Kazantzakis

Kazantzakis

Níkos Kazantzákis

Tombe de N. Kazantzákis à Héraklion, avec pour épitaphe : « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre. »[1]

Níkos Kazantzákis (en grec Νίκος Καζαντζάκης) ou improprement, Kazantzaki, est un écrivain grec né à Héraklion, (Crète) le 18 février 1883 et décédé le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne). Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, il a également adhéré au marxisme et au bouddhisme, tout en étant profondément chrétien. Journaliste envoyé comme correspondant dans diverses régions du monde, notamment pendant la Guerre d'Espagne pour le quotidien Kathimeriní, il a par ailleurs exercé à diverses reprises des fonctions officielles en Grèce, notamment en organisant le rapatriement des centaines de milliers de réfugiés micrasiates suite à la révolution russe de 1917 et au démantèlement de l’Empire ottoman en 1922 et un bref passage au gouvernement après la Seconde Guerre mondiale. Il fut lauréat du Prix international de la paix en 1950. Il est aussi l'un des instigateurs du renouveau de la langue grecque moderne, la dhimotikí, inspirée des traditions orales (plutôt que du grec ancien) dans laquelle il a traduit de nombreux ouvrages de référence.

Sommaire

Biographie

Níkos Kazantzákis est né à Megalokastro (Candie, actuelle Héraklion, en Crète ottomane alors) le 18 février 1883. Il est l'aîné des quatre enfants de Mikhalis Kazantzakis (1856-1932), commerçant et propriétaire terrien, et de Maria Christodoulaki (1862-1932).

De 1897 à 1899, il se réfugie à Naxos avec sa famille pendant l’insurrection crétoise. Il étudie le français et l’italien à l’École commerciale française de la Sainte-Croix.

De 1902 à 1906, il étudie à l'université d'Athènes et devient Docteur en droit ; il compose ses premières œuvres et publie son premier livre : Le lys et le serpent.

De 1907 à 1909, il se rend à Paris pour étudier la philosophie sous l’égide d'Henri Bergson. Il découvre aussi la pensée de Nietzsche auquel il consacre sa thèse : Friedrich Nietzsche dans la philosophie du droit et de la cité.

En 1910, de retour en Grèce, il traduit des œuvres de philosophie.

En 1911, il épouse Galatia Alexiou (séparation en 1926).

En 1912, il publie un essai sur Bergson, puis il est engagé volontaire et combat dans les guerres balkaniques.

En 1914, il rencontre Ángelos Sikelianós avec qui il effectue durant deux années des pèlerinages (Mont Athos) et qui lui infusera une conscience nationaliste forte.

En 1917, il rencontre Georges Zorbas, futur icône d'Alexis Zorba, et exploite une mine avec lui...

En 1918, il voyage et réside en Suisse.

En 1919, il est nommé Secrétaire général du Ministère de l’assistance publique, avec pour mission le rapatriement de la population grecque du Caucase au lendemain de la Révolution russe de 1917.

De 1921 à 1924, ayant démissionné de ce poste, il voyage en Allemagne, en Crète, en Autriche et en Italie. Il rencontre Éleni Samiou à Athènes et commence son Odyssée, sa grande œuvre poétique de 33 333 vers de dix-sept syllabes.

De 1925 à 1928, il voyage en URSS en compagnie de l'écrivain roumain francophone Panaït Istrati, puis en Palestine, en Espagne, en Italie, à Chypre, en Égypte et au Soudan. Il rencontre Pandelis Prevalaki, son ami le plus cher, et Gorki.

De 1929 à 1936, il séjourne en Tchéquie, en France, à Égine, en Espagne (pendant la guerre), en Chine et au Japon. Il écrit des scénarios de film et des récits de voyages.

En 1937, il bâtit une maison à Égine.

En 1938, il publie son Odyssée, dans sa septième version.

En 1939, il se rend en Grande-Bretagne.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il réside à Égine où il se consacre à son œuvre : Alexis Zorba.

En 1945, il épouse en secondes noces Éleni Samiou, fait partie du gouvernement et crée un parti politique : l’Union socialiste ouvrière.

En 1946, il effectue des voyages officiels en Grande-Bretagne et en France. Alexis Zorba est publié.

En 1947, il est nommé Conseiller à la Littérature à l’UNESCO.

En 1948, il en démissionne et s’installe à Antibes, en France.

En 1950, il voyage en Espagne et débute la Dernière Tentation, terminée l’année suivante.

En 1951 et 1952, il séjourne en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas.

En 1953, il est hospitalisé à Paris pour une maladie à l’œil droit. L’Église de Grèce l’attaque en raison de son dernier ouvrage.

En 1954, La Dernière Tentation est mise à l’index par le Pape. Victime d’une leucémie il est soigné en Allemagne, à Fribourg-en-Brisgau.

En 1955, il repart en Italie et en Suisse, et rencontre en Alsace le Docteur Albert Schweitzer.

En 1956, il est encore soigné à Fribourg et à Vienne, où il reçoit le Prix de la paix, avant de se rendre en Slovénie.

