- Musée du Mont-de-Piété de Bergues
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Musée du Mont-de-Piété Informations géographiques Pays France Ville Bergues Adresse 1, rue du Mont-de-Piété, 59380 Bergues, France Coordonnées Informations générales Date d’inauguration 1953 modifier Sommaire
Historique
Comme de nombreux musées français, le musée du Mont-de-piété trouve son origine à la Révolution. Les saisies effectuées alors dans les maisons religieuses de la Ville, dont la très riche Abbaye de Saint-Winoc, et des alentours ainsi que chez des particuliers permettent de rassembler près de 450 tableaux. Ce dépôt artistique, situé dans un local dépendant de l’ancien collège des Jésuites est confié à la garde d’un certain J. Delorge, se déclarant Directeur de l’académie de Bergues. En 1791, Il dresse un premier inventaire des tableaux provenant de l’abbaye de Saint-Winoc qui fait apparaître 347 numéros dont le tableau de Georges de La Tour catalogué sous le nom d’Urbain Carrache (sic). Delorge effectue également un premier « bilan sanitaire » sommaire des collections, indiquant que « les tableaux de peinture sont en général dans un très mauvais état, la plus grande partie retouchée et trouée, le tout sous la crasse ». En 1795, en vue d’un récolement, il dresse une seconde liste, faisant apparaître 432 tableaux.
A partir de 1800, les œuvres sont, soit réparties entre certaines villes du district (Bergues, Dunkerque, Wormouth), soit transférées dans des églises, soit rendues à leurs propriétaires, soit vendues ou encore sont prélevées par la préfecture, comme nous l’apprend une lettre de remerciement du préfet Joubert au sous-préfet de Bergues Scadet pour l’envoi de 14 tableaux.
En 1802, 20 tableaux sont transférés en mairie de Bergues et placer « dans la salle des séances pour servir d’ornements ». Cependant, le dépôt n’est pas totalement vidé mais ne semble plus guère retenir l’attention. Un document manuscrit de 1809, signé J. Minart, Maire de Bergues, mentionne pour la première fois l’existence d’un museum, se trouvant dans les classes de l’école des enfants pauvres ainsi que d’un conservateur des tableaux, François Remacle De Fraeye, également professeur de l’école de dessin, qui a succédé à Delorge le 20 janvier 1797. Il y a donc bien une volonté, certes embryonnaire, de la Ville de Bergues de présenter son fonds de peinture mais aucune délibération n’institue formellement la création d’un musée. Un second document manuscrit, rédigé à l’instigation du Sous-Préfet, en date de 1816, dresse une liste des « tableaux existants d’ancienne date à l’hôtel de la Mairie de la ville de Bergues » et confirme, par une note complétant cet inventaire, ce soucis d’exposition publique : « La plupart des tableaux sont des originaux et des copies très peu abimées et d’aucune valeur, le meilleur ayant été enlevé pendant le coure de la Révolution pour être placé soit dans les salles ou dans les bureaux des administrations supérieures et dans les églises de l’arrondissement. Enfin, ils doivent être désignés sous le titre de rebut de cette collection primitive, et sont journellement exposés à la curiosité publique dans un Salon à ce dessiné, dit antichambre de la salle de la mairie : on pourrait charger le bibliothécaire, à nommer justement, de la surveillance et de la conservation de ces tableaux ». La collection comprend à cette date 52 tableaux. En 1838, une décision préfectorale octroi à la Ville un nouveau lot de 73 tableaux provenant du dépôt artistique initiale se trouvant dans l’ancien collège de la ville. Les œuvres sont déposées à l’hôtel de Ville. On ne sait, si elles sont exposées dans le Salon avec le noyau initial de la collection. Il faut attendre janvier 1842 pour entendre à nouveau parler des tableaux. A cette date, le conseil municipal envisage la création d’une galerie de tableau dans une pièce de la maison attenante à l’ancienne maison de Ville, occupé par un dénommé Henri-Joseph May, cabaretier, propriété de la Ville. Le local est contigu à la bibliothèque, nouvellement aménagée. Il est convenu qu’Alexandre Gontier, membre du conseil municipal et responsable de la bibliothèque assurera la conservation de la collection. Nous ne savons ce qu’est devenu ce projet mais le 9 septembre de la même année un crédit de 1466 francs et douze centimes est voté pour la restauration de tableaux, puis un second, de 2000 francs, le 15 février 1843. La restauration des tableaux est confiée à Fabien Napoléon Léoni, peintre et restaurateur de tableaux demeurant à Dunkerque. Le 6 février 1844, une commission chargé de réceptionner le travail de Léoni est créé et présente son rapport le 13 février. Le 6 novembre 1844, Léoni est nommé conservateur du musée et bibliothécaire de la Ville, sa prise de fonction n’étant effective qu’au 1er janvier 1846 pour raison budgétaire. On ne sait s’il occupe véritablement ce poste, aucun arrêté ne venant confirmer cette nomination. Il dresse cependant une nouvelle liste manuscrite des collections