Mother's Milk

Mother's Milk
Mother's Milk
Album par Red Hot Chili Peppers
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Sortie 16 août 1989
Enregistrement Novembre 1988 - Mars 1989
Ocean Way Recording et Image Studios, Hollywood, Los Angeles
Durée 45:02
Genre Funk-metal
Funk-rock
Rock alternatif
Producteur Michael Beinhorn
Label EMI/Capitol Records
Singles
Knock Me Down
Higher Ground
Taste the Pain
Albums de Red Hot Chili Peppers
The Abbey Road E.P. (1988)
Blood Sugar Sex Magik (1991)

Mother's Milk est le quatrième album studio du groupe américain Red Hot Chili Peppers, sorti le 16 août 1989 chez EMI. Après la mort du guitariste Hillel Slovak et le départ consécutif du batteur Jack Irons, le chanteur Anthony Kiedis et le bassiste Flea sont rejoints par le guitariste John Frusciante et le batteur Chad Smith. Frusciante modifie significativement le son du groupe en privilégiant la mélodie au rythme, qui était prédominant auparavant.

L'album fut un plus grand succès commercial que les trois précédents albums combinés. Mother's Milk a culminé à la 52e position au Billboard 200, ce qu'il doit entre autres à ses singles Knock Me Down et Higher Ground, une reprise de Stevie Wonder. L'album devint le premier disque d'or du groupe au début des années 1990, et fut pour eux la porte d'entrée vers la carrière internationale. Bien qu'il n'ait pas été aussi encensé par la critique que son prédécesseur The Uplift Mofo Party Plan (1987), Mother's Milk a, selon Amy Hanson de Allmusic, « changé complètement la donne et semble avoir facilement transformé les rappeurs funk-rock un peu à part qu'ils étaient en des mecs à la mode »[1].


Sommaire

Genèse

Après avoir signé un contrat avec EMI en 1983, les Red Hot Chili Peppers s'installent sur le devant de la scène funk rock avec leur premier album éponyme en 1984. Déçus du résultat, le chanteur Anthony Kiedis et le bassiste Flea remplacent Jack Sherman à la guitare par le co-fondateur du groupe Hillel Slovak, qui avait quitté son groupe, What Is This?, quelques semaines plus tôt[2],[3]. Le deuxième album du groupe, Freaky Styley, est produit par George Clinton. C'est le premier enregistré avec Slovak[3]. Pour le suivant, The Uplift Mofo Party Plan en 1987, le batteur d'origine, Jack Irons, reprend sa place après avoir lui aussi quitté What Is This? ; l'album, un succès critique qui atteint la 148e place au Billboard 200[4], est le seul à réunir tous les membres d'origine. Il est rapidement suivi d'une tournée, cependant Slovak décède d'une overdose d'héroïne et laisse le groupe en état de choc. Irons, ne pouvant supporter cette disparition, quitte les Red Hot[3]. Kiedis et Flea parviennent cependant à aller de l'avant. Ils font appel au guitariste Dewayne "Blackbyrd" McKnight, un ami de Clinton et ancien membre du groupe funk Parliament, tandis que D. H. Peligro du groupe Dead Kennedys remplace Irons[2],[5]. Le manager du groupe, Lindy Goetz, réalise quelques mois plus tard que McKnight et Peligro ne conviennent pas aux Red Hot, et les renvoie[5].

