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Paul Lemagny
Paul Lemagny est un peintre et graveur français (1905-1977).
Sommaire
Les années d'apprentissage
Paul Lemagny naît le 11 février 1905 à Dainville-Bertheleville (Meuse) au sein d'une famille originaire de Sivry-la-Perche (Meuse). Fils d'un garde forestier, ses premières années se passent dans un environnement campagnard et forestier auquel il restera profondément attaché sa vie durant et qui marquera son œuvre.
La Première Guerre mondiale le trouve à Amiens, puis son père étant de retour dans la Meuse, il fait, de 1918 à 1924, des études brillantes au lycée de Bar-le-Duc qu'il quitte bachelier. Son avenir oscille alors entre la philosophie, l'histoire et le dessin. Finalement, c'est sous l'impulsion de son professeur de dessin, M. Philbert, qu'il choisit cette dernière discipline.
Il suit alors pendant un an les cours de l'école des beaux-arts de Valenciennes tout en travaillant comme « pion d'internat ». Il y découvre la gravure au burin et à l'eau forte. Sa « montée en loges » pour le concours de Rome en 1925 fait de lui un élève des Beaux-Arts de Paris. C'est dans l'atelier de La Guillermie, avec une bourse de la ville de Valenciennes, qu'il développera sa passion pour la gravure.
Prix de Rome
Il connaît son premier succès en 1928 en remportant le second grand prix de Rome de gravure avec Salambô. Suivent plusieurs distinctions aux salons des artistes français. Il dessine avec passion les paysages qui lui sont chers (Sivry-la-Perche), ou qu'il découvre au cours de voyages. Il a côtoyé à cette époque des maîtres tels que Jean-Louis Forain dont il préparait les vernis pour ses gravures, Georges Rouault et Marc Chagall dont il retouchait les gravures pour les éditions de grand luxe.
Il épouse le 13 octobre 1930 Léonie Leloup, dont le père était également garde forestier, et qui, comme lui, a vécu son enfance au contact de la nature. De leur union naissent trois enfants.
Puis, en 1934, vient la récompense suprême : le premier grand prix de Rome de gravure avec Oreste poursuivi par les Erinyes, dont la composition et la qualité graphique restent un modèle du style classique.
Il séjourne donc à la Villa Médicis de 1935 à 1938. Pendant cette période, il dessine de très nombreux paysages et portraits du plus pur classicisme. Son amour de la nature le conduit à effectuer dans la campagne romaine et dans les Apennins de longues périgrinations dont il fixe les paysages remarquables sur des plaques de verre photographiques.
A son retour de Rome, il est nommé, en juin 1939, à 33 ans, professeur de dessin à l'École nationale des Beaux-Arts de Paris. Un séjour en Provence est une source d'inspiration pour une série importante de gravures et de dessins. Il est mobilisé lors de la Seconde Guerre mondiale dans une compagnie chargée de « camoufler » à l'aviation ennemie nombre de monuments du patrimoine national. Sa conduite lui vaut d'être décoré de la croix de guerre 1939-1945.
L'œuvre gravé
Vient alors une deuxième période de son œuvre, consacrée essentiellement à l'illustration, période qu'il jugera sévèrement par la suite et pendant laquelle il illustre plus de 28 ouvrages, ce qui représente plus de 700 planches gravées au burin, technique dans laquelle il excelle.
Restent de cette période des œuvres majeures de l'illustration : Regain de Jean Giono (édition Les Cent Bibliophiles, 1947) (Paul Lemagny vit plusieurs semaines auprès de Giono en Haute-Provence pour illustrer d'après nature) ; les Fleurs du Mal de Baudelaire (édition Les Bibliolâtres de France, 1949) ; à nouveau Giono avec le Chant du monde (éditions La Tradition, 1954) ; les Histoires extraordinaires d'Edgar Poe (édition Les Bibliolâtres de France, 1955). Toutes ces œuvres constituent des sommets de l'art du burin dans l'illustration.
