La mort est mon métier

La mort est mon métier
La mort est mon métier
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Robert Merle (1964).
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Auteur Robert Merle
Genre Roman
Version originale
Langue originale Français
Pays d'origine France
Date de parution originale 1952
Version française

La mort est mon métier est une biographie romancée de Rudolf Höß[1] (renommé Rudolf Lang dans l'ouvrage), écrite par Robert Merle (France) et cette œuvre fut achevée en 1952. La préface a été écrite le 27 avril 1972.

Rudolf Höß était le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

Résumé

L'histoire commence en 1913 alors que Rudolf Lang a 13 ans. Il reçoit une éducation catholique mal comprise et très normative. Son père, un militaire déséquilibré ayant commis un mystérieux pêché dans sa jeunesse à Paris, avec qui ses rapports sont tendus, veut qu'il devienne prêtre pour expier les fautes qu'il a commises. Rudolf croit en Dieu, jusqu'au jour où, par inadvertance, il blesse un de ses camarades d'école et lui casse la jambe. Immédiatement, il va se confesser à un prêtre. Le soir même, son père devient fou de rage après avoir appris que son fils aie commis un péché sans lui en parler. Rudolf se sent trahi par le prêtre, qui est la seule personne qui était au courant de l'épisode, les autres croyant à un accident. Or, on apprendra que c'est en fait la famille de l'enfant blessé qui s'est plainte auprès du père. Le mal est fait : Rudolf ne croit plus en Dieu. Son père meurt, peu avant la déclaration de guerre, en 1914.

À seize ans, Lang débute sa carrière militaire, d'abord en partant directement pour le front Ouest où il sera intercepté puis renvoyé à l'arrière car il est trop jeune, puis comme aide à l'hôpital militaire où il rencontrera un dragon de cavalerie qui le persuadera de rentrer dans son unité et de partir sur le front en Turquie. À la fin de la guerre, il se retrouve au chômage, rejeté par sa famille. Il s'apprête à se suicider lorsqu'un de ses collègues arrive et lui brandit un tract en lui disant de ne pas trahir l'Allemagne, en se donnant la mort.

Il adhère au parti nazi et se voit confier la direction d'une ferme avec sa femme Elsie, où il vit des journées de dur labeur, mais paisibles. Puis, après la prise du pouvoir par Hitler, il entre dans les SS, n'ayant pourtant pas les critères requis pour y adhérer. Il accède à des fonctions de plus en plus importantes dans la hiérarchie SS, jusqu'à devenir commandant du camp d'Auschwitz. Ce camp, d'abord de concentration, puis d'extermination, devient le lieu de la lente et tâtonnante mise au point de l'Usine de Mort du village d'Auschwitz. Il y reçoit l'ordre du Reichsführer Himmler de supprimer 500 000 unités par an au lieu des ridicules 80 000 unités de Treblinka. Lang va s'attacher à accomplir la mission qui lui a été assignée : tuer le plus grand nombre de Juifs et éliminer le plus efficacement possible les cadavres. Après la guerre et la chute d'Hitler, il est emprisonné, puis condamné à la pendaison après son procès où il affirmera avoir seulement suivi les ordres et répondra d'un air naturel qu'il n'a tué que 2,5 millions de personnes et non pas 3,5.

Tout au long du livre, il se montre incapable de sentiments, et pire, il ne peut agir seul car sa conduite lui est dictée par un chef en qui il a toujours eu la confiance totale. À la fin du livre, on sent la colère du personnage principal, qui se dit trahi par Himmler, qui, tel un lâche, s'est suicidé, et n'a ainsi pas voulu assumer son rôle dans l'extermination des Juifs, laissant ainsi Rudolf seul responsable de ses actes. Jusqu'au bout, il assumera son idée de chef, en répétant froidement et méthodiquement qu'il est le seul responsable de ce qui s'est passé à Auschwitz, et en énonçant sans difficulté les atrocités commises. Le seul moment de doute qu'il ait arrive légitimement lorsque sa femme apprend ses activités mais, ayant été choisi pour ses qualités de conscience il n'accorde pas d'importance à la morale.

