Land And Freedom

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Land and Freedom

Land and Freedom est un film britannique de Ken Loach sorti en 1994

Sommaire

Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Fouillant dans les affaires de son grand-père décédé, une jeune femme découvre le passé militant de celui-ci, et notamment sa participation en tant que soldat du POUM (engagé au côté des républicains, anarchistes et communistes) à la guerre d'Espagne en 1936. Un flash-back commence, qui durera tout le long du film, ou peu s’en faut. On voit alors une réunion du Parti communiste anglais, dans les années 1930. Un congressiste expose aux adhérents l’utilité d’aller se battre en Espagne, où Franco tente de prendre le pouvoir par la force. Le grand-père, David, alors jeune homme, décide d’aller se battre sur les tranchées en Espagne, car il pense qu’il serait plus utile là-bas, et il en fait part à sa compagne. L’histoire de David en Espagne commence alors : David prend le train pour rejoindre Barcelone ; cette scène-là est une belle illustration de la volonté des Espagnols de combattre le fascisme (le contrôleur dit d’ailleurs : « On ne fait pas payer le billets aux ennemis de ces salauds de fascistes. ») Arrivé à Barcelone, il s’engage pour le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) et est envoyé dans les tranchées, en Aragon, alors qu’il a à peine été formé pour combattre. Là-bas, il fait connaissance de volontaires arrivés de toute l’Europe pour affronter le fascisme : Irlandais, mais aussi Allemands, Italiens… Durant les scènes suivantes, on fait connaissance des personnes venus au Front, ainsi que des conditions de vie des tranchées, où même les femmes combattent : les milices du POUM ont un arsenal des plus archaïques, avec certaines armes datant du XIXe siècle ; et on s’affronte plus verbalement (en se criant mutuellement des insultes trop grossières pour être retranscrites) que militairement (les balles qu’il se lancent n’ont aucune portée, si ce n’est la portée symbolique). La milice part un jour délivrer un village voisin, occupé par les troupes franquistes. Pendant cette courte bataille, ils perdent un de leurs hommes, tué par un curé qu’ils exécuteront plus tard. Une fois le village débarrassé des troupes fascistes, la milice organise une discussion entre les villageois afin qu’ils décident de ce qu’il adviendra du village et des leurs terres. Durant cette scène, la question de la collectivisation, essentielle en l’Espagne républicaine, est posée. Le débat dure de longues minutes, et aucune réponse tranchée n’est apportée au spectateur. Quelques jours après, un vote se déroule dans la milice : le gouvernement de Valence leur pose un ultimatum. La milice doit être rattachée aux Brigades Internationales si elle veut garder son soutien militaire. Tous (à une exception) votent contre le rattachement de la milice dans les Brigades Internationales. Les armes arrivent. En essayant de se servir d’un fusil, David se blesse au bras. Il doit être hospitalisé, puis part se reposer quelques jours à Barcelone. Mais il décide alors de quitter la Milice du POUM pour rejoindre les Brigades Internationales. À Barcelone, il reçoit la visite surprise de Blanca, une de ses camarades de tranchée…mais elle ne tarde pas à se fâcher avec lui dès qu’elle découvre qu’il a rejoint les « staliniens. » David se désole de l’ambiance de suspicion qui s’installe parmi les républicains. Mais il fait toujours confiance au Parti communiste et s’engage dans une troupe pro gouvernementale. Tout cela se déroule alors que la Police du gouvernement de Valence attaque la ville de Barcelone pour prendre le contrôle d’un émetteur radio jusqu’alors contrôlée par la CNT, un syndicat anarchiste (début mai 1937). Partout dans Barcelone on se bat et on se barricade, « on se tire dessus entre camarades. » David combat derrière les barricades communistes, mais est très vite écœuré par ce qui se passe, par les brigades communistes qui tirent sur leurs alliés trotskistes au lieu de combattre Franco ; à peine a-t-il vu ces combats stériles au sein même du camp républicain qu’il en est las. Il déchire sa carte du Parti communiste et repart sur les tranchées du POUM. Là-bas, sa milice continue de combattre. Mais, un jour, elle se trouve en grande difficulté face aux troupes fascistes. Leur chef de brigade demande alors aux Brigades Internationales l’aide qui leur a été promise. Les soldats des Brigades, armés jusqu’aux dents, n’arrivent que quelques heures après la fin de la bataille, pour ordonner aux membres de la milice de rentrer chez eux à l’exception des (nombreux) membres de la milice en état d’arrestation. Le POUM a en effet été déclaré illégal par le gouvernement de Valence en juillet 1937. Les différents membres de la milice doivent rendre leurs armes aux soldats des Brigades Internationales. Un milicien refuse d’obtempérer ; Blanca accourt vers lui pour le pousser à rendre son fusil. Le chef de la Brigade l’abat à coups de fusils. Le film se clôt sur la scène de l’enterrement.

