Ligue achéenne

Ligue achéenne
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La Ligue achéenne (en grec ancien τὸ Ἀχαϊκόν / tò Achaïkón) est une confédération de villes d'Achaïe, sur la côte nord-est du Péloponnèse.

A son apogée, la ligue contrôle tout le Péloponnèse à l'exception du sud de la Laconie.

La montée de l'impérialisme romain dans la région conduit finalement à sa dissolution en 146, suite à la guerre d'Achaïe.

Sommaire

La première ligue

Une première ligue existe au Ve siècle av. J.‑C. À l'époque d'Hérodote, elle compte douze cités : Pellène, Égira, Aigéai, Bura, Hélicé, Égion, Rhypes, Patras, Pharès, Olénos, Dymé, et Tritée. Rhypes et Aigéai disparaissent ensuite, et sont remplacées par Léontion et Cérynée. Les liens unissant ces cités sont mal connus, sans doute la nature de la ligue était-elle plus religieuse que politique.

La ligue est dissoute de fait par les Macédoniens : Démétrios Ier Poliorcète et Cassandre de Macédoine imposent aux cités des garnisons et souvent, des tyrans sous leur contrôle. Les cités se trouvent ainsi séparées.

La ligue hellénistique

Reconstitution

La ligue achéenne est reconstituée vers 280, quand Antigone II Gonatas, fils de Démétrios Poliorcète, tente de reprendre le trône de Macédoine à Ptolémée Kéraunos. Profitant de l'affaiblissement de leur ennemi, les Achéens chassent de leurs cités les garnisons macédoniennes et les tyrans à leur solde. Les cités à l'origine de cette deuxième confédération sont Dyme, Patras, Tritée et Pharée. D'autres cités se joignent à ce premier groupe au cours des trois décennies suivantes : Aegium, Bura, Leontium, Égita, Pellène.

L'État fédéral paraît alors la seule manière de tenir tête aux États hellénistiques : toutes les cités sont sur un pied d'égalité, elles doivent se comporter comme des membres d'un État, obéir à un gouvernement fédéral et ne pas négocier séparément avec les autres cités ; la question de leur plus ou moindre grande autonomie est discutée entre les tenants d'un État unitaire comparable à une polis et ceux d'une organisation laissant davantage de latitude aux cités. À partir de 255254, le magistrat principal est un stratège, rééligible, mais pas deux ans de suite. Les décisions et les lois sont prises au cours de quatre « sessions fédérales » annuelles (synodos) ou de sessions extraordinaires (synkletos) au cours desquelles se réunissent le conseil (boulè) et l'assemblée des citoyens (ecclésia)[1].

Débuts

En 250, la cité de Sicyone dirigée par Aratos rejoint la ligue, bien que d'origine dorienne. La ligue se développe sous l'autorité de ce dernier : dès lors, les cités non achéennes de dialecte peuvent faire partie de la ligue. Aratos obtient le soutien financier de l'Égypte.

En -243 Aratos obtient un succès éclatant en libérant Corinthe de sa garnison macédonienne. En Argolide Trézène et Épidaure rejoignent alors la ligue, ainsi que Mégare dans l'isthme de Corinthe[2].

Entre 239 et 235, la ligue affronte la Macédoine au cours de la guerre démétriaque.

En -235, le tyran de Mégalopolis, Lydiadas, rejoint volontairement la fédération dont il devient par la suite plusieurs fois stratège. Il s'oppose parfois à Aratos.

L'année -229 marque un premier apogée de la Ligue, qui profite des difficultés de la Macédoine et de la mort du roi Démétrios II pour récupérer Mégare (perdue en -237/6) et recevoir l'adhésion d'Égine et surtout d'Argos, dont le tyran Aristomachos dépose volontairement son pouvoir en adhérant à la confédération, imité peu après par les tyrans de Phlionte et Hermione[3].

Aratos ne réussit pas à faire adhérer Athènes à la ligue en -229, bien qu'il l'aie aidée à se libérer des Macédoniens. Au cours de cette année, les relations se dégradent avec les Étoliens ; ceux-ci se rapprochent de Sparte à qui ils confient quatre cités arcadiennes qui étaient entrées dans leur alliance, Tégée, Mantinée, Orchomène et Kaphyai.

Difficultés et alliance avec la Macédoine

Article connexe : guerre de Cléomène.

