- Marais-Vernier (région)
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Le Marais-Vernier[1] est une petite région naturelle de 4 500 ha constituée de marais, située sur la rive gauche de l'estuaire de la Seine, au sud du pont de Tancarville, dans le département de l'Eure, en Haute-Normandie. Il a donné son nom à la commune homonyme qui en occupe le territoire. Il fait partie du parc naturel régional des Boucles de la Seine normande.
Sommaire
Un paysage bien caractéristique
Le marais Vernier occupe un ancien méandre, abandonné par la Seine il y a plusieurs dizaines de milliers d'années, d'où sa forme de cuvette ouverte au nord. Il se situe sur la rive gauche du fleuve en aval de Quillebeuf-sur-Seine. Au cours du temps, plusieurs endiguements l'ont isolé des eaux fluviales, notamment au XVIIe siècle avec la construction de la digue dite des Hollandais.
L'espace est organisé en plusieurs étages :
- au sommet, les coteaux, plantés de bois ;
- en dessous, le bas de la pente accueille les maisons entourées de vergers ;
- au-delà de la route qui dessert l'habitat, les courtils. Ce sont des parcelles laniérées et drainées par des chenaux bordés de haies (saules et aulnes têtards). Autrefois consacrées aux cultures maraîchères (melons, citrouilles, choux), ce sont aujourd'hui des lieux de fauche et de pâturage ;
- le Marais ancien, dont l'altitude se situe autour de 3 ou 4 mètres. Ce secteur est protégé des invasions fluviales par la digue des Hollandais, édifiée entre 1607 et 1633, par la compagnie de Humfrey Bradley, ingénieur hollandais et grand maître des Digues de France. Cette zone humide est d'une grande richesse écologique ;
- après la digue, le Marais neuf est né suite à l'endiguement de la Seine dans la seconde moitié du XIXe siècle. Installé sur des alluvions modernes, il porte des grandes parcelles délimitées par des canaux ;
- la Seine.
Mise en valeur et gestion de l'espace
Du Moyen Âge au début des années 1970
Le marais est durablement habité depuis le Modèle:XI siècle ou le XIIe siècle (en 1129, consécration de l'église de Marais-Vernier). Les habitants vivaient de l'élevage bovin, de la pêche, de la chasse, des cultures maraîchères et fruitières, auxquelles s'ajoutaient des activités plus originales : la coupe du roseau et l'exploitation de la tourbe en combustible (le Marais-Vernier constitue la plus grande tourbière de France).
Les maraîchers du Marais Vernier venaient vendre leur production de salades, choux, « gourganes » (fèves du marais), haricots, pois gris ou rouges, artichauts, "d’Bresi" (gros haricots blancs veinés de rose) à la "maraiquerie" (marché aux légumes situé dans la Grande Rue de Pont-Audemer - aujourd'hui, rue de la République).
À plusieurs reprises, des hommes extérieurs à la région ont tenté de la mettre en valeur de manière plus intensive. Mais, que ce soient les Hollandais au XVIIe siècle, ou l'État en 1947-1950 (dans le cadre du Plan Marshall[2]), ces tentatives ont globalement échoué, notamment à cause des difficultés d'entretien et de l'utilisation de matériels et d'espèces animales peu adaptés au milieu.
Depuis le milieu des années 1970
La résistance de la nature a amené à revoir la gestion de ce milieu si particulier et si rare (les zones humides couvrent seulement 2,5 % de la superficie nationale). Deux objectifs, difficilement conciliables, étaient visés :
- la restauration et la gestion d'écosystèmes aux très fortes potentialités biologiques ;
- la valorisation agricole.
Depuis sa création en 1974, le parc naturel régional de Brotonne (aujourd'hui des Boucles de la Seine Normande) favorisa cette orientation. En conséquence, on créa dans les zones très humides plusieurs réserves: réserves des Mannevilles, de la Grande Mare, de Bouquelon. La Grande Mare est le lieu de rassemblement et de nidification d'un grand nombre d'espèces d'oiseaux aquatiques. La Fédération départementale des chasseurs de l'Eure gère cet espace qualifié de réserve nationale cynégétique. Globalement, le Marais-Vernier accueille plusieurs espèces protégées (balbuzard pêcheur, courlis cendré, cigogne blanche[3]).
Autre action, on aide les agriculteurs volontaires à maintenir les prairies humides, à planter des arbres têtards et des vergers haute-tige par des aides européennes et nationales.
Mais, la diminution de la main-d'œuvre agricole et la disparition d'activités traditionnelles rendent l'entretien du paysage difficile. Les fossés ne sont plus suffisamment curés, les roseaux ne sont plus coupés[4], tout comme les branches des arbres têtards[5]. Les agriculteurs sont moins nombreux mais, parallèlement, une nouvelle population s'installe, charmée par l'endroit et attirée par la proximité de grandes voies de communication[6]. Ces nouveaux habitants occupent souvent les maisons traditionnelles, à colombages et toit de roseaux et contribuent à leur restauration. En cas de nouvelles constructions, ils ont souvent le souci d'utiliser les matériaux locaux.
L'introduction d'une agriculture moderne avait engendré un appauvrissement de la biodiversité. La restauration de prairies humides et l'arrêt de l'exploitation de tourbières a permis la sauvegarde ou la réapparition de plusieurs végétaux menacés comme le piment royal (un arbuste), la drosera à feuilles intermédiaires, l'orchis à fleurs lâches, et la laîche paniculée (Carex paniculata). Des bêtes d'élevage, adaptées à ce milieu humide parcourent désormais le marais. On y a par exemple introduit des chevaux de Camargue et des bœufs d'Écosse pour pâturer les zones abandonnées par les agriculteurs.
Depuis le XVIIe siècle, chaque année, le 1er mai, la tradition du marquage au fer rouge des bovins (sur une corne) et chevaux (sur un sabot) de la commune est perpétuée lors de la fête dite de « l'étampage ».
Notes et références
- XIIe siècle, c'est-à-dire « le marais de Vernier » ou « de Varnier », forme normande de Garnier, ancien prénom devenu nom de famille. Aucun rapport avec un des noms de l'aulne, comme l'indiquent les formes anciennes. Attestée sous la forme latinisée Marescus Warnerii au
- D'importantes travaux d'assainissement ont alors été entrepris. On refit 35 km de canaux pour collecter les eaux en excès vers la Grande Mare d'où part le canal de Saint-Aubin, collecteur général du marais vers la Seine. Les travaux de mise en valeur contribuèrent au défrichement et à l'assainissement de près de 2 000 ha au centre du marais, dessouchés, nettoyés de troncs fossiles, creusés de rigoles espacées de 50 m et livrés à la culture et aux herbages. Une ferme fut établie au milieu
- Les plates-formes de nidification installés par les naturalistes ont permis à quelques couples de revenir nicher dans la région
- la Grande Mare a en conséquence perdu plus de la moitié de sa superficie en moins de 200 ans. Une opération de curage est en cours
- les habitants utilisent d'autres sources d'énergie pour se chauffer
- pont de Tancarville enjambe la Seine à partir du Marais-Vernier et l'autoroute de Normandie a deux sorties à moins de 15 km Le
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Fiche Natura 2000 sur le Marais Vernier
- Le parc naturel régional des Boucles de la Seine-Normande
- Article de l'Eure-Normandie sur le Marais Vernier
Catégories :- Commune de l'Eure
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