- Marcus Tullius Tiro
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Marcus Tullius Tiro (v. 103 av. J.-C.[1], Arpinum – 4 av. J.-C., Puteoli), plus connu sous le nom de Tiron, est le secrétaire de Cicéron, l'homme d'État romain. Il aurait inventé un système de 1 100 signes – dont l'esperluette (&) – pour transcrire les discours de Cicéron. L'ensemble des textes transcrits prend le titre de « notes tironiennes ».
Sommaire
Biographie
Tiron naît à Arpinum, esclave dans la famille de Cicéron dont il serait de trois ans le cadet[1]. Il grandit avec lui et le suit à Rome. Cicéron l'affranchit en 53 av. J.-C. : Tiron prend alors, selon l'habitude, le praenomen (Marcus) et le nomen (Tullius) de son ancien maître. Il suit celui-ci quand il est nommé gouverneur de la province de Cilicie, mais en est occasionnellement séparé pour des raisons de santé.
Tiron sert Cicéron comme secrétaire, mais aussi de plus en plus comme confident. Les deux hommes resteront liés par une amitié profonde. De retour d'un voyage à Athènes, Cicéron lui demande d'adapter les « notes grecques », une méthode d'écriture abrégée dont l'auteur, Xénophon, se serait servi pour transcrire les discours de Socrate. Tiron invente alors un système personnel qu'il utilise pour transcrire les discours et plaidoiries prononcés par Cicéron devant le Sénat et les tribunaux romains. Après la mort de Cicéron, Tiron publiera ses écrits et sa biographie.
Tiron meurt à Puteoli presque centenaire. Il a donc été un observateur privilégié d'un siècle très tourmenté de l'histoire de Rome.
Les notes tironiennes
Principe
La méthode de Tiron est composée de 1 100 signes. De nombreux discours de Cicéron ont été conservés, ce qui a permis de comprendre les « notes tironiennes », qui sont l'origine des systèmes de sténographie modernes. Tiron serait aussi l'inventeur de l'esperluète, toujours utilisée de nos jours.
Les « notes tironiennes »[2] ont été utilisées pendant plus d'un millénaire et demi, jusqu'au XVIIe siècle, sans qu'une amélioration significative ait été apportée.
Jean Coulon de Thévenot tentera en 1776 de réformer le système de Tiron, mais sa méthode ne sera finalement pas retenue.
Analyse par Carpentier, 1747
Pierre Carpentier a été l'un des premiers à tenter de comprendre les méthodes de « chiffrement » des notes de Tiron. Il a publié Alphabetum Tironianum, seu Notas Tironis Explicandi Methodus en 1747.
Dans la méthode de Tiron, chaque lettre est représentée par un symbole. Une autre caractéristique est d'utiliser l'initiale d'un mot pour l'abréger, méthode encore utilisée de nos jours. Exemples : A.D. pour « Anno Domini », N.B. pour « Nota bene », etc.
Carpentier a plus particulièrement étudié le manuscrit latin numéro 2718, disponible à la Bibliothèque nationale de France. Son travail a été sévèrement critiqué par des études postérieures.
Autres analyses
Jean Gruter a étudié les notes tironiennes et en a réuni plus de 13 000 dans un ouvrage qu'il a publié en 1603.
Nombre de sténographes ont étudié les notes tironiennes. On peut citer par exemple Louis Prosper Guénin, auteur du livre Les Notes tironiennes, leur nature et leur origine (1882, Arras).
Au cours du XIXe siècle, on poursuit avec plus d'ardeur l'étude de ces notes, afin de traduire les nouveaux documents qui ont été trouvés.
En 1817, Ulrico Kopp publie à Mannheim « Paleographia critica seu tachigraphia veterum exposita », qui fonde l'histoire de la sténographie antique et constitue un véritable ouvrage de référence sur les notes tironiennes, avec un dictionnaire de plus de 12 000 mots classés par ordre alphabétique. Cette œuvre essentielle a permis la traduction de documents qui seraient restés inconnus pour l'humanité.
Tiron dans la culture populaire
Tiro est le narrateur et l'un des principaux personnages de Imperium, roman historique de Robert Harris mettant en scène le début de la carrière politique de Cicéron.
- 2006 : Robert Harris, Imperium : XXe siècle, Paris, Plon. Notice Bnf n° FRBNF40927949
- 2009: Robert Harris, Lustrum: Hutchinson London UKBNF 2468109753
Bibliographie
- 1900 : Émile Louis Marie Chatelain, Introduction à la lecture des notes tironiennes : XXe siècle, Paris, Chez l'auteur, 1900. Notice Bnf n° FRBNF30228475
- 1936 : Maurice Jusselin•- "Notes tironiennes, liste des 156 plus importants manuscrits et une abondante bibliographie" in Rme dom Fernand Cabrol, R. P. dom Henri Leclercq et le concours d'un grand nombre de collab., Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie. Tome douzième, Première partie, Mora vocis-Noé ; Deuxième partie, Noirmoutier-Orvieto : XXe siècle, Paris, Letouzey et Ané, 1935-1936. Notice Bnf n° FRBNF37021961.
- 1991 : Tironische Noten : Beiträge der Arbeitsgespräch, Wolfenbüttel, 7.-10. Dezember 1987 : XXe siècle, Wiesbaden, Wolfenbütteler Mittelalter-Studien, 1, 1991[3].
Liens externes
- 2006 : Denis Muzerelle, « Les notes tironiennes », dans Le manuscrit dans tous ses états, cycle thématique 2005-2006 de l’IRHT, S. Fellous, C. Heid, M.-H. Jullien, T. Buquet, éds., Paris, IRHT, 2006 (Ædilis, Actes, 12). Consulté le vendredi 17 avril 2009.
- 2009 : Jacques Poitou, Professeur à l'université Lumière Lyon 2.- Notes tironiennes et références bibliographiques. Consulté le vendredi 17 avril 2009.
- 2009 : Fédération internationale pour le traitement de l'information.
Notes et références
- La date de naissance de Tiron est incertaine. Jérôme de Stridon donne la date de 103 av. J.-C. (Chronique universelle 194.1) ce qui est légèrement plus jeune que Cicéron. Cependant Cicéron le qualifie de « jeune homme » en 50 av. J.-C. (Cicéron, Lettres à Atticus 7.2)
- Si l’on s’en tient à la définition communément admise et largement diffusée (même dans les traités de paléographie les plus sérieux), les « notes tironiennes » sont un système d’écriture sténographique en usage dans la Rome antique, dont l’invention remonterait à Tiron, secrétaire de Cicéron – de qui elles tirent leur nom."Denis Muzerelle.pdf.
Une version plus développée de ce texte a été publiée, sous le titre « Aperçu sommaire (et perspectives nouvelles) sur les notes tironiennes », dans Écritures abrégées (notes, notules, messages, codes...) : l'abréviation entre pratiques spontanées, codifications, modernité et histoire, N. Andrieux-Rey, S. Branca-Rosoff, C. Puech, dir., Paris – Gap, Ophrys, 2004 (Bibliothèque de ‘Faits de langues'), p. 191-210.
" - Références. Voir Congrès international de sténographie, 1890, Munich.
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