Langlois (architecte)

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Jean, Michel et François Langlois, architectes français du XVIIe siècle. Il fait partie d'une famille d'architectes français, originaire du Comté de Laval.

Sommaire

Jean et Michel Langlois

Dans la première moitié du XVIIe siècle, les deux frères Jean Langlois, sieur de Villeneuve, et Michel Langlois, exercent à Laval la profession d'architecte. Ils sont fils de Michel Langlois[1], maître-boulanger, et de Jeanne Geslot. Ils ont pour frère François Langlois[2], sieur de la Butte, marchand, et pour soeur Renée Langlois, mariée à Michel Turpin, « marchand vitrier » et sans doute peintre verrier. Leur famille était alliée à l'architecte Michel Bellier; peut-être avaient-ils reçu ses leçons.

La concorde paraît avoir régné entre les trois frères Langlois les deux architectes sont presque constamment associés pour les travaux de leur métier, et le sieur de la Butte, qui se livre surtout au commerce des grains, est tout empressé à leur rendre service il met à profit ses voyages et ses relations pour leur acheter le tuffeau dont ils ont besoin. C'est à ce sujet que Jean Langlois, sieur de Villeneuve, écrit à son frère, de Saint-Cyr où il construit le retable de l'église paroissiale[3]

En 1645, Michel Langlois avait épousé une orpheline originaire de Sablé-sur-Sarthe, Madeleine Bodin, qui avait pour tuteur son beau-frère Mathurin Bougler, demeurant à Sablé. On constate la présence des Langlois aux environs de Sablé, et les marbres noirs fournis par les carrières des bords de la Sarthe sont souvent employés par eux dans l'ornementation de leurs retables.

Un soir de la Fête-Dieu 1645, au bout du faubourg Saint-Martin, une rixe eut lieu entre Jean, Michel Langlois et Olivier Martinet d'un côté et les architectes François et Pierre Vignier de l'autre mais la plainte fut retirée, et on se réconcilia. Une autre fois, en 1666, François Langlois est accusé d'avoir blessé dans une querelle Jacques Chevreul, maître serrurier.

En 1649, ils sont de retour aux environs de Laval, ils construisent en l'église de Martigné trois autels, pour lesquels ils donnent une quittance de 900 livres. C'est à eux qu'il faut attribuer la reconstruction partielle de l'abbaye de Clermont, [4].

Les Langlois ne sont peut être pas étrangers à l'édification de la maison de Beauregard, à Laval, que faisait élever en 1651 René Charlot. En 1653 les Cordeliers de Laval avaient reçu des exécuteurs testamentaires de François Chapelle[5] une somme de 1.000 livres pour la construction d'un autel à la gloire de Dieu et de sainte Marie-Madeleine[6]

Le 6 janvier 1655 une convention fut rédigée entre les frères Jean et Michel Langlois ils s'associent « moitié perte ou moitié profit, » pour la construction d'un autel en l'église de Fontaine-Daniel marchandé au prix de 700 livres, et du grand autel de Notre-Dame-du-Perray auprès de Sablé, accordé pour 2.200 livres, et aussi pour l'achat de deux milliers de tuffeaux suivant le marché que Michel a conclu à Angers.

Un règlement, daté du 24 mai 1657, nous apprend que les deux frères venaient d'achever des travaux à l'église de Vion, près de Sablé, et qu'ils continuaient l'autel de l'église de Souvigné[7]. Dans le cours de cette même année, on trouve les deux frères construisant deux petits autels en l'église de Saint-Berthevin.

Quelques mois auparavant, le 4 février 1657, Jean Langlois avait passé avec Michel Rochereau, marbrier, un acte par lequel celui-ci s'engageait à lui fournir à Laval seize colonnes de quatre pieds de haut « suivant l'ordre de Corinthe », deux de trois pieds et quatre de cinq pieds (deux noires et deux rouges), ces quatre dernières destinées à l'autel de l'église de Dompierre-du-Chemin. A la date du 2 février 1659, les registres paroissiaux de Moulins, auprès de Vitré, mentionnent l'achat d'un autel à Jean Langlois, « architecte natif de Laval»[8].

