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Marie Bruneau des Loges
Marie des Loges, née Bruneau en 1585 à Troyes et morte le 1er juin 1641 au château de La Pléau, est une salonnière française.
Fille de Sébastien Bruneau, homme riche venu demeurer à Paris après être devenu secrétaire du roi, elle suivit son père à La Rochelle où celui-ci s’était retiré pour éviter la persécution, car il était huguenot.
Tallemant rapporte que Marie, quoique la cadette, fut accordée la première et qu’on fut obligé de la marier plus tôt à son époux Charles de Rechignevoisin, sieur des Loges, car, en badinant avec son accordé, elle devint grosse. Elle dit depuis qu’elle ne savait comment cela s’était fait ; que son mari et elle étaient tous deux si jeunes et si innocents, qu’ils ne savaient ce qu’ils faisaient.
Son mari ayant été nommé gentilhomme de la chambre, elle ouvrit en 1603 un salon où ses grâces, sa bonne renommée et son esprit brillant en firent une célébrité parisienne depuis la fin du règne de Henri IV jusque sous le ministère de Richelieu. Aussi important que celui de Catherine de Rambouillet, son salon fut bientôt le rendez-vous de tous les gens à la mode, les grands seigneurs et les lettrés, parmi lesquels Malherbe, Voiture Conrart, Guez de Balzac ou Godeau. Tous en faisaient grand cas et la célébrèrent à l’envi en vers et en prose en l’appelant la divine, la dixième muse. Tous louaient les charmes de sa conversation, comme son style facile , poli, sans affectation, sa douce gaîté et son dévouement à ses amis. Selon Tallemant, « Elle avait une liberté admirable en toutes choses ; rien ne lui coûtait : elle écrivait devant le monde. On allait chez elle à toutes heures ; rien ne l’embarrassait. J’ai déjà dit ailleurs qu’elle faisait quelquefois des impromptus fort jolis. On a dit qu’elle était un peu galante. »
Tallemant a dit d’elle que « Comme ç’a été la première personne de son sexe qui ait écrit des lettres raisonnables, et que d’ailleurs, elle avait une conversation enjouée et un esprit vif et accort, elle fit grand bruit à la Cour. » Malheureusement pour Marie des Loges, Monsieur y allait également assez souvent. Comme il se plaignait à elle de toutes choses, on l’appelait la linotte de Mme des Loges. Or Marie des Loges ne sut pas se tenir à l’écart des intrigues politiques qui agitèrent le règne de Louis XIII. Compromise avec Monsieur, Richelieu fit interdire les assemblées qui se tenaient chez elle. Rien n’était plus dangereux d’encourir le déplaisir de ce ministre et Marie des Loges, voyant bien qu’on la chasserait, jugea plus prudent de s’éloigner de Paris en 1629. Elle se retira d’elle-même en Limousin chez sa fille aînée qu’elle y avait mariée à un M. d’Oradour et ne revint à Paris qu’en 1636.
Les dernières années de sa vie furent traversées par nombre de chagrins domestiques que sa grandeur d’âme, fortifiée par une piété sincère, lui donna le courage de supporter avec résignation. Un de ses fils qui porta les armes fut tué en 1620 à la bataille de Prague tandis qu’un autre le fut au siège de Breda en 1638.
Sources
- Eugène et Émile Haag, La France protestante, t. iii, Paris, Librairie Sandoz et Fischbacher, 1854, p. 299-300
- Gédéon Tallemant des Réaux, Les Historiettes de Tallemant des Réaux, éd. Georges Mongrédien, Paris, Garnier Frères, 1932
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