- Maria Yudina
-
Maria Yudina
Maria Veniaminovna Youdina (en russe : Мария Вениаминовна Юдина), née le 9 septembre (calendrier julien : 28 août) 1899 à Nevel et morte le 19 novembre 1970 à Moscou, est une pianiste russe. Opposante au régime soviétique, convertie à la foi orthodoxe, mais admirée par Staline, elle fut un défenseur de la musique russe de son époque et une interprète singulière de Bach, Mozart, Beethoven ou Schubert.
Sommaire
Biographie
Maria Yudina naît en 1899 à Nevel en Russie. Elle commence à jouer du piano à l’âge de 7 ans sous la direction d’une élève d’Anton Rubinstein : Frida Teitelbaui-Levinson. Elle a d’abord étudié au conservatoire de Saint-Pétersbourg avec Anna Essipova et Leonid Nikolaïev. Elle a également brièvement étudié en privé avec Felix Blumenfeld. Étudient en même temps qu’elle Dmitri Chostakovitch et Vladimir Sofronitsky.
Principalement connue pour ses interprétations de Bach et de Beethoven, elle s’est surtout faite le champion de compositeurs contemporains comme son ami Dmitri Chostakovitch. Ses interprétations de Bach peuvent être considérées comme préfigurant le style de Glenn Gould.
Maria Yudina fait partie des rares artistes soviétiques ouvertement opposés au régime communiste, d’où son interdiction d’enseigner et de se produire sur scène à différentes occasions. Elle fut aussi un des grands penseurs chrétiens de la Russie du XXe siècle (parmi ses amis était le philosophe Pavel Florensky). Sa foi orthodoxe sous-tend toute son œuvre.
Après avoir été diplômée du conservatoire de Saint Petersbourg, Maria Yudina a été invitée à y enseigner jusqu’en 1930. Elle en a été chassée à cause de ses convictions religieuses et de ses critiques ouvertes du système soviétique. Sans emploi et sans toit pendant quelques années, Maria Yudina va enseigner le piano au conservatoire de Tbilissi (1932-1933). En 1936, sur les conseils de Heinrich Neuhaus, Maria Yudina est entrée comme professeur au conservatoire de Moscou où elle a enseigné jusqu'en 1951. De 1944 à 1960, Maria Yudina a aussi enseigné la musique de chambre et vocale à l’institut Gnessine (l'actuelle Académie russe de musique). En 1960, Maria Yudina a été limogée de l’institut Gnessine à cause de ses convictions religieuses et de sa défense de la musique moderne occidentale. Elle continua à se produire en public mais elle avait interdiction d’enregistrer ses récitals. Elle fut interdite de scène pendant 5 ans à la suite de sa lecture d’un poème de Boris Pasternak sur scène. En 1966 lors de la levée de l’interdiction, Maria Yudina a donné un cycle de conférences sur le romantisme au conservatoire de Moscou.
Maria Yudina a eu le privilège d’être la pianiste préférée de Staline. La légende veut qu’une nuit Staline écouta à la radio Maria Yudina dans le concerto n°23 de Mozart et en demanda l’enregistrement. Mais c’était un concert en direct donc les officiels ont dû réveiller Maria Yudina au milieu de la nuit, l’ont conduite au studio où un petit orchestre, rapidement assemblé, l’attendait et lui permit d’enregistrer le concerto dans la nuit pour en donner l’enregistrement à Staline qui, dit-on, fondit en larmes en entendant Maria Yudina jouer les premières notes. Staline pour la remercier lui accorda la somme de 20 000 roubles, Maria Yudina lui écrivit qu’elle comptait donner cet argent à son église pour prier pour les crimes de Staline contre le peuple russe. Staline, très superstitieux, ne répondit jamais et à sa mort on aurait retrouvé l’enregistrement sur son phonographe à côté de lui[1] En dépit de sa reconnaissance par Staline, elle resta jusqu’à la fin extrêmement critique envers le régime soviétique. Elle est morte à Moscou en 1970.
Style
Le jeu de Maria Yudina est caractéristique de par sa grande virtuosité, sa spiritualité, sa force et surtout sa vision musicale qui l’amène souvent à des interprétations très personnelles.
L’art de Maria Yudina est caractéristique d’une époque particulière dans l’histoire culturelle russe. Contrairement à d’autres musiciens elle a toujours essayé d’aller plus loin que sa discipline en collaborant avec de célèbres écrivains, artistes et architectes.
Grâce aux efforts de ses amis, en particulier Anatoly Kuznetsov, les lettres et les écrits de Maria Yudina ont été publiés à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Une initiative a aussi permis une réédition complète de ses œuvres sur CD.
Références
- Monsaingeon, B. (2001). Sviatoslav Richter. Notebooks and Conversations. Faber & Faber Ltd. Pages 48-52
- Alexei Losev, "Woman as Thinker" («Женщина-мыслитель»)
Notes
- DOMÍNGUEZ MICHAEL, Christopher, «"El maestro y Margarita" de Mijaíl Bulgákov», Letras Libres, mars 2000, page 86.
Liens externes
Catégories :- Naissance en 1899
- Décès en 1970
- Pianiste russe
- Pianiste classique
- Musicienne russe
- Dissident soviétique
Wikimedia Foundation. 2010.