Avant d'embaucher McKnight et Peligro, Kiedis et Flea avaient fait deux bœufs avec un certain John Frusciante, grand fan des Red Hot Chili Peppers. Flea lui avait alors conseillé d'auditionner pour le groupe Thelonious Monster. Frusciante était, selon le bassiste, « un musicien très talentueux et cultivé. Il connaît toutes les merdes que je ne connais pas. Je ne connais presque rien au solfège, alors que lui l'a étudié à mort, de long en large. C'est un musicien très discipliné : tout ce qui lui importe, ce sont sa guitare et ses cigarettes. »[6] Ce n'est qu'après le départ de McKnight et Peligro que Frusciante est appelé[6]. Il accepte immédiatement, bien que n'étant pas habitué au style du groupe : « Je n'étais pas vraiment un joueur de funk avant de rejoindre le groupe. Pour être sur la même longueur d'onde que Flea, j'ai étudié le jeu de Hillel et j'ai continué à partir de ça. »[7] Bien qu'ayant un nouveau guitariste, les Red Hot sont toujours sans batteur et se voient forcés d'organiser des auditions ouvertes. Le dernier à passer, Chad Smith, est un batteur musclé d'1,90 m qui, selon Flea, « nous a mis le feu au cul ». Les Red Hot pensent pouvoir créer une relation profonde avec lui[7]. Kiedis dira plus tard que l'entrevue avec Smith « a laissé le groupe dans un fou-rire dont on n'a pas pu se débarrasser pendant une demi-heure »[7].

Enregistrement et production

Chad Smith (ici en 2007) rejoint le groupe deux semaines avant l'enregistrement de Mother's Milk.

Contrairement aux sessions d'enregistrement irrégulières de The Uplift Mofo Party Plan, pendant lesquelles Kiedis disparaîssait fréquemment pour aller chercher de la drogue, celles de Mother's Milk se déroulent sans heurt[8]. Le groupe enregistre quelques premiers jets pendant mars et début avril 1989 aux studios Hully Gully à Silver Lake, dans Los Angeles. La chanson Knock Me Down, par exemple, est directement issue de bœufs sans retouche du producteur Michael Beinhorn. D'après Flea, les sessions au Hully Gully ont porté leur fruit : « Nous jouions vite et fort, plus que n'importe quand auparavant, je pense. Il y avait du niveau. [...] Nous jouions tout le temps, nous apprenions à nous connaître, et un album en est sorti. »[9] Kiedis et Flea reconnaissent que la présence de Frusciante a une influence significative sur le nouveau son du groupe et que les sessions au Hully Gully se sont montrées extrêmement productives : Flea se rappellera que « [Frusciante] représente une part immense du nouveau son de notre groupe et nous a ouvert les yeux »[9].

En avril 1989, les Red Hot se lancent sur une courte tournée pour familiariser Smith et Frusciante au comportement du groupe en concert[9]. La tournée « Positive Mental Octopus » emmène le groupe à travers les États-Unis, avec plusieurs dates sur les côtes est et ouest. Pendant cette période, Frusciante se montre plus énergique, et il a « commencé à prendre la grosse tête », selon Flea : « Il était désagréable avec les filles et il les énervait. Mais il fallait s'y attendre, je veux dire, merde, t'as 18 ans et t'en baves pour coucher, et tout à coup, t'es dans un groupe, et les filles veulent baiser. Normal que tu pètes un câble. »[10] Un autre incident, à la suite d'un concert à l'université George Mason à Fairfax, en Virginie, entraîne des suites judiciaires : un étudiant accuse Kiedis de s'être livré à une exhibition sexuelle. Le chanteur est arrêté puis libéré sous caution en attendant un procès[10].

À la suite de cette tournée, les Red Hot Chili Peppers entrent au studio Ocean Way Recording, à Hollywood pour enregistrer Mother's Milk. Frusciante se rappellera : « C'était bizarre quand j'ai rejoint le groupe, parce que nous avons enregistré l'album alors que je n'étais avec eux que depuis quelques mois, et Chad deux semaines seulement. Je n'avais pas encore tout à fait ma place, nous n'étions que quatre individus. La musique, c'est fusionner des gens en une seule unité ; avec toutes les tournées que nous avons faites depuis, nous sommes devenus un poulpe cosmique à huit bras ! »[11] Beinhorn pousse les Red Hot à produire les meilleurs prises possibles pour chacun des treize morceaux, dans l'intention d'en faire un album phare[12].

