- Leslie Kaplan
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Leslie Kaplan (née en 1943[1] à New York) est une femme de lettres et poète française.
Sommaire
Éléments biographiques
La famille de Leslie Kaplan quitte New York pour venir s'installer à Paris en 1946. Leslie Kaplan suit des études de philosophie, de psychologie et d'histoire. De 1968 à 1971, elle travaille dans une usine. Certaines de ses œuvres, écrites en français, ont été publiées en une dizaine de langues.
À côté de son métier d'écrivain, auquel s'ajoute de nombreux articles sur la littérature, les films et le théâtre, Leslie Kaplan dirige des ateliers d'écriture dans des établissements publics et des centres culturels. Certaines de ses œuvres ont été adaptées au théâtre.
Œuvre
Kaplan a publié aux éditions P.O.L. six tomes de la série « Depuis maintenant » : Depuis maintenant/Miss Nobody Knows, Les Prostituées philosophes, Le Psychanalyste, Les Amants de Marie et Fever, Mon Amérique commence en Pologne". Ils forment ensemble un tableau des mœurs d'une époque empreinte de l'héritage de mai 1968.
Dans Les Outils, Leslie Kaplan réclame une éthique de la pensée et de l'écriture. Elle en fournit un canevas, recourant à beaucoup de citations empruntées à la psychologie et à la philosophie politique et à ses écrivains de prédilection Dostoïevski, Kafka, Blanchot.
Kaplan observe le monde sous l'angle de l'étonnement. Elle cite constamment Flaubert, Balzac, Maurice Blanchot ou encore Freud.
Elle est aussi influencée par les films (John Cassavetes, Luis Bunuel, Jean-Luc Godard et Jacques Rivette) et écrit elle-même dans des magazines de cinéma. Son attention se porte surtout sur l'alliance de la littérature et de la politique.
Dans son premier roman, L'Excès-l'usine (1982), Kaplan décrit, sans action proprement dite, par fragments et sans métaphores, la vie extrêmement insensée, sans aucun arrêt, dans une usine. En appendice de la 2e édition française L'Excès - l'usine, elle s'exprime lors d'un entretien avec Marguerite Duras sur les motifs qui l'ont poussée à écrire.
Les livres de Kaplan reflètent en premier lieu les expériences de sa vie en tant que femme d'origine juive vivant à Paris, depuis le travail à l'usine qu'elle a mené durement, comme intellectuelle, avec des intentions politiques, jusqu'à son rapport au passé du pays lors de l'occupation allemande et de la collaboration du régime de Pétain.
La langue de Kaplan commence avec des formes extrêmement laconiques dans L'Excès-l'usine et s'approche de structures linguistiques[Quoi ?] dans Fever. Les phrases sont souvent nominales. Elles comprennent par moment seulement un mot. Au fil de ses œuvres, Kaplan cite de plus en plus des auteurs d'origine juive, en premier lieu Franz Kafka et Hannah Arendt.
Fever
Fever, roman paru en 2005, contient encore de nombreuses citations de la philosophie, particulièrement de Hannah Arendt, et de la littérature. Avec Arendt les traits caractéristiques de la pensée politique sont tracés et en particulier le personnage de Adolf Eichmann est représenté ainsi que ses ambitions de carrière, sa façon stéréotypée de penser et de parler, comme un criminel « banal », organisateur de crimes depuis sa table de travail.
Deux adolescents de dix-sept ans tuent une jeune femme quelque temps avant de passer leur baccalauréat, sans aucun mobile apparent. À côté de leurs problèmes d'adolescents, leur rapport envers leur séduisante prof de philosophie joue un rôle déterminant. Dans leur confusion, ils se mettent à explorer l'histoire de leurs familles respectives. Le grand-père de l'un d'eux a été pétainiste et probablement collaborateur et la grand-mère de l'autre, juive, est la seule de la famille à avoir survécu aux camps de concentration. Son mari s'est enfermé depuis ce temps-là dans le silence. La génération des parents des deux adolescents paraît quant à elle superficielle. Quand les deux adolescents comprennent que leur acte criminel est à mettre au même niveau que les crimes des collaborateurs, ils perdent leurs certitudes, puis leur raison.
