Amphithéâtre de Tours

Amphithéâtre de Tours
Amphithéâtre de Tours
Lieu de construction Caesarodunum
(Gaule lyonnaise)
Date de construction Début IIe siècle (1e état)
Dimensions externes 112 m x 94 m (1e état)
156 m x 134 m (2e état)
Dimensions de l'arène 68 m x 50 m
Capacité 14 000 places (1e état)
34 000 places (5e ; 2e état)
Rénovations Agrandi fin IIe siècle
(2e état)
Géographie
Coordonnées 47° 23′ 43″ N 0° 41′ 47″ E / 47.3954, 0.696447° 23′ 43″ Nord
       0° 41′ 47″ Est
/ 47.3954, 0.6964
  
Liste des amphithéâtres romains

Lamphithéâtre de Tours est situé dans le centre historique de la ville, derrière la cathédrale. Tours est une ville classée « Ville dArt et dHistoire » depuis 1988. La ville possède un important patrimoine historique qui remonte jusquau IIe siècle avJ.‑C.. Au Ie siècle et au IIe siècle, la ville du Haut-Empire a une superficie de 40 à 60 hectares. La ville, sous le nom de Caesarodunum, était le chef-lieu de la cité des Turons. Au Haut-Empire, Caesarodunum possédait de nombreuses infrastructures : un pont sur la Loire (50), des thermes[1], un ou plusieurs temples[2], des aqueducs et un amphithéâtre. Ce monument, vestige de loccupation romaine du début de notre ère, resta longtemps oublié des Tourangeaux. Il fut redécouvert grâce aux actions menées par la Société archéologique de Touraine.

Article détaillé : Amphithéâtre.
Photo de la Rue Manceau.JPG
Rue du Général Meusnier.JPG

Lamphithéâtre de Tours

Origine

Daprès Albert Grenier[3] , plusieurs éléments permettent de dater lamphithéâtre de Tours. Pour lui, lampleur de lédifice et lemploi systématique de la brique montrent que lamphithéâtre date de lépoque dHadrien (117-138 ap. J.-C.) ou peu après. Les premières recherches archéologiques montrèrent que lamphithéâtre fut intégré dans le système défensif de Caesarodunum au Bas-Empire.

Découverte

La Société Archéologique de Touraine (S.A.T.), qui fut fondée en 1840, joua un rôle important dans lhistoire de sa redécouverte auprès des tourangeaux. La S.A.T. explora avec passion tout ce qui concerne lhistoire de la ville de Tours. La S.A.T. créa en 1853 une commission qui est chargée de faire le point sur toutes les antiquités gallo-romaines de Tours. Lors de fouilles dans les salles voûtées des caves des maisons appartenant au quartier de la cathédrale, les membres de la S.A.T vont sapercevoir quils ne sont pas en train dexplorer les vestiges de thermes monumentaux mais ceux dun amphithéâtre. On se rend bien compte que ce monument est un amphithéâtre en examinant une vue aérienne du quartier canonial.

Cela va provoquer létonnement du général de Courtigis qui découvrit à nouveau lamphithéâtre. Il évoqua sa surprise en 1855, sur le fait que personne navait remarqué ces vestiges :

« Jai peine à mexpliquer comment il se fait quun pareil monument ait pu, par défaut de tradition, rester pendant si longtemps ignoré ou même mis en doute ; car il suffisait de considérer avec une certaine attention les directions rayonnantes des principales constructions de ce quartier, pour rester convaincu que cette disposition anormale na pu être déterminée que par un état tout particulier du sous-sol, état qui ne doit se rapporter quaux ruines dun amphithéâtre. »[4] »

Cest également le général de Courtigis qui va publier les premières informations sur lamphithéâtre dun point de vue très précis ; il va aussi ordonner la réalisation dun relevé complet des vestiges de ce monument de spectacle.

