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Androcentrisme
L’androcentrisme désigne l’attitude qui privilégie plus ou moins exclusivement l’existence, le point de vue ou la pensée de l’homme (par opposition à la femme). On peut trouver des manifestations de l’androcentrisme dans la plupart des disciplines humaines.
Sommaire
Origines
Le terme "androcentrisme" dans le débat scientifique a été introduit par Charlotte Perkins Gilman. Elle a fourni une description des pratiques androcentriques dans la société dans son ouvrage The Man-Made World; or, Our Androcentric Culture en 1911[1].
Pendant longtemps et encore parfois jusqu'à nos jours, l’idée dominante était que les femmes devaient avoir un rôle social limité à celui de la mère de famille. Selon, Charlotte Gilman, le monde était fait par l'homme et pour l'homme[2]. Pour soutenir cette idée, en plus de l’argument « naturel », il existait également une perception de la femme qui la jugeait inapte à accéder aux savoirs théoriques, à l’éducation que pouvait recevoir un homme et par conséquent aux fonctions qui pouvaient en résulter.
Certains textes religieux, par leur autorité, ont contribué à maintenir cet état de fait.
Androcentrisme dans l'éducation en France
"Autant il nous a paru utile et sage de confier le jeune homme à l'éducation publique, autant il semble convenable de retenir la jeune fille à l'intérieur, et de la laisser grandir sous l'œil de sa mère [...] Pour les filles, l'instruction est bien moins importante et le fût-elle davantage, elle ne pourrait compenser le danger des éducations en commun." (Paul Janet, La famille – Leçons de philosophie morale, ed. Ladrange, 1856, p. 181-182)
Les jeunes filles n’ont accès à l’enseignement secondaire qu’en 1877 et à une ébauche d’enseignement de la philosophie en 1925. L’égalité juridique s’applique aux femmes seulement après la seconde guerre mondiale. L'égalitarisme ou la parité sont des notions dont l'application relative est récente dans l'histoire de l'humanité.
Androcentrisme dans la religion
L'androcentrisme ne concerne pas seulement l'activité religieuse mais également l'étude des religions et des textes religieux[3].
Selon le théologien Juan Jose Tamayo "la structure organisationnelle de l’islam est généralement patriarcale et les femmes n’ont pas l’habitude d’assumer de responsabilités dans la sphère publique ni dans les cérémonies religieuses, mais cela se passe de la même manière dans la majorité des religions et tout spécialement chez les monothéistes" [4]. Mais il note cependant qu'il existe un Féminisme islamique qui offre une critique de la lecture androcentrique du Coran et que "dans l’Islam, tout comme dans le christianisme et le judaïsme, il existe des mouvements féministes toujours plus vigoureux qui luttent pour l’émancipation des femmes dans leurs sociétés et dans leurs propres religions, et qui lisent les textes sacrés sous un angle y incluant l’identité sexuelle tout en cherchant à récupérer le mode de vie égalitaire des origines. Le patriarcat, la misogynie et l’androcentrisme des religions en général et du monothéisme en particulier ont besoin d’une révision en profondeur pour aboutir à une transformation structurale et idéologique"[4]
Androcentrisme dans la philosophie
Selon Nassira Hedjerassi, maître de conférence à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation de l'Université Louis-Pasteur de Strasbourg "Sauf à imaginer que ce masculinocentrisme se rattache à la vieille et vague théorie de l’absence d’âme et de raison chez les femmes, cette contradiction manifeste avec l'idée selon laquelle la philosophie importe et est accessible à tout sujet de raison (...) contribue à perpétuer tout un ensemble de valeurs, de mœurs qui, dominantes au XIXe siècle, ont imposé aux femmes des vertus susceptibles de régler toute l'existence dans l'ordre d'une domesticité docilement accomplie"[5]
Références
- ↑ Our Androcentric Culture par Charlotte Gilman
- ↑ "Pour l'homme, le monde est son monde, il est sien parce que lui est le mâle. Et le monde de la femme est la maison, parce qu'elle est femelle. Elle a sa sphère, limitée à ses occupations féminines et ses intérêts, et le reste du monde appartient à l'homme. Mais, en plus, l'ayant possédé, il insiste pour dire que son monde est masculin dans Our Androcentric Culture.
- ↑ Androcentrism in religious studies, Valerie Saiving
- ↑ a et b Notre frère l'Islam de Juan Jose Tamayo
- ↑ Nassira Hedjerassi, Des élèves des lycées face à la philosophie : des rapports sociaux de sexe en jeu, Canadian Journal of Education, 31, 1 (2008): 124-144
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Beyond Androcentrism: New Essays on Women and Religion (American Academy of Religion aids for the study of religion) de Rita M. Gross ed. Scholars 1977
- (en) Gender-critical Studies in Religious Studies de Becky R. Lee ed. Brill
- (en) Livre accessible par ce lien "Our Androcentric culture" par Charlotte Gilman
- Male spirituality, a feminist evaluation par Elizabeth T; Knuth
Article connexe
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