Alors que des tensions animaient assez régulièrement les sessions d'enregistrement du groupe sur les autres albums, celles de Mother's Milk prirent une plus grande ampleur, de par les désirs incessants de Beinhorn de faire un tube. Il se rappelle que le groupe et lui étaient en conflit : « C'est juste que j'avais une relation personnelle très intense avec eux, et quelque part le long du chemin, je les ai perdus »[12]. Beinhorn se dispute constamment avec Frusciante à propos des effets de guitare. Selon Kiedis, « il voulait que John ait un gros son craquant, presque metal, alors qu'avant on avait toujours un son acid-rock intéressant, avec beaucoup de classe et de funk sexy »[13]. Le guitariste est frustré par l'attitude du producteur et finit par être dégoûté de son résultat sur l'enregistrement, trouvant ça trop « macho »[3]. Kiedis se rappellera que, à la fin, « je ne pouvais plus supporter sa direction. Il essayait de faire sortir de moi quelque chose que je ne ressentais pas ; nous nous sommes disputés et je savais que j'en avais fini avec lui. »[13]

Musique

Avec l'arrivée de Frusciante, le style du groupe se développe. Le producteur Michael Beinhorn remarque : « Rapidement, John s'est avéré être le guitariste parfait pour le groupe : il apportait les éléments d'écriture et de composition qui n'avaient jamais été vraiment la priorité des autres. Je crois que John est un personnage central des Red Hot, tant sa composition est devenue une caractéristique du groupe. »[9] Frusciante introduit des mélodies, des harmonies et des structures complexes, en opposition aux précédents albums, où le groove et le rythme étaient la base des chansons[11]. La présence de Beinhorn fait que la majorité de l'album est composée de riffs de heavy metal et de superpositions excessives[14].

Mother's Milk offre tout un panel de styles musicaux dans ses treize pistes. Parmi les chansons qui sont ressorties des sessions au Hully Gully début 1989, Knock Me Down montre un style radicalement différent pour le groupe[14]. Les paroles introspectives, qui analysent la mort de Hillel Slovak et les effets dévastateurs que la drogue peut avoir sur la vie, sont une nouveauté pour Kiedis, dont l'écriture tournait surtout autour du sexe et du style de vie hédoniste. Cependant, le chanteur ne voulait pas que le morceau soit associé à la pensée « anti-drogue » : « [la chanson] parle de laisser vos amis savoir quand vous avez besoin d'aide, et d'essayer d'accepter l'aide des autres, que ce soit pour des problèmes de drogue, ou tout autre problème »[15]. Kiedis, qui prenait de l'héroïne et de la cocaïne, est devenu sobre après la mort de Slovak ; la chanson y fait allusion. Selon le journaliste musical Jeff Apter, Knock Me Down « est clairement le morceau le plus important que le groupe ait jamais écrit. Il a prouvé que les Red Hot était plus que des débiles avec une chaussette sur la bite. »[15],[16] Au niveau musical, si le morceau est influencé par le punk typique des Red Hot, il porte un accent la mélodie et les harmonies, lui donnant un aspect rock alternatif qui finira par constituer une partie considérable des prochains albums[14],[17].

Un autre morceau, Higher Ground, permet au groupe de briller sur la scène internationale. Écrite et enregistrée à l'origine en 1973 par Stevie Wonder, la chanson fait une reprise parfaite pour le groupe, selon Flea : « [...] les paroles sont géniales. Surtout vue la situation du groupe et notre état d'esprit depuis quelques mois. Cette chanson parle de s'élever et d'évoluer spirituellement. »[18] Le bassiste affirme que la raison pour laquelle le groupe a fait cette reprise est qu'ils voulaient rendre hommage à Wonder et à son apport important à la musique pop[18]. Elle commence avec une ligne de basse funk, suivie par plusieurs effets de guitare heavy metal superposés et de voix retouchée. Sur le refrain, on entend des cœurs chantés par des amis et des techniciens qui ont travaillé sur l'album ; le groupe cherchait une impression d'unité plutôt que des chanteurs de talent[19]. La chanson instrumentale Pretty Little Ditty est une des seules sans superposition de guitares. Apter note que le morceau est « fait de rêve, de douce ivresse, avec un arpège habile de Frusciante, accompagné par-ci, par-là de la trompette de Flea »[20]. La piste insolite était censée durer plus de trois minutes, mais a été réduite à un peu plus d'une minute avant la sortie de l'album. La version remasterisée de 2003 contient la version longue. Le thème de Taste the Pain présente une mélodie propice à la méditation un peu dans l'esprit de Knock Me Down. Frusciante introduit une progression psychédélique à la guitare, tandis que les paroles portent sur l'amour et sa perte[20]. Le morceau a été enregistré avant l'arrivée de Chad Smith, et c'est Philip « Fish » Fisher du groupe Fishbone qui jouait la batterie[21]. D'autres chansons comme Stone Cold Bush parlent de prostitution, tandis que Punk Rock Classic est une imitation des chansons typiquement punk rock des groupes Black Flag et The Germs, qui ont grandement influencé les Red Hot[22].