qui comporte alors 116 tableaux. Le 28 juin 1846, Auguste Outters, architecte de la ville, est nommé conservateur des tableaux. Cependant, des travaux de restauration entrepris empêchent la présentation des collections durant deux ans. La comptabilité de la Ville fait, ensuite, apparaître chaque année des sommes modestes allouées pour l’entretien du musée mais il n’est alors plus fait état du musée dans les registres des délibérations de la Ville ni dans aucun autres documents. C’est à l’occasion de son transfert, dans le nouvel Hôtel de Ville, en 1871 que l’on évoque à nouveau la collection de tableaux. Les tableaux sont alors présentés, en petit nombre, dans la bibliothèque accueillant le fonds ancien. En 1872, une commission du musée est organisée. Elle a pour but de « s’occuper de tout ce qui a rapport à la conservation et à l’enrichissement du musée ». En 1874, le peintre et restaurateur de tableau Pierre-Antoine Verlinde (1801 – 1877) est contacté par la Ville pour la rédaction du catalogue des collections de peinture du musée qui sera publié en 1878. En 1877, Pierre-Antoine fait don à la Ville de son importante collection de dessins ainsi que de trois tableaux. Cette collection de dessins comprend plus de 1500 feuilles, elle est constituée d’environs 700 dessins des écoles nordiques, italienne et française ainsi que d’un fonds d’académies des XVIIIe et XIXe siècles provenant de l’Académie de peinture d’Anvers. En 1884, Edouard Verlinde, neveu de Pierre-Antoine est nommé conservateur du musée. Entre 1888 et 1900, le Baron Alphonse de Rotschild fait don de 12 tableaux pour le musée à la Ville, l’Etat contribue également à l’enrichissement des collections en déposant 13 tableaux et 2 sculptures entre 1865 et 1889. En 1907, de nouveaux travaux d’aménagement sont réalisés à l’Hôtel de Ville afin de présenter les collections dans l’un de ses salons. En 1909, on constate la disparition de huit tableaux, après vérification six tableaux seront retrouvés. Deux ans plus tard, des restaurations sont effectuées sur les collections par le peintre Henry Schelley demeurant à Dunkerque. L’année suivante, une nouvelle commission est nommé pour la bibliothèque et le musée, Jean Chocqueel est nommé conservateur du musée. A la fin du XIXe siècle (nous n’avons à ce jour trouvé aucun document indiquant cette donation), la Ville reçoit en don de Stanislas de Meesemaecker une importante collection d’animaux naturalisés comprenant plusieurs milliers de spécimens. Cette collection ne pouvant être présentée dans la salle du musée, elle est déposée dans une salle aménagée dans le bâtiment annexe du beffroi. En 1915, une partie de ce fonds est détruit mais là encore faute d’archives et d’inventaires, nous ne pouvons évaluer l’entendue des pertes. En 1929, la municipalité envisage d’implanter le musée dans l’ancien Mont-de-Piété de la Ville. En 1939, une partie des collections de peinture est évacué à Rennes, la collection Verlinde demeure en mairie. Durant la guerre, la Ville est durement touchée en 1940 et 1944, les restes de la collection d’animaux naturalisés est détruite, les tableaux non évacués sont endommagés. Une cinquantaine de dessins de la collection Verlinde disparaissent également pendant cette période. Il est a noté que 6 dessins seront retrouvés en Allemagne et réintégreront les collections en 1978 alors qu’un dessin de Domenico Tiepolo sera racheté en 1991. Au sortir du conflit, le musée se réorganise peu à peu, les tableaux sont de retour en 1946 et de nouveau visible en mairie à partir de 1947. En 1949, Thérèse Vergriete succède à Jean Chocqueel. La mairie lui confie comme à ses prédécesseurs la charge des archives, de la bibliothèque et du musée. Le projet de placer le musée dans l’ancien mont-de-piété fait son chemin. Dès 1950, les travaux de réparation du bâtiment sont entrepris. En 1952, un embryon de musée voit le jour alors que la majeure partie des collections sont toujours en mairie. Ce n’est qu’en 1956 que le musée du mont-de-piété est officiellement inauguré. Cette ouverture suscite un grand intérêt localement et de nombreux dons, notamment liés à l’histoire locale, sont effectués (comme nous ne disposons d’aucun inventaire, nous nous basons ici sur des étiquettes trouvées au revers d’œuvres ou à des correspondances notifiant ces dons). En 1963, afin de remplacer la collection Meesemaecker, la Ville fait l’acquisition de deux collections d’histoire naturelle, l’une composée d’oiseaux naturalisés, l’autre d’insectes mais également d’un fonds d’archéologie. En 1964, la section d’histoire naturelle est inaugurée. Une collection de 110 aquarelles de Pierre Drobecq figurant des moulins est offerte au musée en 1971. Monsieur Jean-Claude Guillemin succède à Thérèse Vergriete en 1982. Une importante campagne de restauration est lancée à partir de 1982. A partir des années 90, le musée se fige peu à peu par manque de moyens, il sera même fermé durant deux années, après le départ de Monsieur Guillemin en 2005.