Jean Langlois dut mourir peu de temps après la livraison de cet autel. Le 18 juin 1659, une convention intervient entre Michel son frère, et sa belle-soeur, Marie Frin, veuve du sieur de la Butte, remariée à Julien Seigneur, et François Langlois, architecte, son neveu. Ils tiennent Michel Langlois quitte pour « les ouvrages et bastiments faits par ledit défunt Langlois et ledit Michel en société, sçavoir ceux faits en l'église de Cossé, Moulins et Possé en Bretaigne par ledit défunt Villeneufve et ceux de la Chapelle-d'Aligné et Souvigné par leditMichel Langlois. »

Retable de l'église de Neau

Le 2 novembre 1659, Michel Langlois s'engage envers Jacques Marest, sieur des Abattans, prieur de Saint-Vigor, Neau et Brée, actuellement en sa maison du Gast, paroisse de la Sainte-Trinité, à faire pour l'Église Saint-Vigor de Neau un autel « qui contiendra toute l'étendue et espace de largeur de ladite église »[9].

François Langlois

Michel Langlois avait alors auprès de lui, comme élève, son neveu François Langlois que Marie Frin[10], veuve de François Langlois, sieur de la Butte, lui avait alloué en apprentissage le 7 juillet 1659[11]. Michel Langlois était mort en 1662 le 7 août de cette année Madeleine Bodin est qualifiée de veuve dans un acte notarié.

François Langlois est bien jeune encore, lorsque le 24 juillet 1662 il passe par devant Julien Seigneur, notaire du comté de Laval, un marché avec les religieux prémontrés de l'abbaye de Notre-Dame de Belle-Etoile, près de Cerisy, en Normandie aux termes de cet acte, il s'engage à mener à bonne fin la construction « d'une contretable au grand autel de trente pieds de hauteur et dix-neuf de largeur suivant et conformément au plan et dessin qui leur en a été montré par ledit Langlois. »[12]. Ce travail dut être terminé en 1663 l'année suivante Michel Rochereau, marchand marbrier, se rend à Angers acheter du tuffeau pour Langlois qui doit lui payer ses frais de voyage, de transport et d'acquisition du tuffeau « à proportion qu'il le prendra et emploiera», et Langlois s'engage à n'en point employer d'autre avant le complet épuisement de cette provision. Les religieux cisterciens de Fontaine-Daniel voulurent à leur tour confier à François Langlois la construction du retable de leur maître-autel l'architecte signa en 1665 une convention avec François Bouslain, religieux de l'abbaye, bachelier en théologie de l'Université de Paris[13].

En 1676 et peut-être auparavant, François Langlois avait construit le maître-autel de l'église des Jacobins de Laval qui passait pour être une des plus belles églises élevées en France par les Dominicains[14]. Langlois habitait alors en la paroisse de Saint-Vénérand de Laval.

Quelques mois plus tard il se mariait en l'église de Changé, il épousait Renée Godais, fille de feu Jean Godais, sieur de la Maillarderie, et de Marguerite Prudhomme[15]. Dans les derniers mois de 1679, le jeune ménage est installé à la Celle en la paroisse de Luitré, tout près de Dompierre-du-Chemin. Le registre des baptêmes de Luitré mentionne la naissance de plusieurs enfants de François Langlois et de Renée Godais : Marie, baptisée le 11 février 1680 ; Renée le 4 février 1681 ; Jean le 5 décembre 1684 ; Philippe le 5 décembre 1685. De nombreuses commandes, d'importants travaux durent retenir François Langlois dans cette région, et aux environs de Luitré et de Dompierre-du-Chemin, dans les paroisses voisines de la Bretagne et du Maine, on devrait retrouver la trace du séjour prolongé de l'architecte lavallois.

En mai 1679, François Langlois achète à sa mère, Marie Frin, veuve du notaire Julien Seigneur, 40 livres de rente constituée au prix de 800 1. t. Le 28 octobre 1681, il est à la Maillarderie et s'engage à montrer à son jeune beau-frère Jean Godais « l'art de architecte, le mieux qu'il luy sera possible, » pendant trois années consécutives il le logera, nourrira, blanchira, et recevra pour tous ces soins 90 livres par an que lui payera sa belle-mère Marguerite Prudhomme[16]. A ce moment il est à Courbeveille, construisant le retable de l'église le 31 décembre 1683, il se dit habitant de la paroisse de la Trinité de Laval, et achète pour 119 livres tournois, à Charles Cordier, maître marbrier, quatre colonnes de marbre noir et deux de marbre jaspé, longues de cinq pieds deux autres de marbre noir de trois pieds et demi une croix de marbre rouge haute d'un pied et demi, et deux ovales de marbre noir longues de six pouces, le tout devant être livré au village de la Gueslinière à la Toussaint 1684.