Promotion, sortie et accueil

Le réalisateur Drew Carolan est choisi pour tourner les clips de Higher Ground et Knock Me Down avant la sortie de l'album. La première idée pour Higher Ground est d'avoir Stevie Wonder assis en position du lotus, tandis que les Red Hot dansent autour de lui, mais l'artiste refuse d'apparaître dans la vidéo[23]. Kiedis laisse alors Carolan décider de tout le côté artistique, « à condition qu'on ait l'air de Dieux du Funk »[23]. Alors que le clip de Higher Ground s'annonce exubérant et joyeux, Knock Me Down est plus poignant. Carolan se rappelle : « C'était un morceau très spécial pour le groupe et il se devait d'être traité avec le plus grand soin et le plus grand respect. Anthony et Flea voulaient juste que ce soit vraiment émouvant, avec un sentiment d'urgence. »[23] Chacun des clips est terminé en une journée avec relativement peu de moyens, mais le résultat devient un élément clé du succès de l'album[24]. Une fois la production terminée, MTV diffuse les deux clips quotidiennement et met le groupe en avant, les présentant comme des étoiles montantes et « un groupe à suivre »[25].

Sorti le 29 août 1989, Mother's Milk se hisse à la 52e place du Billboard 200 américain[4]. Il n'entre pas au classement au Royaume-Uni ni en Europe, mais arrive 33e en Australie[26]. Knock Me Down et Higher Ground atteignent respectivement les sixième et septième positions au Modern Rock Tracks ; le second connaîtra cependant plus de réussite, en entrant dans les classements étrangers : 54e au Royaume-Uni et 45e en Australie et en France[27],[28]. Taste the Pain ne se classe pas aux États-Unis, mais parvient à la 26e place en au Royaume-Uni, devenant le premier Top 40 du groupe dans cette région[28]. Le succès de Mother's Milk apparaît comme la récompense pour tout le travail fourni depuis les premiers albums. Apter dit : « Après cinq dures années, marquées par plusieurs départs et une mort tragique, les Red Hot étaient enfin devenus plus qu'un succès local »[29]. Le groupe fait de nombreux concerts avant la sortie de l'album et joue des nouveaux morceaux chaque semaine afin d'attirer l'attention[30]. Mother's Milk devient disque d'or à la fin du mois de mars 1990 – il est maintenant disque de platine – et est le premier disque des Red Hot à se vendre à plus de 500 000 exemplaires[31]. L'album est complètement remasterisé en 2003 avec six morceaux supplémentaires ainsi qu'un manuscrit de Flea[21].