Le roman tisse trois cercles thématiques. la question philosophique du libre arbitre et la réponse de l'homme suivant la banalité affreuse de la méchanceté (Arendt) ; le mobile de l'adolescence : les personnages principaux méprisent les femmes ; et la question politique au passé mal assumé de la France, qui, à la fin des années 1990, a ressurgi lors du procès du criminel de guerre français Maurice Papon. La géographie locale du 14ème arrondissement à Paris (Montparnasse) joue aussi un rôle dans le roman et les cours de la classe de terminale sont clairement représentés.
Publications
- En volumes
- L'Excès-l'usine, 1982
- Le Livre des ciels, 1983
- Le Criminel, 1985
- Le Pont de Brooklyn, 1987
- L'Épreuve du passeur, 1988
- Le Silence du diable, 1989
- Les Mines de sel, 1993
- Depuis maintenant, miss Nobody Knows, 1996
- Les Prostituées philosophes, 1997
- Le Psychanalyste, 1999
- Les Amants de Marie, 2002
- Les Outils, 2003
- Fever POL-éditeur 2005 ; puis Gallimard Folio 2007
- Toute ma vie j'ai été une femme, 2008
- Mon Amérique commence en Pologne, 2009
- Louise, elle est folle, 2011
- Articles (datés)
- avec Naruna Kaplan da Macedo, « La Mort de Monsieur Lazarescu », Trafic. Revue de Cinema n° 60, hiver 2006, p. 71-74 (ISBN 2846821682) ; puis Paris, P.O.L., nov. 2006
- « L'Enfer est vert », Inventaire-Invention, 2006
- Articles, pièces et essais (dates non renseignées)
- « Usine », entretien avec Marguerite Duras, L’Autre Journal (texte repris dans la deuxième édition de L’Excès-l’Usine)
- « Règne », Banana Split ; repris dans Théâtre/Public n°84
- Sur le lac (pièce en un acte, L’Arc lémanique, Favre)
- En Roumanie : « Le voyage à l’Est », Balland
- « Cassavetes, Dostoïevski et le meurtre », Cahiers du Cinéma, n°451
- « Children, children : depuis longtemps déjà nous ne naissons plus de pères vivants », Trafic, n°1
- « Ce ne sont pas des souvenirs, plutôt un mouvement inverse », Trafic n°7
- « Raconte-moi des histoires », Trafic n°17
- « Style de Daney », Trafic n°37
- « Words, words, words », L'Inactuel n°5
- L’expérience du meurtre, préface aux Notes du sous-sol de Dostoïevski, P.O.L, La collection ; repris dans Topique, n°55)
- Miss Nobody Knows, poème, dans Poésies en France, 29 femmes, Stock
- « Translating is sexy », déclaration, Action poétique, n°133-134
- « Une liberté inouïe », Lignes, n°27
- « Somebody killed something », Édition des Cahiers du Cinéma : « Le cinéma des écrivains »
- Penser la mort, Robert Antelme, Éditions Gallimard
- « Histoire, histoires » (Les Cahiers de la Villa Gillet, n°6, Circé)
- « Mai 68 et après », Cahiers du cinéma, numéro hors-série : Cinéma 68
- « La virgule comme mouvement de pensée », entretien avec Rolande Causse, La langue française fait signe(s), Points, Seuil
Théâtre
- Le Criminel (1985), mis en scène par Claude Régy, 1988
- Le Pont de Brooklyn (1987), mis en scène par Noël Casale, 1993
- Depuis maintenant (1996), mis en scène par Frédérique Loliée, 1996
- L'Excès-l'usine (1982) Mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo, 2002
- Tout est faux ! (2003) Mis en scène par Alain Brugnago et Didier Stéphant, 2004
- "Toute ma vie j'ai été une femme" (2008), mis en scène par Elise Vigier et Fréderique Loliée, (2008)
Notes et références
Liens externes
- Cinquième numéro des Carnets du loir consacré à l'oeuvre de Leslie Kaplan sur le site des Filles du loir. Entretien avec Leslie Kaplan et son éditeur Paul Otchakovsky-Laurens.
- Leslie Kaplan sur Inventaire-Invention : L'enfer est vert et autres textes
- (de) (fr) Fadime Düzel Literarische Aufarbeitung des Nationalsozialismus untersucht am Beispiel von André Schwarz-Bart, Patrick Modiano und Leslie Kaplan. Université de Vienne 2008. Mémoire de maîtrise. Sommaire en français pp. 65-79. Bibliographie. (Concernant: Fever)
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