L'Aleph

L'Aleph
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Aleph.
L'Aleph
Auteur Jorge Luis Borges
Genre Nouvelles fantastiques
Version originale
Titre original El Aleph
Éditeur original Emecé Editores
Langue originale Espagnol
Pays d'origine Argentine
Date de parution originale 1949/1952
Version française
Traducteur Roger Caillois, René L.-F. Durand
Éditeur Gallimard
Date de parution 1966
ISBN 2-07-029666-0

L'Aleph (en espagnol : El Aleph) est un recueil de dix-sept nouvelles écrit par Jorge Luis Borges, éditées séparément entre 1944 et 1952 dans différents périodiques de Buenos Aires. Le titre du livre est celui de la dernière nouvelle.

On retrouve dans ce livre les thèmes de prédilection de Borges : les nombreuses références littéraires (parfois volontairement fantaisistes), la métaphysique, les labyrinthes, l'infini. Plusieurs nouvelles ont pour sujet la mort ou l'immortalité. Plusieurs ont pour cadre l'Antiquité gréco-latine ou l'Orient médiéval.

Sommaire

Éditions

Les nouvelles de ce recueil ont été écrites (en espagnol) et publiées sur un intervalle de presque dix ans. Le recueil lui-même a connu plusieurs éditions différentes. La première, en 1949, ne comportait pas Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe, Les deux rois et les deux labyrinthes, L'attente, et L'homme sur le seuil, incorporées en 1952.

En français, Roger Caillois a traduit et publié quatre d'entre elles en 1953 dans un petit volume, intitulé Labyrinthes : L'immortel, Histoire du guerrier et de la captive, L'écriture du dieu, et La quête d'Averroès. Il justifie ce choix par une « inspiration commune » et présente ainsi ces quatre nouvelles[1] :

« Les présents récits placent dans des symétries abstraites presque vertigineuses, des images à la fois antinomiques et interchangeables de la mort et de l'immortalité, de la barbarie et de la civilisation, du Tout et de la partie.
Par là, ils illustrent la préoccupation essentielle d'un écrivain obsédé par les rapports du fini et de l'infini. »

Il traduisit et publia trois autres contes en 1957 : La demeure d'Astérion, Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe, et Les deux rois et les deux labyrinthes.

Les dix nouvelles restantes furent traduites pour la première édition complète en français, en 1966, par René L.-F. Durand.

Les nouvelles

L'immortel

  • Première parution : revue Los Anales de Buenos Aires, vol. 2, no 12, février 1947, sous le titre les immortels.
  • Titre original : Los inmortales

Le mort

  • Première parution : revue Sur, no 145, novembre 1946.
  • Titre original : El muerto

Les théologiens

  • Première parution : revue Los Anales de Buenos Aires, vol. 2, no 14, avril 1947.
  • Titre original : Los teólogos

Histoire du guerrier et de la captive

  • Première parution : revue Sur, no 175, mai 1949.
  • Titre original : Historia del guerrero y la cautiva

Biographie de Tadeo Isidoro Cruz

  • Première parution : revue Sur, no 122, décembre 1944.
  • Titre original : Biografía de Tadeo Isidoro Cruz (1829-1874)

Emma Zunz

  • Première parution : revue Sur, no 167, septembre 1948.
  • Titre original : Emma Zunz

La Demeure d'Astérion

La demeure d'Astérion ? (vue du palais de Cnossos)
  • Première parution : revue Los Anales de Buenos Aires, vol. 2, no 15-16, mai 1947.
  • Titre original : La casa de Asterión

Astérion, personnage solitaire et innocent, décrit sa demeure et sa vie, faite de jeux et de rêveries, mais aussi d'ennui ; à la fin de la nouvelle, Thésée le tue. C'est le mythe du Minotaure, mais du point de vue du monstre.

Cette nouvelle a été inspirée à Borges par une toile de George Frederic Watts visible sur cette page du site de la Tate Gallery.

La construction de la nouvelle est progressive. Borges laisse des indices qui, peu à peu, laissent entrevoir la réalité de ce personnage. Pour le lecteur dubitatif ou qui n'aurait pas compris, la fin est abrupte :

« Le soleil du matin resplendissait sur l'épée de bronze, où il n'y avait déjà plus trace de sang. “Le croiras-tu Ariane ? dit Thésée, le Minotaure s'est à peine défendu.” »

Ce paragraphe est le seul dont le narrateur ne soit pas Astérion.