Évolution

Lamphithéâtre dorigine

Lamphithéâtre de Caesarodunum était un amphithéâtre massif. Des structures maçonnées maintenaient un remblai de terre. Au début de son existence, lamphithéâtre était construit de façon partielle sur une importante butte de terre qui existait déjà. En létat actuel des recherches, les dimensions de la première phase dexistence de cet amphithéâtre, sont de 112 mètres pour le grand axe et de 94 mètres pour le petit axe. Sa superficie devait être de 8 270 m² ; larène faisait 2670 m². De rares vestiges de lamphithéâtre ont été mis au jour, ces derniers ont permis de proposer que larène mesurait 68 mètres sur 50 mètres. Les 5600 m² de la cavea (les gradins) permettaient daccueillir 14 000 spectateurs[5]. Ce monument possédait huit vomitoires (couloirs daccès). Lentrée et la sortie de chaque couloir étaient surmontées dun grand arc qui reposait sur des chapiteaux qui étaient moulés et qui couronnaient des pilastres (éléments architecturaux).

Lamphithéâtre contenait également quatre autres vomitoires qui étaient des vomitoires intermédiaires qui desservaient la partie centrale des gradins. Ces vomitoires se terminaient par des escaliers tournants.

Mais lamphithéâtre comportait également huit escaliers extérieurs qui étaient juxtaposés à la façade et qui permettait laccès direct à la partie supérieure de la cavea.

Mais lon pouvait également accéder à la partie inférieure de la cavea grâce aux cages descaliers présentes dans les quatre vomitoires principaux de lamphithéâtre. Les caractéristiques architecturales et décoratives de lamphithéâtre permettent aux experts de comparer lamphithéâtre de Tours à des monuments de spectacle anciens situés en Gaule : comme ceux de Saintes ou dAutun (Augustodunum). Les dimensions de cet amphithéâtre oublié de tous permettent de dire que lamphithéâtre de Caesarodunum faisait partie du groupe des grands amphithéâtres à cavea qui étaient supportés par des remblais continus, comme lamphithéâtre de Windish (Vindonissa), Martigny (Octodurus) et Amiens (Samarobriva).

Lamphithéâtre est agrandi : milieu ou deuxième moitié du IIe siècle avJ.‑C.

La capacité de ce premier amphithéâtre fut multipliée par 2,5 en ajoutant plusieurs sections (maenianum) aux gradins. Il y a de nombreuses traces de la reprise de la construction et de lextension de lamphithéâtre premier. Les vomitoires principaux sélargissent brusquement (le vomitoire nord passe de 3,30 m à 5,20 m de largeur), la hauteur des voûtes change. Il y a également un changement dans la construction des arcs : la maçonnerie remplace la pierre de taille et les briques apparaissent dans la méthode de construction[6]. Ces anomalies de construction nont été relevées, pour linstant, quen périphérie de lamphithéâtre et on ne peut attribuer ces découvertes à tout lensemble du monument. Plusieurs pans du mur extérieur de lamphithéâtre se sont effondrés et ont été retrouvés lors de fouilles durant la reconstruction du cinéma Le Studio[7].

Les éléments qui se sont effondrés montrent que la façade extérieure de lamphithéâtre était lisse et quaucun décor apparent nexistait. Les différentes structures ajoutées ont été construites pour maintenir de considérables masses de remblais. Lors de lagrandissement de lamphithéâtre, le processus de construction fut le même que celui de la construction de lamphithéâtre dorigine. Que ce soit à lépoque du premier amphithéâtre ou à celle de lagrandissement, lamphithéâtre de Caesarodunum était de type massif. En létat actuel des connaissances, la limite extérieure, de la deuxième époque de lamphithéâtre, nest connue quen deux points de la ville. A lest du vomitoire sud, une portion du mur extérieure fut découverte lors des fouilles du cinéma Le Studio.