Le musée a été créé en 1953, il a pris place dans l'ancien Mont de Pièté érigé en 1630 par Wenceslas Cobergher. C'est un bel édifice en brique et en pierre dont les pignons sont de style baroque.
Conservateur
De 1953 à 1981 : Thérèse Vergriete
De 1982 à 2002 : Jean Claude Guillemin
Depuis juin 2010 : Patrick Descamps
Les collections
Labellisé Musée de France, le musée conserve une importante collection de peintures et de dessins du XVIe au XIXe siècle, principalement des écoles du Nord ainsi qu’une collection d’histoire naturelle.
La présentation de la collection de peinture est organisée de façon thématique. Au rez-de-chaussée, dans la salle (salle A4) consacrée au portrait est ainsi présenté Le Vielleur au chien de Georges de La Tour, le plus grand tableau conservé de ce peintre magistral, elle y côtoie des œuvres de Peter Soutman, Jan van den Hoeck ou encore Jan de Reyn. Au même niveau, une salle (salle A5) consacrée à l’art religieux permet de découvrir un ensemble significatif d’œuvres de Jan de Reyn, Ghislain Vrolynck, Mathieu Elias ou encore de l’atelier de Jaspar van den Hoeck. Dans cette même salle sont également exposées des pièces d’orfèvrerie provenant du trésor de l’église Saint Martin de Bergues. Au premier étage, la première salle (salle B6) est consacrée à la présentation de douze peintures sur cuivre figurant le martyr des douze Apôtres attribué à Robert van den Hoeck. Cet ensemble est l’un des rares, de cet importance aujourd’hui encore conservé dans un musée. Dans la salle se trouvant à côté (salle B5), la figure de la femme dans l’art est mise à l’honneur à travers des œuvres de Jan Massys et son atelier, Jacob van Loo, Grenier de Saint Martin… Une salle (salle B4) est également dédiée à l’abbaye de saint Winoc. On y trouve notamment un important buste reliquaire, la châsse de saint Winoc ainsi que des éléments de lapidaire. Deux salles (salles B1 et B2) sont dévolues à la nature morte. Elles offrent un panorama complet des différents types de nature morte du bouquet de fleurs à la collation en passant par la vanité. Enfin, une salle (salle B3) propose un choix d’œuvres du XIXe siècle.
La remarquable collection de dessins Verlinde (1801-1877), du nom de son donateur natif de Bergues qui fut assistant-professeur de dessin àl'académie royale de peinture d'Anvers, peintre et surtout restaurateur de tableaux, sera présentée à partir de 2012.
Œuvres présentées
Brume dans les dunes, huile sur toile de Maxime Maufra
Le Joyau
"Le vielleur au chien" du peintre lorrain, Georges de la Tour (1593-1652). Ce peintre n'est connu qu'au travers d'une quarantaine d'œuvres. Celle-ci fait partie de la première période de l'artiste, la période diurne, pendant laquelle il s'intéressa, à contre courant de la peinture de son temps, aux paysans et aux mendiants. L'imposante toile (1,86 m X 1,20 m) représente un mendiant, certainement un ancien militaire, jouant de la vielle guidé par un petit chien. L'homme est structuré comme un grand chêne, il est en marche. La composition, dont la profondeur n'est donné que par l'intersection des deux murs latéraux, renforce le côté pitoyable et à la fois dramatique du musicien.
