Mouvement Démocratique De La Rénovation Malgache

Mouvement Démocratique De La Rénovation Malgache

Mouvement démocratique de la rénovation malgache

Le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) fut une organisation politique instituée officiellement à Paris le 22 février 1946 en vue de préparer l'accession de la colonie de Madagascar à l'autonomie et ensuite, l'indépendance. Son président était le député Joseph Raseta et ses deux secrétaires généraux Raymond-William Rabemananjara et Jacques Rabemananjara. Ce dernier appartenait à l'ethnie betsimisaraka, tandis que les deux autres étaient merina. Son autre grand leader, le député Joseph Ravoahangy-Andrianavalona était également merina, ainsi que le Dr Joseph Rakotonirainy qui assura la direction du mouvement à Madagascar. Aussitôt, le MDRM devient le principal mouvement politique de la colonie, s'imposant dans toutes les élections locales. Bien que sa direction était ostensiblement merina, il recrutait ses militants dans de nombreuses régions côtières, en particulier dans la partie orientale et méridionale de l'île. Officiellement, ses revendications se limitaient encore à l'obtention d'une large autonomie de Madagascar au sein de l'Union française mais il ne faisait pas pour autant mystère de son véritable objectif qui était la restauration de l'indépendance de l'île. Les autorités coloniales entreprirent donc de le neutraliser par tous les moyens, en commençant par lui opposer un concurrent indigène, à travers le PADESM (Parti des Deshérités de Madagascar), regroupant des Mainty et des Tanindrana, qui était, lui, résolument hostile à toute perspective d'indépendance. Mais la manœuvre ne réussit pas à réduire la popularité du MDRM. C'est alors qu'éclata la tentative d'insurrection du 29 mars 1947 que l'on s'accorde maintenant à attribuer à des groupes nationalistes en marge du MDRM comme le PANAMA (Parti National Malgache) et le Jina, plus ou moins manipulés par les services secrets français. Aussitôt, les autorités coloniales accusèrent le MDRM d'en être le principal responsable et interdit le mouvement après avoir arrêté tous ses leaders, y compris les députés en poste en France. Plusieurs de ces derniers furent ensuite condamnés à mort ou subirent de longues peines d'emprisonnement. Cette défaîte du MDRM eut pour conséquence de briser pour longtemps le mouvement nationaliste malgache et sonna en même temps le déclin politique merina à Madagascar. Ce fut donc avec les anciens membres du PADESM comme Philibert Tsiranana que les Français préparèrent ensuite l'accession de Madagascar à l'indépendance à partir de la loi-cadre de 1956.

Etant jeune historien malgache qui a consacré un certain nombre d'années sur l'étude du MDRM, permettez-moi de vous poster une brève étude de celui-ci qui corrige bien des choses que notre aimable ami a écrit ci-dessus.

LE M.D.R.M: LE TRIOMPHE DU NATIONALISME INTRANSIGEANT

Le 11 février 1946, à Paris, naît un parti qui marquera lhistoire politique contemporaine malgache de son emprunt : le M.D.R.M.. En effet, jamais dans lévolution politique de Madagascar, une structure na pesé aussi lourd que cette formation. Grâce à ses centaines de milliers de membres, le mouvement de rénovation a bouleversé le paysage politique du pays de laprès-guerre. Jamais, dans la vision des Malgaches, lindépendance na été aussi proche que pendant cette période de liberté euphorique qui règne après la Seconde Guerre mondiale. De tels succès sexpliquent largement par lorigine du parti.

Sommaire

La formation du mouvement

Au lendemain de la guerre de 1939-1945, la France ressent le besoin de changer sa politique coloniale. Désormais, les colonisés sont appelés à participer à la gestion des affaires intérieures de leurs propres pays. Cest dans cette optique que Madagascar a pu bénéficier de deux sièges de député à la première Constituante. Ainsi, des élections sont organisées en novembre 1945. Ravoahangy et Raseta sont élus sous létiquette de « restauration de lIndépendance de Madagascar ». Au début du mois de décembre 1945, les voilà à Paris prêts à accomplir la mission que les Malgaches leur confié : la revendication de lindépendance.

Une naissance en plusieurs étapes

Héritier des structures nationalistes de la première moitié du XXe, le M.D.R.M. voit le jour en France avant dêtre implanté à Madagascar.

Paris : lieu de naissance

Dès leur arrivée, les deux députés sollicitent laide de la diaspora malgache. Ainsi est le Comité Franco-malgache, dont la mission consiste à conseiller les parlementaires malgaches dans leurs actions : les aider dans leurs contacts avec les forces politiques français (partis, syndicats, institutions gouvernementales…), soccuper de leur secrétariat (rédaction de leurs discours…), sensibiliser le public métropolitain aux problèmes et aux situations des malgachesDailleurs, une délégation malgache, formée des deux parlementaires et de quelques Malgaches établis en France, est créée afin de mieux appuyer la mission des élus. Mais cette dernière savère difficile. En effet, les démarches entreprises par les députés auprès des autorités métropolitaines échouent : les portes des Ministères leur sont fermées, la quasi-totalité des partis politiques français refusent de les aider. Ainsi, le besoin dun appui populaire commence à se faire sentir dautant plus que les forces politiques métropolitaines pensent que les revendications nationalistes malgaches ne sont que celles des minorités « hova », d lémergence, dès la fin de lannée 1945, de lidée de créer un parti de masse. Et cest le 11 février 1946 que le M.D.R.M. est fondé légalement dans la capitale française (il sagit également dun subterfuge car la loi de 1901 sur les associations nest pas encore promulguée à Madagascar).

De Paris à Madagascar

Limplantation du M.D.R.M. dans la Grande Ile sest effectuée en plusieurs étapes. Elle commence au moment de la formation des comités électoraux qui ont soutenu Joseph Ravoahangy et Joseph Raseta et qui se sont éparpillés un peu partout et dont les membres sont souvent des nationalistes locaux très actifs.

Au niveau national existe le Comité présidé par le docteur J. Rakotonirainy et comprend des personnalités qui sont des vieux-loups du mouvement démancipation malgache (Randriambololona, Ranaivo Paul, Ranaivo Jules…) qui ont fait leur école dans les structures nationalistes tels que la V.V.S., le S.R.I. ou autre P.C.R.M.. Après les élections et étant donné la victoire de ses deux candidats, le Comité cherche le moyen de mieux soutenir ces derniers et leurs actions par des propagandes actives et des envois de fonds à Paris. Ainsi, il décide de créer les syndicats des auteurs et de la presse libre dont les actions sont destinées à faire une campagne de propagande en faveur de lindépendance. Ils essayent également dassurer léducation politique des Malgaches afin de les rendre plus sensibles à la notion dautodétermination et aux programmes de deux parlementaires. Face aux succès de ces syndicats et consciente de leurs véritables objectifs, ladministration coloniale décide de réagir en les interdisant et en condamnant leurs principaux responsables à des peines damende (mai 1946). Dépourvus de structure de lutte, les partisans des députés voient dans la création du M.D.R.M. la solution idéale et inespérée pour combattre loppression coloniale.