L'autre mort

  • Première parution : journal La nación, 9 janvier 1949.
  • Titre original : La otra muerte

Deutsches Requiem

  • Première parution : revue Sur, no 136, février 1946.
  • Titre original : Deutsches Requiem

La quête d'Averroès

Averroès pensant
  • Première parution : revue Sur, no 152, juin 1947.
  • Titre original : La busca de Averroes

Cette nouvelle raconte les difficultés rencontrées par Averroès, lors de sa traduction de La Poétique d'Aristote. En effet, les concepts de comédie et tragédie, tout comme le théâtre sont inconnus aux Arabes de cette époque. Par une mise en abyme caractéristique de son style, Borges établit, à la fin du conte, le parallèle entre les difficultés d'Averroès et les siennes : il lui faut, en effet, comprendre le mode de pensée du savant arabe pour écrire cette histoire.

« Je compris qu'Averroès s'efforçant de s'imaginer ce qu'est un drame, sans soupçonner ce qu'est un théâtre, n'était pas plus absurde que moi m'efforçant d'imaginer Averroès [...]. Je compris [...] que, pour rédiger ce conte, je devais devenir cet homme et que, pour devenir cet homme, je devais écrire ce conte, et ainsi de suite à l'infini. »

Le Zahir

  • Première parution : revue Los Anales de Buenos Aires, vol. 2, no 17, juillet 1947.
  • Titre original : El Zahir

L'écriture du dieu

Guerrier-jaguar aztèque
  • Première parution : revue Sur, no 172, février 1949.
  • Titre original : La escritura del Dios

Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe

  • Première parution : revue Sur, no 202, août 1951.
  • Titre original : Abenjacán el Bojarí, muerto en su laberinto

Les deux rois et les deux labyrinthes

  • Première parution : journal El Hogar, 16 juin 1939.
  • Titre original : Leyenda arábiga (Historia de los dos reyes y los dos laberintos, como nota de Burton)

Les deux rois et les deux labyrinthes prend la forme d’un conte oriental, dans le style des Mille et une Nuits, une œuvre que Borges relisait inlassablement. Le roi de Babylone a fait construire un labyrinthe si complexe que même les plus sages de ses sujets s’y perdent. Un jour, un roi arabe lui rend visite. Pour se moquer de lui, le roi de Babylone le fait pénétrer dans le labyrinthe où il erre désespérément, jusqu’à la tombée de la nuit. Il ne trouve la sortie qu’en implorant le secours divin. Rentré en Arabie, il décide de se venger, rassemble ses armées et ravage les royaumes de Babylone. Il capture le roi, l’attache au dos d’un chameau, l’emmène dans le désert et lui dit : « à Babylone tu as voulu me perdre dans un labyrinthe de bronze aux innombrables escaliers, murs et portes. Maintenant, le Tout-Puissant a voulu que je te montre le mien, où il n’y a ni escaliers à gravir, ni portes à forcer, ni murs qui empêchent de passer[2]. » Puis il l'abandonne, le laissant mourir de soif.

Ce conte est paru pour la première fois le 16 juin 1939 dans El Hogar, immédiatement après la recension que Borges consacre au roman de Joyce Finnegans Wake. Selon Vincent Message, « ce conte fait partie intégrante de la critique de Finnegans Wake. Il est une véritable parabole opposant Borges et Joyce, soit deux pratiques de la littérature[3]. » Le roi de Babylone serait un avatar de Joyce, qui construit une œuvre extrêmement complexe, proche de l’illisible. Le roi des Arabes, lui, ne serait autre que Borges lui-même : même si ses œuvres sont tout aussi labyrinthiques, il cherche de son propre aveu à leur donner la « complexité modeste et secrète[4] » du désert.