La présence de ce tableau dans les collections du musée du mont-de-piété de Bergues reste en partie inexpliquée. Le tableau pourrait provenir de la succession de Charles Mus, originaire des Pays-Bas espagnols, créateur et administrateur du mont-de-piété de Nancy en 1631, qui fut lié à La Tour dès cette époque. Georges de La Tour fut, en outre, témoin au mariage de son fils Basil Mus en 1645 et parrain de son petit-fils Georges Mus en 1646. Sa veuve, Hélène de Grassis, qui lui succède dans cette charge fait banqueroute en 1645 et, selon les archives, s’enfuit avec ses biens en Flandres. Une partie des dettes ayant été contracté auprès du mont-de-piété de Bergues, le tableau a-t-il pu servir de contrepartie ? Puis être vendu ensuite aux enchères par l’établissement de prêt ? Avant d’arriver, par des voies que nous ignorons, dans la collection des abbés de saint Winoc d’où il fut prélevé à la Révolution ? Jean-Baptiste Descamps dans son Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant relate l’existence dans cette abbaye, outre de grandes peintures religieuses, de tableaux de cabinet, majoritairement d’origine flamande et hollandaise, dispersés dans les différents appartements. Cette hypothèse, aussi séduisante soit-elle, fera l’objet de prochaines recherches. Ce n’est donc que le 3 février 1791 que le tableau est mentionné pour la première fois dans la ville de Bergues-Saint Winoc dans les États et Notices des monumens et peintures, sculpture et gravure provenant du mobilier de l’Abbaye de Saint-Winoc à Bergues. Ce document est établi par Joseph Delorge, peintre et directeur de l’école de dessin de Bergues qui s’est vu confié la charge de ce dépôt artistique, à la demande des administrateurs du district de Bergues. Le tableau, portant le numéro 77, est mentionné ainsi : « Un pauvre jouant de la vielle, orig[nal] de Carrache urbain, sur toile, hauteur : 5 pieds, 6 pouces, largeur : 3 pieds, 6 pouces. » Le tableau est alors conservé dans la bibliothèque de l’abbaye où l’ensemble des œuvres a été rassemblé. Pour des raisons de conservation la totalité du dépôt est transféré, entre le 3 décembre 1792 et le 5 janvier 1793, dans l’ancien collège des Jésuites de la ville. Une nouvelle liste dressé par Delorge en 1795, confirme les informations du premier inventaire mais précise : « 400 [livres] prix marchand, 1000 prix amateur. » En 1800, le tableau est déposé, à l’instigation du sous-préfet Louis Schadet, en compagnie de 38 autres dans la sous-préfecture « pour ornement de la salle d’audience et pièces attenantes. ». La sous-préfecture est alors installée dans les locaux de l’Hôtel de Ville. Dans la liste établie à l’occasion de ce transfert, le tableau est, sous le numéro 12, décrit comme tel : « Aveugle jouant de la vielle, mené par son chien » et attribué à « michel ange » [pour Caravage]. En 1816, le vielleur est cité sans attribution mais comme un original dans le Catalogue des tableaux existant d’ancienne date à l’hôtel de la Mairie de la ville de Bergues. Il porte le numéro 18 et est décrit comme « Un mendiant de grandeur naturelle, 1,95 par 1.30». En 1842, 90 tableaux dont le Vielleur sont confiés à Fabien-Napoléon Léoni, peintre demeurant à Dunkerque, pour être restaurés. Le coût de sa restauration est de 250 francs, somme relativement importante, qui laisse supposer que le tableau était assez dégradé, il sera d’ailleurs doublé à cette occasion. Vers 1846, le tableau est exposé dans une galerie consacré à cet effet dans l’Hôtel de Ville. Une liste manuscrite, probablement réalisé par un des membres de la commission du musée, attribue le Vielleur à Zurbarán. En 1871, il est transféré dans le nouvel Hôtel de Ville où une pièce est aménagée pour accueillir le musée. Dans le Catalogue des tableaux exposés dans la galerie du musée de Bergues réalisé par le peintre et restaurateur Pierre-Antoine Verlinde (1801 – 1877), le Mendiant jouant de la vielle porte le numéro 97 et est attribué désormais à José de Ribera. Il est décrit de la façon suivante : « Un vieillard aveugle, couvert de vêtement et d’un manteau en haillons, chante en s’accompagnant d’une vielle. Le chien qui le conduit par une corde est couché à ses pieds. » Remarqué par le restaurateur Pierre Landry en 1925 qui le premier évoque à son propos le nom de Georges de La Tour, le tableau est retenu en février 1935 par Charles Sterling pour figurer comme une œuvre de l’atelier de Georges de La Tour à l’exposition des « Peintres de la réalité » qui a débuté au musée de l’Orangerie en novembre 1934. Nettoyé à cette occasion, le tableau reste à Paris afin d’être restauré complètement. L’opération dure quatorze mois et est effectué gracieusement par Pierre Landry. A la fin de l’opération, en juin 1936, le tableau est exposé quelque temps dans la salle des nouvelles acquisitions du musée du Louvre. En 1958, le Vielleur au chien est placé aux côtés des originaux de La Tour par Michel Laclotte à l’occasion de l’exposition des Chefs d’œuvres du XVIIe siècle français dans les musées de province au Petit Palais à Paris. Depuis lors, il a été présenté dans toutes les grandes expositions consacré au peintre Lorrain.
