Michel Jazy

Michel Jazy
Michel Jazy Portail athlétisme
Informations
Discipline(s) Du 800 m au 5 000 m
Nationalité Drapeau : France Français
Naissance 13 juin 1936 (1936-06-13) (75 ans)
Lieu Drapeau : France Oignies
Taille 1,77 m
Poids 65 kg
Records
9 records du monde (mile, 2 000 m, 2 miles, 3 000 m, relais 4 x 1 500 m
Palmarès
Jeux olympiques - 1 -
Championnats d'Europe 2 1 -

Michel Jazy, né le 13 juin 1936 à Oignies, est un athlète français, de 1 m 77 pour 65 kg, licencié au CA Montreuil de 1956 à 1968. Il est l'un des meilleurs coureurs de l'histoire du demi-fond en France. Il fut entraîné par Roger Frassinelli, puis Jo Malléjac.

Sommaire

Carrière

Élevé tout d'abord par ses grands-parents, immigrés polonais, depuis la séparation de ses parents, il connait l'existence des familles de mineurs. Son père, mineur comme son grand-père, décèdera de la silicose.

À quatorze ans, il rejoint sa mère à Paris, celle-ci ne voulant pas qu'il rejoigne la mine comme tous les hommes du pays. Il adhère à l'AS Centre, un patro du Faubourg St Denis, rue de la Lune et pratique le football. Après un passage dans une imprimerie, il occupe un poste de groom dans un club. Ses qualités footballistiques l'aident à s'intégrer à une bande de copains. C'est à cette bande qu'il doit ses débuts dans l'athlétisme : un défi le conduit à s'aligner sur une course au pied du Sacré-Cœur de Montmartre. Sa victoire, puis lors de la finale régionale, le conduit à la finale nationale qui a lieu au Bois de Boulogne. Il obtient une nouvelle victoire. C'est ainsi qu'il est remarqué par René Frassinelli qui sera son entraîneur.

En 1956, il obtient sa première sélection avec l'Équipe de France dans un match international contre la Belgique. Il fait équipe avec Michel Bernard qui est à l'époque le meilleur français sur la distance. C'est le début entre eux d'une rivalité qui durera pendant plusieurs années. Cette rivalité a en partie pour origine le choix de faire représenter la France par Jazy aux Jeux olympiques de Melbourne[1],[2].

Pour cette première aventure olympique, il voyage avec Alain Mimoun, puis partage sa chambre au village olympique. Pour sa série qualificative, il se trouve confronté à de bons spécialistes et finit 7e de sa course, battant tout de même son record personnel. Il est toutefois le témoin privilégié du triomphe de Mimoun qui lui avait appris l'exigence, le respect de l'entraînement, le respect de son corps par la diététique.

L'année suivante, et alors que Jazy remplit ses obligations militaires au Bataillon de Joinville, la rivalité avec Bernard continue. Les records de France tombent, battus par l'un puis par l'autre.

En 1958, pour ses premiers championnats d'Europe, il déçoit en ne terminant qu'à une modeste dixième place de la finale. Puis en automne, le journal sportif L'Équipe lance « l'opération Michel Jazy ». L'idée, qui vient du grand rédacteur en chef Gaston Meyer est d'offrir à Jazy les meilleures conditions pour progresser : il se voit ainsi confier un poste de typographe au journal. Sur le plan sportif, une équipe est montée pour gérer son entraînement : il est ainsi conseillé par Marcel Hansenne, ancien médaillé olympique sur 800 mètres. Le contrat moral existant entre L'Équipe et Jazy est simple : figurer dans les six premiers du 1 500 mètres aux Jeux olympiques 1960 de Rome avant de devenir champion d'Europe à Belgrade.

L'année 1959 se semble pas répondre à ces objectifs : il échoue face à Bernard aux championnats de France.

La première échéance de son contrat moral avec l'Équipe arrive avec les jeux de Rome. Pour cette compétition un coureur semble hors concours : l'Australien Herb Elliott a battu les records du monde de Mile et du 1 500 mètres. D'autres concurrents semblent également redoutables : le Suédois Dan Waern, le Hongrois István Rózsavölgyi et l'Allemand de l'Est Siegfried Valentin. Le Français Michel Bernard présente également un temps d'engagement inférieur avec son record de France. La qualification pour la finale n'est pas simple : trois séries qualifieront trois coureurs pour la finale. L'Allemand Valentin est la principale victime de ce mode de qualification : le responsable est Michel Bernard qui a couru sa course de bout en bout à un rythme élevé. Jazy termine lui deuxième de sa série derrière le Suédois Waern. Pour la finale, Bernard renouvelle son pari fou. Il prend dès le départ la tête de la course. Aux 800 mètres, Elliott se porte au commandement mais Bernard ne veut pas céder et accélère encore. Au mille mètres, Elliott accélère et prend la tête. Puis à 300 mètres seuls deux hommes sont encore dans son dos : le Hongrois Roszavolgyi et Jazy. Elliott s'échappe et remporte le titre olympique, battant au passage le record du monde. Jazy attaque le Hongrois à l'entrée du virage et obtient la médaille d'argent : il établit également le record de France, abaissant celui-ci de près de 4 secondes[3].

