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Antigermanisme
L’antigermanisme (anti-germanisme, germanophobie, anti-allemand) est l'attitude d'hostilité envers l'Allemagne et les Allemands qui s'est développée particulièrement en France au XIXe siècle.
Ce sentiment xénophobe est issu de la résistance des provinces allemandes à l'occupation française particulièrement sous Napoléon, puis dans la réaction à l'unification allemande, vue comme une menace, menée par la Prusse. Cette menace se concrétisera d'ailleurs par la guerre franco-prussienne de 1870, qui exacerbera le sentiment anti-allemand. L'antigermanisme connaîtra un essor particulier sous la Troisième République.
Sommaire
Caractéristiques
Cette haine de l'Allemand ou de ceux qu'on surnommait les "boches" (ou "teutons") s'explique notamment par l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par la Prusse à la suite du conflit armé de 1870. Étroitement liée au revanchisme, cette idéologie est largement véhiculée par la presse, la littérature et le courants politiques nationalistes de l'époque. Elle trouve son point culminant avec le boulangisme, l'affaire Dreyfus (liée à une affaire d'espionnage allemand) et les accidents diplomatiques (Kiel, Tanger) qui ponctuent la première décennie du XXe siècle. Pour plusieurs, l'antigermanisme se confond également avec l'antisémitisme, l'anti-protestantisme et la haine des Lumières (Aufklärung). Le juif, le protestant et le philosophe (Kant en particulier) étant associés par stéréotype à la culture allemande.
L'approche imminente de la Première Guerre mondiale soulève à nouveau les passions anti-allemandes et des éditeurs parisiens comme la Nouvelle librairie nationale et Bloud et Gay exploitent sans relâche cette forme de ressentiment en multipliant les publications haineuses envers l'ennemi (par exemple, la collection "Pages actuelles 1914-1916" de Bloud et Gay propose des titres tels : Léon Daudet, Contre l'esprit allemand, 1916; Francis Marre, La Chimie meurtrière des Allemands; Fernand Passelecq, Pour teutoniser la Belgique; Jacques Bainville, La presse et la guerre. L'Action française ; Louis Arnould, Le duel franco-allemand en Espagne).
Durant la guerre, l'antigermanisme touche également la Belgique. Après le Traité de Versailles, l'idéologie disparaît progressivement, mais les militants de l'Action française - Jacques Bainville en tête - restent insatisfaits du sort réservé à l'Allemagne après la guerre. Louis Dimier, par exemple, aurait souhaité un démantèlement systématique du pays en plusieurs provinces. Fidèle à leurs convictions revanchistes, Maurras et ses confrères poursuivront leur offensive en critiquant le Troisième Reich durant les années 1930.
Si l'attitude antigermaniste fut extrêmement répandue en France durant la Première Guerre mondiale, elle eut toutefois ses critiques. Elle fut rejetée par une bonne partie des militants socialistes qui défendaient des idéaux internationalistes et entretenaient des liens avec la social-démocratie allemande (Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg). Du côté des écrivains, Romain Rolland, favorable au socialisme, refusa fermement cette attitude et se réfugia en Suisse. Il fut d'ailleurs la tête de turc de nombreux polémistes français de l'époque.
S'il s'est surtout manifesté à droite et à l'extrême droite, l'antigermanisme a également été véhiculé par des personnalités de gauche qui se rallièrent à un certain nationalisme durant la guerre. Ce phénomène n'est pas étranger à l'Union sacrée de Clemenceau où plusieurs adversaires politiques suspendirent leurs hostilités « internes » pour se porter à la défense de la nation.
Maurice Barrès, Paul Déroulède, Charles Maurras (et l'Action française), Jacques Bainville, Léon Daudet ou Louis Dimier comptent parmi les plus célèbres représentants d'un antigermanisme lié à l'antisémitisme.
Au XXIe siècle en France
Aujourd'hui, la germanophobie est généralement liée à une certain ressentiment vis-à-vis du IIIème Reich, ou à un sentiment antieuropéen, comme l'analyse, par exemple, Daniel Cohn-Bendit.
Germanophobie dans d'autres pays
La germanophobie qui est également présente dans divers pays a des racines diverses :
- en Europe centrale, elle est généralement l'héritage de la Deuxième Guerre mondiale
- dans les Baléares elle est le rejet de la présence massive de riches touristes allemands qui s'approprient les biens immobiliers au point que la presse allemande a déjà proposé, ironiquement, de faire des Baléares un nouveau land allemand.
Ouvrages
- Philippe Gautier, La Germanophobie, L'AENCRE, 1997.
Article connexe
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