- Mythomane
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Mythomanie
En psychologie, la mythomanie est une tendance au mensonge pouvant aller jusqu'à altérer durablement la vie sociale. Il a été observé que le mythomane ment souvent parce qu'il craint la réaction (de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité.
Cette pathologie entraîne un handicap social important dans les cas où le malade procède à des altérations mineures et crédibles de la réalité. L'aveu étant souvent ou presque toujours accompagné de réactions négatives de l'entourage, la mythomanie tend à s'auto-entretenir.
Contrairement au menteur, le mythomane n'est pas totalement conscient de son mensonge (Tartarin « ne ment pas; il se trompe », écrit Daudet). Il ne distingue pas clairement la réalité des événements issus de son imagination (voir l'article Pensée magique). Le phénomène est cependant normal dans la phase préadolescente : le jeune enfant se raconte comme étant vraies des histoires imaginaires. Ces mensonges ne sont pas intentionnels : l'enfant croit dans une certaine mesure à ce qu'il raconte. C'est là une étape normale et généralisée de l'enfance. Quand cette tendance persiste après la fin de l'adolescence, elle est considérée par notre société comme un trouble du comportement, tandis que d'autres sociétés l'acceptent (voir Chamanisme). Elle est alors qualifiée de mythomanie et peut, non traitée, annoncer un désordre psychiatrique plus grave : névrose ou même psychose.
Sommaire
Psychiatrie
La mythomanie est considérée comme une organisation névrotique ou prénévrotique de la personnalité. Elle fut souvent qualifiée au XIXe siècle d'hystérique. Elle peut également être présente lors de troubles psychotiques.
Etiologie (Causes)
Le recours fréquent, voire permanent, aux mensonges constitue pour le mythomane un moyen de fuir une réalité dont l'acceptation le ferait souffrir. Il élude ainsi cette réalité douloureuse. Le décès d'un proche, l'annonce d'une maladie incurable, une séparation douloureuse, un grave échec scolaire, sentimental ou professionnel, voire un avortement, bref, tout choc émotionnel important peut favoriser une fuite dans une « nouvelle réalité » plus supportable. D'autres formes de fuite se réalisent par la prise d'alcool, de comportements à risque, ou enfin plus banalement d'antidépresseurs.
On considère dans la culture occidentale cette altération de la vérité comme traduisant au moins un manque de confiance en soi, quand ce n'est pas de maturité affective (résistance à la frustration, par exemple)
Traitement
L'analyse psychiatrique, par le biais de différentes techniques d'anamnèse, peut aider le mythomane à retrouver les causes profondes, enfouies dans l'inconscient, de son trouble. Il est alors mieux armé pour en guérir, s'il le souhaite.
Quelques cas de mythomanie célèbres
- Jean-Claude Romand, quintuple meurtrier, ayant fait croire à son entourage qu'il était médecin, pendant plus de 17 ans, individu dont l'histoire est relatée dans le roman L'Adversaire d'Emmanuel Carrère
Littérature
- Don Quichotte, archétype de l'idéaliste créé par Cervantès
- Tartarin de Tarascon, héros d'Alphonse Daudet ;
- Nelly, marquise de Fontranges dans le roman de Jean Giraudoux La Menteuse.
- Faux-jour, d'Henri Troyat, vie et décadence d'un entrepreneur mythomane.
- Les Miroirs truqués, roman de Françoise Dorin consacré à la mythomanie. Dans ce roman, la victime de mythomanie « se donne la mort » une fois confrontée à la réalité de son comportement. Le risque est réel lorsque cette mythomanie aide à supporter une vie décevante. Le message de Françoise Dorin est que ce n'est pas impunément qu'on prive autrui de sa part de rêve. L'auteur n'en milite pas moins pour que chacun en assume le risque, « allume sa chandelle » dans la terminologie du narrateur.