Puis à louest de lamphithéâtre, lenveloppe extérieure forme de façon considérable la fondation du synode. Tous ces éléments permettent de dire que ce monument de spectacles sétendait jusquau mur de soubassement actuel de la rue du général Meusnier. Le grand axe fut agrandi à 156 m et le petit axe à 134 m. La cavea devait alors faire 13 750 m² et accueillir environ 34 000 personnes. Labsence de blocs de gradins permet lhypothèse que lamphithéâtre ne possédait pas de sièges en pierre, donc que les nombreux spectateurs sinstallaient sur une pente de gazon ou sur des tribunes en bois. La question de ses dimensions est toujours présente : pourquoi une ville moyenne comme Caesarodunum possédait un amphithéâtre qui faisait alors partie des cinq plus grands amphithéâtres de lEmpire romain ? Celui de Caesarodunum aurait concurrencé celui dAutun (Augustodunum), de Milan (Mediolanum), de Santiponce (Italica) et de Carthage (Carthago).

Lamphithéâtre de Caesarodunum : une forteresse ?

En effectuant de nombreuses recherches près de lamphithéâtre, les chercheurs ont détecté des murs attenants à lamphithéâtre : le seul problème est que ces murs nappartiennent pas au monument de spectacles de Caesarodunum. Un mur de plus de 3,50 m dépaisseur [8] appartient à une construction ajoutée à lamphithéâtre. Ce mur est la trace dune importante modification du monument : la capacité daccueil est réduite dun quart. On peut en déduire que lamphithéâtre a subi une mutation radicale : le monument de spectacle se transforme en place forte militaire. La ville antique a peut-être eu une période de pré-fortification. La transformation de lamphithéâtre de Caesarodunum va jouer un rôle essentiel dans la construction du castrum au IVe siècle avJ.‑C. : le castrum va entourer lamphithéâtre devenu une forteresse.

Mais que reste-t-il de lamphithéâtre actuellement ? Lamphithéâtre de Tours est un monument qui est peu connu car il reste peu de traces visibles de son existence. Pour voir lamphithéâtre de Tours, il faut survoler la ville pour voir se dessiner le tracé de ce monument. Ou alors il faut pouvoir avoir accès aux caves des particuliers de tout un quartier. Quelques vestiges sont encore visibles dans lancien quartier canonial et également au niveau du jardin des Archives Départementales de Tours[9].

Lamphithéâtre de Caesarodunum joua un rôle important dans la fortification de la cité. Au IVe siècle, Caesarodunum adopte le nom de ses habitants conformément à la règle présente en Gaule. Caesarodunum devient Tours. La ville fait construire une enceinte qui sappuie sur lamphithéâtre. Le centre de la cité va se concentrer dans ce secteur. Au Xe siècle, la ville est coupée en deux. La Cité est le pôle situé dans lenceinte du castrum ; lautre pôle se situe de lautre côté de la ville, cest Châteauneuf[10]. Au XVe siècle, un nouveau rempart fut construit en prolongement du rempart du IVe siècle avJ.‑C..

Représentation de l'enceinte de Tours au 14 ème siècle.JPG

Un nouveau rempart est à nouveau construit au XVIIe siècle: toute la ville de Tours est protégée.

Représentation de l'enceinte de Tours au 17 ème siècle.JPG

Lamphithéâtre permit le divertissement des Turons (habitants de Caesarodunum), quand il devint une forteresse pour former le premier rempart de la cité. Durant les siècles suivant, ce rempart va être la base des enceintes suivantes. Lamphithéâtre de Caesarodunum est un des monuments essentiels de la ville. Cependant il resta très longtemps oublié des habitants.

