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La Chine et les Chinois
La Chine et les chinois est un récit de voyage imaginaire publié par Honoré de Balzac en 1842, sous forme de quatre articles parus dans le journal La Législature, journal des deux chambres, politique, commercial, industriel, et littéraire[1] le 14 octobre 1842, 15 octobre 1842, 17 octobre 1842 et 18 octobre 1842.[2].
Son périple l'aurait conduit de Hong-Kong, à Macao et Canton, le triangle qui constitue le terrain de manœuvre de tant d'audacieux explorateurs en raison des limites de la prison assignée aux européens[3]. Avec un détour par Calcutta où il donne une description apocalyptique des fakirs.
Pour donner à son récit un aspect de vérité, l'écrivain se réfugie derrière la signature du peintre Auguste Borget, grand voyageur, qui avait réellement parcouru le monde et qui avait rapporté de ses périples notes et peintures exotiques. Auguste Borget illustrera effectivement la Chine et les chinois. Dans la revue, le texte de Balzac est précédé d'une annonce allèchante : « Par Monsieur Auguste Borget, dessins exécutés d'après nature, lithographies à deux teintes par E. Ciceri, accompagnés de fragments de voyage. In-folio. A paraître chez Goupil et Vibert[4] ».
Balzac aligne sans vergogne tous les clichés déjà répandus sur la beauté des femmes, les parfums des fleurs, le raffinement des chinois, ce « peuple éminemment plaisant, qui se permet tous les jours les opéras-comiques qu'en Europe, les plus grands génies trouvent difficilement et qui coûtent si cher[5] ».
Mais Balzac n'est pas le seul à se lancer dans cette course à l'Orient. De nombreux écrivains du XIXe ont écrit poèmes et romans avec l'Orient pour sujet, sans jamais y avoir mis les pieds, comme lui.
Ce qui ne l'empêche pas de donner d'abondantes explications « Macao veut dire Temple de la Dame (Neans-Mako en chinois[6] ».Et l'écrivain de citer, une légende selon laquelle une princesse avait fui le palais où elle était recluse, et s'était embarquée en mer. Mais, balayée par un typhon, elle allait mourir, lorsqu'elle pria la déesse mer de venir à son secours. Elle promit « de lui élever un temple au lieu où elle aborderait si la princesse parvient à dissiper le péril. La mer s'apaise, le typhon se dissipe et la jonque est doucement portée au rivage par une lame. La princesse tint parole, et un temple s'éleva sur la colline stérile, là où elle avait pris terre. Là où il n'y avait que des arbres chétifs, on voit maintenant de puissantes végétations que je ne me suis jamais lassé d'admirer[7] ».
Le reste est à l'avenant: Balzac sait tout des coutumes chinoises, des femmes chinoises qui marchent sur des moignons de pieds, des légendes, des princes chinois, etc.
Le premier numéro du journal, qui paraît le 26 juillet 1842, après avoir publié Le Danger des mystifications de Balzac, annonce triomphalement le premier article sur la Chine à l'emplacement de la rubrique Variétés: « La Législature regarde comme une bonne fortune la session de trois piquants articles de M. de Balzac, sur la Chine. Elle s'empresse d'en faire profiter ses lecteurs en publiant dès aujourd'hui le premier de ces articles. Les deux autres suivront immédiatement »[8]. En fait il y en aura quatre.
Danger des mystifications ? Balzac adore mystifier. Deux ans plus tard, avec Jules Hetzel, il récidivera avec les Peines de cœur d'une chatte anglaise.
Notes et références
- ↑ journal créé en 1842. BNF, côte MICR D-1269
- ↑ La Chine et les Chinois.Actes Sud, Arles, 2006, pp. 15, 133, 149, 159
- ↑ Introduction de Patrick Maurus, Acte Sud, 2006, p.112
- ↑ Actes Sud, 2006, p.115
- ↑ La Chine et les Chinois.Actes Sud, Arles, 2006, p129
- ↑ La Chine et les Chinois.Actes Sud, Arles, 2006, p168
- ↑ Acte Sud,2006, p. 169
- ↑ Patrick Maurus, Acte Sud 2006, pp.111-112
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