Personnages principaux

David, ou Dave (incarné par Ian Hart) meurt au tout début du film, mais tout ce qu’il a vécu pendant la guerre d’Espagne est retracé par ce long flash-back qui dure tout le film. En premier lieu vieillard mourant, on se souvient surtout de lui comme d’un jeune travailleur idéaliste, à l’apparence quelque peu frêle, qu’il était pendant la guerre d’Espagne. Il décide d’aller y combattre après un congrès du Parti communiste, mais renonce à son adhésion durant les troubles de Barcelone. C’est le personnage principal du film : c’est à travers lui que le spectateur voit le déroulement de la guerre. Contrairement aux deux autres personnages décrits ci-dessous, il n’a pas d’opinion fixe : son opinion se forge tout au long de la guerre d’Espagne. En fait, il réagit plus ou moins comme réagirait un citoyen contemporain moyen : il est hostile à toute forme d’oppression et combat contre les troupes franquistes ; de plus, il a une vision presque manichéenne et angélique par rapport à ce qui se passe en Espagne : selon lui le mal ne peut exister dans le camp républicain, c’est ainsi qu’en premier lieu, il refuse de se laisser convaincre par Blanca sur les agissements des communistes (« C’est de la politique. Ca marche comme cela. ») On peut alors supposer que Ken Loach se sert de ce personnage principal pour passer un message historique au spectateur d’aujourd’hui. Blanca (interprétée par Rosana Pastor) est une jeune militante aragonaise, qui se bat au front avec David. David semble tomber amoureux d’elle pendant la guerre (par exemple, il semble se réjouir de sa visite surprise lorsqu’il retourne à l’arrière) même s’il prétend le contraire à son épouse. Le spectateur peut supposer que c’est elle qui lui ouvre les yeux sur les agissements du gouvernement de Valence : lorsqu’elle découvre qu’il combat pour les Brigades Internationales, elle tente de le persuader de revenir se battre pour le POUM. Elle est tuée à la toute fin du film par des soldats des Brigades Internationales, et est enterrée en terre collectivisée, comme elle le désirait. Vidal (joué par Marc Martinez) est le chef de régiment. Lui, à l’instar de Blanca est un socialiste convaincu : il dit : « Ensemble, nous mènerons ouvriers et paysans à la Révolution. » Tout comme Blanca, il est assez hostile au gouvernement de Valence, mais veut surtout gagner la guerre contre Franco. À ce propos, une phrase résume très bien son opinion ; lorsque se déroule le vote des miliciens, il pose la question : « Qui vote contre l’état-major qui est à Valence, qui nous soutient et qui est prêt à nous donner autant d’armes qu’on en voudra mais en nous aliénant ? » (En fait, il a une vision plus pragmatique de cette guerre que Blanca).


Commentaires sur la signification de l'oeuvre

Ken Loach est un socialiste convaincu. En effet, il a réalisé de nombreux films dépeignant les personnes exclues, comme les chômeurs, le tout avec un regard assez critique du système thatchérien. Cette critique se voit également dans ce film : la vision de l’Angleterre des années 1980-1990 est très archaïque (à la première image, on tend à croire que cette première scène se déroule pendant la guerre d’Espagne). Mais on retiendra de ce film une image très positive donnée des milices du POUM, où l’égalité règne, où même l’officier est élu, où toutes les décisions font l’objet d’un débat et d’un vote. Toutes les scènes durant lesquelles Dave combat dans les tranchées, une atmosphère de convivialité se dégage ; on oublie presque que l’action se situe pendant une guerre. « C’est le socialisme mis en pratique,  » déclare Dave à sa compagne dans une de ses lettres. C’est d’ailleurs cet attachement à cette organisation socialiste, « l’esprit révolutionnaire,  » selon un milicien, qui les pousse à refuser leur attachement à la nouvelle Armée Populaire. Enfin, la scène finale du film a pour principal objet un foulard rouge, symbole de la Révolution, qui a gardé tout son éclat lorsque la petite-fille le retrouve cinquante ans après dans une valise…

La critique du fascisme occupe également une place importante dans ce film, même si elle est surtout concentrée dans les scènes de la reconquête du village. Tout au long du film, les fascistes sont la plupart du temps qualifiés de termes très injurieux (trop grossiers pour être retranscrits…) ; de plus, durant les (rares) scènes où les miliciens sont en contact avec eux, une image peu reluisante est donnée d’eux : quelques jours seulement après l’arrivée de Dave au front, on découvre qu’ils enrôlent et se servent de jeunes hommes, âgés d’une quinzaine d’années à peine comme chair à canon. De plus, durant la libération du village, on voit des soldats des troupes fascistes lâches : ils prennent en otage des civiles pour se protéger des balles, des femmes qu’ils abattent gratuitement peu de temps après. On apprend également que l’épouse d’un opposant républicain s’est fait tondre par les nationalistes qui n’ont pas pu arrêter son mari. Durant cette même scène, une image tout aussi négative est donnée de l’Église catholique, qui a soutenu le mouvement fasciste. En effet, un milicien et un curé s’affrontent : le curé, perché du haut de l’église tente d’abattre un milicien ; dès que ce milicien est à court de munitions, le prêtre en profite bassement. Enfin, lorsque les fascistes sont chassés et le curé, exécuté, tous les villageois semblent s’en réjouir, et semblent être prêts à soutenir les miliciens. Ceci démontre à quel point le mouvement nationaliste était impopulaire.