Ainsi, lancien Comité électoral de deux élus reçoit en avril 1946 le mandat des créateurs de M.D.R.M. de limplanter, dabord à Tananarive, en vue des élections de 1946. Et le 18 juin 1946, le parti simplante officiellement et légalement à Madagascar. Parti de Tananarive, le mouvement de formation des sections, de sous-sections et des cellules gagne rapidement les autres régions de la Grande Ile. En fait, on doit cette rapidité aux actions des syndicats de presse, à la transformation des anciens comités électoraux en sections, sans oublier les apports des coopératives nationalistes dont la création est à mettre à l'actif du S.R.I. et du P.C.R.M..

Le M.D.R.M. et lhéritage des mouvements nationalistes de lavant-guerre

Analyser la naissance du M.D.R.M., cest examiner les legs que les structures nationalistes de la première moitié du XXe lui ont laissés. Ainsi, le parti a hérité de cette conception nationale (Madagascar forme ainsi une seule nation) chère à la V.V.S. et que le S.R.I. et le P.C.R.M. ont prôné. Dailleurs, cest grâce à ces derniers si le nationalisme malgache a cette teinte communiste dès les années 1930. Mais, il ne faut pas oublier les apports des actions entreprises par Jean Ralaimongo, dabord dans le nord de lîle, en particulier cette lutte pratique et directe dans la mesure il a pu orienter sa lutte contre la colonisation vers un terrain daction sociale beaucoup plus populaire : celui de la lutte contre linjustice et les abus de la colonisation comme la spoliation des terres appartenant aux paysans.

A part cette lutte concrète sur le terrain social, le M.D.R.M. a également hérité de cette forme de lutte plus centrée sur le débat idéologique orchestré par une presse débordante dactivités et dont linfluence sétend même dans les campagnes malgaches, en particulier grâce à la lecture collective des journaux nationalistes. Publiés à Tananarive, capitale du nationalisme dès la fin des années 1920, ces journaux jouent plus que jamais leur rôle de principal instrument de lutte du mouvement démancipation. En effet, les structures comme le S.R.I. ou le P.C.R.M. sont plus exposés aux risques de la répression infligée par ladministration coloniale. Mais si elles disparaissent juste avant la guerre de 1939, elles laissent au M.D.R.M. une culture politique qui va des modes dactions comme la clandestinité aux modes dexpression comme les élections, ainsi que des cadres quelles ont formé et qui animeront le parti, sans oublier les vastes systèmes de réseaux quelles ont mis en place et structureront le M.D.R.M. (coopératives, réseaux de militance, syndicats…).

Enfin pour terminer sur les origines de ce grand parti, on doit démontrer quil est le fils de son temps et reflète les idées et les courants de pensée de son époque en se nourrissant et en sinspirant de leurs contenus (influence des événements consécutifs à la guerre, à la décolonisation, à la Guerre froide…). Sa naissance ne peut être également dissociée de cette volonté de la France républicaine de réformer sa politique coloniale dans le sens dune participation des colonisés à la gestion de leurs propres affaires internes, symbolisée par la Conférence de Brazzaville. Ainsi, le M.D.R.M. se veut être une structure qui permet aux Malgaches justement de participer à ladministration de Madagascar grâce aux réformes structurelles entreprises par la France (notamment la mise en place des Assemblées locales). Ce dernier constat implique que lorigine du parti est largement associée à la conjoncture politique libérale de laprès-guerre et en particulier à cette prise de conscience de la plupart des Malgaches du fait que la colonisation et ses différentes formes oppressives ont trop duré et que la liberté et lindépendance sont les seules solutions à leurs problèmes et à leurs souffrances. Ce que le M.D.R.M. va propager dans sa campagne de propagande.

Lindépendance : objectif ultime

Par essence, un parti politique est un médiateur entre les aspirations du peuple et le pouvoir central. En effet, il doit être le porte-parole de la population ou une partie de celle-ci et également un instrument qui permet à cette dernière dorienter la politique de lEtat dans le sens quelle veut. Ainsi, le M.D.R.M. déclare quun parti permet justement de « connaître le penchant de la populationde [son] désir le plus ardent dans son cœur » . Et cest dans cette optique quil pense être le moyen dexpression et daction dans la main des Malgaches dans leur quête de liberté et dindépendance .

Madagascar : Etat libre au sein de lUnion Française

Longtemps assimilationnistes, les nationalistes malgaches sont, dans leur majorité, indépendantistes au lendemain de la guerre. Les élections de novembre 1945 le démontrent clairement. Dailleurs, cest à cette époque quil faut chercher lorigine directe de la politique du M.D.R.M. concernant le statut de Madagascar. Dans ce cas, il faut analyser le programme qui a permis à Ravoahangy et à Raseta, fondateurs du parti, de se faire élire.

La restauration de lindépendance

Malgré la popularité du pasteur Ravelojaona, premier Malgache élu, son adversaire, le docteur Ravoahangy, est plébiscité. Une victoire quil doit à son programme qui revendique lindépendance de lîle. Dès cette époque, le Comité de deux candidats propage déjà les idées qui justifient cette revendication et que le M.D.R.M. véhiculera en les adoptant comme siennes : recours à limage du passé précolonial malgache, à la tradition française (entre autres les Principes de 1789), au « vœux international » exprimé par les grandes Déclarations internationales ; discours sur les cinquante années dévolution sous « léducation française » déjà réalisée ; la nécessité de lunité des Malgaches ; le caractère sacré du Tanindrazana (patrie)… En même temps, on dénonce les méfaits de la colonisation et ses abus. Le succès de Ravoahangy et son collègue Raseta renforce le camp indépendantiste ; à aucun moment, lautodétermination nest jamais aussi proche, du moins dans la conscience populaire.

Le M.D.R.M. et la question dindépendance

A sa création en 1946, le mouvement de la rénovation est conçu pour trois buts essentielsdans le court terme: le retour à lindépendance et à la souveraineté de Madagascar, la réforme sociale et économique, et enfin létablissement dune politique de coopération avec la France. Parmi ce trio, le premier est le plus important, même sil est désigné sous une expression plus atténuée mais combien évocatrice de « restauration de l’ « Etat malgache indépendant » dans le cadre de lUnion Française ». On note ici lune des caractéristiques du parti : le respect du cadre légal de la IVe République française dont la Constitution stipule que « la France forme avec les peuples doutre-mer une union fondée sur légalité des droits et des devoirsécartant tout système de colonisation fondée sur larbitraire… ». Ainsi, le statut dEtat libre au sein de lensemble institutionnel français est lobjectif officiel du parti. La proposition de loi de deux députés à la première Constituante en 1946 le montre clairement. Mais, il semble que les parlementaires malgaches changent de programme entre la période qui va de novembre 1945 à la naissance du M.D.R.M. en février 1946. Des explications simposent alors. On peut en citer deux.

