- Le Pistonné
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Le Pistonné est un film français de Claude Berri sorti en 1970.
Sommaire
Synopsis
Ce film autobiographique est la suite du film Le Vieil Homme et l'Enfant, écrit et tourné également par Claude Berri, lequel a puisé dans ses souvenirs de jeune appelé de la classe 55/1.
L'enfant est devenu un jeune homme de 21 ans. En âge de faire son service militaire, Claude Langmann (patronyme officiel de Claude Berri) pense profiter d'un "piston". Ce jeune juif, fils d’artisans casquettiers et habitué à une vie douillette déchante vite car, transféré à Provins, il doit affronter les servitudes de la vie de caserne.
Comble de l'infortune, Claude est ensuite envoyé au Maroc où il découvre la barbarie d’une guerre coloniale, et l'antisémitisme de ses officiers.
C’est la chronique douce-amère des longs mois d’un service militaire banal, comme en ont connu des milliers de jeunes Français. On peut remarquer la reconstitution soignée d’une époque; pourtant, ce film été réalisé quinze ans après les faits alors que le moindre détail comme le montrent par exemple le scooter Lambretta du héros ou le taxi parisien rouge et noir à l’antique silhouette. La musique du film, lancinante et mélancolique, signée Georges Moustaki, ajoute au charme de ces images qu’on feuillète comme un album. Le maréchal de logis chef Ferraci, (Georges Geret) est très authentique, on croit retrouver le personnage du soldat Pinot, dans Week-end à Zuydcoote, qui ne se séparait pas de son F.M. Il est bien le même lascar, au fond, en fin de carrière ! En capitaine, Jean-Pierre Marielle a toute l’aisance caricaturale, les tics du soldat de carrière. Le trait est volontairement forcé, caricatural. Marielle était plus vraisemblable en officier français dans Les Milles (film) Là, on lui demande de faire un peu le clown, faussement mondain, lubrique quand il évoque Brigitte Bardot. Effet considéré comme cocasse et burlesque. Et plus encore, la prétention du héros de faire venir la belle actrice à la fête du régiment, sous prétexte qu’elle avait une liaison avec « son ami Jean Louis ». En commandant influent, discrètement homosexuel, Claude Piéplu est aussi caricatural que dans son rôle du commissaire Andréani de « Rabbi Jacob ». Il faut l’entendre dire que les filles arabes sont « belles comme de jeunes garçons ».
A Provins, on frôle le mauvais goût partisan, quand un soldat permissionnaire, éméché, après s’être trempé dans une fontaine d’un jardin public, désigne le monument aux morts, et hurle « Maman, c’est là qu’on va me mettre ! »
On l’atteint carrément, dans la séquence du départ de l’unité, de sa caserne parisienne. La Jeep de tête du convoi semble prête à s’écraser sur la foule des civils, parents et amis. Sur un mur, une grand inscription blanche « paix en Algérie ». Comme si ce genre de tag pouvait subsister, face à une caserne.
La scène du repas chez les Langmann, où le Commandant est confronté à la carpe farcie à la juive, c’est tout le choc, et l’incompréhension des cultures. Rosy Varte est magnifique en mère juive, tout comme Yves Robert, père qui se veut sévère, et qui s’attendrit quand même à l’idée du grand amour de son fils. La petite sœur, très bien choisie, (Nina Demestre) est lumineuse, compatissante et empathique pour le bonheur de son frère. La cellule familiale juive est admirablement bien rendue.
En revanche, quand on arrive au théâtre d’opérations marocain, ça se gâte. Le réalisateur n’a pas dû obtenir le concours de l’armée française, ça se sent dans le détail de fournitures. On fait porter aux soldats français, en 1955, les guêtres de toile américaines, et le casque de G.I.. La silhouette qui en résulte n’a rien à voir avec le soldat français de l’époque. Il n’était pourtant pas ruineux de trouver quelques dizaines de rangers, et de casques 1951. Pire même, les véhicules, qui, en France, étaient des Jeeps et des camions GMC, deviennent, au Maroc, de gros camions, russes ou américains modernes, que jamais l’armée française n’utilisa. Les exactions et atrocités de l’armée française, soi-disant évoquées par le présentateur, se limitent à quelques scènes d’intervention dans une mechta, tirées des actualités d’époque. En revanche la perfidie des prostituées marocaines, qui se font payer d’avance, et disparaissent ensuite, sont commentées et justifiées par Coluche « C’est bien fait pour nos gueules, on n’avait qu’à rester chez nous. » Le Maroc ayant fourni site et matériels, le film caresse dans le sens du poil les susceptibilités chérifiennes. On n’y voit qu’une foule acclamant son roi, des enfants qui aiment la compagnie des soldats français, dans des scènes totalement surréalistes. Et des opérations inefficaces et inutiles dans le djebel.
En revanche, l’incident « antisémite » est soigneusement relaté par Claude Berri, qui règle un peu ses comptes. Pour avoir prononcé le mot même d’antisémitisme, il le paiera, seul de son unité, par un maintien au service à titre disciplinaire, de 21 jours de plus, alors que d’autres de ses potes ont fait tout autant de jours de prison que lui. Ca, c’est le traitement de faveur réservé spécialement au canonnier Langmann, pour avoir enfreint une loi du silence séculaire : dans l’armée française, il n’y a pas d’antisémites. Tenez vous le pour dit !
La scène finale montre le jeune soldat, libéré et rentrant chez lui, qui rencontre, dans la cour, le fils de sa concierge, lui aussi démobilisé, mais lui a perdu une jambe à la guerre, et son rire persistant et un peu hystérique laisse supposer qu’il est revenu un peu fêlé.
Fiche technique
- Réalisation, scénario et dialogues : Claude Berri
- Directeur de la photographie : Alain Derobe
- Musique : Georges Moustaki
- Son : Guy Chichignoud
- Décorateur : Jacques d'Ovidio
- Montage : Sophie Coussein
- Sociétés de production : Renn Productions (Paris)- Columbia Pictures
- Directrice de production : Michelle de Broca
- Distribution : Columbia Pictures
- Genre : Comédie
- Année : 1969
- Pays : France
- Durée : 91 min
- Tourné en Eastmancolor et en mono
- Date de sortie : 15 avril 1970
Distribution
- Guy Bedos : Claude Langmann
- Yves Robert : le père
- Rosy Varte : la mère
- Georges Géret : l'adjudant corse Ferracci
- Jean-Pierre Marielle : le lieutenant
- Zorica Lozic : Tania
- Claude Piéplu : le major
- Coluche : Marquand
- Nina Demestre : Arlette
- Gabrielle Doulcet
- Maurice Risch
- Claude Melki
Autour du film
- Le personnage principal du film (Claude Langmann) interprété par Guy Bedos est le vrai nom de Claude Berri.
- Premier rôle au cinéma pour Coluche, qui tournera avec Claude Berri dans Le Maître d'école, Tchao Pantin et sera engagé à jouer Jean de Florette (film) et Manon des sources (film, 1986) avant de refuser ce rôle.
- Comme l'a rapporté Miou-Miou en 2011, Coluche a tourné des essais pour camper le premier rôle, finalement attribué à Guy Bedos[1].
Lien externe
Notes et références
Catégories :- Film français
- Film sorti en 1970
- Film réalisé par Claude Berri
- Film dont l'action se déroule au Maroc
- Suite de film
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