ? La première étape consistera à rejeter tout ce qui est douteux, afin de trouver quelque chose qui ne le soit pas. La conséquence de cela sera que tout se trouvera rejeté, à l'exception d'une chose : moi comme sujet pensant, donc existant (le fameux cogito cartésien). S'ensuit la reconstruction de la connaissance, sur la base de la certitude. On découvrira comme première certitude notre propre existence, puis celle de Dieu, puis celle des essences et enfin celle des existences.

Il s'agit donc dans cette œuvre de balayer les anciens préjugés et de repartir sur des choses certaines, pour lesquelles le doute n'est plus possible.

Genèse de l'œuvre

La première édition (latine) parut en 1641, sous le titre de Meditationes de Prima Philosophia, in quibus Dei existentia et animae humanae immortalitas demonstrantur (Méditations sur la philosophie première, dans lesquelles sont démontrées l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme). Une version française, rédigée par Louis Charles d'Albert de Luynes sous la supervision de Descartes parut en 1647.

Cette œuvre, conduite à la première personne, décrit un parcours de réflexion que le lecteur est invité à suivre à son tour. Il se divise en six étapes ou méditations, chacune étant consacrée au traitement d'un ensemble particulier de problèmes. L'emploi du terme de "méditation" et le choix de ce mode de composition distinguent les Méditations d'un simple traité philosophique. Descartes, qui fut instruit chez les Jésuites au Collège de la Flêche, a vraisemblablement emprunté cette méthodologie aux Exercices Spirituels d'Ignace de Loyola, dont les divisions marquent de manière analogue les étapes successives du travail de conversion.

Les Méditations restent conformes aux grandes articulations conceptuelles de la Métaphysique, telles que le théologien jésuite Francisco Suarez les a thématisées dans ses Disputationes Metaphysicae : Descartes, comme ses prédécesseurs, s'interroge ici sur la nature de l'âme et sur son immortalité, propose de nouvelles démonstrations de l'existence de Dieu, et s'efforce de déterminer l'essence commune des objets matériels. Mais l'œuvre est également porteuse d'exigences et de problèmes nouveaux, dont les prolongements sont facilement repérables dans les œuvres de Malebranche, Spinoza et Leibniz. Tout d'abord, les Méditations donnent sa pleine mesure au rationalisme déductif, d'inspiration mathématique, qu'avaient théorisé les Règles pour la Direction de l'Esprit et le Discours de la Méthode. Dès les premières pages, Descartes se donne pour objectif la détermination des fondements sur lesquels doit reposer l'édifice de nos connaissances. Ces fondements ou principes sont les vérités ultimes - elles ne doivent pas être connues par inférence - dont doivent dépendre toutes les autres, notamment celles qu'établissent les sciences. Descartes est ainsi conduit, dans la Première Méditation, à mettre ses croyances à l'épreuve du doute jusqu'à ce que sa quête de certitude absolue aboutisse, au début de la Méditation suivante, à la formulation de la certitude de son existence. Ce résultat philosophique, qui accorde de nouveaux droits théoriques au critère de la certitude, a souvent été interprété comme l'irruption du sujet "moderne" au cœur du discours philosophique. En effet, la subjectivité n'est plus ici simplement comprise comme obstacle à la connaissance : le sujet pensant qui emprunte le chemin du doute cartésien est amené à découvrir en lui-même, par ses propres forces (et non à la faveur d'une révélation venue du dehors), le fondement de toute vérité.

Plan des Méditations

  1. Première méditation : Des choses que l'on peut révoquer en doute.
  2. Méditation seconde : De la nature de l'esprit humain ; et qu'il est plus aisé à connaître que le corps.
  3. Méditation troisième : De Dieu ; qu'il existe.
  4. Méditation quatrième : Du vrai et du faux.
  5. Méditation cinquième : De l'essence des choses matérielles ; et, derechef de Dieu, qu'il existe.
  6. Méditation sixième : De l'existence des choses matérielles ; et de la réelle distinction entre l'âme et le corps de l'homme.