Mais Land and freedom est un film qui nous livre une violente critique du Parti communiste ainsi que des méthodes staliniennes. En effet, tout au long de la deuxième partie du film (à partir de la scène où les miliciens votent), la critique est de plus en plus voyante. Tout d’abord, on est mis au courant des plans de Staline dès le débat sur le rattachement de la milice aux Brigades Internationales : celui-ci veut supprimer les milices, qui incarnent l’esprit socialiste révolutionnaire, car il ne les contrôle pas ; à cet effet, il veut faire chanter les miliciens. Mais, lorsque Dave part se reposer à Barcelone, la vision qui nous est donnée des staliniens est encore pire : on voit des policiers, sous les ordres du gouvernement de Valence, arrêter les opposants au Parti. On voit les soldats des Brigades Internationales tirer sur les trotskistes, les anarchistes dans les rues de Barcelone, au lieu de combattre Franco. C’est ce qu’avait remarqué Blanca : ceux qui combattent contre les fascistes, au front, n’ont pas de vraies armes, alors que la Police, à l’arrière (qui servait surtout à emprisonner les opposants au gouvernement de Valence) dispose d’un véritable arsenal. Dave entend également de jeunes soldats communistes parler d’une manière outrageuse et arrogante des miliciens (« Ils ne servent à rien, ce sont des merdes. ») Dave est écœuré par ces effets de propagande stalinienne : il quitte le PC et rejoint à nouveau le POUM. Mais la milice doit faire face à une offensive fasciste. L’Armée du peuple, au lieu de leur amener des renforts, leur ordonne de capituler devant les fascistes (!) Une fois les soldats arrivés, ils viennent ordonner au miliciens de rentrer chez eux, exceptés ceux en état d’arrestation (tout ceci au lieu de combattre le fascisme). Enfin, ils leur ordonnent de déposer leurs armes. Un milicien, réticent, les provoque en tirant des coups de feu avec son fusil. Blanca vient tenter de lui arracher…mais un soldat des Brigades Internationales la tue à coups de feu d’une manière totalement barbare.

Ainsi, Ken Loach nous montre à la fois les espoirs de révolution et de société égalitaire en Espagne durant cette guerre civile, et comment ces espoirs ont été tués dans l’œuf par le Kominterm et la propagande stalinienne. En ce sens, on peut affirmer que Ken Loach s’est beaucoup inspiré de Hommage à la Catalogne, de Georges Orwell.

Mais Ken Loach est avant tout un artiste, et non un prophète ou un homme politique. À cet effet, il ne se contente pas de faire passer des messages, il pose également beaucoup de questions. La question autour de laquelle est réalisé ce film est la suivante : une société fondée sur la liberté et l’égalité la plus totale est-elle possible ? En effet, la discussion organisée entre les paysans par les miliciens après la libération de leur village pose tous les problèmes de la collectivisation, qui était alors un problème majeur dans l’Espagne républicaine, et qui reste, aujourd’hui encore, une interrogation majeure du socialisme révolutionnaire. Durant cette discussion, les idées abondent, et l’on voit les différents points de vue que peuvent avoir les paysans face à cette collectivisation : alors qu’un paysan ne comprend pas pourquoi on lui prendrai sa terre alors qu’il la travaille, un autre renchérit que la seule manière de vaincre Franco est de collectiviser, que la Révolution doit avoir lieu en ce moment et ne peut plus attendre. C’est alors qu’un milicien propose plus simplement de repartager les terres entre les différents paysans, mais cette idée est refusée par un des paysans ; en effet, il avance que tous ceux qui possèdent les terres ne vont pas les céder car les possesseurs sont pour Franco. Mais le milicien démontre que ce n’est pas si simple : la plupart des cultivateurs qui travaillent leur terre et qui en vivent ne veulent pas la céder et ne sont pas franquistes pour autant (« Les grands discours, c’est bien beau, mais, dans la réalité, c’est pas comme ça que ça marche. ») Finalement, les paysans votent, à majorité pour la collectivisation, mais Ken Loach n’apporte aucune réponse tranchée à ce problème…

Fiche technique

  • Réalisateur : Ken Loach
  • Scénariste : Jim Allen
  • Productrice : Rebecca O'Brien
  • Compositeur : Georges Fenton
  • Directeur de la photographie : Barry Ackroyd
  • Type : Drame - Histoire
  • Durée : 109 minutes (1h49)

Distribution

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