En 1957, il repart en Chine et au Japon, où il retombe malade. Il est soigné à Copenhague puis à nouveau à Fribourg, où suite à la grippe asiatique, il s’éteint le 26 octobre. Il sera rapatrié à Héraklion où il sera inhumé le 5 novembre dans les remparts de la ville, suite à l’interdiction par le clergé de son enterrement au cimetière. Sur sa tombe est inscrite l'épitaphe :

«  Je n'espère rien,

je ne crains rien,

je suis libre. »

Œuvres et idées

Níkos Kazantzákis était tout autant un homme d'action qu’un érudit. « Un homme véritable est celui qui résiste, qui lutte et qui n'a pas peur au besoin de dire Non, même à Dieu. » (Lettre au Greco) Tel était le moteur de sa vie. Sa quête d'authenticité et de vérité l'a mené à travers le monde sur des terrains glissants (guerre balkanique, guerre d’Espagne, Russie et Chine en révolution). Il alla de pays en pays, de doctrine en doctrine, épousant bien des causes qui touchaient son cœur. On distinguera :

  • L’héritage grec : Ulysse, Dionysos, Prométhée, Homère,
  • La spécificité crétoise : Kapétan Mikhalis, Le Greco,
  • L’héritage chrétien : Jésus-Christ, Saint-François, Dante,
  • Les figures de résistants : Don Quichotte, Faust,
  • Les figures de messies : Bergson, Nietzsche, Lénine, Schweitzer,
  • Le salut de l’Orient : Bouddha,

Publications

Romans

  • Le lys et le serpent (1906), Monaco, Éditions du Rocher, 1990.
  • Dans le palais de Minos (ou Dans les palais de knossos)(1914-40), trad. par Jacqueline Moatti-Fine, Paris, Plon, 1984.
  • Alexis Zorba (1946), trad. par Yvonne Gauthier avec Gisele Prassinos et Pierre Fridas, Paris, Plon, 1963.
  • Le Christ recrucifié (ou La Passion grecque) (1948), Paris, Plon.
  • Les Frères ennemis (1949), Paris, Plon, 1965.
  • La Liberté ou la mort (Kapétan Mikhalis) (1950), Paris, Plon.
  • La Dernière tentation (1951), trad. par Michel Saunier, Paris, Plon, 1959.
  • Le Pauvre d’Assise (1956), trad. par Gisèle Prassinos et Pierre Fridas, Paris, Plon, 1957.

Romans non traduits :

  • Âmes brisées (1908)
  • La vie impératrice (1909)
  • Alexandre le Grand (1914-40)
  • Le Banquet (1922)

Poésies

  • L'Odyssée (1924-39), trad. par Jacqueline Moatti Fine, Paris, Plon, 1971.

Poésies non traduites :

  • Canti (Tersinès) (1932-37)
  • Pinakothiki et Panathinaia (1906-1908), poèmes en prose

Essais et récits

  • Ascèse. Salvatore Dei (1922-44), Paris, Plon.
  • Toda raba, Moscou a crié (1929), écrit en français, Paris, Plon.
  • Du Mont Sinaï à l’île de Venus. Carnet de voyage (1927), Paris, Plon.
  • Voyage I : Chine-Japon (1935-58), trad. par Liliane Princet et Nikos Athanassiou, Paris, Plon, 1971.
  • Voyage II : Russie (1928), trad. par Liliane Princet, Paris, Plon, 1977.
  • Voyage III : Espagne (1937), Paris, Plon.
  • Le Jardin des Rochers (1936), écrit en français, Paris, Plon, 1959.
  • Lettre au Greco. Souvenirs de ma vie (1956) (publication posthume en 1961), trad. par Michel Saunier, Paris, Plon, 1961
  • Entretiens (1957) avec Pierre Sipriot, Monaco, Éditions du Rocher, 1990.
  • Le dissident (correspondance éditée à titre posthume par sa femme), Suisse, Canevas et L'Aire, 1993.

Essais non traduits:

  • Le mal du siècle (1906)
  • Friedrisch Nietzsche dans la philosophie du droit et de la cité (1909) (disponible en anglais)
  • Henri Bergson (1913)
  • Histoire de la littérature russe (1929)
  • Anthologie de la poésie espagnole (1932)
  • Voyages en Angleterre (1940)

Théâtre

  • Théâtre 1 : Melissa (1937), Kouros (1949), Christophe Colomb (1949), Paris, Plon, 1971
  • Théâtre 2 : Bouddha (1941) Paris, Plon, 1982
  • Le maître maçon (1910), A Die, 1997.

Tragédies et pièces non traduites :

  • Le jour se lève (1907)
  • Fasga (1907)
  • Jusqu'à quand ? (1907)
  • Comédie (1908)
  • Christ (1915)
  • Ulysse (1915)
  • Héraclès (1920)
  • Christ (1921)
  • Νicéphore Phocas (1915-27)
  • Othello revient (1936)
  • Julien l’apostat (1939)
  • Prométhée (1943)
  • Kapodistria (1944)
  • Sodome et Gomorrhe (1948)
  • Constantin paléologue (1951)

Traductions en grec moderne

Films

Plusieurs films sont basés sur son œuvre :

Un opéra a été écrit par Manolis Kalomiris, musicien grec du début du XXe siècle sur le maître maçon ; œuvre d'inspiration impressionniste quelque peu debussyste. Il faut se pencher sur la Passion grecque d’après le Christ Recrucifié qui fut l’objet de tous les soins d’un grand musicien tchèque, Bohuslav Martinu, ami de Níkos ; il existe deux versions de la même œuvre qui sont radicalement différentes.

Notes et références

  1. « Δεν ελπίζω τίποτα. Δεν φοβούμαι τίποτα. Είμαι ελεύθερος. »

Voir aussi

Liens externes

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