En dépit du succès commercial, Mother's Milk reçoit des critiques mitigées, qui dénoncent la distorsion excessive et omniprésente. Il a aussi été encensé : Amy Hanson, de Allmusic, le considère comme un « album pivot pour les Red Hot Chili Peppers », et pense que « si quelqu'un doute encore de la puissance dégagée par l'ouverture tonitruante, Good Time Boys, il ne faut que quelques mesures de l'interprétation explosive, et brillante, du classique Higher Ground de Stevie Wonder pour que les Red Hot Chili Peppers prouvent que cette nouvelle formation a quelque chose de spécial. En enchaînant avec Punk Rock Classic, justement nommé et vraiment punk, puis l'hommage exacerbé à Magic Johnson, Mother's Milk est tout ce qu'on peut attendre du groupe, et même plus. »[1] Pour Steve Morse du Boston Globe, c'est « un mix boosté entre du metal, du funk et du rap, comme si Prince rencontrait Jimi Hendrix dans la Quatrième Dimension », et remarque que Knock Me Down combine « des talents musicaux électrisants »[32]. Le Toronto Star commente : « Les Red Hot Chili Peppers étaient les Mothers of Invention des années 1990 »[33]. Alors que pour Carly Darlin, du Orange County Register, l'album est « une reconversion énergique de l'attitude funk cinglante des RHCP »[34], elle trouve qu' « à l'exception de Pretty Little Ditty, un morceau instrumental rêveur, il n'y a rien d'original »[35]. Elle continue en disant que Mother's Milk « n'est qu'un léger écart par rapport aux deux derniers albums remplis de funk animé, et un retour aux origines punk rock du groupe. On retrouve même leur reprise de Fire de Jimi Hendrix, qu'ils avaient sorti avec le single Fight Like A Brave deux ans plus tôt. » En outre, Mark Jenkins du Washington Post commente : « le terme poli pour les albums comme Mother's Milk est « éclectique », mais on dirait vraiment que le groupe se disloque [...]. Vu les circonstances, il n'est pas étonnant d'avoir l'impression que l'album cherche son chemin. »[36] Jenkins trouve cependant que Frusciante possède « de solides aptitudes en metal, et il veut les montrer ». Le critique musical Robert Christgau, qui donne une note de C+ (équivalent de 9/20) à l'album, ironise sur la capacité du groupe à afficher de l'empathie, et trouve que la superposition des guitares a été bâclé : « des punks qui aimaient Hendrix et les P-Funk il y a un bail, finissent par tirer bénéfice de leur bon goût, et même si les incrédules se foutent bien de leur sincérité, le problème c'est la réalisation. Ils n'avaient pas une technique assez bonne, et en mettant la guitare en avant, ils n'ont fait que devenir plus vulgaires. Mais ce sont de chics types : ils parlent de « compassion » dès le premier couplet. »[37] Pour la critique du 20e anniversaire de l'album, Ryan Waring du Inflatable Ferret affirme que « Mother's Milk a posé les fondations du son qui définira les Red Hot pour le reste de leur carrière... Si ça n'avait pas sonné de cette manière, le groupe aurait pu ne pas survivre aux années 1980. »[38]

Tournée Mother's Milk et contrecoup

Anthony Kiedis et John Frusciante (ici en 1991) sur scène.

Mother's Milk se fait remarquer instantanément, et une foule bien plus nombreuse vient assister aux concerts du groupe[39]. Le lancement officiel de l'album, à New York, est suivi par une tournée d'introduction en Europe, incluant un concert gratuit au Dam Square d'Amsterdam qui réunit 10 000 spectateurs[39]. Le 8 septembre 1989, le groupe commence son étape en Amérique du Nord. La tournée y est reçue par un déferlement de réactions positives des critiques à travers tout le pays. À la suite d'un concert à Portland, le journaliste John Foyston du Portland Oregonian écrit : « le quartet hollywoodien a fait entrer la foule dans un délire incroyable. Les fans ont commencé à plonger de la scène dès que le groupe est apparu. Une fois sur scène, ce n'était que chance et audace »[39]. Todd Caudle du journal de Colorado Springs The Gazette décrit la prestation des Red Hot : « c'était le genre d'endroits où les enfants pouvaient rester des enfants, et où tout le monde se fichait des boissons renversées sur le sol, et si les combles tremblaient à cause de l'explosion de décibels. La foule était trempée de sueur, les gens se pressaient contre la barrière devant la scène, et hurlaient à chacune des chansons, jouées rapidement et furieusement l'une après l'autre. »[40]

