- Antenor de Provence
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Antenor, patrice de Provence vers les années 700-716.
Sommaire
Biographie
Non soumis aux Pippinides, Antenor représente les Mérovingiens en Provence à une époque où l'autorité de ceux-ci est contestée par les maires du Palais. L'historien Pierre Riché précise qu'Anthénor est un aristocrate de la cour de Neustrie représentant le maire du palais, mais cherchant à s'émanciper de sa tutelle[1]. On a pris argument des frappes monétaires[2] faites au nom des patrices pour montrer l'indépendance prise en Provence par rapport au pouvoir franc. Mais ces monnaies, des deniers d'argent, sont toutefois marquées de son monogramme.
En 697, il est présent à la cour de Childebert IV lorsque le roi refuse d'accorder à Drogon de Champagne, les propriétés que ce dernier estime lui revenir en raison des liens familiaux de sa femme. Sa présence à ce tribunal peut s'expliquer par son opposition à Pépin de Herstal et à la famille de ce dernier[3].
L'autorité d'Antenor en Provence repose sur ses possessions foncières et le contrôle des revenus ecclésiastiques et séculiers. Il a beaucoup de partisans ainsi que de nombreux opposants, dans et hors de son duché. A Marseille, il confisque des biens de l'abbaye de Saint-Victor[4] et ordonne d'en bruler les titres de propriété, ce qui met en évidence un usage des puissants de l'époque : confiscation des biens ecclésiastiques pour rétribuer leurs partisans.
Le texte de 780[5] qui nous renseigne sur ces spoliations, évoque également une révolte, probablement autour des années 714-716 (711-714 pour Georges de Manteyer[6] ou selon Michel Rouche à partir de 696-697[7] ou 702[8]), qui dresse Antenor contre Pépin de Herstal puis contre Charles Martel. Le laconisme du texte ne permet de se rendre compte si cette rébellion peut être comparée aux révoltes aquitaines dont Charles Martel ne vient à bout que par l'extermination des élites et la politique de la terre brulée. Du silence des sources par rapport à tous ces faits peut cacher une histoire tragique, comme celle de la peste du VIe siècle, avec des conséquences sur la vie des hommes et le peuplement de la Provence. Comme en Aquitaine aussi, cette révolte se conjugue avec la présence des Sarrasins, provoquée contre les Francs.
D'après ce document, il aurait été remplacé par le patrice Metranus[9]Un ou deux Antenor ?
L’analyse du trésor de Cimiez a toutefois complexifié la situation. En effet, cette analyse fait apparaître deux séries de pièces pouvant être identifiées à Antenor, avec des caractéristiques montrant qu’elles auraient encadré les émissions des patrices Ansedert et Nemfidius[10]. Ainsi Antenor aurait pu être deux fois patrice bien que certains n’évacuent pas l’hypothèse que le second Anténor ait été un fils ou un parent du premier[11].
Voir aussi
Sources
- (en) Patrick J. Geary, Before France and Germany, Oxford University Press, 1988.
- Pierre Riché - Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe - Hachette littérature, Paris, 1997 (1re édition 1983) - (ISBN 2012788513)
- Paul-Albert Février (dir.), Provence des origines à l'an mil, éd. Ouest-France Université, 1989.
- Michel Rouche, … - Histoire du Moyen Âge - Editions Complexes, 2005 – (ISBN 2804800423)
Liens internes
Notes
- Pierre Riché - Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe - p.41
- Cimiez (Provence des origines à l'an mil, page 462). Ce trésor qui fut découvert en 1851 contenait 2.294 deniers d'argent dont 1.500 pièces de Marseille d'après Grierson. Le trésor aurait été enfoui entre 730 et 740. Celles d'Antenor sont connues par le trésor de
- Before France and Germany, 205.
- Digne) auraient été donnés à l'abbaye sous Charles Martel (715-741) par Adaltrude, la veuve de Nemfidius. Certains de ces biens (propriétés au nord de
- Abbon. Protocole rédigé à Digne en 780 contenu dans le cartulaire de Saint-Victor; ce protocole nous indique également une liste de patrices provençaux : Ansedertus, Nemfidius, Antenor, Metranus et
- ici :
- A quel moment eut lieu cette révolte? Elle est datée par G. de Manteyer entre 711, date de la mort de Childebert III et la mort de Pépin II le 16 décembre 714.
Jean Lafaurie - Revue numismatique Année 1969 Volume 6 Numéro 11 pp. 98-219 : Monnaies d'argent mérovingiennes des VIIe et VIIIe siècles : les trésors de Saint-Pierre-les-Étieux (Cher), Plassac (Gironde) et Nohanent (Puy-de-Dôme) – page 118 - Michel Rouche, Jean Heuclin - Le choc des cultures: romanité, germanité, chrétienté, durant le haut moyen âge - Presses Univ. Septentrion, 2003 - (ISBN 2859397981), page 195 ici :
- La Provence, quant à elle, finit par devenir très facilement indépendante, faute de pouvoir central vers 696-697, sous la direction de son patrice Antenor.
- Michel Rouche, … - Histoire du Moyen Âge - Editions Complexes, 2005 – (ISBN 2804800423) , page 14 ici :
- Dans le Midi, la Bourgogne se fragmente en multiples citées dirigées par des princes locaux. La Provence fait de même à partir de 702, sous la direction du patrice Antenor
- Childéric II. Ces fabrications continuent jusqu'à l'avènement de Pépin le Bref en 751. La plupart de ces monnaies nous sont connues grâce à l'inventaire d'Arnold Morel-Fatio du Trésor de Nice-Cimiez et à la publication de Chabouillet en 1890. Le trésor qui fut découvert en 1851 contenait plus de 2.000 (2.294) deniers d'argent dont 1.500 pièces de Marseille d'après Ph.Grierson. Le trésor aurait été enfoui entre 730 et 740. Les deniers marqués d'un M, normalement anonymes, pourraient néanmoins être attribués au patrice Metranus (c.720). On dispose de deniers marqués d'un M provenant du trésor de Nice-Cimiez. Pour Jean Lafaurie, la fabrication des monnaies d'argent commence vers 675, date de l'assassinat de
- La première série fait apparaître le nom complet comme les frappes des patrices suivants, tandis que sur la seconde ne figure qu'un monogramme, ce qui devient la norme par la suite.
- ici. Philip Grierson, Mark Blackburn - Medieval European Coinage: Volume 1, The Early Middle Ages (5th-10th Centuries) – pages 147,148
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