Mohammed ben Abdelwahhab

Mohammed ben Abdelwahhab

Mohammed ben Abdelwahhab, ou Ibn Abdelwahhab, (1703 - 1792, en arabe : محمد بن عبد الوهاب) était un cheikh de la tribu des Banu Tamim et un imam arabe. Prônant un retour à l'islam originel, il est le fondateur de la doctrine rigoriste wahhabite. S'il est considéré par ses disciples comme l'un des principaux revivificateurs de ce qu'ils considèrent comme l'islam authentique, ses détracteurs le perçoivent comme une figure de proue de l'islamisme radical. Il a passé sa vie à combattre ce qu'il considérait comme du polythéisme (soufisme, chiisme, ainsi que les 4 écoles juridiques reconnues par une grande majorité de musulmans sunnites) aussi bien par les armes qu'à travers ses ouvrages (Les Trois Fondements, Les Quatre Bases, Le Dévoilement des ambiguïtés, Cinquante questions-réponses relatives à la croyance) dont le plus connu est le Kitâb ut-Tawhîd ou Livre de l'unicité. Il condamne fermement toute forme d'innovation en islam et prône un retour à un mode de vie similaire à celui de l'Arabie prophétique du VIIe siècle.

Sommaire

Biographie

Naissance et débuts

Mohammed ben Abdelwahhab ben Souleyman ben Ali ben Ahmed ben Rachid at-Tamimi, naquit en 1703 (an 1115 de l’hégire) à Uyayna au nord de Ryad. Il y grandit avec son père sous le règne[réf. nécessaire] de Abdallah ben Mohammed ben Hamed Ben Mou’amar. Il a appris le Coran à l’âge de 10 ans[réf. nécessaire] . Pubère à l’âge de 12 ans[réf. nécessaire] , son père le jugea apte à diriger la prière en commun et le maria. Il a étudié le Madhab Hanbalite, l’exégèse du Coran (Tafsir) et le Hadith auprès de son père. Dès sa jeunesse, il avait une préférence pour les ouvrages du Cheikh al Islam ibn Taymiyya ainsi que ibn al Qayyim [1].

Sa doctrine

Il lança son appel à Huraymilla en expliquant les règles du Tawhid : réfuter tout type d’adoration destinée à autre qu’Allah. Le cheikh savait qu’Allah était Le Seul à mériter l’adoration et à qui on n’associe ni ange privilégié, ni prophète envoyé. Il dénonçait tout culte rendu à autre qu’Allah, il dénonçait le culte de la pierre, celui des arbres et celui des saints. Il reconnaissait tous les attributs sublimes et les plus beaux noms d’Allah affirmés par le Coran et la Sounnah authentique tels que l’ouïe, la vue, la parole, l’élévation au dessus du trône, la descente chaque dernier tiers de la nuit au ciel le plus bas…En matière de croyance , il se conformait à celle des pieux prédécesseurs (Salafs Salihs). Il interdisait le Tawassoufe innové qui consistait à demander une chose par intercession auprès d’une personne morte, absente ou incapable, tout en reconnaissant le Tawassoufe licite et légiféré qui consiste à faire des invocations à Allah par l’intermédiaire de Ses noms et attributs, les œuvres pieuses etc…Il condamnait la construction des mausolées, l’habillage et l’éclairage des tombeaux, l’écriture sur eux et l’affectation de gardes à eux ainsi qu’une certaine forme de visite teintée d’idolâtrie telle que le massage de la tombe, le Tawaf autour d’elle, la prière en sa direction et l’invocation du mort… Il condamnait les innovations telles que la célébration de la naissance du Prophète -prières et bénédiction d'Allah sur lui- (Mawlid), la proclamation de l’intention à haute voix…Tout ceci étayé par des versets coraniques et des Hadith, mais il fut démenti[1].

Le conflit avec l'Empire Ottoman

Le Sultan Sélim III (1204H-1222H), fils du Sultan Moustafa III fils de Ahmad, a eu de nombreux conflits à gérer, dont le conflit en Égypte contre la France (1213H-1216H) et celui contre les Wahhabites dans le Hijaz. Celui-ci a commencé par l'attaque contre l'émir de La Mecque , le cherif Ghalib ibnou Mousa'id en 1205H bien que leurs perturbations aient commencé avant cette date. Le dogme du Wahhabisme ne fut pas propagé au moyen de la connaissance mais au moyen de la contrainte. Il devint très puissant, au point que ses disciples réussissent à s'emparer des villes de Nadjaf et Kerbala en Irak, de Damas en Syrie ainsi que de La Mecque et Médine dans le Hijaz. Ils sont cependant battus en 1818 par l'armée égypto-ottomane de Muhammad ‘Ali, pour le compte de la Sublime Porte. Ainsi, les villes Saintes reviennent sous l'autorité d'Istanbul. Entre-temps, la dynastie des Saoud et le mouvement wahhabite avaient pris le contrôle des territoires de l'intérieur de l'Arabie en luttant contre le Califat. Brièvement écartés du pouvoir et mis en exil par une famille rivale, les Râshidi, ils reviennent en force en 1901 sous la direction de ‘Abd Al-Azîz Ibn ‘Abd Ar-rahmân, dit Ibn Saoud, et reconquièrent le Nedjd ainsi que les Villes Saintes de La Mecque et Médine (arrachées aux Hachémites en 1926).