L'ouvrage comporte en outre sept ensembles d'objections adressées à Descartes par divers philosophes et théologiens contemporains (parmi lesquels figurent Thomas Hobbes, Antoine Arnauld et Pierre Gassendi) auxquelles sont jointes les réponses de l'auteur.

Les six Méditations

Méditation Première : Des choses que l'on peut révoquer en doute

les préjugés de l'enfance

Cette première méditation est ce qu'on a appelé la table rase. Il s'agit de rejeter tout ce qui est douteux. Descartes commence à remarquer que beaucoup de ses certitudes lui viennent de l'enfance. Or l'enfance est un âge où la raison est mal formée. Descartes veut une connaissance certaine, et non des idées vagues et des préjugés.

les arguments en faveur du doute

Il en vient à rejeter toute chose conformément à trois arguments :

  • arguments des sens trompeurs : mes sens me trompent parfois. Nous ne pouvons donc jamais être sûrs du moment où ils nous trompent et du moment où ils sont fiables.
  • argument du rêve : lorsque je rêve, les choses me paraissent aussi réelles que lorsque je suis éveillé. Il se peut donc que quelque chose qui me paraisse réel soit en fait une illusion.
  • argument du malin-génie : il est tout à fait concevable que mes certitudes les plus établies soient en fait un mauvais tour joué par un être tout puissant qui aurait décidé de me tromper.

ordre de la vie et ordre de la connaissance

Dans cette méditation, il fait également la distinction entre l'ordre de la vie et l'ordre de la connaissance. S'il s'agit de douter de tout, il ne s'agit pas de ne plus vivre. Tout ce qui est rejeté l'est dans le domaine de la connaissance. Descartes veut établir la certitude des connaissances, et non inscrire le doute dans son mode de vie.

Méditation Seconde : De la nature de l'esprit humain, et qu'il est plus aisé à connaître que le corps

la certitude de mon existence

Cette méditation a pour but de trouver une première certitude qui nous permettrait de sortir du doute. Je peux me tromper sur toutes les choses auxquelles je pense. Je peux dormir en croyant être éveillé, je peux être trompé par un malin génie... Mais dans chacune de ces possibilités, il y a bien une chose qui soit impossible : c'est que moi, qui suis trompé sur toutes ces choses, n'existe pas. Je me retrouve donc avec une première certitude : « Je suis, j'existe ».

la plus grande facilité de la connaissance des essences

Dans toutes mes pensées, il y a quelque chose à quoi je pense, ce quelque chose qui peut être trompeur. Pourquoi les perceptions sensibles peuvent nous tromper? Descartes prend l'exemple du morceau de cire. "Lorsqu'il fond, je le juge toujours comme étant de la cire. La permanence n'est pas dans les impressions sensibles que j'ai reçues, elle est dans mon jugement. S'il y a tromperie, c'est de mon jugement que cela vient. Si je suis trompé, c'est par ce mot « cire » que j'ai décidé d'appliquer à mes perceptions : je peux mal juger."

De tout cela, je retire que je peux facilement connaître l'existence de mon esprit, mais que je peux toujours être trompé quant à l'existence des corps, c'est-à-dire des choses extérieures.

Méditation Troisième : De Dieu; qu'il existe

On arrive donc à cette méditation en étant sûr de notre existence, mais en devant rejeter toute forme de sensibilité. Pourtant, le but est de rejoindre le monde, de s'assurer de certitudes concernant le monde. Il faut donc trouver ce qui rend la connaissance de moi aussi certaine et tenter de l'appliquer à d'autres choses.

se fudeu

le critère de vérité

Ce qui permet la certitude de mon existence, c'est le fait d'en avoir une idée claire et distincte. On peut donc considérer que si j'ai une idée claire et distincte d'une chose, elle est sûre. Les évidences mathématiques, comme le fait que 2 + 3 =5 sont de telles évidences claires et distinctes. Seulement, une idée ne peut être claire et distincte qu'au moment même où je la pense. Dès que j'arrête d'y penser, que je tente de la lier à d'autres choses, le malin génie peut intervenir. Il est donc indispensable de supprimer l'hypothèse du malin génie.

l'analyse des pensées

Descartes va y parvenir en analysant les pensées. Il distingue trois types de pensées : les idées, les volontés et les jugements. Les volontés et les jugements sont des actes. Le malin génie peut donc les fausser. Les idées, elles, ne sont que des représentations. Descartes les distingue entre idées innées, idées adventices (venant de l'extérieur) et idées factices (créées par moi). Les idées adventices sont intéressantes, car elles ne dépendent pas de moi. Elles peuvent donc me permettre de faire un lien avec le monde.