Expositions temporaires
19 et 20 mars 2011 A l’occasion du printemps des poètes et du don d’ouvrages réalisé par l’association des amis du musée, le musée du Mont de Piété organise les 19 et 20 mars une exposition consacrée à Emmanuel Looten et ses peintres. De nombreux ouvrages illustrés notamment par Karel Appel, Lucio Fontana, Georges Mathieu, Asseto ou Van Ecke ainsi que des manuscrits originaux et autres documents seront présentés à cette occasion. Le samedi 19 à 18 h 30 une conférence sur Emmanuel Looten par Philippe Looten aura lieu au Salon doré à l’Hôtel de Ville. Le dimanche 20 à 16 h 30, une lecture musicale de Terre de treize ciels sera donnée par Thierry Moral (voix) Christian Vasseur (guitare).
« Il s’agit d’un poète de sang. Pour E. Looten la poésie n’est pas un jeu, c’est un drame, c’est une raison d’exister, c’est un impératif ancestral, c’est une vision de l’univers, c’est la formule qui métamorphose le pauvre homme en archétype. » Michel de Ghelderode
Emmanuel Looten est né à Bergues le 6 novembre 1908. Il grandit dans un univers propice aux lettres avec comme oncle le chanoine Camille Looten, professeur aux facultés catholiques de Lille et comme cousin, l’historien et essayiste, Paul Hazard. Il est très jeune un lecteur assidu et compose dès les années 20 ses premiers poèmes. C’est également un sportif émérite, une force de la nature, pratiquant le rugby, l’athlétisme… Après être passé par le collège Saint Winoc de Bergues, il poursuit ses études secondaires au collège Stanislas à Paris puis obtient une licence de lettres à l’Université Catholique de Lille. Son cursus achevé, il intègre l’entreprise familiale. L’écriture restera pour lui un second métier, un métier de nuit, entre l’entreprise familiale et une vie sociale riche. Esprit aventureux et passionné de vitesse, il passera son brevet de pilote en 1936. Il s’illustrera d’ailleurs comme aviateur durant la guerre, recevant pour son courage et son sang-froid la Croix de guerre. En 1939, il publie, à ses propres frais, son premier recueil de poèmes À Cloche-rêve. Il fait alors appel au graveur P.A Bouroux et entame ainsi une longue série de collaborations avec des artistes. De 1942 à 1946 suivront cinq nouveaux recueils dont Sur ma rive de chair précédé d’une épigraphe de Paul Valéry et illustré par Eekman. Ces poèmes, s’ils laissent poindre la tension extrême qui jaillira dans ses œuvres ultérieures, obéissent encore aux conventions de la grammaire et de la prosodie. Ce « bourbeux départ » comme il le qualifiait lui-même est plus explicatif qu’éruptif.