Notes et références

  1. Vestiges situés à côté du château de Tours.
  2. Fouilles menées en 1994, en 2000 et en 2004. Site se trouvant sur un îlot entre les rues Nationale, Emile Zola, de Lucé et de la Scellerie.
  3. Albert GRENIER, Manuel darchéologie gallo-romaine, troisième partie : larchitecture, Paris, Editions A. et J. PICARD et Compagnie, 1958, pages 682-684.
  4. Henri GALINIE (dir.), Tours antique et médiéval, « Les trois temps de lamphithéâtre antique », Mame, Tours, 2007, page 239.
  5. Henri GALINIE (dir.), Tours antique et médiéval, « Les trois temps de lamphithéâtre antique », Mame, Tours, 2007, page 240.
  6. Henri GALINIE (dir.), Tours antique et médiéval, « Les trois temps de lamphithéâtre antique », Mame, Tours, 2007, page 244
  7. Cinéma Le Studio : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS, France.
  8. Mur visible aux 4, 6, 8, 12 et 14 rue du général Meusnier ainsi quau 1 place Grégoire de Tours, au 1 rue Racine et 7 rue de la Bazoche.
  9. Juste derrière les Archives Départementales, 6 rue des Ursulines, 37000 TOURS, France.
  10. Actuellement, ce secteur correspond au quartier des Halles.

Voir aussi

Sources

  • Henri GALINIE (dir.), Tours antique et médiéval, « Les trois temps de lamphithéâtre antique », Mame, Tours, 2007.
  • Denis JEANSON, Sites et monuments du grand Tours, Mame, Tours, 1973.
  • Atelier Histoire de Tours : Château de Tours, Logis des Gouverneurs, 25 Avenue André Malraux, 37000 TOURS 02-47-64-90-52.

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • Bernard CHEVALIER (dir.), Histoire de Tours, Privat, 1985.
  • Collectif, Tours antique et médiéval, Quarante ans de recherches archéologiques, guide de visite de lexposition, Tours, 2007, pages 12 et 14.

Ouvrages spécifiques

  • Pierre Audin, Tours à lépoque gallo-romaine, éditions Alan Sutton, juillet 2002.
  • H. Auvray, La Touraine gallo-romaine, Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, 27, 3° et 4° trimestre de 1938 et 1er trimestre de 1939, « Amphithéâtre », pages 235-250.
  • P. Bordeaux et J. Seigne, « Les Amphithéâtres antiques de Tours », Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, numéro 51, pages 51-62.
  • Denis JEANSON, Sites et Monuments du grand Tours, Mame, Tours, 1973.
  • Jacques DUBOIS, Archéologie aérienne, Patrimoine de Touraine, éditions Alan Sutton, novembre 2003.
  • J. DUBOIS et J.-P. SAZERAT, « LAmphithéâtre de Tours », Mémoire de la Société Archéologique de Touraine, numéro 8, pages 41-74.
  • J. DUBOIS et J.-P. SAZERAT, « LAmphithéâtre de Tours », Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, numéro 38, pages 355-378.
  • Henri GALINIE (dir.), Tours antique et médiéval, Tours, 2007.
    • Henri GALINIE, « Préambule historique et archéologique », page 17.
    • Collectif, « Lamphithéâtre », page 84.
    • Collectif, « Les trois temps de lamphithéâtre antique », pages 238-246.
    • Isabelle GAY-OVEJERO, Jean-Jacques MACAIRE, Jacques SEIGNE avec la collaboration de J.-P. BAKAYONO, Ch. HONSTETTRE et S. ROGER, « Une montille à lorigine de lamphithéâtre », page 241.
    • Collectif, « Lamphithéâtre dans les plans de la ville », pages 313-314.
    • Henri GALINIE, Anne-Marie JOUQUAND, Jacques SEIGNE, « Caesarodunum, la ville ouverte », pages 325-326.
    • Henri GALINIE, Elizabeth LORANS, Anne-Marie JOUQUAND, Jacques SEIGNE, « La ville close, la Cité, lespace urbain vers 400 », pages 355-356.
    • Bastien LEFEBVRE, « De lamphithéâtre à la réutilisation des lieux par les chanoines de la cathédrale », pages 398-399.
  • CD-ROM Tours antique et médiéval

Liens externes


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