La première vient du fait que les députés se sont heurtés à lopposition dune grande partie des forces politiques françaises dans leurs actions. Ils comprennent alors que dans le système politique français, ce sont les rapports de force politique qui comptent ; cest pourquoi, ils commencent par créer une structure qui peut les créer: avec laide de la diaspora malgache de France, ils initient le M.D.R.M. ; puis, ils recentrent la revendication des nationalistes malgaches, du moins celles de leurs partisans. Sinspirant des accords préliminaires de Hanoi ( par lesquels la France reconnaît la République de Viêt-nam proclamée en septembre 1945 comme un Etat libre), ils choisissent loption « Etat libre au sein de lUnion Française ». En fait, cette dernière nest quun consensus entre la volonté des Malgaches davoir leur indépendance qu' ils sont censés chercher à Paris et la politique conservatrice de la majorité des Français et des représentants des autorités métropolitaines à Madagascar ainsi que des colons plus que jamais attachés à leurs privilèges acquis. Ils auraient pensé que la modération de leur proposition, sans blesser lamour-propre de ses électeurs, aurait attiré vers eux la sympathie et laide de la majorité des forces politiques françaises qui leur sont hostiles (mais, ils ont déchanter car seul le parti radical-socialiste de Herriot se déclare favorable à leur cause tout en posant des conditions, notamment la sauvegarde des intérêts français à Madagascar) .

Ainsi, pour la presse proche du M.D.R.M., cette option est une politique qui se veut réaliste, « dans le domaine du réalisable » argumente Ny Kintanny Maraina . Ladministration elle-même est de même avis selon un rapport de la Direction des Affaires Politiques : « Ravoahangy est parti en France lan dernier avec une idée fixe que lexercice du mandat législatif et le contact des réalités semblent lavoir entamé » .

Face aux critiques, les députés et leurs partisans se défendent et rejettent lépithète « traîtres ». Dailleurs, pour eux et le M.D.R.M., lUnion Française nest quune étape vers lindépendance intégrale . Ravoahangy laffirme bien lors de ses conférences tenues pendant sa tournée en août 1946 pour promouvoir la reprise du travail. En fait, il profite des moyens mis à sa disposition par ladministration coloniale pour éclaircir la politique de son parti et renouer la confiance avec le peuple.

La seconde explication de ce « revirement » est dordre technique. Elle repose sur la loi dannexion du 6 août 1896, longtemps la bête noire des nationalistes. Ainsi, labrogation de cette loi est, pendant des années, une de leurs principales revendications. Lors de sa conférence qui sest tenue au stade dAntanimena, le 10 mai 1946, Ravoahangy déclare « quil a présenté au gouvernement français un mémorandum relatant les relations entre la France et Madagascar entre 1863 et 1895 et dans lequel il a également demandé labrogation de cette loi dannexion et linstitution dun « Etat libre au sein de lUnion Française » conformément à larticle 41 de la nouvelle Constitution » car il ne peut y avoir une union librement consentie entre maître et valet. Il faut donc auparavant que nous soyons libres . De même, lors des événements du 19 mai 1946, le M.D.R.M. confie à Jules Ranaivo la confection des banderoles censées apporter au Haut-commissaire les revendications des Malgaches. Lune delles a comme message : « A bas la loi dannexion du 6 août 1896 ». Raseta lui-même déclare à la tribune de lAssemblée Nationale française le 6 août 1947 que la France na pas respecté le traité de Protectorat du 1 octobre 1895 en proclamant unilatéralement lannexion de Madagascar. Ainsi, pour le M.D.R.M. et ses leaders, ce nest quune loi injuste et non légitime, alors quelle tient lîle sous le joug colonial dans la mesure elle légalise létablissement et le maintien de la situation de la Grande Ile comme une colonie. Cette loi disparue, tout serait possible pour le futur statut de Madagascar y compris lindépendance intégrale.

Cette loi abrogée, la colonisation le serait automatiquement et légalement. Ainsi, les députés et leurs partisans se soucient peu de dénominations : Etat libre ou indépendance, peu importe, cest plus ou moins la même chose, on entre dans le premier (Etat libre) pour aboutir dans le second (indépendance intégrale) car laccès à ces deux statuts nécessite une seule condition principale : labrogation de la loi du 6 août 1896. Le journal "Mongo" lécrit sans ambiguïté quand il rappelle lobjectif du M.D.R.M: « revendiquer le retour de lindépendance de Madagascar, la jouissance pour les Malgaches des droits en tant que nation mais tout en restant reliés comme des frères avec la France, et cela, tout comme la France est reliée avec les autres Nations du monde » . Ici, lemploi du terme « restauration » est à ce point explicite : le M.D.R.M. veut le retour de lindépendance dune « Etat malgache » précolonial qui avait une relation avec les grandes puissances de son époque dans le cadre dun Etat à un autre (Ravoahangy parle dun « cadre supérieur », tandis que Rabemananjara écrit que « cest dans lindépendance ainsi admise de part et dautre que se trouvent pleinement réalisées entre les deux nations les conditions de légalité des droits » , pour sa par Raseta insiste sur le mot « indépendance » au lieu d’ « Etat libre » dans son discours à lAssemblée Nationale, le 6 mai 1947 au moment à Madagascar linsurrection fait rage : « le mot indépendance choque horriblement quelques oreilles, mais il est français et nous le maintenons » .

Pour mieux légitimer sa revendication de lindépendance, le M.D.R.M. réclame la reconnaissance de lexistence dune personnalité malgache et proclame comme objectif sa rénovation dans la mesure le Malgache est longtemps dévalorisé par les Français. Ainsi, ladministration coloniale a pris des mesures, quoique légales, mais qui sont très dévalorisantes dont lindigénatqui place lindigène dans une situation dinfériorité par rapport aux autresles travaux forcés, les réquisitions

Afin dy remédier, le parti réclame laffirmation et lépanouissement de la personnalité malgache. Aidé par une presse très active, il se lance dans une politique de « relèvement » du Malgache et de sa personnalité. Lapologue des us et coutumes malgaches en est un exemple. On exhorte les Malgaches à être fiers deux et de saisir « la supériorité de ce quon appelle des « Malgaches » . Evidemment, cette promotion du « label » malgache nest peut être pas à dissocier, selon le M.D.R.M., dun développement socio-économique . Ainsi, le parti prévoit déjà quelques programmes dans ce sens même sil réserve lessentiel au moment il aura une marge de manœuvre beaucoup plus large, cest-à-dire quand lindépendance sera acquise.