Chaos (1947) marque une étape décisive, Looten commence à parler en Looten ainsi qu’il l’indiquera ultérieurement à un journaliste. La structure de la phrase est attaquée, les repères verbaux s’estompent, archaïsmes, termes rares puis néologismes et mots étrangers s’enchainent. Comme le note fort justement Pierre Dhainaut : « Les mots se regroupent avant tout selon leurs affinités phonétiques, allitérations, ressemblances et dissonances. Looten les choisit comme les peintres et les musiciens avec lesquels il collabora, couleurs et sons, il est sensible à leurs singularités physiques, et les significations résultent de leurs chocs, de leurs ondes. Il exige la voix, la manifestation orale. » Vers 1948, il rencontre à Paris, où désormais il va résider le temps des week-ends, Michel Tapié de Celeyran (1909 – 1987), peintre et surtout promoteur de l’art informel en France. Tapié saisit parfaitement la puissance créatrice de Looten et établit clairement des analogies entre ses conceptions esthétiques et celles du poète. Looten va alors être introduit par Tapié dans le milieu de l’art informel et de l’abstraction lyrique qui gravite autour de la galerie Paul Fachetti. De Appel, à Mathieu en passant par Serpan, Fautrier, Domoto ou encore Lucio Fontana, Emmanuel Looten va multiplier les projets avec les artistes. Ces collaborations peuvent prendre des formes variées, il peut s’agir de poèmes-objets comme La Complainte sauvage (1950) avec Mathieu, Kermesse pourpre avec Tapié (1954) ou Haine (1954), Cogne-ciel (1955) et Rhapsodie de ma nuit (1958) avec Karel Appel, où de simples illustrations comme pour Flandre (1960) avec une couverture de Fautrier, Antéité anti-pan (1961) avec une couverture de Serpan ou Vers le point oméga (1963) avec une couverture de Lucio Fontana. Emmanuel Looten aime également à accompagner avec un texte les cartons d’invitation d’expositions de ses amis comme pour Appel, Hasegawa ou Paul Jenkins. Parfois, enfin, sa poésie inspire des créateurs, comme Jean Lurçat (1947) et Michel Degand (1971) qui réaliseront des tapisseries. En dépit de cette vie parisienne trépidante et d’une réputation qui dépasse de loin le cadre hexagonal, Emmanuel Looten n’en néglige pas pour autant sa Flandre et développe également avec des artistes plus locaux, comme Arthur Van Hecke ou André Dourdin, de fructueuses collaborations qui déboucheront, notamment, avec Van Hecke et Dourdin sur les très réussis Hepta (1962) et Terre de 13 ciels (1965). Emmanuel Looten s’installe pour raison de santé à Golfe-Juan en 1973, avant de revenir sur sa chère terre de Flandre pour s’y éteindre l’année suivante.
A partir du 5 mai : Beffroi, mon beffroi
A l’occasion du cinquantième anniversaire de la reconstruction du beffroi de Bergues, le musée du Mont de Piété consacre à cet emblématique monument une exposition temporaire retraçant son histoire mouvementée. Désormais plus jeune beffroi inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, ce nouveau bâtiment perpétue une aventure de plus de 600 ans. Documents d’archives, peintures, photographies et dessins présenteront un panorama complet de son histoire.
I/ Historique du beffroi de Bergues
On ne connaît pas la date exacte de la construction du Beffroi de Bergues. Depuis le XIXe siècle, les historiens divergent à ce sujet La première mention dont nous disposons, conservée dans les Archives de la Ville, date de 1389. Elle concerne la fonte d’une nouvelle cloche communale ou bancloque. Ce qui impliquerait une date de création antérieure. Au beffroi, tel qu’il fut connu jusqu’à sa destruction, pourrait ainsi avoir préexisté soit une simple structure en bois sur laquelle pouvait se tenir un guetteur soit une tour communale élevée sur une porte d’enceinte de la cité primitive. L’historien local Charles De Croocq mentionne un manuscrit provenant de l’abbaye de Saint Winoc indiquant une date de construction en 1112. Il aurait été détruit en 1383 lors de la prise de la Ville par les armées de Charles VI. Le nouveau Beffroi aurait été rebâti sur le même emplacement. L’hypothèse émise par Alexandre de Saint Léger, évoque une construction pouvant remontée à un « XIVe siècle avancé » ou au début du siècle suivant, dans sa partie inférieure. La partie médiane serait également du XVe siècle, les tourelles dateraient du XVIe siècle et le sommet, couronnement octogonal et balustrade, aurait été construit vers 1627. A