L'alliance avec les Saoud

Appliquant la Charia selon lui de manière intransigeante, il condamna à mort par lapidation une parente d'un émir du Hassa pour adultère alors que seul un état Islamique peut appliquer des peines et non des individus n'ayant pas de rapport avec le gouvernement. Ce fût la première fois que cette peine était appliquée dans le Nadj. Provoquant le fureur des notables et des oulèmas, il dut fuir et se fixa près de Diriyah, puis conclut une alliance avec le prince Mohammed ben Saoud, prince de Dariya, village de soixante-dix maisons de torchis à une dizaine de kilomètres de Riyad. D’après certaines sources de l’historiographie officielle du royaume saoudien, Muhammad Ibn Saoud accueillit Muhammad Bin Abd-al-Wahhab en lui disant : ‘Cette oasis est la tienne, ne crains pas tes ennemis. Au nom de Dieu, même si le Nadjd entier voulait te bannir, nous n’accepterons jamais de t’abandonner’. Muhhamad Bin Abd-al-Wahhab aurait répondu : ‘ Tu es le chef de cette oasis, et tu es un homme sage. Je veux que tu promettes de lancer le djihad contre les incroyants. En retour, tu seras Imam, Chef de la communauté musulmane et je m’occuperai des affaires religieuses ». L'alliance [2] entre les deux hommes a eu un double effet. Mohamed Bin Abd-al-Wahhab trouva l'appui d'un pouvoir politique pour commencer à réformer le mode de vie et de la pensée des musulmans d'une société locale, avec l'ambition que ceci s'étende à tout l'Islam. Mohamed Bin Saoud, lui, trouvait dans cette doctrine puritaine une légitimité religieuse pour soumettre toutes les tribus voisines à son pouvoir en déclarant que désormais lui et les vrais musulmans avaient le devoir de mener le djihad contre tous les musulmans non wahhabites considérés comme des apostats, murtadoun du fait de leur pratiques religieuses altérées par des croyances polythéistes[3].

Fin de vie et suites

L’appel du cheikh (sa Da’wa) ne fut pas enterré avec lui. L’appel fut diffusé et sa zone d’influence a atteint le monde entier. La conquête de la Mecque en 1228H (1813 AC) par l’état saoudien entraîna la diffusion de l’appel à l’extérieur du Nejd. Les pèlerins qui se rendaient à la Mecque rencontraient les savants porteurs de cet appel et écoutaient leurs prêches. Ils constataient l’application de la justice, de l’équité et le maintien de la sécurité dans l’état saoudien.

Ses ouvrages

Voici une petite bibliothèque de ses œuvres ⇒ [1]

Voici ses trois principales œuvres :

  • Al Oussoul Al-Thalatha, les Trois Principes Fondamentaux, exposant et expliquant les fondements de l'islam.
  • Kitâb ut-Tawhîd, le Livre de l’Unicité, écrit à Huraymalah et enseigné partout en Arabie. Ce livre détaille point par point toutes les conditions nécessaires à vouer un culte unique à Allah.
  • Kashf ush-Shubuhât fit-Tawhîd, l’Élucidation des Équivoques Concernant le Tawhîd.

D'autres, moins célèbres, sont toutefois notables :

  • le résumé du Sahîh Al-Bukhârî (recueil de paroles prophétiques) ;
  • Kitâb ul-Kabâ’ir (le Livre des Péchés graves) ;
  • Arba'a Qawâ'id fit-Tawhîd (quatre règles concernant l’Unicité) ;
  • le résumé de Zâd ul-Ma'âd (d’Ibn ul-Qayyim) ;
  • Istinbât ul-Qur’ân (les déductions faites à partir du Coran) ;
  • Ahâdîth ul-Fitan (les traditions concernant les troubles) ;
  • Mukhtasar us-Sîrat in-Nabawîyya  ;
  • Fadhâ’il ul-Islâm (les mérites de l’islam) ;
  • Usûl ul-‘Imân (les fondements de la foi) ;
  • Tafsîr ul-Qur’ân (le commentaire du Coran) ;
  • le résumé de al-Insâf ;
  • le résumé de al-Sharh ul-Kabîr ;
  • Massâ’il ul-Jâhilîyya (les questions concernant les pratiques de la période antéislamique) ;
  • Mufîd ul-Mustafîd ;
  • Adâb ul-Mashyi ilâ-s-Salât (la façon dont il convient de se rendre à la prière).

Bibliographie

  • Charles SAINT-PROT. Islam: l'avenir de la Tradition entre révolution et occidentalisation. Paris. Le Rocher, 2008, 620 pages.
  • George RENTZ. The birth of the islamic Reform Movement. Londres: Arabian Publishing, 2007.
  • Hamadi Redissi. "Le Pacte de Nadjd ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam". Paris, Seuil, 2007.

Notes et références

  1. a et b « Cheikh Mouhammad ibn ‘AbdilWahhab Ses croyances, sa reforme et les témoignage des savants en sa faveurs. » de Ahmad ibn Hajar abou Tamy, annoté par cheikh ‘Abdoul ‘Aziz ibn Baz.
  2. Hamadi Redissi considère que l'alliance entre Abd al-Wahab et les Saoud est le point de départ de l'islam sectaire. Cf.Le Pacte de Nadjd ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam, Seuil, 2007.
  3. Cité par Madawi Al-Rasheed, A history of Saudi Arabia, Cambridge University Press, Cambridge, 2002, p. 17.

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