Le contenu de l'idée (la chose extérieure qu'elle représente) n'existe peut-être pas, mais il n'en reste pas moins que cette idée a une forme dans mon esprit. Cette forme, j'ai pu la produire moi-même, sans qu'elle ne soit liée à un contenu réel. Il s'agit donc de trouver une forme claire et distincte que je n'aurais pu construire moi-même.

la certitude de l'existence de Dieu

Cette forme, c'est l'infinie perfection, c'est Dieu. J'aurai pu former toute autre idée en la composant depuis les diverses idées qui m'habitent, y compris les idées obscures et confuses. Mais l'idée d'infini est claire et distincte, et pourtant me dépasse. Il faut donc qu'elle ait une réalité objective.

Le mensonge est une imperfection. Or Dieu a toutes les perfections. Il ne peut donc me tromper. L'hypothèse du malin génie est levée.

Méditation Quatrième : Du vrai et du faux

Ayant prouvé hors de tout doute que Dieu existe, Descartes entame une quatrième méditation dans l’optique de décerner l’origine des erreurs. Or, il tient comme indubitable la bonté de Dieu ; pourquoi donc aurait-Il conçu l’homme de telle manière qu’il se trompe?

le but de Dieu

Entendu que Descartes se place quelque part entre la divinité et le néant sur l’échelle de l’existence, il rejette la possibilité qu’il y ait quelque chose en lui d’une telle imperfection qu’il se fourbe involontairement, tout en admettant qu’il soit sujet à quelques manquements dans la connaissance. À savoir pourquoi Dieu ne l’a pas créé parfait en tous points, Descartes rétorquerait que cela constitue une question à laquelle notre entendement fini ne peut point répondre[1]. Nous reprochons à Dieu nos erreurs en pensant qu'il aurait dû nous faire parfaits, mais son but n'est pas de faire l'homme le plus parfait possible, c'est de faire le monde le plus parfait possible [2]. L'imperfection de l'humain est peut-être nécessaire à la perfection du monde. Nous avons tout de même en nous des traces de la perfection divine.

la perfection de la volonté

Ainsi notre volonté, cette « puissance d’élire », étant, elle, infinie, relève de cette perfection. Aussi, le fait que nous puissions nier ou affirmer n’importe quelle chose nous confère une liberté de choix sans équivoque, tout en scellant nos origines divines. Nonobstant, Descartes voit en cette même amplitude de volonté la source même de l’erreur humaine, puisqu’elle se heurte inévitablement à notre entendement limité. En effet, ce que notre entendement perçoit est hors de tout doute vrai, puisque Dieu est bon ; notre volonté nous permet d’affirmer toute chose qui est vraie, mais aussi d’affirmer tout ce qui est faux.

la source des erreurs

De ce fait, toute chose affirmée ou niée à l’intérieur du spectre des connaissances indubitables[3] est elle-même vraie. Or, notre imagination, tel que son nom l’indique, a la capacité de concevoir l’imaginaire, l’irréel, et ainsi passer outre les limites finies de notre entendement. À partir de ce moment, il est de l’avis de Descartes que l’on doit s’abstenir de tout jugement, c’est-à-dire de tout exercice de la volonté, puisqu’il n’y a aucune raison qui puisse nous persuader d’affirmer plutôt que de nier une proposition. Voilà donc un bon usage du libre arbitre; les mauvais usages, eux, sont plus nombreux. Par exemple, si l’on perçoit un arbre au loin, il est de l’issue de notre volonté d’affirmer qu’il y ait un arbre ou de croire que ce fût un rêve. Or, dans un cas comme dans l’autre, notre entendement ne se trompe jamais, puisqu’il est vrai qu’il perçoit un arbre ; il est également vrai que Dieu nous ait donné la puissance d’élire une possibilité ou l’autre ; il peut cependant se révéler faux qu’il s’agisse bel et bien d’un arbre.

