Leon Boutbien

Leon Boutbien

Léon Boutbien

Léon Boutbien
Parlementaire français
Naissance 25 février 1915
Décès 25 février 2001 (à 86 ans)
Mandat Député
Début du mandat 1951
Fin du mandat 1955
Circonscription Indre
Groupe parlementaire SFIO
IVe République

Léon Boutbien est un homme politique français né le 25 février 1915 à Paris et décédé le 25 février 2001 à Lanloup (Côtes-d'Armor).

  • Ancien déporté au Struthof puis à Dachau.
  • Député SFIO de l'Indre de 1951 à 1955
  • Il a ensuite présidé le mouvement Présence socialiste, proche des gaullistes.

Biographie

Né dans une famille bretonne de condition modeste, Léon Boutbien a vécu en Bretagne jusqu'à l'âge de six ans. Son père ayant été tué au combat le 27 mars 1918, il est pupille de la Nation. A la fin de la guerre, sa mère se remarie avec un commis des postes, Emile Benigaud, originaire du département de la Loire, qui a exercé une réelle influence sur la formation et l'orientation du jeune Léon. Animé de convictions fermes, républicain, franc-maçon, son beau-père impose son exemple, alors que par sa mère, il avait été élevé dans la religion catholique. De 1922 à 1926, il est confié à la famille de son beau-père à la Benisson-Dieu dans la Loire.

Léon Boutbien fréquente l'école primaire laïque dans la Loire, puis à Paris, rue Saint-Benoît, sa mère tenant un étal de fruits et de légumes aux Halles. Son instituteur lui fait passer le concours des bourses. Reçu, il entre au lycée Montaigne puis au lycée Louis-le-Grand. Bachelier, il commence des études de médecine, tout en travaillant, comme manœuvre, puis comme "manipulant des postes", après avoir, adolescent, aidé sa mère dans son commerce. Externe des Hôpitaux de Paris, il collabore à une enquête de la Société des Nations sur l'"Habitation rurale en France", et se spécialise dans la médecine du travail. Il ne peut passer le concours de l'internat, car, en octobre 1939, il est mobilisé comme médecin auxiliaire.

Son engagement politique est précoce. Dès l'âge de quinze ans, alors qu'il habite Bondy avec ses parents, il adhère au Parti socialiste SFIO. Il crée un groupe adhérant aux Jeunesses socialistes. Parallèlement à ses études, il a une importante activité militante. Il est administrateur du journal L'Étudiant socialiste, puis en 1934, secrétaire national des étudiants socialistes. Il approuve les thèses de Jean Zyromski, animateur de la Bataille socialiste, un des courants de gauche de la SFIO, et se marie avec une de ses belles-filles qui lui donnera deux fils. Membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, il se rapproche un moment des trotskystes, et en octobre 1934, il présente une motion demandant l'autonomie des Jeunesses socialistes par rapport au parti. Il demeure cependant à la SFIO après l'exclusion des trotskystes. Il renoue avec la Bataille socialiste et combat la politique de non-intervention en Espagne. Il est membre du Comité d'aide à l'Espagne républicaine. Au début 1939, il sert comme médecin à la Centrale sanitaire internationale et participe à la retraite des armées républicaines en Catalogne. Il manifeste de la même manière son hostilité aux accords de Munich et dénonce le défaitisme qui gagne la majorité de la Fédération socialiste de la Seine.

En septembre 1939, Léon Boutbien se porte volontaire dans les corps francs. Il est médecin de bataillon au 15e GRDI. Il est décoré de la Croix de guerre sur le front de l'Aisne. Démobilisé en août 1940, il n'accepte pas l'idée d'armistice. Il rejoint "la zone libre", et après un court séjour chez Jean Zyromski, près de Marmande, déçu de ne voir aucune tentative de regroupement socialiste pour le combat, il regagne Paris. Il prend des fonctions d'interne à l'hôpital de Garches où il commence à mettre sur pied des éditions clandestines de tracts et de journaux, et contribue à établir les premières liaisons radio entre Paris et Londres. Après Garches, il exerce à l'hôpital de Montgeron. Participant au réseau du "Musée de l'Homme", il est arrêté le 25 décembre 1940, mais relâché après une perquisition sans résultat. Son action redouble, notamment au sein du réseau "Action". Il édite deux journaux, Liberté et Socialismes et Libertés. Capitaine des Forces françaises libres, il établit les plans de parachutage de la zone Nord. Le 14 janvier 1943, il est arrêté à Draveil, en soignant des FTP. Il est emprisonné jusqu'à son envoi, le 12 juillet, au camp de concentration Natzweiller-Struthof. En 1944, il est transféré à Dachau, où il est désigné pour soigner les malades du typhus. Il s'échappe de Dachau en mai 1945, et il reçoit, alors, la Légion d'honneur, la Croix de guerre avec palme, la Médaille de la Résistance, la Médaille de la déportation et la Médaille d'honneur des épidémies. A son retour de déportation, avec une santé compromise, il appartient un temps au Conseil national de la Résistance.