partir du XVIe siècle, on trouve régulièrement mentions dans les comptes de la Ville d’interventions sur le beffroi. Ainsi en 1500, on aménage une loge couverte en ardoises pour le guetteur et on fixe deux ancres dans la muraille, ou encore en 1544, on installe dix cloches fondues à Bruges, destinées à l’annonce de l’heure. En 1547, les comptes de la Ville mentionnent quatre musiciens et gardes veillant la nuit en haut du beffroi et jouant les dimanches et fêtes. Ils perçoivent chacun une pension de 36 livres par an ainsi qu’un fagot par nuit en hiver. Le 4 juillet 1558, les troupes françaises sous la conduite du Maréchal de Thermes assiègent Bergues et la pillent. Le Beffroi n’est pas détruit mais il n’en fut pas moins endommagé. La partie supérieure où se trouve suspendu la cloche du Ban est détruite ainsi que certaines structures en bois des parties intermédiaires tout comme l’horloge. En janvier 1559, la ville passe commande à Jean Eenwoud de Bruges d’une nouvelle horloge avec carillon. La Banclocke endommagée est détruite afin d’en fondre une nouvelle. Dès 1560, le Beffroi est de nouveau en fonction comme l’atteste en novembre de cette année la nomination de deux guetteurs de nuit. Au XVIIe siècle, les édiles berguoises vont faire réaliser sur le beffroi d’importantes modifications qui lui donneront sa forme définitive. Vers le milieu des années 1620, on édifia un campanile * octogonale ainsi qu’une coupole à lucarnes couverte en ardoise. On posa ensuite sur l’ensemble le
bulbe de plomb et Jean Van Royen, maître ferblantier, martela le lion qui fut ensuite hissé sur sa tige. Le carillon passa de 11 à 25 cloches. Elles furent fondues par Jean Blampain de Saint-Omer qui réalisa également une nouvelle horloge qui fonctionnait encore en 1940.
Le beffroi, tel que l’ont connu les berguois et les visiteurs de passage jusqu’au début de la seconde guerre mondiale, était né. Ce bâtiment de briques mesurait 50 mètres de haut pour une largeur 7 mètres 50 sur l’ensemble de ses côtés. Il s’appuyait sur l’ancien maison de Ville et présentait sa façade principale du côté de la grand’place. A une date indéterminée, on construisit au pied du beffroi une galerie à colonnes. En 1840, le beffroi est classé Monument Historique, ce qui assure sa survie car le bâtiment est affaibli. Il fera alors l’objet régulièrement de travaux de consolidation et d’entretien. Jusqu’en mai 1940, le beffroi se dressa au cœur de la ville. Le 31 mai, une bombe incendiaire le toucha, causant d’importants dégâts, détruisant le campanile, la toiture mais aussi la Bancloke et le Bourdon. Des architectes dépêchés par les Beaux-Arts estimèrent que l’ouvrage pouvait être réparé mais en septembre 1944, les troupes allemandes, dans leur fuite, dynamitèrent l’édifice, le laissant à l’état de ruine. En 1956, la reconstruction du Beffroi est envisagée. Deux années plus tard, les adjudications sont faites et les travaux peuvent commencer. Le beffroi est reconstruit avec la même silhouette mais un décor simplifié, entre mai 1958 et juillet 1961, sur les plans de l'architecte Paul Gelis. Le Beffroi est inscrit à l’inventaire en 2004 puis fait l’objet en 2005, en compagnie de 22 autres beffrois du Nord, de Picardie et de Belgique d’une inscription au patrimoine mondiale de l’UNESCO. En 2008, en devenant l’un des acteurs majeures du film de Dany Boon Bienvenue chez les Ch'tis le beffroi de Bergues bénéficie d’une notoriété internationale.
II/ Descriptif de l’exposition
L’exposition sera présentée du 5 mai au 30 septembre dans trois salles se trouvant au rez-de-chaussée du musée. Salle I : Historique général des beffrois (panneaux didactiques + films) Styles architecturaux (panneau didactique) Cloches et carillons (panneau didactique) Horloges (panneau didactique)
L’ancien Beffroi de Bergues (panneau didactique, documents d’archives, photographies, gravures, ouvrages)
Salle II L’ancien Beffroi de Bergues (documents d’archives, photographies, gravures, ouvrages) Destruction du Beffroi (photographies, documents d’archives) Reconstruction du Beffroi (photographies, documents d’archives)
Salle III Reconstruction du Beffroi (photographies, documents d’archives) Inauguration du Beffroi (photographie, documents d’archives) Le Beffroi emblème d’une identité (photographies, affiches, objets)
Liens externes
Catégories :- Musée du Nord
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