En définitive, Descartes réitère sa croyance que Dieu est bon, puisqu’il a fait de l’homme un libre arbitre de la connaissance. Il lui est donc possible d’affirmer tout ce qui est vrai et d’infirmer tout ce qui est faux, quoiqu’en vérité il faille davantage qu’il s’abstienne de jugement, selon Descartes.

Méditation Cinquième : De l'essence des choses matérielles; et, derechef, de Dieu, qu'il existe

Désormais, nous sommes parés pour avoir des connaissances indubitables. Je possède un critère de vérité : le fait qu'une idée soit claire et distincte. Je suis assuré de la fiabilité et de la permanence de ce critère : Dieu existe et il est vérace. Il s'agit maintenant de produire des connaissances. Nous avions vu que les essences (ce qui se trouve dans l'esprit, i.e. les idées) sont plus faciles à connaître que les existences (ce qui se trouve dans le monde, dans la réalité, i.e. les corps). Il est temps de retrousser les manches et de s'intéresser à l'essence des choses matérielles, c'est-à-dire aux idées qui prétendent relever de quelque chose qui nous est extérieur.

l'essence des choses matérielles, c'est l'étendue

La première idée claire et distincte concernant les choses matérielles est que ces choses sont de l'étendue. Elles occupent un certain espace. Elles sont donc mesurables. L'essence des choses matérielles est cette étendue. Cette étendue a plusieurs modes d'expressions : la profondeur, la durée, la figure, le mouvement. Ces diverses caractéristiques constituent la forme des idées matérielles, au sens de forme que nous avions vu dans la seconde méditation. Nous disposons donc d'éléments mesurables des essences des choses matérielles, ce qui nous permet d'exercer une science physique mathématique a priori (précédent l'expérience sensible de ces choses).

Ce qui est intéressant, c'est de s'attacher aux idées innées de l'étendue. Si, partant de la définition : « un triangle est une figure à trois côtés », je me représente le triangle, j'en ai une idée claire et distincte sans que je ne l'ai moi-même créée (toute personne la possède) et sans qu'elle ne me vienne de l'extérieur. La physique va donc étudier ces idées nécessaires (qui ne peuvent pas ne pas être) concernant l'étendue.

la preuve ontologique

Avec cette connaissance des idées innées, Descartes pose une nouvelle preuve de l'existence de Dieu. Il s'agit cette fois de démontrer que Dieu existe selon une perspective scientifique. Par cette originalité, c'est cette démonstration qui sera retenue, bien que celle de la troisième méditation reste la démonstration fondamentale pour Descartes.

Dieu a toutes les perfections. Or l'une de ces perfections est l'existence. Il s'agit bien ici d'une idée innée : je n'ai jamais vu Dieu et je n'ai pu créer l'idée d'infini perfection. Il s'ensuit de cela que Dieu existe nécessairement.

Méditation Sixième : De l'existence des choses matérielles

Maintenant que nous pouvons connaître l'essence des choses matérielles, il ne nous reste plus qu'à démontrer leur existence.

Distinction de l'âme et du corps

Quand j'imagine des choses, cela peut être créateur ou reproductif. Lorsque c'est reproductif, ce n'est pas ma volonté qui produit la spatialité de l'idée. Il se peut donc qu'elle me vienne de l'extérieur. Il faut donc, pouvoir sortir du doute sur les choses extérieures, étudier la sensibilité.

Descartes commence par distinguer l'âme du corps. Les idées et les choses matérielles sont des choses distinctes, or mon corps est une chose matérielle et mon esprit relève des pensées.

vérité des pensées et vérité des sens

De la même manière que Dieu, puisqu'il est vérace, garantit que les choses claires et distinctes dans l'esprit sont vraies, il garantit que les sensations qui s'imposent fortement à moi sont vraies. Il y a donc deux formes de vérités : celle de l'esprit et celle du corps. Il convient néanmoins de ne pas les mélanger, car les vérités du corps sont obscures et confuses.

