Ananda

Ananda
Ananda récitant le Suttapitaka lors du premier concile ; fresque de temple laotien

Ānanda (Ch:阿難, A Nan) « Félicité » en sanskrit, était le cousin et lun des principaux disciples du Bouddha dont il fut lassistant personnel pendant vingt-cinq ans. À ce titre, il est celui qui recueillit le plus de paroles de Gautama, et fut requis à sa mort pour réciter le Sutta Pikata afin que le souvenir ne sen perde pas. L'étymologie légendaire du terme sutra (pali : sutta) le fait dériver de lentrée en matière de ce type de texte : evam me suttam (ainsi ai-je entendu), qui daterait de la récitation d'Ananda.

La tradition le décrit comme un moine de haut niveau intellectuel et spirituel, mais dérogeant parfois aux règles ou prenant des initiatives contestées (comme celle de persuader le Bouddha dautoriser lentrée des femmes dans les ordres), et cependant toujours sympathique. Le canon pali prétend qu'on ne lui connaissait pas d'ennemis.

Il est considéré par le courant chan/zen comme son troisième patriarche après Shakyamuni et Mahākāshyapa (Mahakassapa).

Comme pour tous les compagnons de Siddhartha Gautama, les informations le concernant sont parfois contradictoires et sujettes à caution, particulièrement celles tirées des Jatakas, clairement légendaires.

Sommaire

Jeunesse

La légende prétend quil descendait de Tusita comme Siddhartha Gautama et naquit le même jour que lui. Son père était Amitodana, frère de Shuddhodana ; il avait pour frères Mahānāma et Anuruddha. Une autre source prétend quil était fils de Suklodana et frère de Devadatta et Upadhāna. Le nom de sa mère était Mrgī.

Il entra dans les ordres la deuxième année de prêche du Bouddha, en même temps que de nombreux jeunes gens du clan Sakya. Il fut ordonné par Gautama lui-même et son upajjhāya (guide pour la vie monastique) était Belatthasīsa. Il atteignit bientôt le grade de sotāpanna.

Après avoir eu pendant vingt ans comme assistants différents moines à tour de rôle, le Bouddha déclara devant l'assemblée quil avait résolu de choisir un assistant permanent. De nombreuses candidatures sélevèrent, mais aucune ne reçut sa faveur. Il sadressa alors à Ananda et lui demanda pourquoi il ne s'était pas manifesté. Celui-ci répondit quil était intéressé, mais uniquement à huit conditions, qui peuvent être regroupées en trois grands points : son cousin ne devait jamais lui remettre de cadeau ni le faire bénéficier dun avantage qui ferait croire quil avait brigué le poste pour cette raison ; il devait lui déléguer plein droit pour accepter des invitations à sa place et lui amener des visiteurs venus de loin ; il devait répondre à toutes ses questions et lui répéter tous les enseignements quil avait prodigué en son absence. Gautama accepta.

Assistant du Bouddha

Entrée du temple dAnanda à Pagan, Myanmar (photo : Ralf-André Lettau)

Ananda prenait son rôle à cœur et était très attentif aux changements de ton ou dapparence de son maître, tombant parfois malade avec lui par empathie. Il sinterposa pour lui sauver la vie lorsque son cousin Devadatta voulut lancer contre lui un éléphant îvre.

Les moines et laïques lui faisaient confiance et venaient souvent lui demander des conseils, ou des précisions sur les prêches du Bouddha. Ananda reprenait ou poursuivait alors le prêche, approuvé et encouragé par Gautama. Il prêchait aussi parfois de sa propre initiative. Buddhaghosa a laissé une liste de discours qui lui sont attribués : Sekha, Bāhitiya, Anañjasappāya, Gopaka-Moggallāna, Bahudhātuka, Cūlasuññata, Mahāsuññata, Acchariyabbhuta, Bhaddekaratta, Mahānidā-na, Mahāparinibbāna, Subha et Cūlaniyalokadhātu ainsi que plusieurs échanges avec les autres moines.

