- Marie Durand
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Marie Durand, née le 15 juillet 1711 et décédée en 1776 au Bouchet-de-Pranles (Ardèche), est une personnalité protestante. Elle n'a que 18 ans quand elle est arrêtée et emprisonnée dans la tour de Constance à Aigues-Mortes. Elle est la fille d'Etienne Durand, greffier consulaire.
Biographie
Depuis la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, le protestantisme est interdit en France. Ceux qui continuent à célébrer le culte dans des assemblées secrètes sont arrêtés. Marie, issue d'une famille de notables du Vivarais, n'a plus revu sa mère depuis l'âge de quatre ans. Celle-ci a été arrêtée après avoir reçu une assemblée illicite dans sa maison.
Son frère, Pierre Durand, est pasteur et, à ce titre, il est poursuivi par l'intendant de Bernage qui ne pouvant le saisir, se venge sur sa famille.
Leur père Étienne Durand, emprisonné en 1728 au fort de Brescou, près d'Agde, confie Marie, avant de partir, à Matthieu Serres qui l'épouse.
En 1730, les dragons du roi saisissent Matthieu Serres, qui rejoint Etienne Durand au fort de Brescou, et Marie Durand qui est enfermée à la tour de Constance à Aigues-Mortes.
Pierre, âgé de trente ans, est pendu le 22 avril 1732 sur l'Esplanade de Montpellier. Son père ne sort de prison qu'en 1743.
La captivité de Marie Durand durera 38 ans. Enfermée avec une vingtaine d'autres femmes de tous âges et de toutes conditions, elle va vivre dans la pauvreté, le froid, la promiscuité. On attribue à Marie le mot "REGISTER" (résister en occitan affirmation à prendre avec précaution car en Occitan résister se dit : subrestaire ou resistir, cette forme de "G" est plutôt un "S" mal fini mal gravé) gravé dans la pierre d'une margelle au centre de la salle commune. Résister, c'est ce que va faire Marie Durand tout au long de sa captivité, refusant toujours d'abjurer sa foi, exhortant ses compagnes et écrivant de nombreuses lettres : lettres de suppliques ou de remerciements à ceux qui envoyaient des secours ; lettres adressées au pasteur nîmois Paul Rabaut chargé de s'occuper des prisonnières et à sa nièce, Anne, fille de son frère Pierre réfugiée à Genève.
En janvier 1767, le prince de Beauvau, gouverneur du Languedoc, visite la tour, il est révolté par le sort des femmes encore emprisonnées et les libère. Un ministre de Louis XV essaie de s'y opposer, Beauvau offre sa démission… Quatorze femmes sont libérées, dont une (Marie Robert) avait été enfermée 41 ans. Marie Durand sera libérée le 14 avril 1768 et il faudra attendre le 26 décembre 1768 pour que les deux dernières prisonnières soient libérées.
Marie Durand meurt dans sa maison natale au Bouchet-de-Pranles en 1776. Le musée du Vivarais protestant y est établi. La paroisse Réformée d'Amnéville (Moselle) a donné le nom de Marie Durand à sa petite salle de réunion inaugurée le 17 mai 1987 en présence de Thérèse Klipffel, présidente de l'ERAL (Eglise Réformée d'Alsace et de Lorraine). Le pasteur Jean-Jacques Delorme a composé une chanson en hommage à Pierre et Marie DURAND, intitulée "au fin fond du Vivarais". Il l'a interprétée dans leur maison natale le 17 août 1998 et enregistré sur un CD, paru en 2000. Le lycée agricole (LEGTPA) de Nîmes-Rodilhan (Gard) porte le nom de Marie Durand, depuis 2006.
Sources
- Si la Vaunage m'était contée…, Idebert Exbrayat, nouvelle édition 1992
- Marie Durand Musée virtuel du protestantisme français.
- Le musée du désert. Histoire des Huguenots et des Camisards en Cévennes. Assemblée du désert chaque premier dimanche du mois de septembre.
Liens externes
- Lettres de Marie Durand aux Nouvelles Presses du Languedoc
- Marie Durand - Prisonnière de la tour de Constance, 1715-1768 par Daniel Benoit. 1938. Ouvrage en ligne.
- Les martyrs d'Aigues-Mortes par Charles Bost. 1922. Prisonniers et prisonnières protestantes enfermés dans les tours d'Aigues-Mortes, et particulièrement dans la tour de Constance. Ouvrage en ligne.
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