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Massacre de Babi Yar
Babi Yar (en russe : Бабий Яр ; en ukrainien : Бабин яр, Babyn Yar ; en polonais : Babi Jar), ou « Ravin de la vieille femme », est un lieu-dit entre les villages de Łukianowka et Syriec (aujourd'hui dans le district de Kiev en Ukraine), où près de 100 000 civils, en majorité d'origine juive, furent massacrés par les nazis et des collaborateurs locaux, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
Arrivée des nazis à Kiev
Le 19 septembre 1941, la Wehrmacht entra dans Kiev, qui comptait 900 000 habitants dont 120 à 130 000 Juifs. Le 28 septembre, un communiqué ordonna à tous les Juifs de se présenter le lendemain, jour de Yom Kippour, à 8h avec leurs papiers, valeurs et des vêtements chauds. Il était précisé que tout Juif trouvé ailleurs et sans possession du communiqué en question, ainsi que tout civil surpris à cambrioler un appartement juif évacué, serait exécuté. La plupart des habitants de Kiev, juifs ou non, pensaient qu'il s'agissait d'une déportation. En fait, les nazis avaient décidé d'exécuter immédiatement tous les Juifs sous prétexte d'une série d'explosions provoquées par le NKVD et visant des installations allemandes, dont les Juifs furent accusés.
Le commandement en place (Generalmajor Eberhardt, Höherer SS-und Polizeiführer SS-Obergruppenführer Jeckeln, le chef de l'Einsatzgruppe C, SS-Brigadeführer Rasch et de l'Einsatzgruppe 4a SS-Standartenführer Paul Blobel) avait sélectionné une unité spéciale (Sonderkommando 4a) pour l'exécution du plan et le lieu de sa réalisation.
Exécutions
Les Juifs de Kiev se rassemblèrent au lieu ordonné, s'attendant à être embarqués dans des trains. La foule était suffisamment dense pour que la majorité ignorât ce qui se passait en réalité. Lorsqu'ils entendirent les mitrailleuses, il était trop tard pour prendre la fuite. Ils furent conduits par groupes de dix à travers un corridor formé de soldats, forcés à se dévêtir sous les coups de crosse, puis exécutés au bord de la gorge de Babi Yar. Le massacre dura deux jours. Selon les rapports allemands, 33 771 Juifs ont été exécutés durant l'opération.
Dans les mois qui ont suivi, 60 000 exécutions eurent lieu au même endroit sur des Juifs, Polonais, Tziganes, Ukrainiens. Parmi eux se trouvait la poète et activiste ukrainienne Olena Teliha.
Camp de concentration
Après les exécutions de masse, un camp de concentration fut créé à Babi Yar. Les communistes, résistants et prisonniers de guerre y ont été enfermés. Le nombre de victimes du camp est estimé à 30 000.
Après Guerre et commémorations
Quand l'armée rouge reprit le contrôle de la ville le 6 novembre 1943, le camp de concentration fut converti en camp soviétique pour prisonniers de guerre allemands et fonctionna jusqu'en 1946. Le camp fut ensuite détruit et dans les années 1950 et 1960, le développement urbain gagna la zone, avec la construction d'un complexe d'immeubles et d'un parc. La construction d'un barrage à proximité vit le ravin rempli par des gravats industriels. Le barrage se rompit en 1961, provoquant des coulées de boues qui firent de nombreuses victimes dans le secteur.
Les dirigeants soviétiques ne voulurent pas mettre en avant la spécificité juive de la tragédie de Babi Yar. Ils présentèrent plutôt ces atrocités comme un crime commis contre le peuple soviétique en général et les habitants de Kiev plus particulièrement. Ainsi le premier rapport de la Commission d'État extraordinaire (Чрезвычайная Государственная Комиссия), en date du 25 décembre 1943 fut il officiellement censuré en février 1944.
Plusieurs tentatives furent menées sous l'ère soviétique pour ériger un mémorial à Babi Yar pour commémorer le destin des victimes juives mais elles n'aboutirent pas. Un monument officiel fut érigé aux victimes soviétiques en 1976. La mémoire du lieu reste compliquée en Ukraine du fait du grand nombre de victimes assassinées à cet endroit et pour des raisons différentes . Après la chute de l'Union soviétique en 1991, le gouvernement ukrainien autorisa la création d'un monument spécifique aux victimes juives, monument qui fut inauguré en septembre 2001. D'autres monuments furent érigés par la suite, quelquefois de simples croix, dédiées aux nationalistes ukrainiens, aux enfants ou à deux prêtres orthodoxes exécutés par les nazis. Un monument fut également proposé pour rappeler le massacre de nombreux tsiganes mais n'a pas abouti par manque de financement et tracasseries administratives.
Depuis 1990, la médaille de « Juste de Babi Yar » récompense les personnes qui ont porté secours aux Juifs condamnés à mort dans l'extermination de Babi Yar. 400 personnes ont reçu cette médaille à ce jour.
Références littéraires
Le massacre de Babi Yar a inspiré l’écrivain russe, Evgueni Evtouchenko, dans une série de cinq poèmes que Dmitri Chostakovitch a repris intégralement dans sa 13e symphonie opus 113 dite « Babi Yar » pour orchestre, basse et chœur d’hommes créée à Moscou le 18 décembre 1962 sous la direction de Kirill Kondrachine. Babi Yar est également le titre d’un roman d’Anatoli Kouznetsov et d’un film d’animation ukrainien. En 1981, le traducteur, poète et romancier anglais D.M. Thomas évoque longuement le massacre de Babi Yar dans un chapitre de son roman The White Hotel (L’Hôtel Blanc)[1]. De même, Jonathan Littell, dans son roman Les Bienveillantes paru en 2006, décrit les réactions de son héros, l’officier SS Max Aue, face à ce massacre.[2]
Liens internes
Notes et références
- ↑ (en) Voir en:The White Hotel sur la wikipédia anglophone.
- ↑ Littell, Jonathan : Les Bienveillantes, éd. Gallimard, Coll. Folio, Paris 2006, pp. 178 et suiv.
Bibliographie et liens externes
- Dans les fosses de Babi Yar, Le Monde diplomatique, août 2007
- Kiev et Babi Yar, Encyclopédie de la Shoah en ligne
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