Dans son rôle dintermédiaire il faisait preuve de diplomatie et de gentillesse. Afin de ne pas décevoir les visiteurs qui souhaitaient laisser des offrandes lorsque le Bouddha était absent, sur les conseils de celui-ci, il fit rapporter un fruit de l'arbre de la bodhi. Il fit pousser à partir d'une graine un Ananda-bodhi devant lequel les pèlerins pouvaient laisser leurs guirlandes de fleurs. Il est particulièrement connu pour sêtre fait lavocat des femmes menées par Mahaprajapati Gautami que beaucoup, y compris le Bouddha lui-même, ne souhaitaient accepter dans le sangha. C'est lui qui aurait rappelé à son cousin que leurs capacités spirituelles nétaient pas inférieures à celles des hommes. Il aurait à une autre occasion questionné le bien fondé de les tenir écartées des assemblées judiciaires et de certains métiers, et de leur refuser les bénéfices complets de leurs efforts religieux. Cest pourtant la « folie féminine » quil invoque pour calmer Mahakassapa, autre disciple proche du Bouddha, lorsque ce dernier se fait (une fois de plus) rembarrer par des nonnes à qui il était venu prêcher. Elles le comparent défavorablement à Ananda, qui est aussi le prêcheur préféré des dames de la cour. Ce favoritisme mutuel lui vaudra des reproches lors du premier concile.

Ananda entretenait en fait dexcellents rapports avec Mahakassapa, qui se montra son principal soutien lors du premier concile, et aussi avec Sariputta dont il composa leulogie. Moggallāna, Anuruddha et Kankhā Revata étaient aussi au nombre de ses amis.

Le Bouddha lui adressa publiquement des éloges devant lassemblée des moines à Jetavana, le déclarant premier dans les domaines de lérudition, du comportement, de la mémoire, de la détermination et de lattention. Peu avant le parinirvana il ajoutera quAnanda choisissait toujours le bon moment pour lui amener les visiteurs, et quil méritait bien son nom, sachant rendre heureux tous ceux qui venaient le trouver.

Lorsquil commença à distinguer dans laspect physique de son maître des signes de sa fin proche, Ananda lui fit part de son inquiétude. Le Bouddha aurait alors répliqué quil lui avait signalé un jour, par allusion, quil pourrait à sa requête vivre un kalpa entier, mais qu'il avait manqué dintuition et laissé passer loccasion. Il était bien sûr près du Bouddha à sa mort et se chargea dorganiser les funérailles.

Premier concile

Peu après, un concile fut convoqué pour fixer la mémoire des enseignements du maître. La plupart des participants jugeaient la présence dAnanda indispensable, mais il navait pas encore atteint létat darahant, condition nécessaire, peut-être parce que sa fonction lavait empêché de consacrer autant de temps à cette entreprise que ses collègues. Encouragé par Mahakassapa, il se mit au travail darrache-pied et atteint létat souhaité au milieu dun bois près de Kosala dans un état de total épuisement, alors quil s'effondrait à terre. Cette légende le fait connaitre comme « celui qui na atteint létat d'arahant dans aucune des quatre positions prescrites ». On prétend quil fit son entrée au concile in extremis, traversant les airs ou surgissant de terre sous les cris de joie de Mahakassapa, et fut mis immédiatement au travail. Heureusement, il avait dit-on une mémoire phénoménale et parlait huit fois plus vite quune personne ordinaire. Il aurait mémorisé 82 000 sujets denseignement provenant du Bouddha et 2000 provenant dautres moines.

Malgré sa contribution, Ananda dut subir des reproches concernant les femmes, la longévité du Bouddha, le fait quil ait oublié de demander quelles règles pourraient à lavenir être modifiées, et aussi pour avoir un jour marché par inadvertance sur un vêtement de Gautama et être lui-même sorti une fois dans une tenue non-réglementaire. Il s'en excusa pour que le concile s'achève dans l'harmonie.

