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La Domination masculine
La Domination masculine[1] est un livre de Pierre Bourdieu, publié en 1998, aux Éditions du Seuil, dans la collection Liber. Pierre Bourdieu y développe une analyse sociologique des rapports sociaux entre les sexes, qui cherche à expliquer les causes de la permanence de la domination des hommes sur les femmes dans toutes les sociétés humaines. Le livre s'appuie, en particulier, sur une étude anthropologique de la société berbère de Kabylie.
Sommaire
Présentation
La domination masculine s’entend par un habitus donnant aux femmes et aux hommes un rôle prédéterminé. Par exemple, les activités « traditionnellement » féminines, comme la cuisine, obtiennent « par magie » un statut noble lorsque les hommes s’y attellent (par exemple le cas des « chefs cuisiniers », ou encore celui de l’agriculture non-industrialisée où les femmes s’occupent toute l’année de la pousse, et où l’intervention ponctuelle des hommes, lorsqu’ils sèment, donne lieu à diverses réjouissances). Les statistiques montrant que les femmes ont plus tendance à se diriger vers certaines professions ou études que les hommes sont également une manifestation du fait qu’une culture différenciatrice entre les sexes est imposée par la société, notamment via la famille (les filles sont moins encouragées à suivre les études scientifiques que les garçons, par exemple). Il en résulte une dissymétrie dans l’enseignement supérieur, entre les études littéraires et linguistiques, où la population étudiante est fortement féminisée, et les études techniques et scientifiques (écoles d’ingénieur, chirurgie...) très peu féminisées.
Lors de débats ou de discussions, on observe ainsi que les femmes se font plus souvent couper la parole que les hommes[2] ; si elles réagissent de manière agressive, le groupe fera savoir que ce n’est pas souhaitable (par exemple, en traitant la femme de « harpie », en l’accusant de « perdre ses nerfs », en qualifiant sa réaction d’« hystérique »), tandis qu’un tel comportement chez un homme sera beaucoup plus accepté.
Le processus de déshistoricisation
La domination masculine tente notamment de se perpétuer par un processus de déhistoricisation : par exemple, les préférences, les activités et les attitudes féminines seraient « naturellement » dévolues aux femmes (habillement, tâches ménagères, éducation des enfants, assistance sociale, tâche d' « accueil » dans les entreprises, « goûts » en matière culturelle et de loisirs, etc.), bien qu’il s’agisse d’un processus culturel tentant par sa déshistoricisation de se donner les aspects d’un processus objectif et naturel. Ce processus tente de se justifier par une approche pseudo-scientifique se basant sur les différences physiques (mise au monde, notamment)[3]. Une femme ayant la même gestuelle qu’un homme (mettre les pieds sur une table, se balancer sur une chaise...) sera par exemple qualifiée de « peu féminine » ou « vulgaire ». Bourdieu note également que l’habillement féminin sert d’appui à cette pression sociale, la jupe permettant par exemple un éventail moins important de mouvements que le pantalon.
Pour Bourdieu, ce processus rend non seulement les femmes prisonnières de l’image qui leur est imposée, mais également les hommes.
Dans cet ouvrage, Bourdieu fait de l’amour une des façons possibles de passer outre ces rôles imposés par la société.
Notes et références
- ↑ Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Paris, Seuil, 1998, coll. Liber, 134 p.
- ↑ À ce sujet, lire en ligne : La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation de Corinne Monnet
- ↑ Lire à ce sujet L'ancrage du sexisme de Non Fides
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- M. Godelier, La production des grands hommes, Paris, Payot, 1982
- Y. Verdier, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière, Paris, Gallimard, 1979
- F. Héritier, Masculin, Féminin. La pensée de la différence, Paris, O. Jacob, 1996
- P. Bonnemère, Le pandanus rouge. Corps, différence des sexes et parenté chez les Ankave-Anga, Paris, CNRS/Éditions de la maison des sciences de l’homme, 1996
- J.-P. Albert, Le sang et le ciel. Les saintes mystiques dans le monde chrétien, Paris, Aubier, 1997.
- N.C. Mathieu, « Bourdieu ou le pouvoir auto-hypnotique de la domination masculine », Les Temps modernes, n° 604, mai-juillet 1999, p. 310 et suivantes.
- D. Pasquier, La culture des sentiments. Les adolescents et la télévision, Paris, Maison des sciences de l’homme, 1999.
- « Parler, chanter, lire, écrire », dossier dirigé par D. Fabre, Clio, n° 11, 2000 : en libre accès sur Revues.org [1].
- Daniel Fabre, « Lire au féminin », Clio, n° 11, p. 179-212 : en libre accès sur Revues.org [2].
Liens externes
- « De la domination masculine », Pierre Bourdieu, Le Monde diplomatique, août 1998
- Notes de lecture en ligne : Agnès Fine, « Le genre de la nation », Clio, numéro 12/2000
- Un résumé du livre la domination masculine
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