Maurice Pons

Maurice Pons
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Maurice Pons, né à Strasbourg en 1925, est un écrivain français.

Sommaire

Biographie

Après avoir entrepris des études de philosophie qu'il s'empresse d'abandonner, il publie sa première nouvelle en 1951 chez Julliard, Métrobate, qui sera suivi, en 1953, de La Mort d'Éros. En 1955, chez Julliard, suit un recueil de récits, Virginales, qui obtient le prix de la Nouvelle et dont François Truffaut tirera le scénario de son film Les Mistons. Cet ouvrage fait découvrir un langage qui emprunte à l'enfance à la fois ses magies et ses audaces ; il sera réédité en 1984 par Christian Bourgois.

Comédien amateur, Pons devient journaliste et éditeur d'occasion, collaborant à la revue Arts et travaillant chez Cino Del Duca, avant d'abandonner définitivement la vie parisienne pour se retirer en 1957 au moulin d'Andé.

En 1958, il écrit un roman autobiographique Le Cordonnier Aristote (Julliard) et surtout, en 1960, Le Passager de la nuit (Julliard), récit sur la guerre d'Algérie. Maurice Pons est un des signataires du manifeste des 121.

En 1965, il publie Les Saisons chez Julliard, titre réédité en 1975 par Christian Bourgois. Il s'agit d'un roman philosophique sur la douleur de vivre.

Aux éditions Denoël, paraissent :

  • Rosa (1967), joyeuse parodie de roman historique, qui se révèle être un conte, offrant un refuge au plus malheureux des hommes.
  • Mademoiselle B. (1973) révèle un monde inexplicable rationnellement, vers lequel l'auteur conduit en pèlerinage le lecteur.
  • La Maison des brasseurs (1978), où se mêlent fantastique et réel, dans la quête d'un jeune peintre à la recherche des secrets des tableaux de Gustav De Wing (1867-1922).

Nombre des romans de Maurice Pons ont été portés à l'écran, au théâtre, ou transposés en spectacles de danse ; mais la lecture en reste un joyau, car on peut apprécier l'art de l'écrivain pour qui « écrire, c'est aligner les voyelles et les consonnes dans un certain ordre pour en faire des corbeilles de beauté », ainsi qu'il le déclara au cours d'une interview.

En près de quarante ans d'écriture, Maurice Pons n'a livré qu'une vingtaine de livres. Mais ils ont suffi à faire de lui un personnage marquant. Depuis son premier recueil, Virginales, jusqu'aux Délicieuses frayeurs parues en 2006, la plupart de ses ouvrages, notamment ses deux romans les plus connus (Les Saisons et Rosa), n'ont cessé d'être réédités et traduits à l'étranger.

Un style

Dans l'univers de Pons, le présent est un avatar, les noms changent, les visages sont floutés. Derrière une apparence de logique, le monde reste abstrait. On n'est sûr de rien du tout, sinon de mourir un jour. Aujourd'hui ! Énorme angoisse à laquelle s'ajoute celle d'écrire, raison pour laquelle Maurice Pons le fait si peu. Et, à l'intérieur de ce chaos mental ténébreux, la grâce infinie du style. Substantifs pleins, adjectifs déliés. On se régale à ce festin morbide. Pons aura été l'un des écrivains les plus doucement bouleversants du XXe siècle. Au XXIe siècle, il continue.