L'attente

  • Première parution : revue Sur, no 186, mars 1950.
  • Titre original : La espera

L'homme sur le seuil

  • Première parution : journal La nación, 20 avril 1952.
  • Titre original : El hombre en el umbral

L'aleph

  • Première parution : revue Sur, no 131, septembre 1945.
  • Titre original : El aleph

Bibliographie

  • Adrían Huici, El mito clásico en la obra de Jorge Luis Borges : el laberinto, Ediciones Alfar, 1998.
  • Vincent Message, « Les deux rois et les deux labyrinthes : J. L. Borges, J. Joyce et l’idée d’efficacité romanesque » in Littérature N°153, Mars 2009, p. 3-18, consultable en ligne[1].

Éditions

Notes

  1. L'Aleph, collection “L'imaginaire”, op. cit., p. 10
  2. Borges, Œuvres complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1993, p. 644
  3. Vincent Message, « Les deux rois et les deux labyrinthes : J. L. Borges, J. Joyce et l’idée d’efficacité romanesque » in Littérature N°153 – Mars 2009, p. 14
  4. Borges, Œuvres complètes II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1993, p. 66

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article L'Aleph de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Aleph (Programmiersprache) — Aleph ist eine objektorientierte, funktionale Programmiersprache. Sie stellt die herkömmliche Programmierung auf eine breitere Basis. So ist interaktive Entwicklung und Kompilierung vereint. Die Arbeit mit Aleph ist am Problem orientiert und… …   Deutsch Wikipedia

  • Aleph (psychedelic) — IUPAC name 2 (2,5 Dimethoxy 4 methylsulfanyl phenyl) 1 methylethylamine …   Wikipedia

  • Aleph (disambiguation) — * Aleph or Alef is the first letter of the Semitic abjads descended from Proto Canaanite, Arabic alphabet, Phoenician alphabet, Hebrew alphabet, Syriac alphabet.Named after the letterPeople* Aleph (musician), an Italo disco artist and alias of… …   Wikipedia

  • Aleph (Nombre) — Pour les articles homonymes, voir Aleph. En théorie des ensembles, les alephs sont les cardinaux des ensembles infinis bien ordonnés. En quelque sorte le cardinal d un ensemble représente sa « taille », indépendamment de toute structure …   Wikipédia en Français

  • Aleph (Lettre) — Pour les articles homonymes, voir Aleph. Phénicien Hébreu Cursive א א …   Wikipédia en Français

  • Aleph (Begriffsklärung) — Aleph oder ALEPH steht für: Aleph, den ersten Buchstaben im hebräischen Alphabet Aleph, den ersten Buchstaben im phönizischen Alphabet, siehe Phönizische Schrift Ōmu Shinrikyō, eine religiöse Gruppierung eine unendliche Kardinalzahl, siehe Aleph… …   Deutsch Wikipedia

  • aleph — [ alɛf ] n. m. • 1751; mot hébr. 1 ♦ Ling. Première lettre de l alphabet hébraïque. 2 ♦ Math. Nombre cardinal caractérisant la puissance d un ensemble infini (⇒ transfini). ● aleph nom masculin invariable (mot hébreu) Nom de la première lettre de …   Encyclopédie Universelle

  • Aleph — (אלף) ist der erste Buchstabe im hebräischen Alphabet. Er hat den Zahlenwert 1. Der Lautwert des Buchstaben ist in IPA Notation [ʔ]. Es handelt sich dabei um den im Deutschen zwar vorhandenen, aber nicht geschriebenen Knacklaut (Glottisschlag) …   Deutsch Wikipedia

  • Aleph Boscolo Hotel Rome (Rome) — Aleph Boscolo Hotel Rome country: Italy, city: Rome (City Centre: Spanish Steps) Aleph Boscolo Hotel Rome If you are planning for a particular holiday destination at Rome, then Aleph Boscolo Hotel is the perfect place for you to reside, whilst… …   International hotels

  • ALEPH (Bibliotheksverwaltungssoftware) — ALEPH (Automated Library Expandable Program Hebrew University of Jerusalem) ist eine von der israelischen Ex Libris Group vertriebene Software zur Verwaltung der Geschäftsprozesse, der Buchbestände und der bibliographischen Daten von Bibliotheken …   Deutsch Wikipedia

  • Aleph One (moteur de jeux) — Aleph One Aleph One est un moteur de jeu open source pour les jeux Marathon 2: Durandal et Marathon Infinity. Aleph One permet de faire fonctionner ces jeux sur la plupart des systèmes d exploitation actuels (à l origine ils n existaient que pour …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”