Madagascar indépendant

Le parti a des idées assez vagues et confuses quant à ses futurs projets de société concernant la Grande Ile au moment de son accession à lindépendance. Ses dirigeants affirment que la question nest pas encore à lordre du jour, seule lacquisition de lindépendance les préoccupe . Une telle attitude sexplique, sans doute, par leur volonté de ne pas inquiéter les autorités coloniales qui peuvent répliquer à tout moment. Mais en analysant les discours du parti et les programmes de ses candidats aux diverses élections, on peut entrevoir, en filigrane, certaines de ses futures actions.

La plus grande certitude se dégage à propos de la forme et le type du futur Etat. Il sera une République et na rien avoir avec lancienne monarchie merina du XIXe siècle (le parti parle de restauration de l’ « indépendance » de lancien Etat merina et non pas le retour de ce royaume avec ses structures sociales ou politiques). Ses institutions seront démocratiques dans le sens lattribution des pouvoirs se fait par lintermédiaire des élections libres. Madagascar sera « une » et indivisible et ses habitants ne formeront quune seule et unique nation. Cet Etat malgache sera alors socialiste dans la mesure tous les Malgaches seront égaux et quaucune exploitation des uns par les autres ne sera tolérée. Par ailleurs, le M.D.R.M. voudra fonder une société égalitaire dans laquelle les femmes et les hommes sont égaux et que les premières seront appelées à jouer un rôle dans le développement du futur Etat malgache. Fidèle à cet idéal socialiste, le parti veut aussi abolir toutes formes de stratifications hiérarchiques au sein de la future société surtout celles qui sont nées pendant la période précoloniale, ainsi que toutes différenciations entre campagnes et villes et entre les « côtiers » et les originaires des Hautes-Terres, enfin entre les « nobles » et les descendants desclaves. R.W. Rabemananjara résume le programme en ce terme : « les responsables de la Rénovation malgache [ont pensé quon devrait instaurer]…une nouvelle éducation civique tendant à détruire tout germe de féodalisme et de réaction conservatrice dans la société malgache guidée par la rénovation » .

Dans la gestion du futur Etat malgache, le parti prévoit la participation de tous les Malgaches sans distinction ainsi que ceux qui ont choisis Madagascar comme leur terre dadoption . Ravoahangy va plus loin quand il déclare qu’ « il est indispensable que les deux éléments de la population malgache dorigine et néo-malgache, soient équitablement représentés dans tout gouvernement malgache à constituer » .

En général, les projets socio-économiques du parti sinspirent largement du programme de Raseta lors des élections à la première Constituante : les efforts du futur gouvernement malgache sont axés sur la constitution dune banque malgache, lintensification de lagriculture et de lindustrialisation nationale et de leur réorganisation, la création duniversité et des centres de coopération internationale, une politique démographique nettement nataliste, linstallation de laboratoires et des grandes écoles centrales ainsi que des usines .

Les moyens de revendications

Dans la mesure le M.D.R.M. se veut être un parti légaliste et pacifiste, toutes actions violentes pour arriver à ses fins sont à écarter. Ainsi, le parti adopte une politique de « désobéissance civile » (boycott des produits français…), de propagande intensive pour populariser lidée dindépendance chez les Malgaches, des efforts pour gagner les élections afin de sassurer dun soutien populaire nécessaire. Le M.D.R.M. organise aussi des manifestations comme celle du 19 mai 1946. Il essaie également de mener des actions de persuasion et de négociation avec les autorités et les forces politiques françaises et une campagne de propagande en faveur de la cause nationale auprès de la communauté internationale.

Dans son programme, le parti de la rénovation sest préoccupé des problèmes rencontrés par les Malgaches dans leur vie quotidienne. Mais son objectif ultime reste lacquisition de lindépendance intégrale même si, réaliste devant les difficultés, le parti a opté, mais comme une étape seulement, pour un Etat libre au sein de lUnion Française. Mais une grande partie de ses partisans comme la plupart des Malgaches continue à réclamer une indépendance totale et immédiate. Dailleurs, cest pour cette raison que le M.D.R.M. a pu avoir le succès quil a connu dans sa brève existence.

Une influence et une implantation nationales

De 1946 à sa disparition le 10 mai 1947, le M.D.R.M. a connu un succès considérable grâce à ses atouts quil a su mettre en valeur : appui de ses parlementaires, absence de réaction rapide et sérieuse de la part de ladministration contre lui et qui aurait, certainement, pu empêcher son développementles autorités françaises pensent quil constitue une structure crédible pouvant représenter les Malgaches et jouer le rôle de soupape de sûreté. Mais cette réussite est également à mettre au compte de lhabilité et de la vitalité du parti et de ses militants pendant leur campagne de recrutement et de propagande. Ainsi, en un peu plus dune année dexistence, le M.D.R.M. se renforce, étoffe sa base et affirme ouvertement sa force grandissante qui se traduit par sa forte pénétration au sein de la société et dans tous les domaines (économique, social, culturel…) le faisant ainsi comme étant le phénomène le plus important et le plus agissant du milieu du XXe siècle à Madagascar. Lexemple de la province de Tananarive est une parfaite illustration.

La province de Tananarive : une région à forte implantation nationaliste

Depuis le début de la colonisation, la région des Hautes-Terres et en particulier la province de Tananarive était toujours un bastion du mouvement démancipation. Cette dernière région a bénéficié de la présence des structures comme la V.V.S, le S.R.I et le P.C.R.M. dans sa lutte pour la cause nationale. En outre, elle a la plus forte diffusion de la presse nationaliste. En effet, les journaux autonomistes réussissent à y vendre plus du tiers de leurs exemplaires à cause de la facilité de transport et de la relative liberté de diffusion que lon y rencontre .

Ainsi, au lendemain de la création du M.D.R.M. et de son implantation à Madagascar, de nombreuses sections du parti nationaliste se forment dans la province centrale. A part les puissantes sections de Tananarive-ville ou dAntsirabe, le parti est présent même dans les petites localités. Ainsi, le district de Betafo possède six sections de près de 650 membres, le poste de Faratsiho en a sept, tandis que les cantons dAmbohibary Sambaina, Soanindrariny, Belazao, Vinaninony renferment respectivement sept, cinq, trois et trois sections du M.D.R.M. .

Dans le district dAmbatolampy, une section sest formée le 16 décembre 1946 grâce à trois commerçants qui se sont, dabord, inscrits à Tananarive. Mais le bureau politique central lui confie la mission dorganiser une section dans cette ville dAmbatolampy.

A travers lexemple des ces sections du district dAmbatolampy et leur développement, on peut remarquer lhabilité de la propagande du parti et qui est à lorigine de son expansion rapide dans la province centrale. En fait, lanalyse des contenus ainsi que le fond de propagande du M.D.R.M. permet de constater que le parti utilise différents types de discours tant en milieu rural quurbain.