Comédien

Bibliographie

  • Métrobate, Julliard, 1951. Réédité sous le titre Pourquoi pas Métrobate ? suivi de L'Histoire de Métrobate, Balland, 1982.
  • La Mort d'Éros, Julliard, 1953.
  • Virginales, Julliard, 1955 ; Christian Bourgois, 1984 ; Julliard, 1989. Grand prix de la nouvelle.
  • Le Cordonnier Aristote, Julliard, 1958. Réédité sous le titre Embuscade à Palestro, Le Rocher, 1992.
  • La Folle passion de Cléopâtre, un récit tiré de W. Shakespeare, « collection du Moulin », éditions Hautefeuille, 1958.
  • « La Vallée », revue Les Lettres nouvelles, 1960 ; Le Monde diplomatique, janvier 1993.
  • Le Passager de la Nuit, Julliard, 1960; Le Rocher, 1991.
  • Les Saisons, Julliard, 1965 ; Christian Bourgois, 1975 ; collection « 10-18 », n° 1601, 1983 ; Le Rocher, 1992 ; Christian Bourgois, 1995.
  • Rosa, Denoël, 1967 ; collection « Folio », n° 688, 1975 ; Julliard, 1994.
  • La Passion de Sébastien N., une histoire d'amour, Denoël, 1968. Réédité sous le titre Le Festin de Sébastien, Le Dilettante, 1999.
  • Chto !, Christian Bourgois, 1970.
  • Mademoiselle B., Denoël, 1973 ; collection « Folio », n° 1780, 1986.
  • La Maison des brasseurs, Denoël, 1978.
  • La Psychiatrie à visage ouvert, entretiens avec Cyrille Koupernik, Mercure de France, 1979.
  • Patinir ou l'harmonie du monde, en collaboration avec André Barret, Laffont, 1980.
  • « Pratiques d'écriture » et « La Vallée », revue Les Saisons, n° 1, hiver 1990.
  • Témoignage in ouvrage collectif Le Moulin d'Andé, préface de Suzanne Lipinska, Quai Voltaire, 1992.
  • Témoignage in ouvrage collectif 131 nouvellistes contemporains par eux-mêmes, coordonné par Daniel Zimmermann et Claude Pujade-Renaud, Manya, 1993.
  • Douce-Amère, Denoël, 1985 ; Le Dilettante, 1997.
  • Souvenirs littéraires et quelques autres, Quai Voltaire, 1993 ; Le Rocher, 2000.
  • La Dormeuse, Calligramme, 2001.
  • Délicieuses frayeurs, Le Dilettante, 2006.
  • « Le Moulin suspendu », revue La Femelle du requin, n° 28, hiver 2006-2007.

Traductions

  • T. Williams, La Statue mutilée, Laffont, 1959.
  • J. Arden, La Danse du sergent Musgrave, l'Arche, 1963.
  • Jerzy Kosinski, L'Oiseau bariolé, Flammarion, 1966.
  • B. Garson, Macbird, 1967.
  • Norman Mailer, Pourquoi sommes-nous au Vietnam ?, en collaboration avec Anne-Marie Le Gall, Grasset, 1968.
  • R. Persing, Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes, Seuil, 1978.
  • R. Persing, Mémoires, Laffont, 1978.
  • R. Persing, Le Boxeur manchot, collection « 10-18 », 1981.

Préfaces

  • T. Williams, La Statue mutilée, Laffont, 1959.
  • E. Morris, Les Fleurs d'Hiroshima, Julliard, 1960.
  • J. Swift, Voyages de Gulliver, traduit et annoté par Jacques Pons, d'après l'édition d'Émile Pons, Gallimard, 1964 et 1965 ; collection « Folio », n° 597,1976.
  • S. Signoret, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, Seuil, 1976.

Cinéma

  • Dialoguiste du film Les Mistons, d'après une nouvelle de Virginales, 1958.
  • Dialoguiste du film La Belle vie, 1962.
  • Auteur et réalisateur du film La Dormeuse, 1962.