Parinirvana

Le canon pali na gardé aucune trace de ses derniers instants mais prétend quil mourut à cent-vingt ans. Il existe une légende rapportée par le moine chinois Faxian : Sentant sa fin proche, Ananda se mit en route pour Vaisali avec lintention dy atteindre le parinirvana. Ajātasattu, roi de Magadha le suivit avec une nombreuse escorte pour avoir lhonneur de lui tenir compagnie jusquà la rivière Rohini, mais le roi de Vaisali lattendait sur lautre rive. Ne voulant vexer personne, il entra dans la rivière et son corps disparut en flammes au beau milieu. Ses restes se divisèrent naturellement en deux et chacun eut des reliques pour lesquelles ils bâtirent un cetiya.

Vies antérieures

La tradition bouddhiste considère que les destins religieux exceptionnels demandent plusieurs vies de pratique et daccumulation de perfections (parami), et aussi davoir exprimé le vœu de devenir arahant, dont la réalisation future est garantie par le bouddha de lère en cours. Comme beaucoup dautres personnes de lentourage de Gautama, cest à lère du bouddha Padumuttara, alors quil était Sumana, fils du roi Ananda de Hamsavatī, quil fit, impressionné par le dévouement de lassistant de Padumuttara, le vœu d'avoir un jour une situation semblable à la sienne. Ses renaissances relatées dans les Jatakas (recueils de récits de la vie de Gautama)sont très nombreuses. LApadāna prétend quil fut avant Gautama cinquante-huit fois roi sur terre et trente-quatre fois roi dans les cieux.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ananda de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Ananda — (del sánscrito आनन्द, ānanda, ‘alegría, felicidad suprema’) fue primo hermano de Buda Śākyamuni (el Buda histórico) y uno de sus principales discípulos. Ananda recitando el Sutra pitaka en el Primer Concilio Budista. Nació en la región de Kapila… …   Wikipedia Español

  • Ananda — Ānanda was one of many principal disciples and a devout attendant of the Buddha. Amongst the Buddha s many disciples, Ānanda had the most retentive memory and most of the suttas in the Sutta Pitaka are attributed to his recollection of the Buddha …   Wikipedia

  • Ânanda — Ananda Ananda récitant le Suttapitaka lors du premier concile ; fresque de temple laotien Ānanda (Ch:阿難, A Nan) « Félicité » en sanscrit, était le cousin et l’un des principaux disciples du Bouddha dont il fut l’assistant personnel …   Wikipédia en Français

  • Ananda — (skt. für Abwesenheit von Unglück, sprich: Glück, 5. Jh. v. Chr.), ein Cousin des Buddha, war in den letzten Jahren des Lebens des Buddha sein Lieblingsjünger. Er gilt als Bewahrer des Dharma, da er nach dessen Tod (Erlöschen) als Zeuge für die… …   Deutsch Wikipedia

  • ananda —    Ananda literally means “bliss.” In Hinduism, ananda is the bliss beyond comprehension that is experienced when one is in communion with or has realized in totality the Godhead.    Ananda is seen as an aspect of the Divine and is often… …   Encyclopedia of Hinduism

  • Ananda — (Hararit,Израиль) Категория отеля: Адрес: Hararit, Hararit, 20182, Израиль …   Каталог отелей

  • ananda — (n.) in Hindu theology, bliss, from Skt. ananda joy, happiness, bliss, from stem of nandati he rejoices, of unknown origin …   Etymology dictionary

  • Ananda — Anánda m DEFINICIJA bud. Buddhin mlađi bratić, najmiliji učenik i legendarni vjerni sljedbenik; napisao važne budističke tekstove; prema legendi živio 120 godina …   Hrvatski jezični portal

  • ananda — /ah neuhn deuh/, n. Hinduism. perfect bliss. Cf. Sat cit ananda. [ < Skt ananda joy, happiness] * * * flourished 6th century BC, India First cousin and disciple of the Buddha. A monk who served as the Buddha s personal attendant, he became known… …   Universalium

  • Ananda — /ah neuhn deuh/, n. fl. early 5th century B.C., favorite disciple of Gautama Buddha. * * * flourished 6th century BC, India First cousin and disciple of the Buddha. A monk who served as the Buddha s personal attendant, he became known as the… …   Universalium

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/97299 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”