Propagande en milieu rural

Le discours du parti de la rénovation varie suivant les milieux concernés et les personnes visées. En brousse, il insiste plus sur les exactions, les oppressions et les institutions arbitraires ainsi que le caractère abusif et injuste du système colonial. La solution nest autre que ladhésion au M.D.R.M.. Dans ce premier cas, le parti focalise ses discours sur la réalité quotidienne des paysans, comme lexplique un informateur du chef de district dAmbatolampy : « Dans leurs discours extérieurement de forme plus ou moins pastoraleles fameux conférenciers [du M.D.R.M.] pour pouvoir attirer lattention de leurs simples et naïfs auditeurs commencentà prêcher sur les souffrances apportées depuis longtemps à la population malgache et venant, disent-ils, de lautorité française et de ses agents. Ils répètent mille fois dans le même discours les prétendues mesures de rigueur et poursuites arbitraires faites par les « vazaha », dans le but de brimer, vexer et torturer les indigènes » . Sur ce constat, les mêmes conférenciers poursuivent que « Ravoahangy a obtenu la suppression de lOffice du riz, de la réquisition, du travail forcé et de lindigénat. Vous devez voter pour lui et vous inscrire à son parti pour quil demande et obtienne lindépendance. Quant nous aurons lindépendance, nous gérerons nous-mêmes nos affaires financières, économiques, sociales. Les Français ne nous commanderont plus » .

Le M.D.R.M. utilise et exploite habilement le mécontentement populaire consécutif aux souffrances provoquées par la guerre et leffort de guerre, la pénurie, le marché noir, linflationainsi que leffondrement du pouvoir dachat et la difficulté socio-économique qui contrastent avec la liberté politique fraîchement acquise. Après et grâce à labolition des institutions oppressives tels que lindigénat et le travail forcé, la population ose de plus en plus exprimer son mécontentement et ses revendications. Ces dernières sont généralement axées sur la nécessité dune réforme socio-économique dans le but daméliorer le bien-être de tout un chacun ;lindépendance même nest voulue que parce quelle est vue comme une solution efficace contre ces problèmes socio-économiques qui ont des répercussions sur le quotidien des Malgaches. Ainsi, on peut dire que le succès du parti, surtout dans les campagnes, provient de la conjonction de son programme au besoin immédiat des Malgaches. Tant que le M.D.R.M. réclame des mesures pour alléger le poids des impôts, pour combattre les injustices dont la population est victime, le soutien populaire lui est assuré, dautant plus que bon nombre des Malgaches participent de plus en plus ouvertement à la vie politique de leur pays. Beaucoup nhésitent pas alors à adhérer aux partis politiques et majoritairement au M.D.R.M. car ce dernier a une existence légale et régulière (alors quil combat ladministration contre ses pratiques oppressives). Une situation que la propagande du parti met en avant lors de ses conférences, comme le déclare le secrétaire de la section dAmbatolampy : afin de recruter le plus de membres possible, « nous appuyons sur le texte que notre parti nétait pas clandestin, mais légal et déclaré à Paris et à Tananarive » . Dun coup, la peur et les réserves que la majorité des Malgaches a envers les sujets politiques disparaissent, et leurs inspirations longtemps inavouées sont étalées sur toutes les tribunes et structures existantes. Et le M.D.R.M. nest quune dentre elles, peut-être, la plus importante et la plus organisée, d justement les adhésions massives en sa faveur .

Une autre manifestation de lhabilité du parti est lutilisation de la structure sociale traditionnelle et son recours systématique à des formules ou des institutions dont les poids sociaux sont lourds de signification : le Fihavanana, lentraide, le secours mutuelPour promouvoir une telle stratégie, des différentes sections locales créent des coopératives qui aident les gens à se procurer certains produits de première nécessité. Ces coopératives assurent aussi des revenus réguliers aux paysans en achetant leurs produits à un prix raisonnable. Quant aux sections du M.D.R.M., elles se présentent comme des associations dentraide et à but philanthropique, d leur franc succès dans certaines régions comme justement le district dAmbatolampy et dAntsirabe.

Dans les villes, le parti de la rénovation adopte une stratégie, certes assez similaire, mais spécifique au milieu.

La propagande en milieu urbain

Dans les centres urbains et parmi les gens lettrés, le M.D.R.M., tout en dénonçant les abus de l a colonisation et tout en réclamant des réformes, adopte un type de propagande beaucoup plus savant et à forte connotation intellectuelle, et quil utilise avec laide des arguments souvent tirés des idées des grands philosophes (Rousseau…) et de certaines personnalités étrangères importantes (Général de Gaulle, Roosevelt, Gandhi…). Dans ce second cas, le parti tente dexploiter plus particulièrement la culture politique de ses auditeurs ; cest pourquoi, il cite volontairement les grandes Déclarations internationales (Charte de lAtlantique et de San Francisco), les bouleversements dus à la guerre, lévolution à terme des Malgaches, lavènement de la décolonisationLe parti utilise comme cadre de propagande des conférences, des journaux et des meetings (comme celle du 19 mai 1946).

Dans les villes (comme dans les villages ruraux), dans le but de mieux atteindre la population, le M.D.R.M. entreprend un travail à la base et qui se révèle être très efficace. Il déploie des associations rattachées à ses sections locales (jeunes, femmes…) pour inculquer au sein de la population à majorité illettrée un minimum de culture politique : on explique les grandes lignes de la politique du parti, la légitimité de la revendication de lindépendance, les grands bouleversements de laprès-guerre, lUnion FrançaiseUne telle stratégie montre une autre chaîne qui relie le parti aux autres structures nationalistes antérieures (P.C.R.M., syndicats, sociétés secrètes…) qui sont les premières à encadrer la population dans le cadre de la lutte pour la cause nationale. Cest ainsi que le terrain est devenu fertile pour que le M.D.R.M. puisse cultiver sa politique et son idéologie indépendantiste, aidé, il est vrai, par sa politique douverture.

Le M.D.R.M: un parti de masse

Une des principales caractéristiques du parti de la rénovation est la présence en son sein de toutes les catégories sociales, professionnelles, confessionnelles…. Cela est à sa volonté dêtre ouvert à toutes les tendances.