La guerre éclate fin 229 entre la ligue achéenne et la puissance montante de Sparte. Les premières années sont des échecs pour les Achéens, qui subissent plusieurs désastres.

Ces insuccès qui mettent en péril l'existence de la confédération conduisent Aratos à s'allier à partir de 227 avec l'ennemi « naturel » des Grecs, le roi de Macédoine Antigone Doson, auquel il rétrocède Corinthe en 225/4 en échange de son aide contre Cléomène. Séparée alors du reste de la ligue achaïenne, Mégare rejoint la ligue béotienne.

Les défections de certaines cités sont réprimées par la force : en -223, la cité de Mantinée est ainsi détruite et débaptisée par Aratos, ce qui entache sa réputation.

La défaite de Sparte à Sellasie en -222 permet à la ligue de retrouver une grande partie de son extension, mais sa souveraineté est amoindrie par l'influence de la Macédoine dans le Péloponnèse, qui abrite alors à nouveau quatre garnisons macédoniennes (Corinthe, Sparte, Orchomène et Héraia)[4].

La guerre reprend contre les Étoliens et leurs alliés éléens et spartiates en 220. L'armée commandée par Aratos est battue à Kaphiai et la ligue doit se tourner vers Philippe V de Macédoine.

Période de Philopoemen

À partir de 209, Philopoemen devient l'homme d'État le plus influent de la ligue. Sous son commandement, celle-ci renoue avec les succès et s'étend progressivement sur l'ensemble du Péloponnèse.

D'abord hésitante, la confédération se range aux côtés des Romains au cours de la deuxième Guerre macédonienne vers 198, et obtient ensuite leur aide dans sa lutte contre Sparte dans la guerre contre Nabis en -195. La défaite spartiate permet à la ligue achéenne de récupérer Argos et d'obtenir un protectorat sur une confédération nouvellement créée de cités côtières laconiennes dont le contrôle est ôté à Sparte. La guerre entre Nabis et les Achéens reprend début 192, et Nabis est finalement tué par ses alliés étoliens : Sparte entre alors dans la confédération achéenne.

Les Achéens restent fidèles à l'alliance romaine en -192 lorsqu'éclate la guerre antiochique, et déclarent la guerre à Antiochos et à ses alliés Étoliens et Grecs ; les seules cités échappant encore à leur contrôle, Élis et Messène, rejoignent contre leur gré la Ligue après la victoire romaine en Grèce centrale en 191. La période autour de 190 constitue donc l'apogée territorial de la confédération, qui comprend alors la totalité du Péloponnèse, hormis les cités côtières de Laconie sur lesquelles elle n'exerce qu'un protectorat. La ligue doit cependant compter avec l'influence de plus en plus présente des Romains en Grèce.

Des mouvements sécessionistes sont brutalement réprimés à Sparte, où des partisans de Nabis avaient repris le pouvoir en 191 : la guerre éclate en 189, la ville est prise en 188 et ses murailles abattues. En 184, Messène tente à son tour de reprendre son autonomie, et Philopœmen meurt en 182 lors de la guerre qui s'ensuit[5].

Protectorat romain

L'attitude ambigüe des Achéens au cours de la Troisième Guerre macédonienne (172 à 168) provoque une tension dans les relations avec les Romains ; en 167 la ligue doit livrer mille otages, dont l'homme d'État Polybe.

Guerre d'Achaïe et dissolution


Période romaine

Rérérences

  1. Denis Knoepfler, « L'incomparable destin du Koinon Achaiôn selon Polybe. Un État pseudo-fédéral ? La question des assemblées achéennes et l'historiographie récente. », Épigraphie et histoire des cités grecques sur Collège de France, 20 mars 2009
  2. Histoire politique du monde hellénistique, T1 p 330
  3. Histoire politique du monde hellénistique, T1 p 364-366
  4. Histoire politique du monde hellénistique, T1 p 398
  5. Histoire politique du monde hellénistique, T2 p 243

Bibliographie

  • André Aymard, Les premiers rapports de Rome et de la Confédération achaienne (198–189 avant J.-C.), Féret, Bordeaux, 1938 ;
  • Pierre Cabanes, Le Monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité », 1995 (ISBN 2-02-013130-7)  ;
  • (en) Harry Thurston Peck, Harper's Dictionary of Classical Antiquities, Harper & Brothers, New York, 1898 [lire en ligne].
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 202060387X) .

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