- Dans un registre plus léger, La Vie secrète de Walter Mitty (nouvelle et film) donne une excellente et souriante vision de mythomanie légère chez un individu présenté par le narrateur comme fort sympathique.
- L'Adversaire d'Emmanuel Carrère
- Profondeurs d'Henning Mankell
Société
- Des créateurs de religions ou de sectes, voire des chefs d'entreprise célèbres (Thomas J. Watson Sr, Francis Bouygues, Steve Jobs), ont su créer une sorte de mystique pour galvaniser leurs adeptes ou leurs employés. Bien qu'il soit excessif de parler en un tel cas de mythomanie pathologique, la culture d'entreprise qu'ils ont su créer n'en flirte pas moins avec ce concept. « IBM n'est pas une simple entreprise. IBM est une institution qui sera éternelle et dont vous faites partie », répétait invariablement Watson.
- Le nazisme a été considéré par Wilhelm Reich comme un exemple typique de mythomanie collective.
- De façon plus générale, quelques athées comme Daniel Dennett ou Richard Dawkins assimilent les religions à des formes de mythomanie.
Quelques cas retentissants
- George Psalmanazar, dit L'Homme de Formose (1679 - 1763)
- Princesse Caraboo (affabulation de 1817)
- Sir Edmund Backhouse, baronettus, dit L'Ami des plus Grands (1873 - 1944)
- Jean-Claude Romand a pendant près de 20 ans raconté à sa famille et ses proches qu'il travaillait comme médecin à l'OMS, alors qu'en réalité il n'avait pas même passé son examen de seconde année de médecine. Alors que sa femme commençait à découvrir la supercherie, il l'assassina avec ses enfants et ses parents, seule façon apparemment pour lui de sortir de cette impasse. Cette histoire vraie a été reprise par L'Adversaire, un roman d'Emmanuel Carrère puis par un film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle principal ;
- Frédéric Bourdin a été arrêté en 2005 dans un collège de Pau. Il se faisait passer pour un adolescent de 14 ans, élève en 4e. Il avait alors 30 ans. Il avait déjà été poursuivi dans d'autres pays (condamné à 6 ans de prison aux États Unis, entre autres) pour des faits similaires.
- Marginalement : le 9 juillet 2004, une jeune femme a déclaré s'être fait agresser avec son bébé dans le RER D, ligne de réseau ferré parisien, entre Louvre et Sarcelles (Val-d'Oise) par six jeunes gens qui lui auraient gravé une croix gammée sur son ventre. L'affaire fit la une des journaux dans un contexte d'antisémitisme, et plusieurs personnalités politiques s'empressèrent d'exprimer leur indignation sur le sujet, se fondant sur les dires de cette femme, avant même que l'enquête n'aboutisse. La police découvrit dès la semaine suivante qu'il s'agissait d'une invention accompagnée d'auto-mutilations[1],[2].
- Plusieurs femmes affirmant avoir été victimes d'abductions par des OVNI affirmèrent qu'on leur avait dans l'engin pris le bébé qu'elles attendaient. Vérification effectuée, ces femmes n'étaient nullement enceintes au moment allégué des faits.
- L'accusatrice principale de l'Affaire d'Outreau a déclaré le 18 novembre 2005 que les six appelants « n'avaient strictement rien fait » et qu'elle avait menti[3].
- Julie 'H' Rihani Mythomanie révélant une névrose et dont la vie sociale fut très largement compromise.
Références
- ↑ Prison avec sursis pour Marie L., RTL, lundi 26 juillet 2004.
- ↑ Histoire d’un incroyable emballement, L'Humanité, 21 janvier 2006
- ↑ Le Monde, 18 novembre 2005, Outreau : Myriam Badaoui innocente les six accusés et charge le juge Burgaud
Voir aussi
Liens externes
- "Mythomanie" sur Dicopsy
- Dossier dans Santé magazine
- "Comment vivre avec un mythomane ?"
- "Portrait psychologique"
- Portail de la médecine
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