L'église Notre-Dame de Saulges

Cette fourniture était sans doute destinée à une église bretonne, car nous retrouvons notre architecte à Luitré en 1685. En 1688, Langlois est installé à Vaiges où l'avait appelé la construction du retable de l'église. Il se transporte à Sainte-Gemme-le-Robert. Il s'engage avec René Aveneau, sieur de la Grantière, marchand, à construire un autel en l'église de Saulges, et, par acte du 13 août 1689, il en confie l'exécution à l'architecte lavallois Michel Lemesle qui venait d'édifier le retable de Sacé. Le 10 septembre 1692, le procureur de la fabrique donne à Langlois décharge de son travail, se réservant de poursuivre par voie de justice les sommes d'argent qu'aurait touchées en trop l'architecte Lemesle, « ouvrier dudit sieur Langlois ».

Pendant que Lemesle construisait sur ses plans et sous sa direction l'autel de Saulges, François Langlois acceptait d'élever l'autel de Hambers et s'acquittait lui-même de cette commande[17] François Langlois habite la Maillarderie en 1693, puis Laval dans les dernières années du XVIIe siècle en la rue du Pont-de-Mayenne, vers le carrefour du Puits-Rocher, puis en la rue Sainte-Anne.

Le 5 avril 1695, ses deux filles jumelles Perrine et Françoise reçoivent le baptême en l'église de Saint- Vénérand. Le 13 avril 1695, une convention fut signée entre les marguilliers de Saint-Vénérand et François Langlois. Celui-ci s'engageait à parachever d'architecture, inassonail et pourfisseure, la chapelle qui est encommencée à l'église de Saint-Vénérand[18]

Ce fut sa dernière oeuvre de réelle importance on le retrouve encore dans ces dernières années de sa vie élevant et signant un petit autel en la chapelle Sainte-Anne près de Juvigné-des-Landes (1695), puis en 1702 construisant le retable, aujourd'hui détruit, de l'église de Deux-Evailles. Il meurt à l'âge de soixante-deux ans le 2 septembre 1706. Sa veuve, Renée Godais, lui survécut peu de temps le 24 novembre 1707 on dressait l'inventaire de leur commun mobilier et le 13 décembre on l'adjugeait aux enchères[19].

Des nombreux enfants de François Langlois, aucun ne parait avoir suivi avec quelque succès les traditions paternelles. Son beau-frère Jean Godais, qui avait été son élève, mourut jeune peut-être ou émigra du pays lavallois. Son fils François était entré en apprentissage, à l'âge de onze ans, en 1694, chez le maître-chirurgien Jean Pichot dans divers actes relatifs à des affaires d'intérêt, datés de 1716 et 1719, il se qualifie de maître architecte, demeurant en la paroisse de la Trinité mais ses travaux, s'il en exécuta, restent inconnus. Sa fille Renée épousa en 1718 Nicolas Pinson, sculpteur, originaire de Dieppe, élève du sculpteur Cornu, parent de sa mère. En 1720, le jeune ménage habite la Selle en Anjou peu après Pinson revient au Maine, il construit plusieurs autels à Jublains de 1736 à 1738, il élève dans l'église de Châlons-du-Maine les deux autels de Notre-Dame de Pitié et de Sainte-Anne à Martigné, il taille un bas-relief représentant l'adoration des Mages. Il garde encore au XVIIIe siècle la tradition des artistes lavallois du siècle précédent, mais bien affaiblie, et son fils, Yves-Jean Pinson, sculpteur à son tour, ne laisse plus en certaines églises du Bas-Maine que « de tristes échantillons de son talent », selon l'appréciation de l'abbé Angot. Jean, frère de l'architecte François, élève de l'orfèvre Jean Briceau, eut d'Adenette Beudin, sa femme, deux fils Jean et François, qui tinrent au XVIIIe siècle un rang honorable parmi les orfèvres lavallois.