À la fin de la tournée américaine, les membres du groupe ont du mal à gérer leur nouvelle renommée, avec chacun des concerts à guichet fermé et presque 500 000 exemplaires de l'album vendus. Le magazine Spin rapporte qu'à la suite d'un concert, à Atlanta, Flea invite une femme à sa chambre d'hôtel, mais s'enferme dans la salle de bain en arrivant, ne pensant qu'à sa femme et sa fille[39]. Keidis rompt avec l'actrice Ione Skye après deux ans de vie commune, et Frusciante, plusieurs années plus tard, reconnaîtra : « J'abusais totalement de la situation [...] je faisais la fête et baisais plein de filles. À 19 ans, j'avais peut-être l'air d'un beau gosse, mais j'étais un gringalet à l'intérieur. Je n'étais pas fier de qui j'étais à l'époque. »[39] Peu avant la fin de la tournée américaine, le groupe enregistre un concert à Long Beach, qui sort sous le nom Psychedelic Sexfunk Live from Heaven en 1990. Un autre concert, joué à San Francisco pour le jour de l'an, attire plus de 10 000 personnes, et est considéré par le photographe du groupe Tony Woolliscroft comme le « plus grand [concert] où je les ai vu jouer à cette époque. Ça m'a donné une idée de tout le travail accompli les années précédentes. »[41] La tournée se poursuit au Royaume-Uni, où le groupe est moins connu ; Kiedis se plaint après plusieurs concerts : « On est des stars aux States et c'est assez frustrant et déroutant que personne ne nous connaisse ici »[42]. Ce n'est qu'après leur départ que Taste the Pain sort en single et se classe ensuite à la 29e place. En mars 1990, MTV demande au groupe de jouer pour leur reportage sur le Spring break en Floride. Au concert, Flea et Smith font monter la foule sur scène, mais la situation dérape et tous les deux finissent inculpés pour agression, agression sexuelle et insulte sur une femme du public. Ils sont arrêtés quelques jours plus tard et condamnés pour agression, troubles à l'ordre public et incitation à commettre un acte pervers, mais sont relâchés en payant une caution de 2 000 dollars[43]. Leur arrestation aggrave le jugement imminent de Kiedis concernant la tournée Positive Mental Octopus, qui condamne finalement le chanteur pour agression sexuelle et exhibitionnisme à une amende de 1 000 dollars par chef d'inculpation[43].

Les Red Hot enchaînent avec diverses prestations dont le festival Pinkpop et quelques autres concerts de grande échelle[44]. Une fois la tournée terminée, le groupe prend du repos, même si Frusciante et Flea montent pour quelque temps un groupe appelé H.A.T.E. avec le bassiste John Norwood Fisher et le chanteur Angelo Moore de Fishbone. EMI rentabilise l'intérêt porté aux Red Hot en sortant une compilation vidéo, « Positive Mental Octopus ». Le groupe enregistre aussi deux nouveaux morceaux : le premier, Show Me Your Soul, apparaît sur la bande originale de Pretty Woman ; le second, une reprise de Takin' Care of Business de Bachman-Turner Overdrive, reste inédite[44].

Illustrations

La couverture de Mother's Milk montre une photo en noir et blanc du groupe dans les bras d'une immense femme nue. Ses seins sont cachés par une rose et par le corps de Kiedis. Deux femmes avaient été choisies pour les photos à l'origine : la première était la petite amie de Kiedis, Ione Skye, et la seconde le mannequin Alaine Dawn ; cette dernière sera finalement choisie. Un différend éclate lorsque Dawn annonce qu'elle n'a pas été prévenue qu'elle avait été choisie pour la couverture[45]. De plus, plusieurs chaînes de distribution nationales refusent de vendre le disque à cause de la nudité affichée. Une version censurée est alors créée, où les membres du groupes occupent beaucoup plus d'espace dans l'image[45]. L'idée de la pochette vient d'une affiche publicitaire des années 1960 pour Sly and the Family Stone que Kiedis a en poster. Elle représente le leader Sly Stone tenant le groupe en miniature dans sa paume[19]. Lorsque Kiedis cherche des photos du groupe à utiliser, Frusciante refuse toutes les prises sauf une ou il rit assis[19]. Mother's Milk sort avec un autocollant d'avertissement « explicit language », qui, selon Kiedis, « ne m'embêtait pas. Nos paroles sont très explicites, que ce soit à propos de sexe ou d'amitié ou de l'amour de la vie en général. »[45] La couverture du livret est une peinture faite par Hillel Slovak[21]. Après la sortie de l'album, un nombre limité de posters promotionnels, où les seins du mannequin sont dévoilés, sont mis en vente sans l'accord de cette dernière. Dawn poursuit le groupe en justice, gagne 50 000 dollars[19].