Préface de Robert Merle pour ce livre

« Immédiatement après 1945, on vit paraître en France nombre de témoignages bouleversants sur les camps de la mort outre-Rhin. Mais cette floraison fut brève. Le réarmement de l’Allemagne marqua le déclin, en Europe, de la littérature concentrationnaire. Les souvenirs de la maison des morts dérangeaient la politique de l’Occident : on les oublia.

Quand je rédigeai La Mort est mon Métier, de 1950 à 1952, j’étais parfaitement conscient de ce que je faisais : j’écrivais un livre à contre-courant. Mieux même : mon livre n’était pas encore écrit qu’il était déjà démodé.

Je ne fus donc pas étonné par l’accueil que me réserva la critique. Il fut celui que j’attendais. Les tabous les plus efficaces sont ceux qui ne disent pas leur nom.

De cet accueil je puis parler aujourd’hui sans amertume, car de 1952 à 1972, La Mort est mon Métier n’a pas manqué de lecteurs. Seul leur âge a varié : ceux qui le lisent maintenant sont nés après 1945. Pour eux, La Mort est mon Métier, « c’est un livre d’histoire ». Et dans une large mesure, je leur donne raison.

Rudolf Lang a existé. Il s’appelait en réalité Rudolf Hoess et il était commandant du camp d’Auschwitz. L’essentiel de sa vie nous est connu par le psychologue américain Gilbert qui l’interrogea dans sa cellule au moment du procès de Nuremberg. Le bref résumé de ces entretiens - que Gilbert voulut bien me communiquer - est dans l’ensemble infiniment plus révélateur que la confession écrite plus tard par Hoess lui-même dans sa prison polonaise. Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue…

La première partie de mon récit est une re-création étoffée et imaginative de la vie de Rudolf Hoess d’après le résumé de Gilbert. La deuxième -où, à mon sens, j’ai fait véritablement œuvre d’historien- retrace, d’après les documents du procès de Nuremberg, la lente et tâtonnante mise au point de l’Usine de Mort d’Auschwitz.

Pour peu qu’on y réfléchisse, cela dépasse l’imagination que des hommes du XXe siècle, vivant dans un pays civilisé d’Europe, aient été capables de mettre tant de méthode, d’ingéniosité et de dons créateurs à construire un immense ensemble industriel où ils se donnaient pour but d’assassiner en masse leurs semblables.

Bien entendu, avant de commencer mes recherches pour La Mort est mon Métier, je savais que de 1941 à 1945, cinq millions de juifs avaient été gazés à Auschwitz. Mais autre chose est de le savoir abstraitement et autre chose de toucher du doigt, dans des textes officiels, l’organisation matérielle de l’effroyable génocide. Le résultat de mes lectures me laissa horrifié. Je pouvais pour chaque fait partiel produire un document, et pourtant la vérité globale était à peine croyable.

Il y a bien des façons de tourner le dos à la vérité. On peut se réfugier dans le racisme et dire : les hommes qui ont fait cela étaient des Allemands. On peut aussi en appeler à la métaphysique et s’écrier avec horreur, comme un prêtre que j’ai connu : « Mais c’est le démon ! Mais c’est le Mal ! ».

Je préfère penser, quant à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaître comme la solution la plus rapide à ses problèmes.

Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes.

C’est un de ces hommes que j’ai voulu décrire dans La Mort est mon Métier. Qu’on ne s’y trompe pas : Rudolf Lang n’était pas sadique. Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent.

Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leurs sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’État. Bref, en homme de devoir et c’est en cela justement qu’il est monstrueux.


Le 27 avril 1972

Robert Merle »

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Notes

  1. Pour les non-germanophones : cette lettre ß spécifique à l'alphabet allemand, la vingt-septième, appelée ess-tsett, correspond à un double s ; le ö se prononce eu ; pour le nom entier, lire Heuss.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article La mort est mon métier de Wikipédia en français (auteurs)

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