Il reprend alors ses activités professionnelles et politiques. Médecin, il crée un service de médecine du travail aux Galeries Lafayette, puis à la Construction aéronautique du Bourget. Il est aussi médecin de la Fédération mutualiste de la Seine. Socialiste, il ne suit pas Jean Zyromski dans son adhésion au Parti communiste. Critique vis-à-vis de la SFIO, il continue de militer dans ses rangs en défendant une politique de gauche. Il écrit dans plusieurs journaux ; Franc-Tireur, Combat, mais surtout, dans les périodiques, Masses et Présence socialiste qui revendiquent leur fidélité au marxisme. En août 1946, il soutient la motion Guy Mollet contre les perspectives révisionnistes ouvertes par Léon Blum et Daniel Mayer. A l'issue du congrès, il est élu membre du Comité directeur de la SFIO, et devient, quelques jours après, trésorier-adjoint. Il dénonce alors l'écart grandissant qui sépare le Parti socialiste et le Parti communiste. "Notre position nuancée, déclare-t-il au Comité directeur de novembre 1946, échappe à la masse qui a été séduite par le communisme". Dès février 1947, il demande que des négociations soient effectivement ouvertes en Indochine. En 1948, il est parmi les intellectuels qui soutiennent la naissance du Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR) qui, à côté de Jean-Paul Sartre, compte parmi ses créateurs des dissidents trotskystes comme David Rousset et Jean Rous qu'il a connus aux Jeunesses socialistes. Jusqu'en 1951, Léon Boutbien est constamment réélu au Comité directeur et au Bureau du parti. En 1950, il publie un ouvrage sur l'Indochine qui résume ses positions et sa condamnation de la guerre. Délégué du parti français à l'Internationale socialiste depuis juillet 1947, il devient, en outre, en 1950, Conseiller de l'Union française. Il est amené à voyager en Europe, en Extrême-Orient, en Afrique. Il devient un des experts socialistes des questions internationales. En 1949, il s'est remarié avec Nelly Smadja dont il divorcera en 1952.

Au printemps 1951, la Fédération socialiste de l'Indre lui demande de conduire la liste SFIO aux élections du 17 juin. La SFIO conclut un apparentement avec le Parti radical, le Mouvement républicain populaire, les Indépendants et paysans, le Rassemblement des groupes républicains et indépendants français. Sur 159 425 électeurs inscrits et 121 194 suffrages exprimés, alors que la majorité absolue est de 60 598 suffrages, les listes apparentées, avec 66 755 voix, emportent tous les sièges, trois vont au Parti radical, avec 31 079 voix, un à la SFIO avec 15 719 voix. Élu député, Léon Boutbien démissionne du Comité directeur et du Bureau du Parti conformément aux règles de la SFIO.

En novembre, il est désigné pour faire partie de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la mise en oeuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme de relèvement européen. En janvier 1954, il est nommé membre de la Commission du travail et de la sécurité sociale et de la Commission de la presse. En février, il est élu vice-président de la Commission du travail et de la sécurité sociale. Son activité parlementaire est importante. Elle concerne principalement trois domaines : les questions du travail, les problèmes internationaux, tout particulièrement la crise de l'Union française, la mémoire de la déportation et la guerre. Sur ce point, à plusieurs reprises, il est amené à refuser l'extension de la notion de déportation : "Aucune confusion ne doit être possible, déclare-t-il le 3 mars 1955, sur ce qu'a été la signification d'un régime concentrationnaire et sur ce qu'a été la signification de la déportation". Européen de conviction, il appuie toutes les initiatives supranationales. Le 6 décembre il souligne "le caractère révolutionnaire" de l'institution de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Le 30 août 1954, il vote contre la question préalable du général Aumeran qui entraîne le rejet de la Communauté européenne de défense. Partisan de la paix en Indochine, il la défend dans l'espoir qu'elle ne se fera, comme il le souligne le 23 octobre 1953, "ni au détriment de l'unité du monde libre, ni au détriment de la liberté". Les débats de la guerre d'Algérie le voient souhaiter une association libre dans la communauté de l'Union française. Il ne vote pas l'investiture d'Edgar Faure le 23 février 1955 ni l'état d'urgence en Algérie le 31 mars. Dans cette période, Léon Boutbien a publié plusieurs ouvrages, Chaque homme soit "Dieu", en 1952, Le Gourou, en 1954, et en 1956, en collaboration, Natzweiller-Struthof. En 1953 il appartient aux instances dirigeantes de plusieurs organisations : Union des résistants pour l'Europe unie, Comité d'action de la Résistance, Mouvement pour la liberté du commerce. En 1956, il devient secrétaire de la Fédération socialiste de l'Indre. En avril 1955, il échoue au conseil général dans le canton de Buzançois.

Le 2 janvier 1956, dans l'Indre, Léon Boutbien se représente à la tête de la liste socialiste. Les apparentements sont moins larges qu'en 1951 et aucun regroupement de listes n'obtient la majorité absolue. Les quatre sièges sont répartis à la proportionnelle. Sur 164 567 électeurs inscrits et 127 787 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 41 531 voix, emporte deux sièges, alors qu'il n'en avait aucun en 1951, les deux autres vont au Parti radical avec 30 888 voix ; la SFIO, avec 13 169 voix seulement, n'a pas d'élu.

Léon Boutbien ne quitte pas l'action politique pour autant. Au Congrès de Lille, le 14 juillet 1956 il retrouve une place au Comité directeur de la SFIO. Il soutient la politique de Guy Mollet en Afrique du Nord, notamment lors de la crise de Suez. Le 31 mai 1958, lors de la réunion commune des parlementaires socialistes, et des membres du Comité directeur, Léon Boutbien vote pour l'investiture du général de Gaulle.

Ensuite il écrira plusieurs livres sur son parcours dans la résistance et le parti socialiste, notamment "Illusions socialistes" paru en 1981.

Il défendra Maurice Papon lors de son procès pour complicité de crime contre l'humanité. Papon, selon Léon Boutbien, était placé par le Général de Gaulle dans l'administration préfectorale pour limiter la présence communiste en France à la libération.

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