M.D.R.M: un parti ouvert

Dans sa lutte pour lindépendance et la rénovation, le parti a toujours prôné lunité malgache et des Malgaches. Ainsi, Mongo, une de ses organes, écrit en janvier 1947 que « le M.D.R.M. nest pas été créé uniquement pour des personnes, comme les petites et les Merina, etc., mais pour tous les Malgaches. Il ne porte pas les pauvres et les petits à se dresser contre les riches et les grands, ni excite la masse à sopposer aux hommes délite, mais il encourage tous les Malgaches désireux de voir revenir lindépendance de leur pays à se réunir sous sa bannière en vue dune lutte commune » . Autrement dit, le parti appelle tous ceux qui souffrent de loppression coloniale inhumaine. Il en résulte létendue considérable de sa clientèle : « les Merina et les Betsimisaraka, les Sakalava et les Betsileo, les Bara et les Antandroy et toutes les tribus de Madagascar y sont toutes entrées et sy entendent bien. Les croyants et les païens, les chrétiens des diverses confessions » énumère Mongo . En fait, le M.D.R.M. a un système de recrutement sans réserve et non sélectif en essayant dintégrer le plus grand nombre de personnes sans distinction de groupe de population, de provenance sociale, de condition socio-économique ou professionnelleChacun est appelé et recrute au nom dune seule cause : lindépendance du pays, car son acquisition passe par lunion de tous les Malgaches. Dailleurs, cest au nom de cette union que le parti veut supprimer, entre ses membres, les barrières de sexe, dâge, de condition sociale, dethnie. Une telle stratégie ne peut que favoriser lascension du M.D.R.M. sur léchiquier social et politique, facilitant ainsi sa pénétration au sein de divers mouvements de masse.

Les mouvements de masse

Les sections du M.D.R.M. entretiennent en leur sein un certain nombre dassociations qui ont pour but dencadrer la masse des adhérents : association de jeunesse, de femmes, dadultes, danciens combattantsCes dernières servent de structure de base pour promouvoir lentraide entre les membres, les éduquer politiquement, les sensibiliser pour la chose politique et en particulier pour la cause nationaleCes associations soccupent également de la propagande pour mieux recruter dans la mesure elles sont plus propres du peuple.

A ces organisations de masse sajoutent les syndicats sur lesquels le parti a une mainmise réelle surtout chez les membres cégétistes. Quant aux anciens combattants, déçus par les promesses non tenues par la France, ils apportent leurs soutiens au M.D.R.M. avec leur poids social et politique (ils sont les libérateurs de la " mère-patrie", les vainqueurs de lAllemagne, les héros revenus dAndafy et qui ont obtenu à partir doctobre 1946 le droit de vote). Mais contrairement aux dirigeants du parti, ils sont plus radicaux dans leur revendication et nadoptant pas toujours la politique électoraliste et légaliste du M.D.R.M. ; ils sont les premiers mécontents de lalignement du parti sur lUnion Française.

Les grandes tendances du M.D.R.M.

LE M.D.R.M., étant une structure partisane, regroupe des Malgaches en vue de lobtention dun certain nombre de revendications : la fin des traitements inhumains dont ils sont victimes, légalité politique, lamélioration de leur bien-être, lautodéterminationMais pour le parti de la rénovation, le but principal, capable denglober les autres revendications, est lindépendance. Cest autour de la forme que celle-ci va prendre quapparaît les diverses tendances au sein de la formation politique, symbolisées par les deux tendances : indépendance immédiate et intégrale, indépendance dans lUnion Française.

Laile modérée du M.D.R.M.

Quelque temps après leur arrivée en France et surtout après la création du M.D.R.M., les députés malgaches deviennent partisans dune autodétermination sans rupture brusque ni institutionnelle avec la France dans le cadre de lUnion Française. Dailleurs, lors des législatives de juin 1946, ils insistent de plus en plus dans leurs discours et leurs propagandes sur les « acquis » de la première Constituante (suppression des institutions les plus impopulaires, réformes sociales…) tout en mettant laccent sur les activités futures : accélération du rapatriement des soldats malgaches bloqués en France, participation active des Malgaches dans les affaires concernant leur pays voire lUnion FrançaiseCertes, lindépendance reste le but ultime, mais linsistance sur ce sujet diminue dimportance . Ainsi, les parlementaires nhésitent pas à user de leur forte influence pour rallier leurs partisans et les Malgaches à leur prise de position. Ladministration elle-même reconnaît les succès quils obtiennent en adoptant une telle stratégie auprès de leurs proches partisans : « depuis le jour il [Ravoahangy] sest rallié à la formule de lUnion Française, la presse et les gens qui le soutiennent ont opéré le même mouvement. Il ny a plus un journal, même parmi les plus violents dautrefois, qui ne proclame depuis deux mois lutilité de la présence française et la nécessité quelle se poursuitNy Rariny (La Justice) le Mongo (Lécrasé) chantent les louanges de la Franceet se défendent véhémentement de lui être hostile » . Ainsi « indépendance dans lUnion Française » est officiellement la position adoptée par le M.D.R.M., surtout après les élections de juin 1946.

Cette modération est, sans doute, due à linfluence de certaines catégories de personnes, en particulier les intellectuels. En effet, le parti a toujours essayé de séduire cette couche sociale, nécessaire pour faire aboutir leur politique nettement électoraliste. En effet, à ce moment , les suffrages sont restreints aux seuls individus remplissant un certain nombre des conditions essentiellement dordre socioculturel. Cest ainsi que la plupart des électeurs ont une culture française indéniable, beaucoup dentre eux sont quelquefois proches de Français de métropole tout en dénonçant ceux de Madagascar coupables de traîtrise envers la civilisation française. Très sensibles à la position du M.D.R.M. vis-à-vis de la France, ce groupe, constitué en majorité délites malgaches urbanisées, est le premier qui sest rallié à cette indépendance dans lensemble institutionnel français, autrement une autodétermination sans rupture immédiate avec la métropole. Cest sa partie établie en France qui a pu influencer les députés préoccupés par leur réélection après léchec de la première Constituante. Ainsi, leur parti et leurs amis nationalistes ont intérêt à ménager et à tenir compte des préoccupations de ce groupe élitiste car leurs voix sont nécessaires pendant les prochaines élections dautant plus que le parti de la rénovation devient vers la deuxième partie de lannée 1946 un parti figé dans un programme politique électoraliste voire plébiscitaire, tandis que ses leaders croient encore aux vertus dun parlementarisme . Ces derniers pensant que les victoires électorales légitimeront la revendication de lindépendance comme elles la garantissent. Ils sont ainsi prêts à tout faire pour obtenir la plus de voix possible quitte à faire des concessions qui risquent de faire des mécontents. R.W. Rabemananjara écrit même que lUnion Française est une « solution concessionnelle » entre les malgaches. Il reconnaît quelle ne satisfait pas tous les nationalistes surtout ceux qui sont les plus hostiles à la France (car ils ont plus souffert de loppression coloniale) ; mais cest un consensus assez souple pour éviter la méfiance des Français et faciliter ainsi le processus dindépendance.