Son exploit est d'autant plus retentissant en France que, lors de cette édition, aucune médaille d'or n'est glanée par les Français. Jazy devient ainsi l'une des plus grandes vedettes du sport français. Ses sorties sont maintenant retransmises en direct par la télévision française. Il est également élu « Champion des champions français 1960 » par L'Équipe.

Le point culminant de la saison 1961 est le record du monde du 4 x 1 500 mètres établi avec Jean Clausse, Robert Bogey, Michel Bernard se voyant confier l'honneur d'être le dernier relayeur. Les Français, avec 15 min 4 s 2, pulvérisent le précédent record. C'est le premier record du monde de Jazy.

Le 14 juin 1962, à Charléty, il établit son premier record du monde individuel avec le record du 2 000 mètres, établi devant les caméras de la télévision française qui a retransmis sa course en direct lors de l'émission les Coulisses de l'Exploit. Puis, le 27 juin, il devient le premier à passer sous les 7 min 50 s au 3 000 mètres au stade Adolphe-Chéron à Saint-Maur-des-Fossés. Il est ainsi le principal favori pour les Championnats d'Europe de Belgrade. Sa victoire, établie lors du dernier jour de compétition est si facile qu'elle lui procure le regret de n'avoir pas voulu s'aligner sur le 800 mètres.

Il termine la saison sur un formidable bilan : 40 courses disputées pour 40 victoires, deux records du monde, un titre de champion d'Europe. Il a de plus battu au cours de la saison tous les records de France du 800 au 3 000 mètres.

La saison suivante, bien que considérée comme de transition avant les Jeux olympiques de Tokyo est encore une saison de record. Il établit un nouveau record du monde avec le 2 miles à Charléty. Il s'essaye également à la distance supérieure du 5 000 mètres pour savoir si cette distance peut devenir une option pour les jeux.

En 1964, les Jeux ont lieu au Japon à Tokyo. Jazy est inscrit sur les deux distances du 1 500 mètres et du 5 000 mètres. Au dernier moment, il se rend compte que lors du 1 500 mètres, un tour supplémentaire est au programme, entre les séries et la finale du 5 000. Il décide alors de ne pas disputer cette épreuve et de se consacrer au 5 000 mètres. Une polémique éclate alors en France : on lui reproche d'avoir voulu éviter le Néo-Zélandais Peter Snell, champion olympique du 800 mètres à Rome et qui sera finalement champion du 800 et du 1 500 à Tokyo. Jazy réfutera cette version plus tard. Snell dira également plus tard que si Jazy s'était présenté, il aurait alors choisi de renoncer à l'épreuve.

Vient enfin le jour de la compétition. Or cette journée commence sur de sombres présages : il pleut. La course est rythmée par les accélérations de Ron Clarke. Jazy résiste parfaitement à ces coups de boutoirs, suivi par l'Américain Bob Schul. Un autre Américain Bill Dellinger prend la tête à l'entrée du dernier tour. Jazy contre et prend le commandement. À 350 mètres, il démarre de manière violente, prenant tout de suite dix mètres sur ses adversaires. Soudain, à 150 mètres, sa foulée s'alourdit ; dans le même temps, l'Américain Bob Schul revient et passe Jazy à 50 mètres. C'est ensuite l'Allemand Harald Norpoth et l'autre Américain Bill Dellinger qui le passent. Il termine donc quatrième. Malgré l'énorme déception en France, une foule nombreuse est venue le réconforter à sa descente d'avion[3],[2].

Il repart pour une nouvelle saison 1965. Celle-ci est la saison des records. Il commence par deux records d'Europe sur le mile et le 5 000 mètres. Puis, le 9 juin, il bat le record du monde du mile détenu par Snell. Puis, à Melun, il bat Ron Clarke lors d'une course où il bat le record du monde du 2 miles, établissant également au passage le record du 3 000 mètres. Deux jours plus tard, il établit avec Gérard Vervoort, Claude Nicolas et Jean Wadoux un nouveau record du 4 x 1 500 mètres.