Gravure philatélique
Par ailleurs entre 1940 et 1958, Paul Lemagny dessine plus de deux cents maquettes de timbres pour l'administration des postes, en particulier le portrait de nombreux hommes illustres, une de ses spécialités. Quarante-cinq de ces maquettes donnent lieu à l'émission d'un timbre dont Mme Récamier qui reçoit le prix de l'art philatélique décerné pour la première fois au salon d'automne de la CNEP en 1950. La série des poètes symbolistes, Baudelaire, Verlaine et Rimbaud qui sont des modèles du genre tant par les portraits des poètes que les évocations de leurs œuvres.
Durant cette période, il est élu en 1949 à l'Académie des Beaux-Arts, dont il devient le plus jeune membre à 43 ans.
Changement d'inspiration
Dans les années 1950, l'influence du surréalisme s'exerce dans son œuvre et, au dessin classique d'après nature, succède un dessin de l'imaginaire. Considérant que toutes les formes sont dans la nature, Paul Lemagny laisse aller son imagination aux formes les plus improbables. Il réalise de nombreuses estampes et des gravures murales de très grandes dimensions. Ainsi à la Chambre de Commerce et de l'Industrie du Havre, reconstruite dans les années 1950 par l'architecte Othello Zavaroni, il grave sur un mur de 200 m² un monde sous-marin fantasmagorique. D'autres gravures murales suivent, à Rennes (faculté de droit), Bar-le-Duc (Ecole normale), Versailles (école maternelle), qui témoignent de son imagination féconde.
Enfin en 1956, Paul Lemagny dessine et grave un remarquable portrait de Pablo Picasso pour le livre Témoignage de Jean Cocteau. Cette œuvre d'une grande pureté est particulièrement significative de l'évolution de son dessin. Pour la première fois le volume du visage est donné uniquement par le trait pur, sans ombre portée ni trompe-l'œil, annonciateur de l'évolution à venir.
Retour sur une œuvre
Au début des années 1960, d'importants problèmes de santé obligent Paul Lemagny à une inaction forcée, période qu'il met à profit pour effectuer une profonde introspection et une critique sans concession de son œuvre. Il en ressort un dépassement du dessin classique figuratif, et une approche du dessin dit « non figuratif ». Une nouvelle conception du dessin nait à laquelle il consacre les dernières 25 années de sa vie. Il dissèque l'œuvre classique faite d'après nature et lui nie désormais toute forme d'intrusion dans son art, s'obligeant à « ne penser à rien devant la feuille blanche », refusant tout sujet a priori et ne se laissant guider que par les équilibres de formes, d'espaces, de rythmes, de lumières et de couleurs en noir et blanc qui se succèdent sur sa feuille. Il redéfinit les notions d'espace, de couleurs et de lumière dans un art non figuratif, s'interdisant les fausses facilités du trompe-l'œil.
« Il faut que cela chante » disait-il. Cette conception le conduit à élaborer une œuvre constituée de plusieurs centaines de dessins abstraits, réalisés à l'encre de chine sur papier japon, dessins trop peu connus mais apportant une contribution majeure dans l'évolution au dessin abstrait. Des expositions au musée de Montpellier sous l'autorité de Xavier Dejean et avec l'édition d'un catalogue, à la maison Mansart de Paris, ont permis de mesurer l'ampleur de cette œuvre. Le cahier Empreinte d'octobre 1988 lui a été consacré.
Parallèlement à son œuvre, Paul Lemagny poursuit son enseignement du dessin jusqu'en 1972 auprès des élèves de l'École des Beaux-arts de Paris, dont il disait qu'ils lui apportaient plus que lui-même ne pouvait leur donner. Ces contacts nourrissaient sa réflexion sur l'art. C'était également l'occasion de longs échanges avec son collègue et ami, le sculpteur Etienne Martin, dont il se sentait proche sur le plan esthétique.
Paul Lemagny est décédé le 18 juillet 1977 à Versailles. Il est inhumé à Sivry-la-Perche.
Sources
INSTITUT DE FRANCE, ACADEMIE DES BEAUX-ARTS [1]
NOTICE SUR LA VIE ET TRAVAUX DE M. Paul Lemagny par M. Pierre-Yves Trémois lue à l'occasion de son installation comme membre de la Section Gravure
Articles connexes
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