Cette position prônant la continuation des relations franco-malgaches dans une même structure est celle des dirigeants du M.D.R.M. et de certaines sections comme celles de Tananarive. Souvent membres de lélite tananarivienne ou partisans de sa ligne politique , ils sont sensibles à des débats théoriques apanages des seuls intellectuels. Ainsi, ils raffolent des discours dans lesquels on cite souvent des extraits des grands traités politiques ou philosophiques, on argumente avec des réflexions sur la liberté, légalité et la justice, on essaie de comprendre le monde contemporain, on évoque avec passion les conférences de paix et le nouveau ordre mondialbref, tout un débat qui les pousse vers un légalisme et un électoralisme excessifs et vers une politique singulièrement pacifiste. Ces caractères de leur ligne politique viennent également de leur souci de crédibilité et de respectabilité. Longtemps convoitées, ces deux notions si chères et capitales pour cette strate dirigeantes du M.D.R.M. leur sont maintenant accordées par le pouvoir colonial (du moins jusquà linsurrection de 1947-1948). Ainsi, ils sont tentés de faire des compromis avec les autorités coloniales (le Haut-commissaire de Coppet prête même son avion à Ravoahangy pour quil entreprenne une tournée pour inciter les gens à travailler et à rester calmes) quitte à accepter lidée de lUnion Française au prix de fléchir leur tempérament et leur volonté davoir une indépendance totale et immédiate. Dailleurs, il semble que le goût du pouvoir que la fonction de député leur confrère, aurait un peu terni lardeur des parlementaires pour la revendication de cette dernière. Cest également dans ce sens quil faut comprendre lattitude de ladministration française qui veut amener les députés et leurs partisans vers une « collaboration raisonnée » .

Ainsi la sphère dirigeante du M.D.R.M. se rapproche de plus en plus du pouvoir colonial en se déconnectant petit à petit de lensemble de lappareil du parti. Ses prises de position et ses réactions ne sont plus, dans la plupart du temps, en fonction des intérêts du mouvement nationaliste mais suivant ceux de la strate dirigeante ou de la catégorie sociale de la majorité de ses membres . D'ailleurs, elle pense que l'Union Française lui permet de participer à la gestion des affaires internes de Madagascar . Enfin, les dirigeants du parti pensent que loin dabandonner la revendication de lindépendance, ils ne font quaccepter lidée dun processus, certes de moyenne ou de longue durée, mais plus sûr pour le rétablissement de la souveraineté nationale malgache. LUnion Française nest quune étape elle-même difficile mais nécessaire voire obligatoire. Ils croient que cette nouvelle institution mènera à lindépendance de lîle car dans son article 75, la Constitution de la IVe République affirme expressément que « les statuts respectifs des membres de la République et de lUnion Française sont susceptibles dévolution » . Ce statut dEtat libre est même accepté pour lIndochine.

Si les élites formant la strate dirigeante du M.D.R.M. espèrent jouer un quelque rôle dans la direction de Madagascar et de lUnion Française en général, au niveau de la base du parti, la notion dindépendance est sensiblement différente.

La ligne intransigeante du M.D.R.M.

Comme les dirigeants, la majorité des partisans du parti de la rénovation participent également à lélaboration de sa ligne politique en vue dun certain nombre dobjectifs. Il en est de même pour le peuple dont le parti se veut être lexpression, cest-à-dire lensemble des Malgaches dans la mesure le M.D.R.M. se réclame dêtre de toutes les tendances existantes ainsi que dêtre la conscience publique malgache , des Malgaches en proie avec la dureté de la réalité coloniale. Le parti veut être alors la solution à tous les maux frappant la population indigène ainsi que le remède efficace . Effectivement, les indigènes ont beaucoup souffert et endurent toujours loppression coloniale. Ils ont faire face aux privations et aux souffrances consécutives à la guerre et à leffort de guerre, une situation qui est à lorigine du sentiment dhostilité envers les autorités françaises. Le Haut-commissaire reconnaît que « les réquisitions abusives des travailleurs, accentuées par leffort de guerre des années 1943, 1944, 1945 avaient provoqué chez la partie importante de la population un mécontentement » . La situation est encore pire dans les régions rurales dans lesquelles les chefs de district et du canton règnent comme des roitelets et abusent de leur pouvoir. Cela explique le penchant de la majorité des Malgaches pour la revendication de lindépendance que la propagande du M.D.R.M. présente comme la solution ultime aux abus de la colonisation. Le parti lui-même se réclame dêtre une nécessité pour organiser et diriger « le peuple sur la double voie de lémancipation nationale et de la libération sociale » . Si les dirigeants du parti pensent quun changement de la structure du pouvoir colonial peut changer la situation à Madagascar dans tous les domaines (politique, social…), la majorité des Malgaches pense autrement. Ille se soucie plutôt de son quotidien marqué par la souffrance dont elle est victime. Elle veut en finir, et le plus vite sera le mieux. Pour cela, elle trouve la politique des sociétés secrètes, très active surtout au niveau des simples gens et dans les zones rurales, plus attirante et plus conforme à son empressement.

Ainsi, la prise de position du parti en faveur de lUnion Française a beaucoup mécontenté une frange importante de ses militants, en particulier ceux qui se situent au niveau de ses cadres intermédiaires (membres des bureaux administratifs des sections) ainsi que ses militants de base. En effet, plusieurs dirigeants des sections locales du M.D.R.M. se désolidarisent de leurs supérieurs hiérarchiques concernant la ligne politique à suivre. Ils procèdent souvent à des actions en ignorant les directives du bureau politique et nhésitent pas à développer des idées franchement anti-françaises ; pour eux lindépendance ne peut être que totale et immédiate avec une rupture vis-à-vis de la France.

Sur le terrain, et en dépit des appels au calme des instances dirigeants du parti, les simples membres nhésitent pas à résister avec violence aux abus de ladministration coloniale ou ceux des colons. A ce niveau, les partisans dune indépendance immédiate quon doit obtenir avec lemploi de la force, comme les sociétés secrètes, trouvent leurs partisans les plus convaincus. Cela explique, dans une large mesure, les différents événements tels que laffaire de Sabotsy Namehana, dAndrarangavola, dAnosibe, dIfanadianaTous ces incidents confirment lexistence dun mouvement pré-insurrectionnel dont le soubresaut généralisé de mars 1947-1948 nest que la suite logique. Ainsi, au moment de léclatement de linsurrection de mars 1947, la responsabilité des sections du M.D.R.M. dans la zone insurgée ainsi quune bonne partie de sa base paraît flagrante. Elle précipitera la fin du parti.

Lélimination du M.D.R.M. de l'échiquier politique

Linsurrection est lourde de conséquence pour le mouvement nationaliste malgache, en particulier pour le M.D.R.M.. En fait, peu de temps après léclatement des hostilités, les autorités françaises accusent le parti dêtre linvestigateur de ces troubles. Dun coup, les arrestations se multiplient (des parlementaires, des membres du bureau politiques, des élus, des militants, des simples membres…). Le parti est dissout le 10 mai 1947. La répression du mouvement nationaliste, illustrée par la suppression de la liberté de la presse malgache, redouble dintensité.