Notes et références

  1. Le nom de Langlois est assez répandu à Laval au XVIIe siècle. Parmi les familles qui le portent, on peut signaler : les Langlois, sieurs du Frauchet, lavandiers à Changé, les Langlois, maîtres tailleurs, qui descendent de François Langlois, « tailleur d'habits suivant la cour, demeurant rue du Marais, paroisse de Saint-Sulpice à Paris, » en 1605, se qualifiant en 1614 de « valet de chambre et tailleur de la reine Marguerite » marié à Marie Pyrard.
  2. Il eut pour enfants Michel, maître vitrier, marié à Charlotte de la Porte ; François, maître peintre , Renée, mariée à Pierre Cosuier, éperonnier.
  3. Monsieur et frère, Pour response à la vostre par laquelle vous me mandez qu'il y a des marchands à Laval qui désirent me vendre du tuffeau au prix de quarante et cinq livres le cent, ainsy qu'appris par la vostre, je vous supplie prendre la peine de m'en achapter deux, trois ou quatre cens, et en prenez s'il vous plaist le meilleur marché qu'il vous sera possible et que ce soit de beau tuffeau blanc et qu'il y ait douze ou quinze baraudes par chaque cent et quelques pièces de trois pieds, s'il se peult. Je suis bien fasché de vous donner tant de peine, mais mes affaires ne me peuvent permettre d'y aller. Vous leur pourrez assurer que je leur donneray de l'argent de leur marchandise lorsqu'ils la deschargeront. Si ces messieurs-là séjournent à Laval pendant quelque temps, je tascherai d'y faire voyage prochain, vous aurez agréable de me le mander par ce présent voiturier, ou en tout cas je vous prie de faire marché avec eux. Et ce faisant vous m'obligerez de plus en plus à estre toute ma vie, Monsieur, Vostre très humble et très affectionné serviteur et frère, VILLENEUFVE LANGLOIS. A Saint-Cyr. ce 3 may 1647. Le 6 mai, Langlois de la Butte passait marché avec le sieur Mathieu, marchand à Angers, pour la fourniture broyer du noir; un marbre et une molette à broyer les couleurs; « un fourneau et des barres de fer pour cuire des peintures sur du verre ? etc.
  4. Les plans et devis ont malheureusement disparu avec les archives de cette abbaye cistercienne mais un petit texte conservé dans les minutes du notaire Jean Barais ne laisse aucun doute sur les auteurs de cet édifice. Par acte du 15 janvier 1650, Jean et Michel Langlois achètent au prix de 180 livres « trois cens de tuffeaux» » pour le « bastiment qu'ils font en l'abbaye de Clermont ». Si l'on rapproche de ce marché les nombreux achats de tuffeaux faits tantôt par eux, tantôt par leur frère François, sans que les textes indiquent la destination de ces matériaux, on voit qu'il s'agit d'importantes constructions.
  5. En son vivant marchand au faubourg Saint-Martin
  6. « en la septième chapelle de l'église Saint-François, qui est immédiatement au-dessoubs de l'autel et chapelle du nom de Jésus » l'autel devait contenir une « image en bosse de la représentation de la Madeleine » les religieux s'adressèrent à Michel Langlois qui, par contrat du 26 août 1653, se chargea de l'exécution de ce travail; l'autel était terminé l'année suivante, et le 10 septembre 1654, Langlois donnait quittance de 1.000 livres tournois, prix convenu.
  7. tous comptes faits de divers travaux et notamment de ceux exécutés en l'église de Vion, Michel reconnaît devoir à son frère Jean 105 livres mais celui-ci l'en tient quitte « pour le récompenser de son plus grand travail de journées qu'il a employées auxdits ouvrages et bastimens » ils continueront à travailler en société de pertes et profits, sauf que Michel se réserve « la conduite des entreprises de l'autel de la chapelle de Souvigné ».
  8. Ce serait l'autel, avec retable, de la Sainte-Vierge, faisant vis-à-vis à celui de Saint-Sébastien.
