- Melchite
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Melchite est une appellation donnée par les Syriaques Jacobites à ceux qui partagent les idées du Concile de Chalcédoine[1].
Le concile chalcédonien
Il fut organisé sur ordre de l'empereur Marcien (450-457). Un grand nombre d'évêques étaient présent, venus particulièrement de l'Orient Chrétien dont 17 des pays arabes. Le but de ce Concile était de discuter, voire révoquer les instructions de Nestor, rénovées par Eutychès.
Le Concile a conclu à des décisions très importantes que le roi approuva. Alors que le pape Léon encouragea seulement les décisions dogmatiques[2]. 452 pères du concile approuvèrent ces décisions. Ceux qui ne rejoignirent pas ce point de vue sont les Jacobites ; ce sont eux qui appelèrent les précédents les melchites chalcédoniens. Les melchites sont donc en majorité ceux qui suivent les rites d'Antioche Syriaque et ont reconnu les décisions du Concile chalcédonien.
Agabios al-Manbiji al-Rumi, l'historien melchite, disait dans son ouvrage :
« et le roi Théodose junior mourut et Marcien prit le pouvoir sur le royaume... C’est sous son règne que le 4e Concile de Chalcédoine eut lieu. Sache mon frère melchite que les syriaques détestent ce roi. »
— Al-Machreq, t. 34, p. 39
Et plus loin :
« durant cette année, le roi de Perse cerna les habitants de la ville d'Edesse qui épousaient le point de vue melchite et les obligea à être jacobites[3]. »
« Héraclius vint à Edesse et ordonna aux chrétiens qu'ils reviennent au melchisme. Ce qu'ils firent. Seule une petite communauté resta jacobites[4]. »
Selon l'historien copte Ibn al-'Amid en 1273 :
« Marcien ordonna l'interdiction de l'évêque Dioscore... Depuis, l'église se divisa en doctrine du roi Marcien (les melchites) et les jacobites selon la doctrine de Dioscore. »
— Al-Machreq, t. 34, p. 39
Alors qu'al-Rahawi dit au sujet de Jean Ibn Abdoun patriarche des syriaques jacobites de (1004 à 1040) :
« quand six évêques et prêtres partirent à Constantinople, Jean l'évêque de Myafarqine le melchite fut parmi eux. »
— Al-Machreq, t. 34, p. 38
Alors que Ibn al-Rāhib le copte écrit dans son histoire :
« à l'époque du roi Marcien eut lieu le 4e Concile de Chalcédoine durant la première année de son règne. 630 évêques étaient présents. »
— Al-Machreq, t. 34, p. 39
Les églises melchites
Le philosophe Yahya b'Adi disait :
L'histoire démontre que les Melchites avaient des églises propres à eux et des patriarches. Yahya b. Sa'îd b. Yahya al-Antaki dit dans son ouvrage appelé « sirat tarikh Aotikiya » :
« Quant à la chaire d'Alexandrie, elle resta une année sans patriarche. La communauté chrétienne melchite d'Égypte choisit un moine de Musaysa qui s'appelait Isaac et habitait dans le désert de Sinaï. »
— Tarikh al-Antaki, p. 40-41
Dans un autre texte, il cite le nom d'une des églises melchites en Égypte, l'église Saint Michel des melchites[6]. Il parle aussi de l'existence de monastères melchites « Dair al-Qasr », monastère melchite situé sur le mont al-Muqattam, construit sur le tombeau de Saint Arsène[7].
Durant les évènements de l'année 370H/980C, al-Antaki cite le nom d'une autre église melchite au Caire : l'église de la Sainte Marie[8].
À la venue de l’Islam, le mot melchite parut pour la première fois dans le sermon d'Omar Ibn al-Khattab à l'attention du patriarche de Jérusalem Sophronius le Damasquin et toute la communauté melchite. Ce sermon est une promesse où l'Islam s'engage à protéger les chrétiens melchites. Malheureusement, ce document a disparu, mais les historiens de l'Islam ont su conserver une petite partie de la grande histoire melchite.
Ibn Khaldoun dit :
« au sujet de leur croyance dans le Christ, les chrétiens se divisent en plusieurs communautés. On y trouve les melchites, les jacobites et les nestoriens. Chaque communauté eut son propre patriarche. Le patriarche de Rome, qu'on appelle le pape, est de l'avis des melchites[9]. »
Ibn Hazm, lui, nous assure que la meilleure des communautés est la melchite ; c'est la doctrine de tous les rois chrétiens[10].
Al-Biruni, dans al-athar al-baqiya 'an al-qurun al-khaliya, les cite :
« les chrétiens se divisent en plusieurs communautés. La première d'entre elles est celle des melchites qui sont les Grecs. Ils furent nommés ainsi parce que le roi de Byzance est de leur avis.[11]. »
On arrive enfin à al-Mas'udi qui dit vrai dans la majorité de ce qu'il rapporte des chrétiens en général, et des melchites en particulier. Il dit dans mourouj al-zahab wa ma'adin al-jawhar :
« c'est le classement des Melchites. Ils sont le sommet et le pôle des chrétiens. Les orientaux dont les nestoriens et les jacobites sont leurs descendants[12]. »
Le terme grec ne signifie pas que les adeptes de cette église soient d'origine grecque. Ils sont plutôt les adeptes de la nouvelle Rome, soit Constantinople. Ce mot est d'origine grecque, mais aujourd'hui, cette église s'appelle l'église grecque melchite catholique. Il est par contre jugé préférable de supprimer le terme grec et l'appeler seulement l'église melchite, sans citer catholique car il n'y a pas d'église melchite orthodoxe, d'autant que les orthodoxes ont renoncé à ce titre depuis 1724.
Les Melchites utilisaient dans leurs prières l'ancienne liturgie syriaque d'Antioche. Avec le temps et la pression de Constantinople, ils remplacèrent leur liturgie par celle de Byzance. Le centre de leur chaire patriarcale était dès les premiers siècles chrétiens à Antioche. Mais au XIVe siècle, elle fut transférée à Damas où le patriarcat s'installa jusqu'à nos jours[13].
Ils conservèrent malgré tout le titre de patriarche d'Antioche et de tout l'Orient.
Notes
- Le Concile chalcédonien est le 4e Concile œcuménique, réuni en 451 sur ordre du roi Marcien. Celui-ci demanda au pape Léon de présider l'ouverture. Mais le pape envoya un représentant. Ce Concile est le premier dans l'histoire à inviter le pape à sa présidence. Ce geste institué devint par la suite une condition nécessaire à la légitimité de tout concile
- À ce sujet voir les ouvrages relatifs aux décisions du concile
- Agabios al-Manbiji, al-Muntakhab min tarikh al-Manbigi, Umar Abds-Salam,, p. 34
- Ibid. p. 41
- Youssef Warda : Kitab al-chouheb al-sobhia fi-l-kanisa al-masihiyya, p. 68
- Tarikh al-Antaki, p. 95
- Ibid, p. 282
- Ibid, p. 463-464
- Ibn Khaldun, al-Muqaddima, p. 292
- I, p. 110 Al-fast fi-l-milal wa-l-ahwa' wa-l-nihal, t.
- Al-Biruni... p. 288
- I, p. 109 Mourouj... t.
- I, p. 84 Habib al-Ziyat précise dans son ouvrage les grecs melchites en Islam que durant l'année 1322 eut lieu le transfert définitif de la chaire patriarcale d'Antioche à Damas. Il se base en cela sur le témoignage de al-Siqa'i, t.
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