Le parti de la rénovation au lendemain de linsurrection

De 1947 à 1955 sopère, sur la pression des choses, lélimination progressive, à lexception de Tananarive-ville, des représentants élus du désormais ancien M.D.R.M.. Les députés, les sénateurs et les conseillers provinciaux sont arrêtés, jugés et la plupart condamnés à de lourdes peines. Ils sont remplacés soit par des candidats du PA.DES.M.(le tsimihety Philipbert Tsiranana par rexemple), soit par ceux du P.D.M., soit, à partir de 1951, par des personnalités indépendantes . Ce phénomène est particulièrement net en ce qui concerne les Assemblées provinciales.

Ainsi, à Fianarantsoa, sur les 10 élus du M.D.R.M. de 1947, du fait de linsurrection, il nen reste que deux. Mais ces derniers seront totalement éliminés lors des scrutins de mars 1952. Cette élimination est constatée également dans les autres Assemblées provinciales, exceptée celle de Tananarive.

En effet, malgré le succès du candidat du P.D.M., Raberanto Richard, qui bat la communiste Rasoanoro Zèle qui représente lancien M.D.R.M., les élections complémentaires doctobre 1949, et après les « réajustements consécutifs aux événements de 1947», des nationalistes héritiers du parti de la rénovation se font élire à lexemple de Rakotonirina Stanislas, ancien conseiller provincial élu justement sous la couleur du M.D.R.M. en 1947. Avec Rahajarizafy et Rasamoely-Lala (malgré son affiliation au P.D.M. celui-ci fait toujours figure de nationaliste de tendance dure) et le futur maire de Tananarive, la capitale du Territoire reste un bastion nationaliste farouchement revendicatif. Par contre, dans les autres circonscriptions électorales autre que Tananarive-ville, les anciens M.D.R.M. sont éliminés. Ainsi, les Assemblées de Madagascar sont dominées par les adversaires du mouvement de la rénovation. On remarque que les nationalistes merina sont quasiment éliminés de la scène politique au profit de lélite « côtière » et des représentants « modérés » originaires des Hautes-Terres (« modéré » désigne ici les anciens opposants à la politique indépendantiste de la Rénovation quils soient du PA.DES.M. ou de laile très francophile du P.D.M.).

Il est évident que ladministration française a été pour quelque chose dans cette situation. En effet, après linsurrection, les autorités coloniales à Madagascar veulent éviter le raz-de-marée nationaliste de 1945-1946 pendant lequel des nationalistes quelles ne peuvent pas contrôler dominent léchiquier politique. Ainsi, elles appuient ouvertement ses propres candidats (qualifiés alors d’« administratifs ») et font pression pour quils soient élus , une pratique qui continue même en 1956, année de la renaissance des activités politiques à Madagascar.

Mais malgré cette élimination des nationalistes « durs » et surtout des partisans de lancien M.D.R.M., ce dernier reste la référence politique qui influe sur la vie politique dans la Grande Ile entre 1947 et au lendemain de lindépendance. Dailleurs, les anciens membres du parti, tout en se montrant prudents dans leurs actions et activités politiques , nattendent que le moment propice pour se manifester.

Ainsi, dès la fin des années 1940, certains militants de lancien parti commencent à déployer une activité, certes timide et secrète, mais intense. Ils utilisent des moyens détournés pour parvenir à se retrouver et à se regrouper dans le but de reprendre, plus ou moins ouvertement, la lutte pour lacquisition de lindépendance . Ainsi, pour ne pas se faire remarquer, ils adoptent entre autres tactiques celle de ne pas attirer lattention sur leurs faits et gestes, de rester calmes et essayant de gagner ainsi la confiance des autorités coloniales, locales ou centrales.

Mais, un certain nombre des militants M.D.R.M. rejoint le mouvement communiste quils considèrent comme la seule structure dans laquelle ils peuvent continuer la lutte pour lindépendance . Dailleurs, nombreux sont les dirigeants et les membres du parti de la rénovation qui ont fait leur école dans le S.R.I. et le P.C.R.M.. Après linsurrection, les nationalistes communisants (dont beaucoup étaient des sympathisants du parti dissout) continuent une politique de pénétration, en douceur, au sein de la population par lintermédiaire des syndicats (en particulier des sections de la C.G.T. ) ou des coopératives. Tenimiera, organe communisante, résume le but en écrivant « établissons un syndicat dans chaque village et créons des coopératives, car cest par ces associations que nos intérêts peuvent être défendus » . Ainsi,par l'intermédiaire des revendications dordre social et économique (salaires, ravitaillement…), ils essayent de répandre leurs idées politiques indépendantistes (et parallèlement leur idéologie communiste). La banlieue de Tananarive et le Vakinankaratra en particulier, la province centrale en général, sont les régions dans lesquelles ils ont le plus travaillé .

Dissout officiellement et son activité interdite à Madagascar, linfluence du M.D.R.M. est importante pour que de telles mesures puissent anéantir le parti et le mouvement quil a créé.

Le mythe M.D.R.M.

Sur les ordres du Haut-commissaire, les anciens membres du parti doivent donner leur démission devant le chef de district. Ainsi, les « soumissions » se multiplient un peu partout. Mais certains partisans de la formation politique continuent toujours à croire que lidéal répandu par le parti reste. De est le mythe M.D.R.M. ainsi que celui de ses dirigeants, notamment les parlementaires. Lune des formes que ce mythe prend est le refus de la part des anciens membres de donner leur démission et de se considérer comme faisant encore du parti interdit. Ils disent que « Ravoahangy est arrêté mais son esprit est avec nous » . Dans le district dAntsirabe, les nationalistes du M.D.R.M. déclarent être prêts à suivre le sort des députés. Leur détermination est telle que ladministration pense être en présence des « fanatiques » nhésitant pas à « faire un coup » dès que les circonstances lauraient permis . Certains portent même le deuil en souvenir des nationalistes emprisonnés, torturés et mis à mort. Ainsi, à Antsirabe, un homme refuse denlever sa barbe et sa moustache en déclarant : « je suis encore en deuil, parce que mes camarades du M.D.R.M. sont tous en prison. Et tant quils ne seront pas tous mis en liberté, je nenlèverai pas ma barbe et ma moustache  ».

Ainsi, le parti de la rénovation continue de vivre à travers ceux qui étaient ses partisans. Ils seront les premiers à rejoindre les rangs des formations politiques qui naîtront en 1956 et perpétuent ainsi la longue chaîne qui relie les différentes structures du nationalisme malgache.

A partir de 1946, lhistoire politique de Madagascar est étroitement liée à celle du Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache. En effet, aucune structure na jamais possédé autant dimportance et dinfluence. En fait, le parti est omniprésent au sein de toutes les classes sociales et conditionne souvent la vie communautaire et individuelle de la population. Avec ses 400.000 à 800.000 membres et ses milliers de sections éparpillées à travers la Grande Ile, il touche presque tous les Malgaches, créant autour de lui un phénomène nationaliste impressionnant que même son interdiction en 1947 ne la pas empêché dinfluencer encore la vie politique à Madagascar entre linsurrection et lavènement de lindépendance en 1960.

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