  9. Conforme au dessin signé des parties, « auquel autel il y aura quatre colonnes de chascune quatre pieds de long et de grosseur à proportion, sçavoir deux noires et deux rouges, et par augmentation ledit Langlois exaucera les admortissements des frontons plus hault propres à recepvoir les armes dudit sieur prieur et de l'ancien prieur. » Langlois fournira toutes matières nécessaires le prieur les fera transporter, et donnera la chaux, le sable, le bois pour échafauder et deux lits pour l'architecte et ses compagnons l'oeuvre devait être payée au prix de 700 livres et terminée pour la fête de Notre-Dame angevine.
  10. Elle épousa en secondes noces Julien Seigneur, notaire. Elle avait eu deux autres fils Jean Langlois, sieur de la Butte, qui fit son apprentissage chez l'orfèvre Jean Briceau, épousa Adenette Beudin et donna naissance à une lignée d'orfèvres ; Julien, qui fut marchand tissier, épousa Renée Pichot et fut inhumé le 9 avril 1690.
  11. Son apprentissage devait durer quatre ans; Michel Langlois devait « l'instruire à son mestier d'architecture à son possible », le blanchir, nourrir, loger et lui donner « tous soins honnestes et raisonnables », pour le prix une fois payé de 100 livres tournois.
  12. Il s'engage en outre à ajouter audit dessin « deux pilliers de marbre aux deux côté du cadre, lequel sera aussi en marbre, avec quelques pentes et fleurs, tant entre chacune des-dites colonnes et celle qui la suit, que entre les deux dernières colonnes et la parroy, et deux frontons jetant en feston des fruicts sur le milieu du cadre et dans l'admortissement du milieu, et au lieu des deux termes qui y sont figurés, il y posera deux colonnes de marbre. » Pour ce travail qui devait commencer à la Toussaint de l'année 1662 et être poursuivi sans interruption par François Langlois aidé de trois ouvriers, les religieux avaient alloué une somme de mille livres, plus le logement, la fourniture de deux pipes de cidre et six charretées de bois, plus les matériaux « tant marbre que chaux.»
  13. L'oeuvre devait être importante si l'on en juge par ses dimensions, par les quelques détails inscrits dans l'acte notarié, par le prix élevé attribué à l'auteur. La hauteur devait être de quarante-cinq pieds, et la largeur telle que « les deux côtés d'architecture dudit autel advanceront de telle façon qu'ils joindront les deux pilliers qui soutiennent ladite église aux deux côtés dudit autel » Langlois y devait employer huit colonnes de marbre (quatre noires et quatre rouges) de huit pieds de hauteur six autres colonnes, formant l'étage supérieur, deux rouges « dans le milieu hautes de six pieds, et les quatre autres noires « des deux côtés » de quatre pieds et demi enfin, tout en haut, deux petites colonnes noires hautes de trois pieds « avec deux petites boules de marbre en costé noires de grosseur de 6 à 7 poulces », et tout naturellement ledit autel devait être « enrichy des ornemens et architectures » conformément au dessin accepté par les religieux. Ceux-ci devaient donner à Langlois la somme de 4.550 livres et lui fournir la pierre de maçonnerie et le sable les autres matériaux, marbre, tuffeau, plâtre, etc., étaient à la charge de l'architecte qui promettait de commencer son travail au lendemain des fêtes de la Pentecôte 1665 et de le continuer sans interruption jusqu'à complet achèvement.
  14. Les religieux se montrèrent satisfaits de l'oeuvre de François Langlois, et pour lui en témoigner leur reconnaissance, ils lui concédèrent à titre gracieux, le 6 janvier 1677, « une bancelle avec son devant et un petit agenouiller qui est situé devant la chesre prédicatoire de l'église dudit couvent, pour en jouir et disposer pendant sa vie et celle de sa femme, sy aucune il épouse, et de ses enfants ladite concession ainsy faite pour aucunement recognoistre ledit Langlois des peines extraordinaires qu'il a eues pour la construction du maistre autel d'icelle église, outre ses salaires et fourniemens. »
  15. La famille Godais était parmi les plus honorables de Changé Jean Godais, le père de la jeune « demoiselle Langlois, » figure parmi les notables aux assemblées de la paroisse, et lorsqu'il meurt, en 1669, on l'enterre dans l'église devant le Crucifix. Il laissait six enfants vivants en 1679 : Renée, femme de François Langlois ; Françoise, mariée en 1677 à Yves Moride, marchand tissier ; Maurice, qui prend du service au régiment de Piémont ; Jean ; Michel et Marguerite, mineurs. La fortune ne parait pas avoir été très considérable, et les objets remis au jeune ménage par Marie Prudhomme sont plus utiles que luxueux.