Le 30 juin à Helsinki, un formidable 5 000 mètres voit s'aligner les meilleurs mondiaux : les protagonistes de la finale de Tokyo et un Kenyan Kip Keino. Clarke et Jazy s'entendent pour se relayer sur un rythme rapide. Aux 3 000, le champion olympique Schul est déjà distancé. Le Français devance finalement Keino et Clarke, établissant lors de cette course un nouveau record d'Europe. Durant cet épisode finlandais, il rend visite à deux grandes gloires du fond mondial : Paavo Nurmi et Hannes Kolehmainen.

En 1966, il s'aligne sur 1 500 et 5 000 mètres lors des Championnats d'Europe de Budapest. Sur 1 500 mètres, il est devancé par le spécialiste du 800 Bodo Tummler. Sur 5 000, il devance l'Allemand Harald Norpoth.

Le 12 octobre 1966, Jazy met fin à la compétition en participant à un 2 000 mètres à Saint-Maur-des-Fossés. Bien emmené par ses camarades français, il termine par un dernier record du monde.

Il fut nommé Champion des champions français L'Équipe en 1960, 1962 et 1965. Le premier club de Michel Jazy fut le Club Olympique de Billancourt et non le CAM (Claude Jouanneau un ancien coéquipier de Michel avec déjà Frassinelli comme entraineur)

Carrière post-sportive

Jazy a écrit un livre en 1966 : Mes Victoires, Mes défaites, Ma vie aux éditions Solar.

Après sa carrière de sportif, il fut le créateur des 20 km de Paris en 1979. Il a été également président du Comité de parrainage des Championnats du monde d'athlétisme 2003 à Paris.

Palmarès

  • Records
    • 9 records du monde, sur le mile (1965), le 2 000 m (1962 et 1966), le 2 miles (1963 et 1965), le 3 000 m (1962 et 1965), et le relais 4 x 1 500 m (en 1961 et 1965)
    • 17 records d'Europe (rajouter aux précédents ceux des 1 500 m, 3 miles et 5 000 m)
    • 51 records de France, des 800m, 1 000 m, 1 500 m, mile, 2 000 m, 3 000 m (1x), 3 000 m en salle (1x), 2 miles (3x), 3 miles et 5 000 m (6x) (d'autres sources donnent 47 ou 48)
    • 3 records de France junior, des 1000 m (1954 et 1955) et 1 500 m (1955)
    • durant le mois de juin 1965, il établit 4 records du monde, 5 records d'Europe et 9 records de France

Records personnels

  • 400 mètres : 49 s 6 (1960)
  • 800 m : 1 min 47 s 1 (1962)
  • 880 yards (805 m) : 1 min 48 s 0 (1962)
  • 1 000 m : 2 min 19 s 1 (1963)
  • 1 500 m : 3 min 36 s 3 (1966)
  • Mile (1 609 m) : 3 min 53 s 6 (1965)
  • 2 000 m : 4 min 56 s 2 (1966)
  • 3 000 m : 7 min 49 s (1965)
  • 2 miles (3 219 m) : 8 min 22 s 6 (1965)
  • 3 miles (4 828 m) : 13 min 04 s 8 (1965)
  • 5 000 m : 13 min 27 s 6 (1965)
  • 10 000 mètres : 29 min 03 s 2 (1965)
  • 6 miles (9 656 m) : 28 min 09 s 4 (1965)
  • 4 x 1 500 m : 14 min 49 s 0 (1965)

Récompenses et décorations

Annexes

Bibliographie

  • Alain Billouin, Michel Jazy : L'ange de la piste, Manchecourt, Prolongations, juin 2007, 311 p. (ISBN 978-2-916400-12-9) 
  • Autobiographie, Mes Victoires, Mes défaites, Ma vie aux éditions Solar.

Articles connexes

Références

  1. La rage de courir, autobiographie de Michel Bernard : « J'ai eu le sentiment d'être victime d'un règlement de comptes, un vrai coup de poignard. Là-bas, quelque part dans un bureau de Paris, des messieurs intouchables avaient rayé d'un trait mon nom d'une liste puis quitté la salle de réunion l'âme en paix... En moi la révolte grondait! ».
  2. a et b Jazy, L'ange de la piste, Alain Billouin, (ISBN 9782916400129)
  3. a et b La fabuleuse histoire des Jeux olympiques, Robert Parienté, Guy Lagorce (ISBN 2830705831)

Lien externe



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