Les singles suivent la même charte graphique. La couverture de Knock Me Down montre les membres du groupe torses nus devant la photo d'un éléphant dans un décor africain[46]. Sur Higher Ground, on voit les Red Hot, avec en arrière-plan la tête de Kiedis[47]. Pour Taste the Pain, le fond est jaune et orange, et l'astérisque rouge, symbole du groupe, est placée à côté des membres[48].

Liste des chansons

Sauf indication, toutes les chansons ont été écrite par les Red Hot Chili Peppers (Anthony Kiedis, Flea, John Frusciante et Chad Smith)

  1. Good Time Boys – 5:02
  2. Higher Ground (Stevie Wonder) – 3:23
  3. Subway to Venus – 4:25
  4. Magic Johnson – 2:57
  5. Nobody Weird Like Me – 3:50
  6. Knock Me Down – 3:45
  7. Taste the Pain (Frusciante, Kiedis, Flea, Darren Henley) – 4:32
  8. Stone Cold Bush (Frusciante, Kiedis, Flea, Smith, Peligro) – 3:06
  9. Fire (Jimi Hendrix) – 2:03
  10. Pretty Little Ditty – 1:37 (3:07 sur la version remasterisée de 2003)
  11. Punk Rock Classic – 1:47
  12. Sexy Mexican Maid (Frusciante, Kiedis, Flea, Smith, Peligro) – 3:23
  13. Johnny, Kick a Hole in the Sky – 5:12
Chansons supplémentaires sur la version remasterisée de 2003
  1. Song That Made Us What We Are Today (démo) – 12:56
  2. Knock Me Down (version originale) – 4:44
  3. Sexy Mexican Maid (version originale) – 3:59
  4. Salute to Kareem (démo) – 3:24
  5. Castles Made of Sand (live) (Hendrix) – 3:19
  6. Crosstown Traffic (live) (Hendrix) – 2:53

Personnel

Ouvrages de référence

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Mother's Milk » (voir la liste des auteurs)

  1. a et b (en)Amy Hanson, « Mother's Milk album review », Allmusic. Consulté le 22 juillet 2010
  2. a et b (en)Red Hot Chili Peppers Biography, Allmusic. Consulté le 22 juillet 2010
  3. a, b, c et d (en)Behind the Music: Red Hot Chili Peppers episode, 2002, VH1.
  4. a et b (en)Red Hot Chili Peppers Albums Charting, Nielsen Business Media, Inc. Consulté le 22 juillet 2010
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  6. a et b Apter, 2004. p. 179
  7. a, b et c Apter, 2004. p. 181
  8. Apter, 2004. p. 184
  9. a, b, c et d Apter, 2004. p. 185
  10. a et b Apter, 2004. pp. 186–187
  11. a et b Alexander, Phil (February 21, 1990). "Some Like It Hot." Raw.
  12. a et b Apter, 2004. p. 188
  13. a et b Kiedis, 2004. pp. 239–241
  14. a, b et c Apter, 2004. pp. 184–190
  15. a et b Apter, 2004. p. 191
  16. En référence aux fréquentes apparitions (appelées "Socks on cocks") du groupe dans cette tenue sur scène.
  17. (en)Greg Prato, « "Knock Me Down" Review », Allmusic. Consulté le 22 juillet 2010
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  43. a et b Apter, 2004. pp. 209–211
  44. a et b Apter, 2004. pp. 214–215
  45. a, b et c Apter, 2004. pp. 196–197
  46. Pochette du single Knock Me Down, EMI.
  47. Pochette du single Higher Ground, EMI.
  48. Pochette du single Taste the Pain, EMI.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mother's Milk de Wikipédia en français (auteurs)

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