==

Quelques résumés de livres

Les Saisons

Le décor des Saisons est une vallée inhospitalière, battue par les pluies, le vent, le givre, où ne poussent que des lentilles, où ne vivent que des semblants d'humains. Dans ce pays sans issue, sorte de lieu du pourrissement - début d'enfer -, comment Siméon, le héros de cette histoire, poète naïf et maladroit, endeuillé et démuni, peut-il créer ? Siméon vient de quitter un pays en guerre, dans sa besace, des dizaines de feuilles, non écrites encore. Sa sœur morte dans un camp vient souvent le hanter. Il arrive dans ce village en réfugié. Mais ici, pas de comité d'accueil. Quelqu'un balance un crâne de mouton que Siméon croit envoyer rouler au loin. Il se blesse. Siméon n'arrive pas à écrire. Parce qu'on ne le laisse jamais seul. Il ne peut rien faire, sinon tenter de survivre d'abord, sinon tenter, malgré cette blessure au pied qui lui fait si mal, qui ne guérit pas, de fuir ensuite ce non-lieu infesté et infecté par la pourriture, la pluie, le gel, la neige, la pluie, la pluie, dix-huit mois de pluie, quarante mois de glace bleue, dix-huit mois de pluie… Il ne peut que repartir. Certains décident alors de l'accompagner dans son exode morbide, dans cette longue errance qui ne mènera pas vers la Terre promise - car la mort s'est étendue et a pourri le vivant - mais vers un charnier d'ossements humains. Et Siméon, dans tout ça ? Siméon, cet être déboussolé, exilé, apatride, cet écrivain qui n'arrive pas à écrire, qui est-il réellement ? Qu'en est-il de l'écrivain qui est le véritable sujet de ce roman ? Handicapé, inadapté à la société et à la masse qui la compose, en marge, toujours en retard, trop en avance, on le rejette, on le bat, on le raille alors qu'on le suit dans sa folie. Paradoxe de la réalité ? L'écrivain Siméon-Pons s'excuse de ne pas être utile, s'abaisse devant la pauvreté de l'imaginaire et du vocabulaire en tentant par des tours et des détours d'être accepté par le troupeau, mais finalement c'est au troupeau d'os qu'il appartient. Le résultat de cette quête est terrible. Doit-on s'interdire d'écrire pour autant ?

Douce-amère

Ces onze nouvelles, parues en 1985 chez Denoël, ont l'apparence aussi appétissante que des petits champignons vénéneux. Délicats au toucher, attendrissants à l'œil. Mais sitôt avalés, voilà qu'ils vous tuent sur le champ. Enfant, Maurice Pons devait se régaler des faits divers sordides, plutôt que des histoires naïves de croque-mitaines. Avec une cruelle désinvolture, ("Nous étions ses meilleurs amis (...) C'est tout naturellement chez nous qu'elle vint pour mettre fin à ses jours"), l'auteur des Saisons convoque, à partir de fragments de vies ordinaires, quelques spectres fugitifs, jouant avec la mort en espérant faire perdre la tête aux vivants. Le hasard, l'infortune, la fatalité embrassent, quant à eux, la charge d'hôtes impromptus. Il y a, dans ce recueil relevant du fantastique à visage humain, une gravité glacée qui défie toutes les lois. Bel effet. Comme un coup du lapin, porté par une caresse.

Délicieuses frayeurs

Délicieuses nouvelles aux accents tragiques. Maurice Pons emprunte les chemins de traverse pour décrire le chaos des existences. Noël au champagne narre les mésaventures d’un marin optimiste, la nuit de Noël, piégé au jeu des apparences. Les existences sont renversées avec ironie. Une vieille femme qui veut préparer dignement sa mort, se fait rattraper par celle-ci et connaît une fin absurde. Un coup de sonnette fantomatique réveille pour quelques instants les espoirs déchus et les souvenirs heureux. Un pendentif en émeraude retourne à sa cachette, après avoir marqué du sceau du destin, la peau d’une jeune femme, la laissant stérile. Des peuples se croisent dans des exodes trompeurs. Un jeune violoniste joue dans un concert fantôme. Un chat guide un couple vers une nouvelle vie. La nouvelle Douces frayeurs clôt le parcours. Dans un tunnel sous une voie ferrée, une main effleure le souvenir de ce qui aurait pu être. Maurice Pons met en scène les aléas cocasses et dramatiques de la vie, à l’aide d’une langue vive, riche et magnifique. Délicieuses frayeurs est un collier de perles glacées, acérées, qui égratigne celui qui l’enfile, mais qu’on ne peut s’empêcher d’égrainer. À lire sans modération, accompagné de Douce-amère, un autre recueil de nouvelles réédité simultanément.

Sur Maurice Pons

  • Dossier Maurice Pons, revue Les Saisons, n° 1, hiver 1990.
  • Jacques Layani, Écrivains contemporains : Madeleine Bourdouxhe, Paul Guimard, Maurice Pons, Roger Vailland, L'Harmattan, 1999.
  • Dossier Maurice Pons, revue La Femelle du requin, n° 28, hiver 2006-2007.



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Maurice Pons de Wikipédia en français (auteurs)

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