Or, mélanger les deux, c'est justement ce qui fait que mes sens me trompent, ou plutôt : que je me trompe sur mes sens. Mes sens eux-mêmes ne mentent jamais ; c'est lorsque je les interprète que je tombe dans l'erreur.

l'union de l'âme et du corps

Dans les cinq méditations précédentes, il y a toujours deux substances différentes, qui n'entretiennent pas de véritable rapport : la substance pensante (l'âme) et la substance étendue (le corps). Jusqu'à la Ve méditation, un homme n'est rien de plus qu'une substance pensante. L'analyse de sentiments tels que la douleur nous permet de savoir qu'un homme ne se réduit pas à un pur sujet pensant : il possède aussi un corps, auquel il est intimement lié.

Notre âme ne peut être indifférente au corps dans lequel elle s'incarne. Je suis comme un pilote en son navire, mais je ne suis pas seulement ça. C'est-à-dire qu'il y a bien un rapport de sujet à objet entre le corps et l'âme : le pilote à intérêt à ce que le navire ne prenne pas l'eau, de même je dois veiller à l'entretien et à la préservation de mon corps, mais lorsque mon corps est affecté, mon âme l'est aussi, l'âme et le corps font tous deux partie du sujet. La douleur est une façon de vivre son corps : je suis un corps qui souffre, je n'ai pas simplement un corps-objet que je possède, et dont les détériorations ne m'affectent pas.

Il est impensable par le biais des idées claires et distinctes, par l'entendement, que de la pensée s'unisse à de l'étendue, mais par la voie du sentiment, nous faisons l'expérience de cette union. Il y a donc deux types de connaissances, la connaissance par la clarté et la distinction des idées, et la connaissance par sentiment. La cohérence de ces deux connaissances est incompréhensible pour l'homme, mais nous savons par contre que les deux sont vraies.

sortie définitive du doute

Au final, tous les doutes de la première méditation ont été levé, à l'exception d'un seul : le rêve. Or, dans le rêve, mes idées sont ne sont jamais liées de façon méticuleuse, donc, chaque fois que je peux lier exactement mes idées entre elles, je sais que je suis éveillé. Le monde autour de nous est une construction de notre pensée, c'est la liaison entre nos idées. Aucun monde ne s'est jamais donné à contempler, c'est le sujet qui le construit.

Descartes achève les méditations sur la finitude et la faiblesse de notre connaissance. Le monde n'est jamais fini, il est toujours à construire, on peut parler de développement indéfini de nos connaissances du monde.

Objections

Descartes, qui était en Hollande vers 1640, avait chargé Mersenne de communiquer les Méditations sur la philosophie première pour recueillir des commentaires des meilleurs esprits.

Premières objections, faites par M. Caterus

Secondes objections, recueillies par la P. Marin Mersenne

Troisièmes objections, faites M. Hobbes et réponses

Apprenant la présence de Thomas Hobbes à Paris, Mersenne s'adressa à lui, et Hobbes écrivit les Troisièmes Objections, qui sont un témoignage précieux pour l’étude de sa philosophie première. Ses objections furent transmises à Descartes en janvier 1641. Après d'autres objections de Hobbes, contre la Dioptrique cette fois, Descartes finit par refuser d'avoir encore affaire à "cet Anglais".

Quatrièmes objections, faites par Arnauld

Cinquièmes objections, faites Gassendi

Sixièmes objections, faites par divers théologiens et philosophes

Septièmes objections, faites par le P. Bourdin, et remarques de Descartes

Bibliographie sécondaire récente

Beyssade, J-M. Études sur Descartes. Seuil

Beyssade, J-M. Descartes au fil de lórdre. Vrin

Beyssade, J-M. La philosophie première de Descartes. Flammarion

Beyssade, J-M. et J-L. Marion, (sous la direction de) Descartes. Objecter et répondre

Curley, E. Descartes Against the Sceptics.

Voir aussi

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Sur le contexte historique

Sur Descartes et le rationalisme

Sur les relations entre foi et raison

Liens externes

notes et références

  1. Une référence à la chrétienté : « Les voies du Seigneur sont impénétrables. »
  2. argument repris par Leibniz
  3. Ce que Descartes qualifie d’« idées claires et distinctes ».
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