  16. Quelques semaines plus tard, le 26 novembre, il signe avec Gabriel Mehaignery, notaire, l'acte d'échange de sa propriété de la Maillarderie contre le lieu du Marest du Pin en la paroisse de Dompierre-du-Chemin. Un acte du 1er mai 1682 nous révèle encore sa présence à la Maillarderie à cette époque il est probable qu'il ne fut pas donné suite au projet d'échange de l'année précédente il baille à ferme en effet à son beau-frère Yves Moride, le 30 mai 1683, à titre de rente foncière et perpétuelle ce que sa femme possédait au lieu de la Maillarderie.
  17. Les marbriers Jean Gaullier et Philippe Cuvellier lui fournissaient six colonnes de cinq pieds et demi (quatre noires et deux rouges) à raison de 13 1. 10 s. chacune; quatre colonnes de quatre pieds de haut (deux noires et deux rouges) à 9 livres seize balustres de marbre rouge de dix-huit pouces de hauteur à5 1. 10 s. chacune, ce qu'il « souhaitera de marbre plat avec un cadre de marbre noir » à 30 sous le pied. Le marbre noir devait venir des carrières d'Argentré, le marbre rouge de celles de Saint-Berthevin le marbre plat et le cadre devaient être polis, les colonnes et balustres seulement passées au rabot et les prix s'entendaient des marbres à prendre à Laval et à Argentré.
  18. Pour augmenter et élargir la dite église et la faire et parfaire tout ainsy que la chapelle Saint-Laurent vis-à-vis, faire une arcade pareille à celle qui est proche l'autel Saint-François, monter les deux costières qui sont encommencées de la mesme haulteur de ladite chapelle, déposer le grand vitrail et le replacer sur le pignon neuf au bout (fors le verre et plombure qui seront déposés et reposés par un vitrier que choisiront les marguilliers à leurs despens, et sera tenu ledit Langlois de garder les mesmes mesures des vitres sans augmentation ny diminution), parachever ledit pignon neuf, faire les deux chevrons brisés de tuffeau sur le pignon et ledit entablement le long des costières, faire un petit vitrail de tuffeau pareil de celuy qui est à l'autre costé au droit de l'autel Saint-Laurent, le tout conformément à ladite chapelle Saint-Laurent, qui sert de desseing et patron à ladite convention et outre de faire un mur de reffent pour closreladite chapelle neufve dessoubs l'arcade en attendant que l'on puisse continuer une autre chapelle vis-à-vis de celle de saint Hyerosme. II est entendu que Langlois ne sera pas responsable de ce qui pourrait arriver si les ondations étaient mauvaises « l'ouvrage n'ayant pas été par luy encommencé » on lui fournira le bois pour échafauder et tous les matériaux nécessaires mais il devra utiliser les pierres du pignon où se trouve le grand vitrail et tout le sable qu'il en pourra tirer il recevra 550 livres tournois. Un ancien compte de la fabrique, conservé dans les minutes du notaire René Chevalier, porte que Langlois lut chargé de « faire et continuer l'ouvrage du nouveau croison sur les fondemens qui auront esté pris et eslevés à hauteur (le douze à quinze pieds, déposer le grand vitrail et le reposer sur le pignon neuf qui seroit basti par ledit Langlois, faire un vitrail neuf de tuffeau et une arcade pareille à celle qui est entre l'autel Saint-François et Saint-Jérosme, » etc.
  19. Il contenait les outils du métier, compas de diverses dimensions, scies et haches pour tailler le tuffeau, porte-crayons, ciseaux, règles, outils pour graver sur marbre quelques tableaux de la Vierge, de saint François, une « image en bosse de la Vierge » quelques livres, un traité de blason, un traité d'architecture, l'Invitation, les Mystères de la Foi, un lot de « plusieurs livres et dessins en carton pour la profession d'architecteur

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